Comment régler durablement la question de l’insécurité à l’Est de la RDC?

candidats aux présidentielles 2011: en première ligne Kabila, Tshisekedi, Kamerhe, puis Kengo/photo jeunescdH.be o
Dès qu’une crise se déclenche dans les Kivu, comme celle qui est en train de se produire en ce moment, il se pose un certain nombre de questions aux quelles il faudrait essayer de donner des réponses fortes. Tel est le cas avec la mutinerie de Bosco Ntaganda et de ses proches, entrainant des conséquences néfastes pour la population qui est obligée de fuir de nouveau et en masse pour échapper aux attaques, aux pillages, aux viols, aux assassinats. Est-ce que la « disparition » de Bosco Ntaganda dans le Parc de Virunga veut dire que la page sur son arrestation vient d’être tournée ? Si c’était le cas, il est clair que Ntaganda ne sera jugé ni par la CPI, ni par la justice congolaise. Plusieurs observateurs sont d’avis en effet qu’il détiendrait un certain nombre d’informations et de secrets sur des zones d’ombres des accords de Paix entre Kigali et Kinshasa que ni le Président Kagame, ni le Président Kabila n’ont intérêt qu’ils soient dévoilés.
Quant à la question de la succession de Bosco à la tête de l’aile militaire du CNDP, serait-elle déjà réglée avec la désignation du Colonel Makenga Sultani comme commandant d’un nouveau Mouvement politique dénommé M23? Celui-ci fait référence à l’accord de paix signé le 23 mars 2009 entre le CNDP et le gouvernement congolais qui avait permis au CNDP d’intégrer les FARDC.
Le fait que le communiqué de presse désigne comme coordonnateur du M23 le colonel Makenga qui fut le bras droit de Ntaganda et qui, par voie de conséquence, devrait aussi être jugé par la CPI pose évidemment problème. La façon dont les événements se sont déroulés, avec, dans un premier temps, le départ du Colonel Makenga à Kinshasa pour en revenir ensuite à la tête du M23, suscite beaucoup de points d’interrogations. Une seule chose semble certaine. Si le Président Kabila ne veut pas perdre le peu de crédibilité qu’il lui reste après son élection contestée, il a tout intérêt à régler ce problème le plus vite possible.
Comme hier Bosco Ntaganda, le Colonel Makenga paraît donc le nouvel homme fort qui arrange bien en même temps les intérêts de Kigali et de Kinshasa. Cette nouvelle donne ne fait que confirmer que, d’un côté, la question de l’insécurité à l’Est de la RDC reste un problème régional et qui devrait être réglé comme tel. De l’autre côté, la question se pose toujours sur la réelle volonté politique du gouvernement congolais de stabiliser la région de l’Est et d’investir dans une armée unifiée, formée et efficace.
De notre point de vue, la seule solution durable consiste dans la résolution des problèmes de la sécurisation des frontières rwando-congolaises, dans la création d’une armée unifiée avec un commandement unique et dans la lutte du trafic illicite des ressources naturelles qui financent les groupes armés. Nous continuerons à insister que les acteurs de la communauté internationale devraient exercer des pressions sur le gouvernement congolais pour qu’il s’engage dans une réelle réforme de l’armée, dans la protection des défenseurs congolais des droits humains qui sont de plus en plus victimes des criminels qu’ils dénoncent. La lutte contre l’impunité, impunité dont jouit encore Ntaganda, est un des socles sur les quels doit se fonder le Congo pour mériter encore son qualificatif de Démocratique.
Donatella Rostagno
Secrétaire Exécutif AI d’EurAc
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