Rwanda. Impunité et traitement spécial pour le régime du FPR de Paul Kagame

La « communauté internationale » s’autoculpabilise, non pas pour avoir abandonné les Tutsi, mais bien pour avoir permis qu’une catastrophe annoncée s’abatte sur le pays et le peuple rwandais.

Introduction

Pour avoir voulu et permis la conquête du pouvoir par une minorité honnie malgré une catastrophe humanitaire prévisible et annoncée et le sacrifice de tout un peuple qu’impliquerait ce bouleversement, les puissances occidentales furent dans l’obligation de permettre des crimes  pour l’implantation de ce régime sans aucune considération légale ni humanitaire.

 

Le même régime fut autorisé à user de tous les moyens, même contraires à l’éthique des Nations Unies, pour asseoir son pouvoir. Les mêmes puissances ont continué à fermer les yeux sur les innombrables crimes contre l’humanité et crimes contre la paix dans la région, toujours à cause de leur culpabilisation pour avoir souhaité, permis et favorisé la catastrophe au Rwanda.

 

En retour, le dictateur, qui incarne le régime, prend plaisir à faire chanter ces puissances, soit pour leur exiger de lui verser des aides sans conditions, soit pour leur faire taire quand elles commencent à s’inquiéter de ses crimes impunis et de la nature dictatoriale de son régime.

 

Se sentant coupable d’avoir trahi le peuple rwandais en provoquant une catastrophe qui était pourtant assurée pour le simple plaisir d’y installer un régime dominé par la minorité tutsi, ces puissances garantissent une impunité à ce régime et lui donne un chèque en blanc pour faire du Rwanda ce qu’il veut  et comme il l’entend. « Apres tout, c’est nous qui l’avons créé… », se disent-elles. Elles sont en quelque sorte des otages de leur créature, à savoir le régime tutsi du FPR de Paul Kagame qui sévit au Rwanda depuis 1994.

 

Dans le cadre du drame rwandais quand on parle de ‘communauté internationale’, il faudrait entendre les Etats-Unis d’Amérique et leurs principaux allies anglo-saxons (Grande Bretagne, Canada), ensuite la France et enfin la Belgique auxquels il faut ajouter l’ONU qui, souvent, leur sert de paravent.

Les Etats Unis d’Amérique

Apres être sortis victorieux de la guerre froide sans combnbats avec la chute du mur de Berlin en 1989, les Etats-Unis d’Amérique se retrouvaient la seule Superpuissance qui domine le monde. Les nouveaux maîtres vont donc redessiner la carte géostratégique du nouveau monde un peu comme en 1945 après la IIe Guerre Mondiale, sauf que cette fois-ci les Américains étaient les seuls à décider, contrairement à Yalta où les Russes, les Anglais et même les Français, menés par le général de Gaulle, eurent leur mot à dire dans le partage du monde.

 

En ce qui concerne l’Afrique en général et l’Afrique centrale en particulier, les Américains optèrent pour y réduire l’influence de la France et de contrôler désormais  cette région riche en minerais  indirectement via des régimes installés et soutenus par eux qui leur serviront de supplétifs. La diaspora tutsi alors disséminée à travers le monde et déjà organisée politiquement et militairement après la prise du pouvoir en Ouganda par une rébellion commandée par des officiers tutsi en 1986, a eu le vent en poupe et a présenté son mouvement, le FPR, créé en 1987 comme l’outil que recherchaient les nouveaux stratèges de la Maison Blache et du Pentagone pour dominer et contrôler la région des Grands Lacs en Afrique. Leurs conseillers parvinrent à convaincre toutes les instances américaines qu’il suffisait de les installer au pouvoir à Kigali pour chasser les Français de la région et surtout de faire main basse sur le Zaïre, ventre mou mais aussi coffre-fort  de l’Afrique.

