Les causes du conflit hutu-tutsi au Rwanda et au Burundi
Dans son livre « Une archéologie de la violence en Afrique des Grands lacs » (Editions du CICIBA, Libreville, 1999), le professeur Maniragaba Balibutsa se propose d’étudier le phénomène de la violence endémique, depuis bientôt un demi-siècle, dans les deux pays que sont le Rwanda et le Burundi
Il se pose la question de savoir comment cette violence va jusqu’à atteindre des formes extrêmes et entraîner des peuples entiers dans la logique de l’autodestruction. Pour lui, il faut au moins se demander comment cela est possible.
Selon Balibutsa, le conflit entre les Hutu et les Tutsi au Rwanda et au Burundi n’est ni une simple lutte pour le pouvoir, ni une lutte entre deux tribus ou deux ethnies identitairement différenciées, mais une lutte entre deux groupes de la même population à identité variable et arbitrairement désignée selon les intérêts à défendre. Il constate cependant que les deux groupes se comportent entre eux comme s’il s’agissait de deux espèces biologiques incompatibles cherchant à s’exterminer.
Pourtant ces deux peules ont tout en commun : ils sont tous noirs, ils parlent tous la même langue, ils ont toujours partagé la même vision du monde, ils se classent indistinctement dans les mêmes clans, ils ont tous consulté les mêmes devins, ils ont pratiqué les mêmes cultes aux ancêtres, ils ont toujours échangé les femmes, le feu et les vaches, ils ont toujours combattu dans les mêmes armées contre leurs paisibles voisins, ils ont tous dansé dans les mêmes groupes, etc. Bref, il s’agit de deux groupes de la même population dont les critères de démarcation, au fur et à mesure qu’on s’éloigne du présent pour s’enfoncer dans l’histoire et la tradition nationale et régionale, deviennent de plus en plus flous.
Balibutsa souligne que le problème de cette région est donc celui de l’ethnisme endogène entre les groupes sociaux de la population qui fut renforcé et exacerbé par l’idéologie hamitique importée par la colonisation. Celle-ci a consacra cette division en transformant lesdits groupes en « races ».
Sa conclusion est on ne plus pertinente : « En Afrique comme ailleurs, la reconnaissance du caractère polymorphe des populations humaines et de la valeur unique de l’individu dans des sociétés pluralistes, le développement de la solidarité intraspécifique au détriment des sectarismes, le respect des droits de la personne et des peuples, la justice, la participation démocratique, sont les piliers sur lesquels s’édifiera la société moderne et la mondialisation et non le racisme, l’ethnisme, le fascisme et la violence ».
Echos d’Afrique
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