Survol de l’actualité de la RDC : Quinzaine du 26.3 au 8.4.2011

RDC - Congo
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Semaine du 26.3 au 1.4.2011

En RDC, l’insécurité continue à hanter l’est du pays, surtout au Kivu. Alors que les rebelles ougandais de l’ADF/NALU, qui ont fait l’objet d’une offensive par les FARDC, paraissent se reconstituer en territoire de Beni, des attaques et des assassinats continuent à être observés dans les deux provinces du Kivu tant de la part de groupes Maï-Maï, d’éléments des FARDC que des rebelles du FDLR, bien qu’il soit question d’un accord entre la gouvernement et ces derniers autour de leur regroupement au Maniema. Par ailleurs, des groupes Maï-Maï intégrés à la police nationale n’ont pas encore reçu leur solde. Toujours au Kivu, la population de Kiwanja en territoire de Rutshuru a manifesté sa colère contre le meurtre d’un habitant par un soldat et réclame le départ des militaires, tandis qu’au Sud Kivu, plus de 100.00 personnes, en proie aux attaques des FDLR, errent sans assistance dans le territoire de Shabunda. Enfin, à Beni, la société civile continue à se plaindre de l’insécurité qui prévaut dans la ville du fait des conflits fonciers, de la sur-militarisation et des détournements de la solde de militaires.

En Province Orientale, la MONUSCO évoque une baisse des violences et la perte des capacités opérationnelles de la LRA au sein de laquelle se cachent parfois des Congolais, mais, selon les autorités ougandaises et congolaises, le retour du chef de la rébellion, Joseph Kony, serait de retour en RDC, bien que la MONUSCO affirme n’avoir aucune confirmation de cette nouvelle. Enfin, on notera que des brigands en tenue militaire pillent et volent dans certaines communes de Kinshasa, tandis que selon la MONUSCO, 2.600 sites sont contaminés par des mines au Congo.

On mentionnera toutefois que le ministre de la Justice met en évidence des avancées significatives en termes de justice militaire en particulier au Kivu où le procès d’un général, une première au Congo, a débuté à la Haute Cour militaire de Kinshasa, tandis que le tribunal militaire de Bukavu a condamné à mort et à la prison à vie dix-sept militaires et policiers.

Dans le domaine politique, la question des élections continue à dominer l’actualité et à susciter des interrogations. Le président de la CENI affirme que ces élections auront lieu dans le délai constitutionnel et déclare avoir reçu un budget additionnel du gouvernement, mais des observateurs font valoir qu’on est loin du compte en termes de financement, de préparation de la société civile au monitoring et de crédibilité de la CENI qui est politisée. En fin de semaine, on annonçait que le calendrier électoral serait publié la semaine prochaine, le président de la CENI souhaitant tenir des consultations supplémentaires. On signalera aussi que le président de l’Assemblée nationale s’est rendu au Kasaï Occidental pour tenter de sortir le parti de Kabila de la crise induite par l’élection d’un nouveau gouvernement provincial et a menacé les dissidents de sanctions. Pendant de ce temps, au sein de cette Assemblée, des députés tant de la majorité que de l’opposition s’inquiètent du « cycle du report des séances » qui prévaut. Enfin, en province, on signalera la grève des fonctionnaires de l’assemblée provinciale du Nord Kivu qui ne sont plus payés depuis plus de huit mois, tandis que, en Province Orientale, le gouverneur a échappé à une motion de défiance. Il est accusé d’avoir corrompu des députés pour que leur motion soit retirée.

Dans le domaine de la justice et des droits humains, les expatriés accusés de trafic d’or à Goma ont été libérés après avoir payé une amende transactionnelle. Par ailleurs, la Voix des Sans Voix se félicite du dépôt d’un projet de loi à l’Assemblée nationale sur la criminalisation de la torture. On signalera également que quatre anciens chefs de milice de l’Ituri ont été appelés comme témoins par la CPI dans le cadre du procès des trois chefs de guerre inculpés par la cour. Enfin, le procès Chebeya s’est poursuivi avec les plaidoiries au cours desquelles les avocats de la partie civile ont plaidé un « crime d’Etat », ceux de la défense plaidant pour le manque de preuves.

Dans le domaine économique, un litige s’est déclaré entre la RDC et la société américaine qui a signé un contrat de reprise de l’ancien éléphant blanc zaïrois, la SOSIDER. Par ailleurs, une partie de la société civile du Nord Kivu et des opérateurs miniers sollicitent un délai de 6 à 12 mois dans l’application de la loi américaine qui oblige les sociétés à donner la provenance des minerais qu’elles achètent, ce qui fait craindre un boycott effectif des produits miniers du Kivu.

Dans le domaine de la santé, la RDC serait confrontée à une épidémie de rougeole « incontrôlable » selon MSF.

Enfin, dans le domaine des relations extérieures, la visite en RDC du Prince Laurent de Belgique, qui a rencontré « discrètement » le président congolais et d’autres personnalités, visite qui n’avait pas été autorisée par le gouvernement qui craignait de donner de la sorte sa caution au « candidat Kabila », a suscité un tollé médiatique et politique en Belgique, mais pas en RDC. Par ailleurs, les relations entre la RDC et l’Angola ne s’améliorent guère : de nouvelles expulsions de Congolais d’Angola ont encore eu lieu ces derniers temps. Enfin, on signalera que de nouveaux diplomates ont été rappelés de Brazzaville, toujours dans le contexte des affaires Munene et Udjani.

Au Burundi, l’ancien haut dirigeant du CNDD, exclu pour avoir dénoncé un groupe de corrompus au sein du parti, accuse le président du Burundi de s’acharner contre lui : son avocat peut apporter des preuves de cette corruption.