 

Les USA donnèrent donc aux Tutsi du FPR le feu vert pour  conquérir le Rwanda et promirent leur appui pour atteindre cet objectif quel qu’en soit le prix. Le régime alors  en place à Kigali qualifié de « hutu » mais non moins légitime, fut quasiment informé directement  de son arrêt de mort prononcé par la Superpuissance désormais seule Maître du monde. Le colonel Laurent Serubuga, qui était à l’époque le Chef d’Etat-major Adjoint de l’Armée rwandaise, en fait le responsable direct et gestionnaire quotidien de l’armée car le chef d’Etat- Major en titre était le président de la République, évoque cette sentence en ces termes :

 

« Au mois de février 1990 (c’est nous qui soulignons), l’attaché militaire américain résidant à Yaoundé au Cameroun mais accrédité aussi au Rwanda, est venu en visite au Rwanda sûrement pour tâter l’atmosphère de sécurité au Rwanda. Il m’a fait une visite de courtoisie. Lors de notre entretien, je lui ai demandé s’ils (les Américains) pouvaient nous aider à évaluer le degré de menace qui se profile à notre frontière Nord. Il m’a répondu que les diplomates (américains) s’occupent actuellement de convaincre le FPR de ne pas gêner la visite du Pape au Rwanda (prévu en septembre 1990) mais quant à l’attaque, disait-il, les réfugiés rwandais ont déjà pris la décision d’attaquer, que c’est irréversible. Quand je lui ai demandé s’ils (les Américains) tiennent compte de l’évaluation de la CIA qui évaluait à 500.000 morts de Tutsi dont nous avions reçu une copie, il  m’a répondu que c’est le prix convenu par les sponsors. Quand je lui ai fait remarquer que les 500.000 représentent presque la totalité des Tutsi de l’intérieur, il a esquivé la question »[1].

 

On comprendra donc le désarroi du régime Habyarimana quand le 01 octobre 1990, le FPR envahissait le Rwanda comme l’avait décidé les USA la superpuissance qui domine le monde. Le régime si légitime soit-il n’a fait que tenter de prolonger son sursis : accepter de reconnaître une guerre d’agression caractérisée comme une guerre civile en assimilant les envahisseurs de l’armée ougandaise comme des rebelles internes ; cession du pouvoir aux opposants complices des envahisseurs et se faisant lier les bras dans le dos les FAR désormais aux ordres et dépendantes d’un gouvernement dirige par des partis alliés à l’ennemi qu’elles combattent sur le terrain …Tout ça   pour tenter de préserver au peuple rwandais les malheurs et catastrophes de la guerre de conquête car lui se sachant déjà condamné. Mais ce fut peine perdue.

La France

La France obnubilée par son passé colonial en Afrique surtout en Afrique  de l’Ouest où elle fait la pluie et le beau temps depuis les indépendances, n’a pas compris que les USA entendaient être les seuls maîtres du monde même dans les pré-carrés traditionnels de ses petits alliés. La décision d’installer au Rwanda une antenne USA et donc anglo-saxonne, pour le contrôle de l’Afrique centrale à commencer par le Zaïre n’a pas interpellé les

photo www.lexpress.fr

stratèges français. La même France qui, pourtant, connaît mieux qu’un autre pays ce que signifie perdre une guerre et ses conséquences, a accepté benoitement d’abandonner son ancien allié, le régime Habyarimana et perdre la guerre. Mais le régime majoritaire hutu, en perdant la guerre, ces alliés aussi perdaient cette guerre et en première ligne, la France. Les conquérants sont donc, dans leur logique quand ils exigent à la France de subir le sort de tout vaincu dans une guerre. Ces responsables politiques et militaires français seront toujours accusés par ceux qui ont chassé les alliés de la France de tous les maux et seront dans leurs droits. Que ce soit les Harkis en Algérie en 1962 ou les Viêt-Cong en Indochine en 1954 quand les alliés de la France sont vaincus, elle courbe l’échine car en réalité c’est elle qui est vaincue. Pourtant, dans le cas du Rwanda, elle pouvait s’opposer à cette défaite, annoncée et déclarée des années auparavant, par les USA.

