Rwanda : RNC et FDU, un même agenda pour le changement

Nkiko Nsengimana des FDU et Joseph Ngarambe de RCN à Bruxelles le 31-07-2011
Nkiko Nsengimana des FDU et Joseph Ngarambe de RCN à Bruxelles le 31-07-2011

Nkiko Nsengimana des FDU et Joseph Ngarambe de RCN à Bruxelles le 31-07-2011

C’est une marée humaine qui a investi la rue Washington au cœur du quartier d’Elsène à Bruxelles. C’est là que s’est tenu le meeting des partis politiques RNC et FDU ce 31/07/2011. L’affluence a été telle que des chaises ont dû être ajoutées dans les allées centrales et latérales ainsi que dans des coins et des recoins de la salle et même dans la mezzanine.

Le parterre des organisateurs sur le podium était lui aussi impressionnant. On pouvait y apercevoir entre autres : Dr Nkiko Nsengimana, Joseph Bukeye, Sixbert Musangamfura, Dr Emmanuel Mwiseneza et Charles Ndereyehe des FDU ; Jonathan Musonera, Joseph Ngarambe et Kazungu; Paul Rusesabagina de RNC. Dans la salle, Karagwa Gérard de PDP-Imanzi, JMV Ndagijima du volet « justice internationale » et Jean Baptiste Ryumugabe de PS-Imberakuru ont été présentés à l’assistance. La technologie moderne a permis également les interventions de Sylvain Sibomana et d’Alice Muhirwa du Comité exécutif provisoire des FDU à Kigali ; le général Kayumba Nyamwasa de RNC à partir d’Afrique du Sud et de Gerald Gahima et Dr Théogène Rudasingwa à partir de Washington.

Ouverte à 14h00, la conférence avait Joseph Bukeye comme modérateur. Il a passé la parole à Théogène Rudasingwa pour introduire les débats. Parlant par le biais de SKYPE, il a entre autres insisté sur la coopération en construction entre son parti et les FDU-Inkingi et a invité les autres forces politiques à adhérer à la plate-forme de collaboration de ces deux partis.

Le président du Comité de coordination des FDU, Nkiko Nsengimana (Suisse), est revenu sur le contenu du rapport Mapping et a souligné que leurs mouvements s’attèlent à demander qu’il ne soit pas enterré consacrant ainsi l’impunité de Paul Kagame et de ses hommes. Il a été sceptique sur le développement économique tant vanté au Rwanda car les gens sont en train de mourir de faim. Il a fustigé le HCR qui veut céder aux demandes de Kigali de mettre en exécution la clause de cessation de la qualité de réfugiés pour les rwandais. Le pays est plus que jamais instable et l’insécurité des personnes et des biens règnent en maître. Dans ces conditions, il est inconcevable, a-t-il martelé, que l’on veuille priver les réfugiés de leurs droits.

Quant à Jonathan Musonera, il a rendu un hommage appuyé à Victoire Ingabire Umuhoza qui croupit dans les geôles rwandaises. Il l’a comparé à Ndabaga, cette héroïne de la mythologie rwandaise qui a été sur le champ de bataille pour terrasser les ennemis qui attaquaient le pays. Il a rappelé son discours à Gisozi au mémorial du génocide Tutsi qui plaidait pour la reconnaissance des massacres des Hutu. Musonera annoncé le calendrier des actions à venir : il est envisagé prochainement un sit-in à Genève pour protester contre le projet de cessation de la qualité de réfugiés pour les Rwandais ; une manifestation à Paris le 12/9/2011 à l’occasion de la visite du président Paul Kagame en France ; une manifestation en Australie car Kagame envisage y faire une visite ; une manifestation à Londres au siège du Commonwealth.

Revenant sur la question des réfugiés, Michel Niyibizi (Belgique) a détaillé les raisons qui montrent que le Rwanda n’est pas un pays sûr de façon que les réfugiés peuvent rentrer en toute sécurité : au Rwanda, le FPR a le monopole politique; la presse est muselée et les journalistes assassinés ; il y a des violations constantes des droits de l’Homme ; il n’y a pas d’indépendance de la justice. Il a rappelé que le Rwanda est l’un des rares pays au monde à avoir bombardé sa population réfugiée, soit à Kibeho en 1995, soit dans les camps de l’ex-Zaïre en 1996-1998. Il a informé le public qu’une lettre signée par 34 ONG et les deux formations politiques RNC et FDU a été envoyée au Haut Commissaire du HCR pour revoir la clause de cessation qui doit prendre effet le 31/12/2011. Niyibizi a en outre annoncé qu’un congrès des réfugiés rwandais se tiendra prochainement pour débattre des questions existentielles relatives à leur situation d’exilés.