En Ouganda, le consortium Total – CNOOC a finalisé son contrat avec la société Tullow Oil pour un montant de près de 3 milliards $. Dans le domaine des relations extérieures, les autorités ougandaises, qui ont dénoncé l’intervention militaire occidentale en Libye, a gelé les avoirs de ce pays en Ouganda.

En ce qui concerne le Rwanda, deux ressortissants rwandais, devenus belges, ont été arrêtés à Bruxelles pour participation présumée au génocide de 1994. Au TPIR, la prison à vie a été prononcée pour un ancien fonctionnaire lui aussi inculpé de participation au génocide tandis que la procès en appel de Théoneste Bagosora, considéré comme le cerveau du génocide, a débuté à Arusha.

Enfin, on signalera la tenue d’une réunion de concertation à Bujumbura sur la sécurisation foncière dans les trois pays des Grands Lacs.

Semaine du 2 au 8 avril 2011

En RDC, les incertitudes prévalent toujours en matière d’élections. Alors que le président de la CENI a rencontré le Premier ministre et deux des ténors de l’opposition, Vital Kamerhe et Etienne Tshisekedi dont le parti accuse la CENI d’établir un calendrier électoral qui viole la constitution, la révision du fichier électoral débute dans cinq provinces, mais connaît déjà des difficultés en matière de logistique au Sankuru, au Sud-Kivu, dans les districts de l’Uélé, dans celui du Tanganyika et en territoire de Beni. La presse et les observateurs mettent en évidence les problèmes de financement et de sécurité ainsi que la question de la neutralité de la CENI, l’absence d’une nouvelle loi électorale et l’immobilisme du parti présidentiel, qui a officiellement changé d’appellation dans le seul but de faire réélire le président Kabila et lui assurer une majorité cohérente. Par ailleurs, l’atmosphère politique demeure délétère : un groupe de députés de la majorité et de l’opposition dénonce l’absentéisme des membres du bureau de l’Assemblée nationale qui sont entrés en campagne électorale, tandis que la Ligue congolaise contre la corruption accuse le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale et d’autres personnalités de corruption et de détournement et met le doigt sur la spoliation des biens de l’Etat à Lubumbashi. Toujours dans le domaine politique, on signalera que le Sénat a adopté la loi sur la police nationale, moyennant amendements et un projet de loi sur la Cour Constitutionnelle et que la grève des fonctionnaires de l’assemblée provinciale du Nord Kivu s’est durcie.

En matière de sécurité, la MONUSCO a connu son premier accident aérien avec le crash d’un de ses appareils à Kinshasa dans lequel se trouvaient entre autres des membres de sa division électorale : ce dramatique accident a causé la mort de 32 personnes et n’a laissé qu’un seul survivant. Par ailleurs, les violences de cette semaine ont concerné en ordre principal le Nord Kivu. Des Maï-Maï ont attaqué un village en territoire de Lubero où le gouverneur a fait lever les barrières illégales tenues par des policiers et des militaires et où a eu également lieu une expédition des FARDC contre des Maï-Maï du Pareco. Les combats contre des rebelles ougandais de l’ADF/NALU ougandais se sont poursuivis du côté du territoire de Beni : à cette occasion, des membres des FARDC ont été arrêtés pour avoir fait paniquer la population en tirant des coups de feu en l’air pour célébrer leur victoire. Toujours au Nord Kivu, on signalera une opération « ville morte » contre la recrudescence de l’insécurité à Rutshuru, tandis qu’un groupe de femmes de Walikale a remis un mémorandum à la sous-Secrétaire d’Etat américaine qui dénonce les viols et leur marginalisation par les autorités du pays : elles demandent qu’un des chefs des Maï-Maï Tcheka ne soit pas intégré dans l’armée et soit traduit en justice.

En Province Orientale, des manifestations et des grèves ont eu lieu à Mahagi suite à des actes de pillage commis par des hommes en uniforme, tandis que la commission Justice et paix de Dungu dénonce l’absence de mesures de réinsertion de 2.000 enfants jadis associés à la LRA.

Dans le domaine de la justice et des droits humains, le gouvernement congolais a donné aux Nations unies des garanties sur la création de chambres spéciales où seraient jugés les crimes commis entre 1993 et 2003 dénoncé dans la rapport Mapping de l’an dernier : une conférence sur la création de ces chambres a eu lieu à Goma sous l’égide des ONG des droits de l’homme. Par ailleurs, une commission des droits de l’homme de l’Union Africaine est arrivée à Kinshasa pour sensibiliser les autorités congolaises à la question. Enfin, dans le procès de l’avocat Yangambi, accusé d’avoir été mêlé à un « mouvement insurrectionnel » à Kisangani, les avocats de la défense ont dénoncé les irrégularités dans la phase de l’instruction, tandis que, dans le procès Chebeya, les parties civiles, mettant en cause les responsabilités de l’Etat, ont réclamé 30 millions $ pour la famille des deux disparus.

En matière économique, un sous-Secrétaire d’Etat américain affirme que la loi américaine sur le contrôle des minerais en provenance de l’est du Congo n’est « ni un embargo, ni une sanction », contrairement à ce qu’affirment les opérateurs miniers et certains membres de la société civile.

Dans le domaine social, le ministre de l’Enseignement supérieur a accordé deux mois de salaire aux professeurs de l’Université de Kinshasa à la veille de l’expiration de l’ultimatum lancé par l’APUKIN au gouvernement : en dépit de ce geste, l’association a décrété un arrêt de travail pour non-respect du protocole d’accord signé en avril 2010 avec le gouvernement. En matière de santé, le ministre compétent a confirmé que cinq provinces sont touchées par l’épidémie de choléra et a lancé une campagne de vaccination au mois de mai prochain.

Eurac

 

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