Rwanda : Le FPR est-il anti-catholique?

Eglise catholique
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La mort atroce de Mgr Phocas Nikwigize révélée par le site leprophete.fr relance l’hypothèse que le Front Patriotique Rwandais (FPR), au pouvoir à Kigali,  a, dans ses plans, l’anéantissement de l’Eglise catholique.

Genèse

Le FPR est une émanation des anciens féodaux qui avaient instauré le servage au Rwanda. En 1957, l’Eglise catholique au Rwanda fut avant-gardiste pour dénoncer haut et fort cette situation indigne pour les humains créés par Dieu dans l’égalité. Les évêques André Perraudin et Aloys Bigirumwami ont alors signé une lettre pastorale demandant la justice sociale dans la gestion des rapports hutu/tutsi. Pour ces prélats, l’injustice compliquait les relations sociales entre les divers groupes de la population rwandaise. Cette dénonciation contre le système oppressant la majorité de la population et la maintenant sous le joug de la féodalité ne fut jamais pardonnée à l’Eglise catholique par les tenants du pouvoir d’alors. En exil, les féodaux n’ont cessé d’inculquer à leurs enfants cette haine contre l’Eglise catholique, qu’ils rendent en partie responsable de leur situation de réfugiés.

Sous le nom du FPR-Inkotanyi, les descendants des féodaux déchus ont pris la relève après l’échec de l’attaque des Inyenzi. Ils ont attaqué le Rwanda en octobre 1990 et ont pris le pouvoir après 4 ans de guerre atroce. Sur leur chemin de conquête du pays, ils s’en sont pris aux religieux. L’Eglise catholique en a payé un lourd tribut.

Les faits

Tout au début de la guerre, le FPR assassina une religieuse française, Renée Popin et une aspirante rwandaise dans la paroisse de Rushaki, tout près de la frontière ougandaise. Le 10 février 1992, à Rukomo (Byumba), seize prêtres des quatre paroisses du Mutara, dans leur lettre, dénoncèrent un terrorisme à l’encontre de la population civile par le FPR. L’un des signataires de cet appel, le père Vallmajo, un prêtre espagnol, sera assassiné par le FPR en 1994 à Kageyo, dans la préfecture de Byumba.

L’assassinat à Kabgayi en juin 1994 de trois évêques ainsi que de neuf prêtres ne fut donc pas une surprise. Loin d’être une affaire de quelque « jeunes soldats indisciplinés », ce fut un ordre venu d’en haut, d’après des sources dignes de foi. L’Abbé Vénuste Linguyeneza était à Byimana là où les évêques ont été assassinés par les militaires du FPR. Son témoignage est poignant. Que le FPR ait annoncé lui-même cet incident et qu’il ait même envoyé un message de condoléances au Pape ne change pas grand-chose. Un simulacre de procès a eu lieu sur pression du TPIR et les assassins, en tête le général Wilson Gumisiliza, ont reçu des peines symboliques.

En avril 1994, le FPR avait déjà assassiné à 9 abbés au Petit séminaire de Rwesero. Le 17 octobre, il a assassiné le père canadien Guy Simard, curé de Ruyenzi à Butare ; le 1er août 1995, il a tué l’Abbé Pie Ntahobari, curé de Kamonyi à Gitarama. En 1996, il a fait disparaître Monseigneur Phocas Nikwigize, Evêque de Ruhengeri, de retour des camps de l’ex-Zaïre. C’est dans le cadre de cette politique qu’il a précipité la mort de Monseigneur André Sibomana, en lui refusant un document de voyage à temps pour aller se faire soigner à l’étranger.

Au cours d’une homélie religieuse, un militaire du FPR tira sur le père Guy Pinard, curé de Kampanga-Ruhengeri le 02/02/97. Le 25 du même mois, huit prêtres catholiques et trois religieuses rwandais réfugiés à Kalima dans l’Est de la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) furent tués atrocement par les militaires de l’APR. Le 11 mai 1997, deux prêtres de la paroisse catholique de Cyahinda (Butare) furent mis à mort. Début août 1997, il y a eu l’assassinat de l’Abbé Ignace Mubashankwaya de la paroisse de Mushaka en préfecture Cyangugu. Le 31/01/1998, le père Croate, Vijeko Curic, a été assassiné par un militaire du FPR à Kigali. Le 28 avril 1998, ce fut l’assassinat du Curé de la paroisse Ruhengeri, l’Abbé Boniface Kagabo, un grand ami de Mgr Phocas Nikwigize. Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1998, 6 sœurs de la Résurrection du Christ furent assassinées à Busasamana. La liste peut être allongée.

Dans sa hargne contre l’Eglise catholique, le FPR a favorisé l’émergence des sectes encadrées par ses soins. Il voulait noyauter les fidèles de l’Eglise catholique et répandre son idéologie à travers les sermons faits par des pasteurs de son obédience. Là où il était sûr que les fidèles étaient en dehors de ses structures religieuses, le FPR sévissait. Ainsi fin mai 1997, ses militaires ont massacré, au cours de leur office religieux, environ 300 fidèles d’une Eglise protestante dans le secteur Nanga et plus de 200 fidèles d’une Eglise adventiste dans le secteur Mwiyanike, deux localités au Nord du pays.

L’acharnement contre l’Eglise catholique s’est traduit encore par l’emprisonnement de Mgr Misago de Gikongoro qui a eu la chance de gagner son procès après des années de prison.

Le plan final du FPR, selon des observateurs, est de fonder une « Eglise patriotique rwandaise » calquée sur le modèle chinois.

Jane Mugeni
EdA Press

 

 

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