De son exil en Afrique du Sud, le général Kayumba Nyamwasa s’est appesantie sur la sécurité des personnes au Rwanda et à l’étranger. Il a rappelé l’emprisonnement arbitraire de l’ex-président Pasteur Bizimungu pour le seul crime d’avoir voulu fonder un parti politique. Il a été de même de Maître Ntaganda, de Déo Mushayidi et de Victoire Ingabire qui croupissent en prison pour avoir voulu exercer leurs droits politiques. Pour lui, les rwandais de l’extérieur ont encore la liberté de parole. Ils doivent faire tout pour dénoncer les dérives du régime de Paul Kagame. La manifestation de Chicago a montré que cela est possible car les médias ont répercuté le message des manifestants et n’ont placé aucun mot de Paul Kagame. Le mot d’ordre lancé par Nyamwasa fut de lutter contre Paul Kagame et ses services de sécurité qui envoient des tueurs à gage à l’extérieur. Il faut les dénoncer, comme il est capital de dénoncer les diplomates rwandais qui leur servent de couverture. Embrayant sur l’actualité, Kayumba Nyamwasa a fait remarquer que la visite de président Museveni au Rwanda ne doit tromper personne. La normalisation des relations entre les deux hommes est un trompe-l’œil. Il a fait le parallèle avec Habyarimana que Museveni n’a pas hésité à laisser tomber, malgré les très nombreuses visites de par et d’autre.

Une vue du public dans la salle

Chargé de l’information au sein des FDU, Emmanuel Mwiseneza, a souligné l’importance de l’utilisation de nouvelles technologies de l’information en politique. Il a rappelé que les réseaux sociaux et les forums de discussions, ont montré leur efficacité pour la destitution des dictatures. Il a informé le public que le site web officiel des FDU est www.fdu-udf.org, que les autres sites avec le sigle FDU ne sont que des usurpations.

Paul Rusesabagina est intervenu pour parler de la réconciliation qui doit être recherchée par les formations politiques et les ONG de la société civile rwandaise et que cette réconciliation passe par la vérité.

La parole a été ensuite accordée à Jean Mari Ndagijimana (France) qui a informé le public qu’il a été mis sur pied un « Collectif des victimes de masse de la région des Grands-lacs ». Cela a été motivé par le fait que tout rwandais est rescapé. Il n’y a aucun rwandais qui n’ait perdu un membre de famille depuis que le FPR a attaqué le pays en octobre 1990 jusqu’à ce jour. Le Collectif va rassembler des témoignages de ceux qui ont perdu les leur pour saisir la justice. Le premier acte d’accusation devra concerner le président rwandais Paul Kagame pour les crimes commis au Rwanda et en RDC. Il devra être déposé devant la justice française avant la venue du président rwandais en France. JMV Ndagijimana demandé au général Kayumba Nyamwasa et au Dr Théogène Rudasingwa et à leur groupe d’accepter d’être cités comme témoins sur tout ce qu’ils savent de ces crimes. Il a félicité en outre Kayumba Nyamwasa d’avoir eu le courage de demander pardon à tous les rwandais pour les crimes qui seraient imputés au FPR qu’il a servi.

Le PDP-Imanzi de Déo Mushayidi, en prison au Rwanda, était représenté par Gérard Karangwa (Pays-Bas). Il a rendu hommage aux compagnons d’infortune du président du parti.

Gérard Karangwa a démontré qu’il existe au Rwanda une ségrégation qui fait des Hutu des citoyens de seconde zone. Comme exemple, il montré que dans l’enseignement supérieur, les bourses d’études ont été coupées. Mais les enfants tutsi eux bénéficient de ces bourses via le FARG (Fonds d’aide aux rescapés du génocide). Donc la mesure n’a frappé que les enfants hutu. Cela est également vrai pour les études à l’étranger. Ce sont presque exclusivement des enfants tutsi qui les reçoivent. Dans l’armée, c’est la même chose. La prépondérance des Tutsi est écrasante. Ainsi parmi les 163 officiers promus récemment, il n’y avait que 13 hutu. Tous les services de sécurité sont 100% gérés par les Tutsi. Gérard Karangwa, qui est un ancien militaire du FPR, a rappelé qu’il a fait la guerre mais qu’il s’est rendu compte que la guerre ne résout rien. Qu’il faut des solutions négociées.

