France-Rwanda . Le comble : l’association « SURVIE » partie civile dans le procès Simbikangwa !
S’il fallait encore une preuve supplémentaire que le procès de Pascal Simbikangwa qui se déroule à Paris depuis le 04 février 2014 est bien un procès politique, en voilà une sur le plateau. L’association « IBUKA » qui est en fait est une excroissance de l’ancienne rébellion tutsi, le FPR ( actuel parti au pouvoir au Rwanda), s’est elle aussi constituée partie civile. Autrement dit, après avoir jugé les vaincus par ses propres tribunaux, après avoir interféré dans le fonctionnement du Tribunal International pour le Rwanda en l’empêchant notamment de poursuivre les auteurs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par les vainqueurs, l’ancienne rébellion, aujourd’hui parti au pouvoir, parvient maintenant à se constituer partie civile sous le couvert des organisations des droit de l’homme de son obédience pour interférer dans les procès intentés aux vaincus dans leurs pays d’asile.
C’est quoi « SURVIE » ?
Le paroxysme dans le militantisme de « SURVIE » de Jean Carbonare fut atteint début 1993. A cette période, la rébellion du FPR était engagée dans des négociations avec le gouvernement dans la ville tanzanienne d’Arusha. Mais ces négociations piétinaient car le FPR présentait des exigences maximalistes sans qu’elles soient justifiées par aucun critère, ni la représentativité populaire, ni l’étendue du territoire qu’elle contrôlait. Il fallait donc craquer la porte des négociations, rompre le cessez-le-feu et lancer une vaste offensive qui étendrait considérablement la zone conquise afin de se présenter aux nouveaux rounds des négociations en position de force. Mais pour cela, il fallait un prétexte. Il fut vite trouvé et mis en pratique par « SURVIE ». Jean Carbona constitua une « Commission d’enquête internationale » composée des personnalités connues pour leur sympathie pour la rébellion et demandant qu’elle aille au Rwanda pour enquêter sur les violations des droits de l’homme dans ce pays. La méthodologie de cette fameuse commission avait étonné plus d’un observateur. Arrivée au Rwanda en janvier 1993, elle y passa en tout une semaine pendant laquelle elle a rencontré des opposants qui lui ont remis des mémorandum pré- établis recensant les prétendus violations de droits de l’homme de la part du gouvernement. Curieusement la « Commision Carbonare » avouera elle-même qu’elle a passé moins de deux heures dans la zone contrôlée par la rébellion et que donc qu’elle ne pouvait pas déterminer si les droits de l’homme avaient été violés aussi par le FPR ! Bien évidemment le rapport final fut accablant pour le régime de telle sorte que la rébellion justifia la rupture du cessez-le-feu et son offensive du 08 février 1993.
Cette offensive fit des centaines de morts parmi la population et plus d’un million de déplacés des préfectures de Byumba et Ruhengeri frontalières avec l’Ouganda, la base-arrière de la rébellion tutsi. Au lieu de condamner cette barbarie du FPR totalement injustifiée, Jean Carbonare, de retour en France, mènera une campagne médiatique en jouant sur les émotions notamment dans un fameux entretien avec le journaliste Bruno Masure sur France 2 en parlant de l’extermination des Tutsi qui serait en cours alors que les maquisards du FPR tuaient et déplaçaient des populations en masse tout simplement pour être en mesure de s’emparer du pouvoir le moment venu.
Après la conquête du Rwanda par le FPR en juillet 1994, Jean Carbonare sera récompensé pour ses bons et loyaux services rendus à l’ancienne rébellion tutsi désormais au pouvoir, et fut nommé « Conseiller Spécial à la Présidence de la République du Rwanda ». Il exercera cette fonction jusqu’à sa mort.
Et voilà que 20 ans après, à l’occasion du procès d’un lampiste que la France organise et à qui l’on voudrait faire porter tous les péchés du monde pour se réconcilier avec le régime du FPR, l’organisation « SURVIE » réapparaît comme partie civile dans ce procès sous l’étiquette de défense des droits de l’homme alors qu’elle ne défend que les intérêts de l’ancienne rébellion tutsi, aujourd’hui au pouvoir à Kigali.
Comme procès politique, on ne peut pas trouver mieux. Le plus écœurant c’est que l’on demande aux braves citoyens français qui, pour la plupart, n’avaient jamais entendu parler du Rwanda avant l’ouverture du procès, d’endosser les éventuels résultats de ces machinations politiques dans un procès d’Assises.
Emmanuel Neretse
11/03/2014
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