LE FRONT PATRIOTIQUE RWANDAIS, UNE ORGANISATION TERRORISTE ?
Depuis l’attentant contre les tours jumelles du World Trade Center à New York, le 11 septembre 2001, une littérature nombreuse existe sur le terrorisme. Elle circonscrit ce terme dans de nombreuses définitions qui convergent toutes sur le fait que le terrorisme est un « usage indiscriminé de la violence meurtrière, souvent à des fins politiques, à l’égard des civils », non armés.
Le Front Patriotique Rwandais (FPR), par des méthodes propres aux terroristes, s’en est toujours pris aux civils dans sa guerre de conquête du pouvoir au Rwanda avec le soutien de l’armée ougandaise.
Pose des mines et des explosifs
Le FPR a déclenché la guerre contre le Rwanda en octobre 1990. Il attaquait les zones frontalières et se repliait en Ouganda. Parallèlement, il a envoyé clandestinement ses combattants à l’intérieur du pays. Ceux-ci ont semé la terreur par des attentats et des explosifs qui ont visé des transports en commun, des hôtels, des gares routières, des stations d’essence, bref des lieux dans lesquels les explosions feraient beaucoup de victimes civiles.
Ainsi par exemple, le 19/02/1992, à Mayange, Kanzenze, à une trentaine de kilomètres de la capitale Kigali, une mine anti-personnelle a explosé dans un taxi minibus rempli de passagers. Le même jour, un camion citerne rempli de produits pétroliers a explosé à la station FINA tout près de la Gare routière de Kigali, au centre-ville, aux heures d’affluence.
D’autres explosions ont eu lieu dans des hôtels, des marchés, des bureaux postaux, des bars-restaurants,… Les dégâts humains furent considérables.
Des enquêtes menées par la gendarmerie rwandaise avec l’assistance technique française ont permis d’identifier les auteurs de ces attentats. Certains étaient pris en flagrant délit comme ce 12/04/1992 quand il y a eu attentat contre la centrale hydro-électrique de Mururu-Cyangugu, à la frontière congolaise. Les éclats d’un des explosifs lancé contre le mur en béton leur sont revenus en plein visage. Deux des auteurs sont décédés et d’autres blessés. Ils étaient tous des réfugiés tutsi, combattants du FPR.
Le rapport sur ces attentats est consigné dans un document intitulé : « Etude sur le terrorisme au Rwanda depuis 1990 ». Il a recensé 53 attentats entre février 1991 et mai 1993.
Attentat contre les avions
Même si des enquêtes piétinent pour des raisons extrajudiciaires, des témoins crédibles et qui étaient en position de le savoir, affirment que l’attentat contre l’avion du président Habyarimana a été commandité par Paul Kagame. Ce sont deux missiles de fabrication soviétique, vendus à la Libye et rétrocédés à l’Ouganda, qui furent utilisés pour faire exploser l’avion civil du président Habyarimana.
Bombardement aveugle des populations

Les Casques Bleus de l’ONU inspectant les victimes après le bombardement du camp des réfugiés de Kibeho par des militaires du FPR/jambonews.net
La population, fuyant l’avancée meurtrière du FPR, avait trouvé refuge au Sud-ouest du Rwanda, à Kibeho, où elle était regroupée dans un camp protégé par des Casques Bleus de l’ONU. Après sa prise de pouvoir en juillet 1994, le FPR se résolut à en découdre avec ces civils, prétextant que certains étaient armés. Des fouilles répétées et improvisées du camp n’ont trouvé aucune arme, mais des outils agricoles (serpette, houe,…) dont tout paysan rwandais fait usage.
Mais l’esprit terroriste du FPR prit le dessus. Des bombardements du camp, abritant entre 100.000 et 150.000 civils, femmes, enfants, vieillards,… furent planifiés.
Le scénario macabre fut le suivant : depuis le 17 avril, le camp fut encerclé par plus 2500 soldats de l’APR (Armée du FPR) pour empêcher tout approvisionnement des réfugiés.
Jusqu’au jour du bombardement du camp, les réfugiés furent privés d’eau et de nourriture ; l’accès aux latrines leur fut interdit. Quiconque voulait échapper à cette torture collective était abattu. Le 22 avril 1995, en début d’après-midi, le colonel Fred Ibingira, qui dirigeait l’opération, donna l’ordre aux militaires du FPR de tirer dans la foule : des armes lourdes, des lance-roquettes, des grenades et des kalachnikovs furent utilisés. Très vite, des cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants jonchèrent le sol et des camions préalablement prévus étaient là pour ramasser les cadavres et les emmener dans des fours crématoires de la forêt naturelle de Nyungwe, à quelques kilomètres de là. Ce transport macabre a duré toute la nuit. Les victimes dénombrées furent de 8000 cadavres.
La lecture du récit fait par Terry Pickard, militaire de l’équipe médicale australienne, donne des frissons. Il témoigne que dans ce massacre, personne n’était épargné. Même des bébés sur le dos de leurs mères étaient tués. D’autres avaient la gorge coupée. Les militaires du FPR tuaient les rescapés des bombardements avec des baïonnettes pour épargner leurs balles. Terry Pickard écrit que ce fut la première fois où, dans sa vie de militaire, il a vu des hommes devenir des cibles de tir à l’arme comme dans des exercices militaires.
Fort de cette impunité, en 1996, le FPR bombarda à l’arme lourde, les camps des réfugies de l’Est de la RD-Congo. Les victimes se comptent par centaines de milliers. Le rapport Mapping fait en 2010 par la Commission des Nations Unies aux droits de l’homme parle d’actes de génocide commis en l’encontre des réfugiés.