Le parti PS Imberakuri a été représenté par Jean Baptiste Ryumugabe (Belgique). Il a rendu hommage à leur leader emprisonné. Il a lui aussi fait remarquer que la politique au Rwanda est dominée par le mensonge, comme par exemple avancer qu’il n’y pas d’ethnies mais en même temps dire qu’il ya eu génocide des Tutsi. Il a souhaité que les dissensions au sein du défunt Comité de Soutien car elles affaiblissent leurs partis politiques respectifs au Rwanda.

Le secrétaire général du Comité exécutif provisoire des FDU au Rwanda, Sylvain Sibomana, a pris la parole et a rappelé que le parti est au Rwanda depuis plus des 500 jours et que sa présidente, Victoire Ingabire, est en prison depuis bientôt 390 jours. Il a fait un tour d’horizon sur les actions d’implantation du parti dans tout le pays et a montré que leurs militants continuent de subir des tracasseries voire des emprisonnements par les forces de sécurité. La trésorière du parti, Alice Muhirwa, a transmis au public les salutations de Victoire Ingabire. Muhirwa la rencontre chaque jour car c’est elle qui lui apporte à manger en prison. Elle a informé l’assistance que Victoire Ingabire est en totale isolement dans sa cellule. Elle n’a pas droit de sortir pour assister à la messe dominicale ni prendre de l’air dans le préau de la prison comme les autres détenus. A cela s’ajoute que les visites lui sont interdites depuis un certain temps. Muhirwa s’est inquiétée de la détérioration de la santé de Victoire Ingabire. Elle souffre notamment des dents. Pour consulter un médecin, les autorités de la prison ont exigé la permission du Commissaire général. Les collaborateurs de la présidente ont écrit une lettre et l’autorisation a été accordée. Mais les services de sécurité sont passés à côté pour aller dissuader le médecin qui devait consulter Victoire Ingabire. Celui-ci, pour éviter des ennuis à son cabinet et pour sa sécurité, s’est désisté. Un autre médecin est en train d’être cherché. Mais pourra-t-il lui, résister aux intimidations des services de sécurité, s’est interrogée Alice Muhirwa.

Les questions ont été nombreuses et variées mais la question lancinante a été celle des crimes reprochés au Général Kayumba Nyamwasa. Celui-ci est intervenu et a fait remarquer que depuis qu’il est en Afrique du Sud, aucun dossier ne lui a été soumis, aucun juge, aucun service ne l’a convoqué pour s’expliquer sur ces accusations. Il s’est dit prêt à répondre de ses actes devant la justice et pour ce faire, il a préparé son dossier mais sa stratégie de défense ne lui permet pas de l’exposer dans une conférence publique comme plus d’un le lui demandait. A ceux qui voudraient que Kayumba prenne l’initiative de se présenter lui-même devant la justice, il dit qu’il préfère répondre aux convocations éventuelles qui lui seraient adressées, ce qui n’est encore le cas depuis plus d’une année qu’il est en Afrique du Sud.

D’autres participants ont souhaité que RNC ait une présence au Rwanda à l’instar des FDU et de PS-Imberakuru. Ils se sont vu répondre que cela n’est pas encore à l’agenda du parti.

Le silence des partis politiques sur les pratiques quasi criminelles du régime comme par exemple la vaccination obligatoire des jeunes filles rwandais contre le cancer de l’utérus avec un vaccin contesté ou l’enregistrement audio dans lequel Dan Munyuza est dans des manœuvres de faire empoisonner Kayumba Nyamwasa, a été relevé par un participant. Joseph Ngarambe de RNC a rappelé que le vaccin contre le cancer du col utérin est contesté par des uns mais que scientifiquement, il n’y pas une étude scientifique sur laquelle on peut s’appuyer pour le dénoncer. Quand aux documents audio évoqués dans la question, il a rappelé qu’ils ont été miss en ligne par RNC.

La réunion a clos ses travaux à 19h30 mais le public voulait encore poser des questions. Il a été remarqué que durant cette conférence marathon de plus de 5h, le public est resté attentif, signe que les sujets traités rencontraient les attentes de l’assistance. La police, déployée en grand nombre, n’a pas eu à intervenir car tout s’est déroulé dans le calme.

EdA Press

 

 

 

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