Afrique des Grands-Lacs : des révolutions démocratiques pointent-elles à l’horizon ?

Le leader de l'opposition ougandaise Dr Kizze Besigye à l'hôpital de Naïrobi - Kenya, le 29/04/2011/photo AP
 Le leader de l'opposition ougandaise Dr Kizza Besigye à l'hôpital de Naïrobi - Kenya, le 29/04/2011 - photo AP

Le leader de l'opposition ougandaise Dr Kiizza Besigye à l'hôpital de Naïrobi - Kenya, le 29/04/2011 - photo AP

Va-t-on assister au phénomène de « Printemps arabe » dans la région des Grands Lacs?

Dans les pays arabes, les dictateurs sont en train de déguerpir sur pression de la rue. Des manifestations monstres ont forcé déjà les présidents tunisiens et égyptiens à quitter le pouvoir. Ces révolutions démocratiques se poursuivent en Syrie, au Yémen et en Libye.

En Afrique noire, et particulièrement en Afrique des Grands Lacs, le mouvement qui vient de commencer en Ouganda va-t-il venir à bout du président Museveni au pouvoir depuis 25 ans et qui vient de se faire élire pour un nouveau mandat de 5 ans ?

Le leader de l’opposition ougandaise, Dr Kiiza Besigye, a contesté ces élections et ses partisans sont descendus dans la rue. La manifestation a été réprimée sévèrement par la police. Ces manifestations ont eu lieu à Kampala mais également dans différentes autres villes de l’Ouganda comme Mbarara. Dr Kiiza Besigye, blessé, a été finalement autorisé à sortir du pays. Il a été admis dans un hôpital de Naïrobi au Kenya. Ce vent de fronde est loin de se calmer.

En RDC, les élections présidentielles sont prévues en novembre de cette année. Mais déjà, des manifestations dans différentes capitales européennes scandent « Kabila dégage ». A l’intérieur, Etienne Tshisekedi, un challenger de taille face à Joseph Kabila, cherche des alliances avec d’autres partis politiques de l’opposition dont celui de Vital Kamerhe. Celui-ci a été évincé de la fonction de président de la chambre basse de l’assemblée nationale pour avoir protesté contre la décision de la présidence de laisser les troupes rwandaises intervenir sur le territoire congolais sans consulter les parlementaires, représentants du peuple.

Les élections congolaises s’annoncent houleuses. L’opposition reproche à Joseph Kabila d’avoir procédé au changement précipité de la Constitution pour mettre les chances de son côté. Il est également dit  que certains préalables ne sont pas remplis pour des élections transparentes. Selon une certaine opposition, il aurait fallu d’abord procéder à un recensement national pour savoir quelle majorité se prononcera pour donner la vraie légitimité à celui qui serait élu. De même, il n’ ya pas de cartes d’identité indispensables pour confirmer l’état civil de toute personne ayant le droit de vote. Même si Joseph Kabila est élu, l’après-élection reste incertaine.

Au Rwanda, Paul Kagame a pris le pouvoir par les armes en  juillet 1994. Il vient d’être élu, sans opposition véritable à un second mandat de 7 ans. Après son élection, tous les opposants politiques ont été jetés en prison. Victoire Ingabire, présidente du parti FDU-Inkingi, Déo Mushayidi du parti PDP et Bernard Ntaganda du parti PS Imberakuri croupissent tous derrière les barreaux. Durant son précédent mandat, Paul Kagame a mis en prison son challenger Dr Théoneste Niyitegeka, condamné à plus de 15 ans. Pour avoir voulu fonder un parti politique, Pasteur Bizimungu, ex-président rwandais, a été mis en prison avec Charles Ntakirutinka qui reste en taule. Les tentatives de manifester contre le pouvoir pour l’inscription du parti FDU-Inkingi ont été réprimées violemment par la police. Mais déjà, sur les réseaux sociaux comme Facebook, des messages de « Kagame dégage » sont régulièrement échangés et aboutiront un jour à une concrétisation. Cela est d’autant plus probable que des remous s’observent dans la jeunesse universitaire.

Au Burundi, le président Nkurunziza a été réélu récemment. Il était seul candidat, l’opposition ayant décidé de boycotter les élections. Les anciens rebelles ont regagné le maquis avec leurs chefs. Actuellement, une sorte de guerre civile a commencé. Des assassinats mis tantôt sur le dos des rebelles d’Agathon Rwasa, tantôt sur le dos de l’armée burundaise, sont régulières. Pourtant le Burundi avait fait un pas de géant après des négociations inter-burundaises qui avaient permis de trouver une sorte de démocratie consensuelle. Cet équilibre, qui avait été difficilement mis en place, est aujourd’hui rompu et il faut donc s’attendre au pire. Une nouvelle révolution démocratique ne va pas tarder, initiée malheureusement par des mouvements rebelles en lieu et place du compromis qui avait déjà fait ses preuves.

EdA Press

 

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