Quel négationnisme pour quelle défense de la dictature FPR au Rwanda et dans les Grands-Lacs?

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stèle de commémoration du génocide rwandais/Bruxelles-Belgique

Les dirigeants du FPR sont-ils en droit de continuer à imposer leur vision historique du génocide rwandais et à couvrir leurs agressions successives sous le manteau de protecteurs attitrés d’une minorité tutsi en danger? Cela en dépit d’investigations et témoignages multiples qui ont mis en évidence le rôle moteur de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) – pas le seul- dans la préparation et le déclenchement du drame de 1994, ainsi que dans l’adoption de méthodes d’action totalitaires par le régime post-génocide et dans le développement d’une guerre cruelle et d’un chaos au sein de l’ex-Zaïre à partir de fin 1996.

L’image du génocide accréditée par le FPR, encore dominante dans le paysage médiatique occidental, est celle d’une extermination organisée des Tutsi et, de façon accessoire, des « Hutu modérés » par l’ancien régime « hutu power« , dont le fer de lance est l’Akazu et la milice Interahamwe.

Les victimes de ce génocide sont évaluées de 800.000 à un million de tués entre avril et mi-juillet 1994, date de la victoire totale de l’APR.

1. L’avantage du recours à la Convention de 1948 sur le génocide

Le débat, tournant souvent à la polémique, sur la question de savoir s’il s’agit de massacres inter-ethniques ou d’un génocide planifié ne diminue pas la gravité et l’importance des tueries de masse qu’il faut dénoncer sans hésiter et auxquelles la rigueur de la justice doit s’appliquer.

Toutefois, l’avantage du terme génocide (tel que défini par la Convention du 9.12.1948 des Nations unies) est de permettre une responsabilisation accrue de la communauté internationale face à des événements comme ceux du Rwanda en 1994.

L’avantage est aussi de forcer l’adoption par l’ONU de dispositions judiciaires contraignantes : tous les Etats membres concernés sont dès lors tenus de coopérer aux enquêtes internationales et de procéder aux dépistages, arrestations et extraditions des personnes suspectées d’être impliquées dans ces massacres.

Ces mérites de la référence au génocide et à la Convention de 1948, évidents pour une lutte efficace contre l’impunité des dictateurs sanguinaires, n’éliminent pas pour autant d’autres qualifications, surtout celles découlant des principes de droit international établis par le Tribunal de Nuremberg après la chute du régime nazi. A savoir les agressions contre la  paix, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Bref des actes commis indépendamment de la présence d’une « intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel » (article 2 de la Convention).

L’intention demeure néanmoins l’élément subjectif du crime : elle ne rend pas toujours compte du passage à l’acte et peut être l’objet d’interprétations diverses, voire de procès d’intention, lorsqu’elle est utilisée dans un conflit par un des adversaires politico-militaires pour disqualifier l’autre et bloquer tout dialogue.

2. L’ampleur objective des tueries

Les faits, les homicides en masse, sont là innombrables, indéniables : les corps des victimes ont été dispersés sans sépulture, enfouis dans des latrines ou dans des charniers, mais également jetés dans les rivières et lacs ou encore brûlés dans des secteurs interdits d’accès.

Ces faits-là objectifs précèdent leur qualification judiciaire et n’ont épargné aucune famille rwandaise.

Observons ici que le nombre total de tués en 1994 dépasse de beaucoup les chiffres avancés de manière invariable dans la grande presse, du moins à en juger par une évaluation de décembre 1994 du département Recensement du ministère de l’Intérieur à Kigali, estimant le nombre de morts à plus de 2.100.000. Si l’on soustrait les Tutsi de l’intérieur touchés dans cette hécatombe, soit entre trois et quatre cents mille sur une population totale de 750.000, il reste à rendre compte de la mort d’environ 1.700.000 Hutu.

Cela sans compter les victimes de la répression du nouveau régime, illustrée notamment par la fermeture meurtrière du camp de déplacés de Kibeho en avril 1995, ainsi que celles des massacres systématiques qui accompagneront à partir d’octobre 1996 la fermeture brutale des camps de réfugiés des deux Kivu par l’APR, soit entre 200.000 et 600.000 nouvelles victimes (le rapport GARETTON de l’ONU évoquera à ce propos la commission d’actes à caractère génocidaire).

