RDC/CPI: Bemba replongé dans l’incertitude

L’ancien vice-président de la République Démocratique du Congo, sénateur en exercice, a cru voir une lueur d’espoir poindre à l’horizon à l’annonce, le mercredi 04 mai 201, de l’audition du « Témoin numéro 9 » à la CPI (Cour Pénale Internationale), car cet ancien juge d’instruction est présenté comme l’homme ayant décidé un non-lieu lorsque l’affaire était pendant devant le Tribunal de Grande Instance de Bangui, en 2004. Ce magistrat a effectivement confirmé avoir abandonné les poursuites contre le « Chairman » au motif que son dossier était vide, faute de données de nature à asseoir la thèse de son implication dans les faits (tueries, tortures, pillages, viols) mis à charge des soldats du MLC (Mouvement de Libération du Congo) lors de leur campagne militaire à Bangui, entre octobre 2002 et mars 2003, à l’appel de feu le président Ange Félix Patassé.

Selon le « Témoin numéro 9 », le réquisitoire du Procureur Général de Bangui avait épousé la même approche. Mais là où l’ancien juge d’instruction de la République Centrafricaine a compliqué le dossier de Bemba, c’est lorsqu’il a soutenu que le véritable soubassement de l’attitude de la justice centrafricaine était d’ordre politique. Autrement dit, les magistrats chargés du dossier « MLC » n’avaient pas les mains libres pour se prononcer en âme et conscience.

Le même témoin a enfoncé davantage Jean-Pierre Bemba en invoquant d’autres des pesanteurs politiques avant lourdement pesé sur son dossier judiciaire, à savoir le souci de préserver les relations de bon voisinage entre la RCA et la RDC d’une part et, d’autre part, le changement de statut du patron du MLC, devenu vice-président de la République pendant la Transition congolaise (2003 – 2006).

La défense de Bemba sur les nerfs

Les avocats de Jean-Pierre Bemba ont tout de suite compris que la déposition du « Témoin numéro 9 » risquait d’entraîner leur client sur une pente très glissante. Aussi Me aimé Kilolo, un des membres de ce panel, a vivement réagi en relevant que dans ses conclusions, le Procureur Général de Bangui n’avait, en ce qui le concerne, aucunement fait mention des « raisons politiques » dans la décision ayant trait à l’abandon des poursuites juduciaires à l’endroit du « Chairman ». Me Kilolo a continué à marteler que le « non lieu » prononcé en faveur de son client découlait de l’absence de preuves quant à sa participation directe aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité mis à charge de ses troupes et non pour des raisons politiques. Il a encore rappelé, pour la nième fois, que le militaires du MLC étaient intervenus à Bangui entre octobre 2002 et mars 2003 à la demande des autorités centrafricaines, avec à leur tête feu le président Ange Félix Patassé. Et, tout au long de leur campagne militaire, ils étaient placés sous les ordres des autorités militaires et civiles de la RCA.

De l’eau au moulin de l’accusation

Le Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, qui continue de méconnaître l’inexistence d’un procès diligenté par la justice centrafricaine dans les événements de Bangui et qui refuse que le dossier soit déclaré clos, tel que le soutient la défense de Jean-Pierre Bemba, se sent désormais en droit de traquer de plus belle le célèbre prévenu venu de la RDC. Dès lors que des raisons politiques sont avancées par le « Témoin numéro 9 » pour justifier le non-lieu, l’accusation pourrait se servir de cette révélation pour estimer que même si le dossier MLC avait été par la justice centrafricaine, il mérite d’être rouvert en  raison de sa prise en otage par le pouvoir politique au sommet de l’Etat centrafricain. Tel que l’on connait Moreno Ocampo, il va se convaincre davantage que Jean- Pierre Bemba et ses militaires n’ont jamais été jugés pour les faits commis à Bangui. Par conséquent, la Cour Pénale Internationale serait tout indiquée pour rendre justice aux victimes e leurs turpitudes.

En attendant la suite du procès, force est de constater que Jean-Pierre Bemba se retrouve dans une situation bien inconfortable. Le « Chairman » n’a plus son sort entre ses mains. Tout peut arriver dans les mois à venir.
Kimp
Kinshasa, 6/05/2011 (Le Phare)

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CPI, Bemba lavé par le Procureur Général de la RCA

Mardi, 19 Avril 2011 12:30
Cela peut paraître insolite à ce stade du procès débuté le 22 novembre 2010, à La Haye, au Pays-Bas, où il est écroué depuis mai 2009. Jean-Pierre Bemba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, vient de bénéficier d’un soutien, et non de moindre, indique une dépêche de la CPI du 11avril 2011.

Appelé à témoigner dans le Procès Bemba Gombo/c le Procureur de la CPI, M. Firmin Feindiro, Procureur Général de la République Centrafricaine, a affirmé que l’implication de Bemba dans le commandement de ses hommes sur terrain est un montage grossier à exclure.

En effet, au terme des enquêtes diligentées en début du mois d’août 2003, et après avoir entendu plus de 300 victimes, Firmin Feindiro est arrivé à la conclusion que les hommes de Bemba étaient sous les ordres de Ferdinand Bobayake, Chef de la sécurité présidentielle de Ange-Félix Patassé dont le pouvoir était menacé par la rébellion dirigé, à l’époque, par François Bozizé, l’actuel Président de la République. Il l’a fait savoir au cours du procès lors de son contre-interrogatoire par l’équipe de la défense de Bemba. Ce faisant, la défense de Bemba, conduite par Me Aimé Kilolo, s’est vu conforté par cet argumentaire.

La Pros.

 

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