La Belgique

Depuis 1945, la Belgique n’a pas de doctrine pour la politique étrangère. Lorsque notre professeur de stratégie (Département de Problèmes de Défense) au IIIe cycle de l’IRSD[2] à Bruxelles a dit cela, nous avons été abasourdis. Voyant notre étonnement, il a alors ajouté : «  Pour avoir opté, dès sa création en 1830, pour la neutralité en politique étrangère, la Belgique a été envahie DEUX fois à moins de 30 ans ». Et alors de nous expliquer que malgré son statut d’État neutre, les forces de l’Alliance, donc les Allemands, n’avaient pas hésité à l’envahir en 1914 pour se porter aux devants des forces de l’Entente (franco-britanniques) en traversant la Belgique. De même, en 1940, la neutralité officielle de la Belgique n’a pas empêché Hitler de la traverser par les Ardennes et donc de la conquérir au passage à moins de trois jours et sans déclaration de guerre dans sa Blitzkrieg  contre la France. Et de nous expliquer que depuis lors, les politiques belges quel que soit leur bord (gauche, droite, libéraux, conservateurs, socio-chrétiens, nationalistes… ) ont opté pour un alignement à une superpuissance parmi celles qui dominent le monde. Et dans le cas d’espèce, la Belgique a choisi de s’allier aux Etats Unis d’Amérique et de ne pas avoir  de politique étrangère propre mais de s’aligner sur les positions de cette superpuissance. La Belgique est un des rares pays du monde à abriter les missiles nucléaires de cette puissance et donc à être indirectement une puissance nucléaire parmi les rares autres (USA, Russie, Chine, Grande Bretagne, France, Inde, Pakistan, Israël et peut-être bientôt Corée du Nord).

 

Louis Michel et Paul Kagame

En pratique, ceci se traduit par le fait que les diplomates belges sont en permanence préoccupés à connaître quelle est la position des USA sur tel ou tel pays ou sur tel ou tel sujet pour que le gouvernement belge fasse sienne cette position, et souvent avec zèle, pour gagner les faveurs du grand allié et protecteur.

 

En ce qui concerne l’Afrique centrale, ce principe reste valable et va même jusqu’à la caricature. La Belgique joue et vulgarise avec zèle la position des USA dans ses anciennes colonies (RD Congo, Rwanda, Burundi) mais au moment de la décision ultime, elle est surprise par le choix des USA  comme n’importe quel observateur et est alors obligée d’avaler la couleuvre et de composer.

 

Dans le cas du Rwanda, ayant acquis la certitude que le régime dit « hutu » de Juvénal Habyarimana avait été condamné par les USA et devait être remplacé pars les anciens refugiés tutsi, la Belgique va prendre les devants pour caresser son puissant protecteur USA dans le sens des poils, d’autant plus que celui-ci comptait sur l’expertise belge pour cerner et venir à bout facilement au régime Habyarimana. Dès l’invasion du Rwanda par les éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda regroupés sous l’acronyme FPR le 01 octobre 1990 , la Belgique, passant outre ses étroites relations avec le régime rwandais, va servir de plaque tournante aux activités des assaillants : Bruxelles sera un QG médiatique du FPR dès les premiers jours et la presse officielle comme privée belge lui serviront de porte-voix pour vendre sa cause. La Belgique n’hésita même pas à décréter un embargo unilatéral des armes destinées au Rwanda jusqu’à refuser de lui livrer des matériels militaires longtemps achetés et payés par le gouvernement rwandais bien avant l’invasion du FPR. La Belgique s’activa pour  présenter l’agression comme une guerre de libération. Le gouvernement belge va peser de tout son poids à la satisfaction des USA pour contraindre le régime Habyarimana à considérer cette guerre d’agression comme une guerre civile et non comme une agression de l’armée ougandaise et du coup admettre les éléments du FPR comme des rebelles rwandais avec qui négocier le partage du pouvoir pour arrêter la guerre (Accords de Mwanza, de la N’Sele).

