Actualités des Grands-Lacs/Semaine du 28 mai au 3 juin 2011
En RDC, tandis que l’enrôlement des électeurs connaît toujours des difficultés diverses, certains acteurs, constatant les retards dans le processus électoral, évoquent des concertations entre membres de la classe politique pour « sauver » le processus, ce qui rejoint la position défendue par l’International Crisis Group. De son côté, le président de l’UDPS, qui a rencontré des députés belges, fait savoir qu’il n’est pas concevable que le président Kabila reste en fonction après le 6 décembre. Par ailleurs, le Sénat a reçu et envoyé à la commission compétente le projet de loi électorale approuvé par l’Assemblée nationale.
Dans le domaine de la sécurité, la chef-adjoint de la MONUSCO confirme que parler d’un retrait des casques bleus est prématuré . Attaques, captures de villages et/ou prises d’otages dans le chef du FDLR ont eu lieu cette semaine dans les territoires de Kalehe, de Lubero, de Rutshuru (où les populations s’en sont prises aux FARDC et à la MONUSCO) et de Shabunda, tandis que des coupeurs de route sévissent sur l’axe Rutshuru – Kiwanja. Par ailleurs, la MONUSCO annonce qu’un nouveau groupe armé s’est formé au Nord Kivu et contrôle des sites miniers et qu’une nouvelle opération visant à déployer onze bases opérationnelles mobiles a été lancée au Sud Kivu. Enfin, en Province Orientale, il est question d’affrontements entre deux unités des FARDC dans le district de l’Ituri, ce que démentent ces dernières qui parlent de combats avec des miliciens.
Dans le domaine de la justice, le tribunal militaire de Mahagi a remis en liberté provisoire quinze « bandits » suspectés d’avoir tué un déclarant en douane en avril dernier, tandis que la haute cour militaire de Kinshasa a considéré comme « floue » l’affaire Yangambi, cet avocat accusé d’être impliqué dans un soulèvement à Kisangani et que le père du chef des rebelles Enyele a été sans raison apparente soustrait de la prison de Makala à Kinshasa. Par ailleurs, la DGM a retenu le passeport du collaborateur de chaînes de TV privées, déjà arrêté en avril dernier et accusé de monter les artistes congolais de la diaspora contre ceux du pays et les autorités. On signalera aussi que les ONG des droits de l’homme demandent l’élévation de Floribert Chebeya, dont in commémore le premier anniversaire de la mort, au rang de héro national et que l’assemblée générale du Conseil supérieur de la magistrature a relevé un déficit grave de magistrats en dehors des grands centres urbains et a plaidé pour un système de rotation. Enfin, l’audience de confirmation des charges à l’encontre du secrétaire exécutif des FDLR, arrêté en France en octobre 2010, a été reportée au 17 août par la CPI.
Dans le domaine économique, la société Banro annonce qu’elle va produire son premier lingot d’or au Kivu en octobre prochain. De son côté, le Premier ministre congolais sollicite les bailleurs de fonds dans le cadre de la modernisation du réseau routier de la RDC qui devrait coûter plus de 82 milliards $. Enfin, l’ambassadeur de France, qui est fin de mandat, a fait état de ce qu’il restait beaucoup à faire pour améliorer le climat des affaires en RDC, même si la situation macro-économique s’est améliorée.
Dans le domaine des relations extérieures, le ministre belge des Affaires étrangères, qui a signé à Kinshasa un accord sur l’annulation de la dette du Congo à l’égard de la Belgique, a rencontré le président congolais et a évoqué avec lui plusieurs dossiers « délicats » : les élections, la sécurité, les droits de l’homme, la justice congolaise, tandis que le gouvernement belge a donné son accord à l’envoi de militaires belges pour la formation d’unités de force de réaction rapide. De son côté, l’ancien ministre des Affaires Etrangères, Louis Michel, a déclaré souhaiter que l’opposition congolaise présente un candidat unique et s’est élevé une fois de plus contre le mode de scrutin à un tour qui favorise le président sortant.
Au Burundi, des attaquants qui pourraient appartenir au FLN ont tué quatre personnes dans l’habitation d’un membre du parti au pouvoir. Par ailleurs, les troupes burundaises de la force africaine en Somalie ne sont plus payées depuis le mois de janvier.
En Ouganda, le président Museveni a formé un gouvernement mammouth de 76 ministres dont deux femmes nommées à la tête des ministères de l’énergie, des hydrocarbures et des finances. Par ailleurs, un ancien haut fonctionnaire a été arrêté pour corruption : les analystes suspectent que cette arrestation est liée à une affaire de rivalité avec le président de la République. Enfin, un journaliste a été arrêté suite à la publication d’un article qui rendait le président Museveni responsable de l’attentat qui s’est produit en juillet 2010 à Kampala.
Au Rwanda, Human Rights Watch dresse un bilan mitigé des juridictions gacaca qui n’ont pas inclus les crimes perpétrés par le FPR à l’époque du génocide. Par ailleurs, les autorités réfutent les allégations contenues dans un rapport d’Amnesty International sur les restrictions à la liberté d’expression.
Kris Berwouts
EurAc
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