Les chemins de la réconciliation-reconstruction d’une nation agressée et déchirée ne semblent guère prêts à s’ouvrir, car la pleine reconnaissance du cœur même du génocide et de l’ensemble des violations du droit international humanitaire, partie intégrante du génocide, est loin d’être atteinte.

3. Catégorisation des victimes et querelle de légitimité

La justice populaire à prétention pédagogique promue par le FPR, les Gacaca, sème le trouble, la méfiance et la rancœur. Au lieu de faciliter l’éclosion de la vérité dans les collines, les Gacaca renforcent le cadre répressif de la dictature, pour ne pas dire qu’ils introduisent une nouvelle forme d’apartheid au sein de la société rwandaise.

Des distinctions grossières s’établissent de façon implicite entre le génocide représenté par le meurtre d’un Tutsi par un Hutu et les faits de guerre représentés par le meurtre d’un Hutu par un Tutsi.

La référence à une nouvelle catégorie de victimes du génocide anti-tutsi, celle des « Hutu modérés », vise à expliquer l’ampleur de l’hécatombe en associant en seconde ligne au génocide anti-tutsi des Hutu alliés du FPR.

Alors quel sens attribuer à une querelle de « puristes » sur la légitimité des manifestations de deuil autour d’un monument public érigé dans la banlieue de Bruxelles à la mémoire des victimes du génocide rwandais? D’un côté « Ibuka » (souviens-toi), une association de rescapés tutsi, dont les célébrations mémorielles méritent en soi le respect, mais qui partage la vision historique du FPR sur le génocide et, à ce titre, constitue un  instrument clé pour la défense de la dictature rwandaise[1].

De l’autre, le MRDH, Mouvement pour le Rétablissement de la Dignité Humaine au Rwanda, qui regroupe de nombreux réfugiés en Belgique et en Europe. Sous la pression d’Ibuka-Belgique, le MRDH se voit interdire de manifester pacifiquement devant le monument par le bourgmestre de la commune « justifié » à prévenir d’éventuels troubles, mais en outre à éviter de nuire aux bonnes relations entre la Belgique et le Rwanda du général KAGAME …

4. Une campagne sur le thème du négationnisme en Belgique

Cette querelle de légitimité, peu propice au développement d’un dialogue franc à l’écoute de tous les rescapés du tremblement de terre de 1994, se déroule sur fond d’une campagne sur le thème du négationnisme. Cette campagne est répercutée aujourd’hui dans notre pays par des organisations porteuses de valeurs humanistes incontestables, telles que le MRAX (Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie) ou la Revue Nouvelle, sincèrement préoccupées par certains règlements de compte au sein de la diaspora rwandaise et par le danger de dérives violentes.

Malheureusement, cette campagne ne se contente pas d’adresser des critiques fondées à ceux qui refusent de reconnaître le génocide de 1994, y compris dans sa dimension anti-tutsi, et, de façon plus large, la vague exceptionnelle de violations du droit international humanitaire.

Parfois, cette campagne adopte un tour inquisitorial incompatible avec le respect de nos libertés fondamentales.
[…]

Il est sans doute plus approprié de se référer à un génocide politique lié à l’accaparement du pouvoir à n’importe quel prix à travers la désintégration de la nation rwandaise, plutôt qu’à un génocide de nature ethnique[2].
[…]

Actuellement, actionnés par Ibuka, le MRAX et la Revue Nouvelle pointent du doigt de façon globale le milieu associatif des réfugiés, suspecté de conduire une entreprise négationniste sous couvert de buts généreux de promotion de la dignité humaine, d’aide aux victimes du génocide et de réconciliation nationale[3].

Considéré comme animé avant tout par une volonté implicite de réhabilitation du « Hutu power » ou de protection de son groupe par la dénonciation d’un complot international, ce milieu des réfugiés est accusé d’amoindrir la gravité du génocide, de « banaliser » celui-ci en le situant dans le contexte de la guerre déclenchée par le FPR et non dans le cadre préconçu d’un plan généralisé d’extermination des Tutsi.

