Rwanda/Pays-Bas : Complicité dans la violation des Droits de l’Homme ?
Depuis quelques temps, le monde réalise avec effroi et étonnement qu’il ne fait pas bon de vivre aux Pays-Bas quand on est opposant politique au dictateur rwandais Paul Kagame.
Les observateurs les plus avisés avaient déjà noté que les Pays-Bas avaient joué un rôle de premier plan dans la consolidation du régime du général Kagame après sa conquête du Rwanda en venant de l’Ouganda. En effet ce pays de l’Union Européenne a régulièrement contribué au budget ordinaire du régime de Kigali. A travers leurs ONG dont on connaît l’impact et l’efficacité, les Néerlandais ont vendu à l’opinion mondiale une image présentable d’un des pires dictateurs des temps modernes Paul Kagame et ont présenté sa guerre de conquête injuste et meurtrière comme « une guerre de libération » comme le veut la propagande du régime.
Bien plus, les Pays-Bas ont financé et encouragé les tribunaux populaires, les fameux « Gacaca » devant lesquels furent condamnés des millions de Hutu souvent à de lourdes peines allant jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité , par des « juges » sans aucune formation juridique, non rémunérés, agissant sur ordre des autorités administratives et souvent mus par la vengeance ou le désir de s’emparer des biens de leurs voisins. Malgré les dénonciations des procès iniques des Gacaca par des organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International ou Human Right Watch, les Pays-Bas ont soutenu jusqu’au bout ces tribunaux d’exception qui étaient destinés à stigmatiser à jamais une partie des Rwandais (les Hutu) et à consacrer l’impunité dont devrait jouir une autre (les Tutsi).
Au cours des vingt ans de pouvoir du dictateur Paul Kagame, les Pays-Bas se sont distingués comme l’un des pays qui exécutent avec promptitude « les mandats d’arrêt bidons » de Kigali pour arrêter ou pourchasser toute personne désignée par les services de Paul Kagame. On a noté les rejets des demandes d’asile des personnes figurant sur des listes sauvages que le régime n’a cessé de dresser et de varier depuis 1994. Certaines personnes ont même été déportées au Rwanda à la surprise même de Kigali qui ne s’attendait pas à ce qu’un pays européen puisse accéder aussi facilement à ces demandes fantaisistes. On a même noté des retraits des papiers à ceux qui les avaient obtenus après que les services de Kagame les aient localisés et aiguillonné les autorités néerlandaises qui ont tout de suite retiré des documents de séjour aux intéressés. Mais on a surtout assisté aux arrestations suivies des procès « staliniens » dans lesquels les témoignages fantaisistes donnés par des témoins recrutés et briefés par le régime de Kigali sont pris comme « parole d’évangile » par la justice néerlandaise. Ce sont les opposants à Paul Kagame qui sont visés. Après examen des cas, le constat est que les Pays-Bas visent surtout tout opposant au dictateur Paul Kagame vivant sur le territoire néerlandais.
Le cas de Victoire Ingabire Umuhoza
Voici une femme qui est arrivée aux Pays Bas avant le génocide de 1994 pour y faire des études. Après ses études et après avoir été rejointe par son conjoint, elle a obtenu un emploi dans une multinationale. Elle semblait, aux dires même des autorités néerlandaises, de la presse et des ONG, être le modèle même d’une intégration réussie. Mais les ennuis vont commencer quand elle va s’engager en politique et surtout apparaître comme la principale opposante au dictateur Paul Kagame. Elle va aggraver son cas en décidant d’aller affronter le dictateur dans les élections présidentielles qui étaient prévues en août 2010. Arrêtée et écrouée depuis octobre 2010 dans la sinistre prison de Kigali, les Pays-Bas se distingueront en venant au secours du régime de Kigali pour faire condamner Victoire Ingabire.
Comme le rapporte RFI, c’est en décembre 2010 que le parquet néerlandais a autorisé – sur demande du Rwanda – une fouille de la maison de l’opposante rwandaise déjà emprisonnée et en attente d’un procès. Son ordinateur et ses documents furent saisis. Le mari de Victoire Ingabire tenta de s’opposer, avec l’aide d’un avocat néerlandais, au transfert de ces biens personnels vers Kigali. « Lin Muyizere et son conseil estimaient qu’en agissant ainsi, les Pays-Bas participeraient à un procès qui ne pouvait être qu’inéquitable, puisque politique »
Les autorités néerlandaises se sont empressées à remettre ces documents à Kigali sans aucun suivi pour savoir ce que la dictature allait en faire. Victoire Ingabire fut condamnée à 15 ans de prison.
Maintenant qu’elle vient de passer quatre ans dans les geôles du dictateur Kagame pour le seul crime d’avoir dit ouvertement que le peuple rwandais avait droit aussi à la démocratie, et que malgré cette épreuve, sa détermination et son moral sont intacts, les autorités des Pays-Bas sortent un autre lièvre de leur chapeau. Pour la « casser », son mari, Lin Muyizere, qui vit aux Pays-Bas avec les enfants, est menacé d’être déchu de sa nationalité et donc du retrait de son passeport et au final d’être déporté au Rwanda où il aurait commis des crimes avant de venir aux Pays Bas en 1995 d’après le Parquet néerlandais. Comble d’ironie, un procureur du Rwanda, Alain Mukuralinda chargé justement de traquer les opposants vivant à l’étranger qu’il doit accuser de « génocide », vient de déclarer que Lin Muyizere n’a jamais été recherché par la justice rwandaise, qu’il n’est accusé de rien au Rwanda et d’ajouter : « Mais si aux Pays-Bas il y a des personnes qui veulent le poursuivre, c’est de leur droit » ! C’est donc un pied-de-nez de la dictature en direction des Néerlandais pour leur excès de zèle dans la traque aux opposants à Paul Kagame.
Des interrogations
Face aux agissements des autorités néerlandaises, des questions qui resteront le plus souvent sans réponses sont quand même posées :
- Comment un Etat démocratique comme les Pays-Bas , qui a tous les moyens de connaître ce qui se passe en Afrique, qui se targue, de part ses ONG ou même son engagement à travers le monde de défendre la démocratie et les droits de l’homme peut-il être complice d’un régime dictatorial le plus cruel des temps modernes qu ‘est le régime de Paul Kagame ?
- Comment la Société civile de ce pays, dont on vante tant la clairvoyance et l’efficacité peut laisser leur gouvernement errer de façon aussi caricaturale pour faire plaisir à un dictateur qui d’ailleurs s’en moque ?
- Comment la représentation nationale dans le parlement de ce pays ne peut pas oser interpeller le gouvernement sur cette scandaleuse alliance avec un criminel qui un jour va « ouvertement » être mis au banc de la société, ce que les Pays-Bas risquent de regretter amèrement ?
- Qui dans l’appareil administratif et politique des Pays-Bas a intérêt à promouvoir la dictature au Rwanda jusqu’à faire la chasse aux opposants à Paul Kagame un objectif national ?
Espérons que l’avenir proche nous fournira des réponses.
Emmanuel Neretse
17/10/2014
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