 

C’est lors de la négociation d’Arusha (1992-1993) que l’on découvrira que la Belgique avait sa carte à jouer et qu’elle entendait faire gagner. Si les USA avaient opté pour une prise de pouvoir par la rébellion tutsi, la Belgique entendait jouer de sa soi-disant expertise pour le Rwanda pour faire remplacer le régime Habyarimana par de son opposition interne ceux qu’elle appelait les « Hutu modérés ». Son analyse était simple et apparemment tenait la route : le FPR a la force militaire mais n’a pas d’assise populaire à l’intérieur, les opposants hutu de l’intérieur ont une assise politique solide mais n’ont pas de forces militaires.  Mais en les alliant aux FPR, ils pourraient le noyauter car ils auraient en plus cette force militaire contre Habyarimana étant aussi très fort politiquement. Sans oublier qu’ils pourraient compter sur une partie des FAR (Forces Armées Rwandaises) qui se désolidariseraient du régime Habyarimana pour notamment des raisons régionalistes.

 

Mais comme on le verra plus tard en avril 1994, les USA ayant donné le feu vert à l’armée tutsi de prendre tout le pouvoir pour lui seul, la Belgique et ses « Hutu modérés » n’auront qu’à accompagner le mouvement mais aux conditions du FPR. Associés au nouveau pouvoir sur insistance de la Belgique et de l’ONU (beaucoup iront prêter serment venant de Bruxelles dans les soutes des avions de l’ONU), les plus sensibles ne tiendront pas un an et rejoindront d’autres Hutu du régime déchus en exil.

L’ONU

C’est lors du drame rwandais (1990-1994) que l’ONU, le « machin », comme l’appelait le général de Gaulle, a prouvé qu’elle n’est qu’un des outils des superpuissances dominantes pour imposer leurs vues au monde entier sous la couverture de « communauté internationale ». La force de l’ONU , la MINUAR[3] envoyée au Rwanda en 1993 pour « officiellement » assister les deux anciens belligérants (la rébellion tutsi du FPR et le gouvernement du Rwanda) à appliquer l’accord de paix de partage du pouvoir signé à Arusha en Tanzanie en aout 1993, venait en réalité pour accompagner la rébellion dans sa conquête totale du pays en renversant et en écrasant les piliers du régime (structures administratives, forces de défense et de sécurité, opérateurs économiques) alors en place. Le commandant de cette force lui-même, le général canadien Romeo Dallaire, déclarera plus tard qu’il était venu avec une mission d’assister les bons et vulnérables rebelles du FPR contre les mauvais et brutaux Hutu des FAR.

 

De plus, il nous informe sans broncher qu’il fournissait des renseignements militaires sur l’armée rwandaise au chef militaire du FPR, Paul Kagame comme il l’a écrit dans son livre publie en 2003 (Romeo Dallaire,  J’ai serre la main du diable, Editions Libre Expression). Le texte qui suit, tiré de la version originale anglaise, est curieusement absent de la traduction française: « I also ensured that the existence of these officers was passed on to Kagame so that RPF would realize there were moderates they could potentially work with inside the present security forces » (p. 121 de Shake hands with the devil).

Roméo Dallaire et Paul Kagame

C’est donc tout ce beau monde (France, Belgique, ONU,…) que l’on désigne sous le générique de « communauté internationale » qui a avalisé et/ou accompagné le projet cynique et cruel des USA pour la région des Grands Lacs en Afrique : comme au laboratoire, une expérience a été effectuée sur un petit pays, le Rwanda. Elle a consisté à casser toutes les institutions du pays, chasser les tenants du pouvoir établi si populaires soient-ils, les remplacer par un groupe marginal devant régner par la terreur, bannir certains aspects de la culture et de l’éducation en vigueur (langue…), imposer les us et coutumes emmenés par les conquérants et recommandés par les superpuissances etc.

 

On notera que depuis 1990, les Etats Unis tentent la même expérience dans d’autres régions du monde, mais que toutes se soldent par des échecs patents, à savoir l’état chaotique auquel se réduit le pays-cobaye. Que se soit en Somalie, en Irak, en Afghanistan, en Libye… c’est le chaos qui résulte de la décision des USA de détruire les institutions de ces pays et de les remplacer par celles de sa création sorties ex-nihilo.

 

Pour les USA et conséquemment pour la « communauté internationale », il fallait que l’expérience rwandaise réussisse ou donne l’impression de réussite. Tout a été fait et continue d’être fait dans ce but.