En définitive, ce n’est pas tant le questionnement critique des protagonistes belges de cette campagne qui gêne, mais le fait de ne laisser guère d’espace aux investigations libres et au travail rigoureux des historiens, tandis que de nombreux épisodes de la crise rwandaise et du génocide doivent encore être mis en lumière et vérifiés, dans une culture complexe, empreinte de discrétion et de précautions, où chacun demeure sur ses gardes.

Ainsi, cette campagne qui a son correspondant en France, n’hésite pas à assimiler les recherches de Pierre PEAN [4] à « une falsification » de la réalité même du génocide, sans égards pour les éclaircissements précieux apportés sur l’attitude effective de la diplomatie française et élyséenne et de la coopération militaire, sous la présidence de feu François MITTERRAND. Une attitude bien éloignée des idées reçues, très équilibrée, constructive et promotrice d’un dialogue pacifique dans le sens des accords d’Arusha.

5. Une législation particulière contre la négation du génocide des Tutsi?

La campagne anti-négationniste débouche finalement sur une opération de sensibilisation du parlement belge, en invoquant les inquiétudes déjà exprimées par le président honoraire d’Ibuka-Belgique, Placide KALISA[5], concernant la menace qu’à terme les milieux dits négationnistes rwandais feront peser sur nos valeurs humanistes et de tolérance.

D’où la nécessité pour le législateur belge de préparer une loi sanctionnant au plan pénal la négation du génocide des Tutsi, à l’instar de celle de 1995 relative à la Shoah.

Est-il bien utile à ce stade de figer la réalité du génocide rwandais dans une grille de lecture simpliste, de l’amalgamer avec l’extermination des Juifs par le régime nazi durant la seconde guerre mondiale, et d’ainsi hiérarchiser les crimes commis et du même coup les victimes, dont une seule catégorie serait à prendre en considération et mériterait d’être honorée? …

Tout cela alors que le débat entre experts et africanistes sur les dessous du génocide et ses différentes facettes est loin d’être clos et que le tribunal d’Arusha déplore dans les conclusions du procès N°1 contre la direction des FAR[6] l’absence de preuves solides apportées par le Parquet sur une planification du génocide anti-tutsi au sein des structures de l’Etat rwandais sous la seconde République.

Absence de preuves mis à part évidemment le débordement de l’organisation non partisane de la défense civile et son dévoyement par l’infiltration de groupes miliciens irresponsables, souvent issus des jeunesses politiques, dont des « Interahamwe », et des éléments déserteurs des FAR. Mais ce débordement fatal de la défense civile était encouragé par la violation de la paix d’Arusha, la reprise des hostilités en avril 1994 et la timidité des réactions de la communauté internationale.

Le professeur Filip REYNTJENS, président du Centre d’études de la région des Grands Lacs, vient de dresser un bilan des trois dernières décennies qu’il a consacrées comme chercheur-acteur au Rwanda et au Burundi et il y approfondit le sens profond de « sa » guerre avec le FPR[7].

Quant à l’africaniste français Bernard LUGAN, ancien professeur à l’Université Nationale du Rwanda à Butare, critique à l’égard de la politique rwandaise de François MITTERRAND, il a reconsidéré ses premières positions après avoir effectué une expertise approfondie au TPIR;  il a résumé en ces termes les résultats de sa « contre-enquête »[8] :

« Contrairement à l’histoire officielle (encore communément admise), deux point doivent être soulignés :

– le génocide des Tutsi par « certains » Hutu n’était pas programmé puisqu’il a été déclenché à la fois par l’assassinat du président Habyarimana et par la reprise de la guerre unilatéralement décidée par le FPR/APR ;

– les tueries massives de Hutu par « certains » Tutsi faisaient partie d’une stratégie mûrement pensée et froidement appliquée, destinée à les affaiblir régionalement en tant que force cohérente ou pouvant présenter une alternative politique. »

Bernard LUGAN n’ira pas jusqu’à parler de « double génocide », car selon lui  » à aucun moment le FPR n’a eu l’intention de tuer tous les Hutu du Rwanda« .

Mais il ne se demande pas si l’élimination systématique des cadres hutu dans le nord du pays conquis par le FPR, élimination confirmée par des témoins crédibles parmi lesquels des observateurs militaires de l’ONU (MONUOR), ne constitue pas déjà une forme de génocide …
6. La campagne sur le négationnisme dans la France de KOUCHNER

La campagne anti-négationniste française, portée par l’association « Survie » ou le « Collectif des parties civiles pour le Rwanda » bénéficie maintenant d’un appui de taille en la personne de Bernard KOUCHNER, le héros consacré de l’Humanitaire.

