Bénin : La majorité à géométrie multiple
Les dissensions internes aux partis et alliances de partis s’aggravent avec les prochaines échéances électorales. Elles ont pris des allures de guerre fratricide lors de la confection des listes de candidature, notamment avec les luttes de positionnement. Presque partout, les conflits se sont souvent soldés par des départs en cascade, des amitiés brisées, des illusions perdues et des lignes de fracture ouvertes pour le futur.
Aujourd’hui comme hier, le vide idéologique de la politique béninoise donne droit à des entrées et des départs tenant compte uniquement des intérêts du moment. Dans les états-majors, le jeu politique se noue rarement autour des idées de développement mais beaucoup plus sur les liens affectifs qui tressent les destins individuels.
Les alliances qui se nouent et se dénouent au fil des humeurs indiquent clairement la tendance (naturelle) des politiques béninois à la dissension. De sorte que les divisions internes qui se multiplient au sein de la mouvance présidentielle n’augurent que d’élections contrastées. Avec une dizaine de listes, la mouvance caracole en tête de ces divisions internes. La dernière illustration en a été la sortie du FRAP dont la liste a été invalidée par la Cour.
Les dénégations et critiques ont convergé vers la CENA mais aussi vers leurs « amis » qui leur ont fait ce « coup politique ». Au bord de l’invective, cette curieuse réaction d’une partie non négligeable de la mouvance contre l’autre, est la partie visible de l’iceberg. La bataille fait rage au sein du cercle restreint de la famille présidentielle.
Les « Jeunes Leaders de la Majorité Présidentielle» ont réagi pour tancer cette sortie jugée « inadmissible » par Frédéric Béhanzin à la suite d’autres. Ces rivalités intestines qui apparaissent au grand jour ne sont qu’une petite partie des graves malentendus créés au sein de la mouvance par les problèmes de positionnement. Au point qu’un François Noudégbèssi, tout ministre qu’il est, a été obligé de créer sa propre liste pour affronter celle ouvertement soutenue par le Chef de l’Etat dans la vingtième circonscription électorale.
Idem au sein de l’Union fait la Nation. Le fracassant départ de Sévérin Adjovi décidé à tenter l’aventure tout seul en dit long sur les vifs débats internes. Ici encore, les guerres de positionnement ont fait rage et créé d’irréparables fissures. La grave question est de savoir si le groupe pourrait survivre à l’échec à la présidentielle et surtout s’il réussira à garder sa cohésion.
Au sein de l’alliance ABT, tout semble partir en fumée depuis le 13 mars. Les échauffourées ont essaimé partout, notamment dans la quatorzième circonscription électorale. Là précisément, il y a eu des substitutions de nom par retrait frauduleux de dossier, comme sur d’autres listes…
Le cas du G13 est encore plus significatif. Il a été écartelé en cinq portions : l’une est restée G13 Baobab, une autre a mis pied à l’UN, l’autre étant allé à la rivière de la mouvance. Une branche s’est retrouvée sous les espèces d’une autre liste dénommée AMANA conduite par l’Honorable Arifari-Bako, sans parler de l’UPR de Salé reconstitué pour les besoins de la cause. Ce déchirement résume le G13. Sans boussole et sans vision, ce fut un groupe de résistance à Boni Yayi à qui il a contribué à donner la majorité parlementaire avant de basculer celle-ci dans l’opposition.
Au-delà de ces affrontements « pacifiques » qui traduisent la virulence des tensions intestines, il y a une constante. Ceux qui se seraient fait élire envers et contre le grand groupe d’où ils émanent ne seront pas des béni-oui-oui.
S’il advenait que, par extraordinaire, la multiplicité des listes de la mouvance présidentielle lui permet d’arracher la majorité parlementaire, celle-ci aura à faire face non pas à la virulence de l’opposition, mais surtout à l’indépendance de ce groupe de députés qui se sont fait élire à la force du poignet. Car, ils ne doivent rien à personne. En tant que groupe tampon, ces parlementaires déterminants dicteront leur loi, à court ou long terme. Ils seront capables de faire vaciller la majorité.
Last but not the least, leur importance recommande une chose aux stratèges politiques des deux camps, à l’heure où la campagne bat son plein : les ménager. Sinon…
Olivier ALLOCHEME
Jalome news/Publié le 18 avril 2011
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