Enlèvements
En 1997, les agents de Paul Kagame n’ont pas hésité à kidnapper et à ramener à Kigali « dans la valise diplomatique », l’ancienne ministre de la justice Agnès Ntamabyariro qui avait trouvé asile en Zambie. Elle croupit dans les prisons rwandaises.
Le 20/08/2013, le Lt Joél Mutabazi, ancien garde de corps du président Paul Kagame a été enlevé dans les rues de Kampala en Ouganda où il s’était réfugié et s’est retrouvé à Kigali.
En instance d’être entendu par la justice française dans le cadre de l’affaire de l’attentat contre l’avion de l’ancien président, Juvénal Habyarimana, Émile Gafirita, ancien militaire de la garde personnelle du président Paul Kagame, a disparu à Nairobi, au Kenya depuis le 13 novembre 2014. Selon des informations récentes, il serait entre les mains du DMI (renseignements militaires) au Rwanda.
Le mardi 23/06/2015, Chrysostome Ntirugiribambe, un ancien officier des Forces armées rwandaises réfugié à Nairobi au Kenya a été enlevé par des personnes non identifiées lorsqu’il était sur le chemin de retour vers son domicile. Le major Jean Marie Micombero, un ancien officier du FPR en exil en Belgique, affirme disposer des informations selon lesquelles Chrysostome Ntirugiribambe est déjà au Rwanda entre les mains des services secrets de ce pays.
Elimination des opposants en exil
Fonctionnaire international, Seth Sendashonga avait été séduit par le langage mielleux du FPR et s’est laissé recruté dans cette organisation encore clandestine. A la victoire du FPR en juillet 1994, il fut nommé ministre de l’Intérieur. Mais il a vite fait de protester contre les massacres à grande échelle commis par les militaires et autres milices du FPR. Ses rapports n’ont pas été appréciés par les responsables du mouvement, dont le président Paul Kagame. Il démissionna en août 1995 et s’exila à Naïrobi au Kenya où il fut victime d’une tentative d’assassinat en février 1996. Un membre de l’ambassade du Rwanda dans cette capitale est-africaine, Francis Mugabo, tira sur lui mais il l’échappa belle. Le 16 mai 1998, Sendashonga fut l’objet d’un autre attentat dans lequel il succomba avec son chauffeur.
Début octobre 1996, l’ex-député du FPR Lizinde Théoneste et son ami le commerçant Bugirimfura ont été retrouvés assassinés alors qu’ils avaient été enlevés du domicile de ce premier par un commando au service de la main invisible du FPR.
En 2010, le général Kayumba Nyamwasa, ex-chef d’Etat major du FPR, a échappé à un attentat dans son exil en Afrique du Sud. La justice a identifié le commando comme téléguidé par Kigali.
Le 01/01/2014, ce fut le tour du Colonel Patrick Karegeya, ex-chef des services secrets du FPR, en exil en Afrique du Sud, il y a été assassiné. Les plus hautes autorités du Rwanda se sont félicitées de ce coup réussi, signe qu’ils en sont les commanditaires.
Des escadrons de la mort du FPR en Europe
Le 06/08/2015, le site de la RTBF titrait « Des escadrons de la mort venus du Rwanda actifs en Belgique? ». Il rapportait l’histoire de la journaliste canadienne Judi Rever,
critique envers le Rwanda, qui, en 2005 avait dû bénéficier de la protection de la sûreté belge qui avait des informations selon lesquelles des escadrons de la mort rwandais avaient été envoyés en Belgique pour l’assassiner.
L’existence de ces escadrons de la mort a été en outre corroboré par le témoignage d’un ancien militaire proche de Kagame, le major Robert Higiro qui a affirmé qu’il a été approché par les services de renseignement rwandais pour liquider des opposants.
De même Faustin Twagiramungu, ex-premier ministre rwandais et challenger de Paul Kagame dans les élections présidentielles de 2010, a dû lui aussi être protégé car des informations de son possible assassinat par des escadrons de Kigali avaient été captées par les services secrets belges. C’était mi-mai 2014.
A Bruxelles, au quartier Matonge, en 2011, un individu vite identifié comme agissant étroitement avec l’ambassade du Rwanda à Bruxelles fut pris en flagrant délit en pointant une arme à feu à un membre d’un parti d’opposition vivant en Belgique.
En dehors de la Belgique, ces escadrons de la mort sont également actifs. En mai 2001, la police de Londres a mis en garde les réfugiés politiques rwandais vivant dans ce pays contre la menace que constituent les tueurs que Paul Kagame a disséminés à travers l’Europe. Il s’agissait spécialement de René Mugenzi, activiste des Droits de l’Homme et de Janathan Musonera du parti d’opposition RNC et ancien officier du FPR .
En février 2012, la Suède a procédé à l’expulsion de l’espion Evode Mudaheranwa, deuxième conseiller d’ambassade du Rwanda dans ce pays. Les services secrets suédois avaient remarqué que ce diplomate entretenait des escadrons de la mort qui avaient pour cibles des opposants politiques et qui avaient dans le collimateur Jean Bosco Gasasira, rédacteur en chef du journal « Umuvugizi ».
Conclusion
Poses des mines et des explosifs dans des transports publics, enlèvements et séquestrations, escadrons de la mort, éliminations physiques,… ces méthodes du FPR présidé par Paul Kagame sont les mêmes que celles de Boko Haram, Al-Qaïda et autres Daech. Il est grand temps que le Front Patriotique Rwandais soit lui aussi mis sur la liste des organisations terroristes détenue par l’ONU et par les services américains de sécurité.
Gaspard Musabyimana.
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