Celui-ci vit pourtant comme ministre des affaires étrangères de SARKOZY les contradictions permanentes entre la défense des droits fondamentaux de l’homme et les exigences de la diplomatie traditionnelle.

Soucieux avant tout de renouer les relations diplomatiques avec Kigali et donc de revaloriser l’image du Rwanda du général Paul KAGAME, singulièrement écornée par les investigations fouillées du juge anti-terroriste BRUGUIERE, Bernard KOUCHNER n’hésite pas sans trop d’égard pour son silence approbateur face à la politique de François MITTERRAND, dans la période cruciale 1990-1994[9], à proclamer aujourd’hui que « Les Hutu majoritaires ont tué les Tutsi minoritaires » : dès lors « parler de génocide commis par le FPR est une forme de révisionnisme« .
[…]

7. Le témoignage accablant de J.M.V. NDAGIJIMANA

Le premier des ministres des Affaires étrangères du Rwanda après la prise de pouvoir du FPR, membre du principal parti d’opposition démocratique MDR et de son courant favorable à une coopération pacifique avec le FPR, J.M.V. NDAGIJIMANA découvre une réalité très éloignée d’un Front Patriotique obligé de suppléer les carences de l’ONU et d’arrêter seul le génocide : de multiples témoignages de première main démontrent que KAGAME a intentionnellement sacrifié les Tutsi de l’intérieur qui, sous la seconde République, avaient joui d’une pacification stable des relations interethniques[10].

Il abandonne ses fonctions ministérielles à la mi-octobre 1994, après avoir été saisi le 19.09.1994 par les autorités de l’ONU (KOFI ANNAN et le représentant spécial du Secrétaire général au Rwanda), alarmées par les conclusions explosives de l’enquête de l’expert américain Robert GERSONY, mandaté par le Haut Commissariat pour les Réfugiés (UNHCR), sur financement de l’USAID, pour évaluer la situation sécuritaire à l’intérieur du pays dans la perspective d’un retour sûr et pacifique de la masse des réfugiés, et surtout après avoir accompagné le nouveau Président Pasteur BIZIMUNGU à New York et à Washington début octobre 1994 dans une mission-forcing destinée à obtenir le retrait du rapport GERSONY. Cela en dépit du fait que cet expert n’avait recensé que la pointe de l’iceberg : 30.000 Hutu massacrés par l’APR dans quelques zones de seulement trois préfectures, durant deux mois en pleine période de cessation de la guerre!

Le témoignage très documenté de J.M.V. NDAGIJIMANA vient d’être publié en France[11]: il est accablant, mais il mérite d’être médité par ceux qui sont engagés de bonne foi dans une des campagnes anti-négationnistes, car cela pourrait leur éviter de tomber dans une forme plus grave de négationnisme basée sur l’exclusion de nombreuses victimes sans voix du drame rwandais.

[…]

8. Un dialogue à ouvrir sans bloquer la lutte contre l’impunité

Les querelles d’école sont inévitables dans un dossier si polarisé que le Rwanda : il y est mal aisé de se défaire de ses partis pris ou d’éviter un positionnement « à thèses », comme le rappelle le professeur REYNTJENS : chaque intervention extérieure classe ipso facto au Rwanda son auteur en « pro » ou « anti-FPR », suspecté d’être instrumentalisé par un des deux camps, quand ce n’est pas plus grave encore, en « pro » ou « anti-Tutsi« .

Ces observations n’empêchent pas de stimuler et approfondir le débat en cours, et de tirer au clair les points de désaccord, dont celui épineux de l’unicité du génocide; les associations belges ou françaises engagées dans les campagnes susvisées ne sont nullement invitées à renoncer à leurs objectifs humanistes ou à relâcher leur vigilance citoyenne, au contraire à élargir leurs approches et à privilégier l’esprit de dialogue dont le Rwanda a tant besoin, en dépit d’un environnement défavorable.
[…]

Alain DE BROUWER
Rencontres pour la paix
Septembre 2009


[1] Même si parfois Ibuka critique le gouvernement rwandais pour le laxisme dans la poursuite des responsables du génocide ou pour les dysfonctionnements des Gacaca, il en accepte pas moins de se coordonner de facto avec les actions propagandistes du FPR.

[2] Cfr. Gaspard MUSABYIMANA, « Rwanda, le triomphe de la criminalité politique« , l’Harmattan, décembre 2008, en particulier le chapitre de conclusion : « La question lancinante du génocide et de son suivi », p. 267 et suivantes.

[3] Cfr. La Revue Nouvelle d’avril 2009 et l’analyse de Mehmet KOKSAL, journaliste indépendant spécialisé dans l’actualité politique des minorités en Europe, analyse publiée sous le titre « Un négationnisme presque parfait« .

[4] Cfr. Pierre PEAN, « Noires fureurs, blancs menteurs – Rwanda 1990-1994« , Fayard, novembre 2005. Ce livre taxé de « Bible pour les négationnistes » a fait l’objet d’une plainte déposée par des rescapés rwandais membres d’Ibuka, appuyée par « SOS racisme ». Ces plaignants furent cependant déboutés par le tribunal de Paris..

[5] Cfr. Placide KALISA, carte  blanche sur « les enjeux de la négation du génocide des Tutsi« , publiée dans le quotidien Le Soir, le 10.04.2006.

[6] FAR =Forces Armées Rwandaises (l’armée gouvernementale jusqu’à la victoire de l’APR en juillet 1994)

[7] Cfr. Filip REYNTJENS « Les risques du métier« , L’Harmattan, janvier 2009.

[8] Cfr. Bernard LUGAN « Rwanda : contre-enquête sur le génocide« , éditions Privat à Toulouse, 2007.

[9] Même lorsque devenu président de la commission « développement et coopération du Parlement européen, à la tête d’une délégation en visite à Kigali du 27 au 31.07.1994, il recevra l’engagement formel de Paul KAGAME de respecter certains points prioritaires moyennant la reconnaissance du nouveau régime rwandais, dont la légitimité était sujette à caution, Bernard KOUCHNER restera très discret dans ses initiatives ultérieures  quant au suivi de ces promesses non tenues …

Cet engagement acté dans le compte rendu de sa mission (doc. PE 209.686 du 23.08.1994 pp. 8 et 9) comprenait:

– le respect scrupuleux des droits de l’homme, contrôlé par une équipe d’observateurs ONU à déployer dans tout le pays;

– l’application stricte de ce que KAGAME a appelé lui-même la « loi du retour » qui implique qu’aucune sanction ne soit exercée à l’encontre des personnes ayant fui le Rwanda, à l’exception des criminels, et que leurs biens ne soient pas confisqués;

– l’appui complet à l’instauration d’un tribunal pénal international, indépendant du système judiciaire rwandais.

Le débat consacré à la question orale KOUCHNER-MATUTES au Conseil, à Strasbourg le 20.09.1995, sur la problématique des livraisons d’armes au Rwanda et au Burundi, dans le cadre de la PESC (Politique Etrangère et de Sécurité Commune) aurait pu être l’occasion de dresser un bilan honnête de l’application de ces engagements, au moment où le Conseil de sécurité  de l’ONU, encouragé  par les USA, venait de suspendre l’embargo sur les armes à destination du Rwanda.

[10] Au moment où le FPR repoussait les propositions de la MINUAR et des FAR en faveur d’un cessez-le-feu et de la reprise du cours d’Arusha, Jacques BIHOZAGARA exprimait l’insensibilité du Front à l’égard du sort des Tutsi de l’intérieur, dont J.M.V. NDAGIJIMANA tentait de se faire le porte-parole : « Les Tutsi dont vous parlez sont sous votre entière responsabilité (celle du gouvernement rwandais). Nos parents à nous autres réfugiés ont été assassinés en 59; les Tutsi qui sont restés au Rwanda ont de tout temps soutenu le régime HABYARIMANA et ont ainsi choisi leur camp »

[11] Cfr. J.M.V. NDAGIJIMANA, « Paul KAGAME a sacrifié les Tutsi » éditions La Pagaie, Orléans, avril 2009

 

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