 

# Il fallait fermer les yeux sur les atrocités qui devaient accompagner la conquête militaire du groupe choisi (1990-1994) Ces « dégâts collatéraux » devaient être occultées pour ne pas émouvoir l’opinion ;

 

# Les massacres interethniques longtemps prévisibles qui allaient accompagner l’assaut final du groupe choisi dans sa conquête du pays ( avril –Juillet 1994) à défaut d’être occultés seraient mis sur le dos des vaincus et justifieraient la cruauté consécutive des conquérants ;

 

# Le groupe choisi aura carte blanche pour une répression brutale et aveugle en vue d’assoir son pouvoir dans le pays conquis et les USA et la même « Communauté Internationale » lui apportera même son appui ( Kibeho 1995, Abacengezi 1998-2000) ;

 

# Les USA faisant jouer l’ONU, garantira au groupe choisi et désormais au pouvoir à Kigali ne jamais être inquiété par des éventuels opposants issus des cadres et de la population qu’il a chassé en 1994. Un Tribunal International pour le Rwanda sera installé pour juger les « vaincus » de la guerre de 1990-1994 mais en même temps pour assurer l’impunité des conquérants et tenants du pouvoir en place (novembre 1994-2014).

 

# Les USA entrainant la même « Communauté Internationale » permettra au groupe choisi désormais au pouvoir au Rwanda de franchir ses frontières pour aller massacrer les populations qui l’avaient fui et en ramener ceux à entasser dans les prisons et à utiliser comme des esclaves ( Novembre 1976) ;

 

# Toujours les USA et derrière eux la « Communauté Internationale » armera et conseillera le groupe choisi désormais au pouvoir au Rwanda pour installer un nouveau pouvoir domine par les tutsi congolais à Kinshasa après avoir chassé leur ancien allié le Marechal Mobutu (1996-1997) ;

 

# Les mêmes USA et avec eux la « Communauté Internationale » permettront et encourageront le groupe choisi et au pouvoir au Rwanda d’occuper l’Est de la RDC par des rebellions-bidons interposées  pour protéger les multinationales qui devront exploiter cette riche région sans passer par Kinshasa mais par Kigali.( 1998 – à nos jours).

 

Voici pourquoi, depuis sa conquête du pouvoir en 1994, le FPR de Paul Kagame peut s’adonner aux violations les plus graves des droits de l’homme au Rwanda, commettre des crimes de guerre et crimes contre l’humanité les plus crapuleux mais sans être inquiété d’être sanctionné par les USA ou la « communauté internationale », alors que sous d’autres cieux, ces mêmes instances sévissent pour moins que ça.

 

Et comme pour leur faire un pied-de-nez, Paul Kagame, après avoir verrouillé tout l’espace politique au Rwanda en tuant ou en jetant en prison toute personne qui ose se déclarer opposant à son régime, n’a pas hésité à modifier la Constitution et à y insérer des clauses lui permettant de rester président à vie. Les mêmes puissances, au lieu de le condamner et le sanctionner comme elles le font pour ses voisins, ont « bien noté » et l’ont félicité « pour sa bonne gouvernance ».

 

Certaines analystes, à l’approche légère ou non avertis, expliquent cette complaisance des USA et de « la communauté internationale » envers le régime Kagame et le statut d’impunité qu’ils lui ont confectionné par le fait que cette même « communauté internationale » s’autoculpabiliserait pour ne pas être venue au secours des Tutsi en 1994 quand Paul Kagame déclencha le génocide avec l’attentat terroriste du 6 avril 1994 qui coûta la vie à deux chefs d’États hutu le président Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi et leurs suites.

 

Il est vrai et compréhensible que cette « communauté internationale » s’autoculpabilise quand il s’agit du Rwanda. Mais pas pour la raison souvent évoquée. Mais bien pour avoir permis la destruction d’un pays et d’un peuple afin d’y mener une expérience cynique. Elle est complice si pas responsable des crimes commis par le groupe choisi (Tutsi venus d’Ouganda) et actuellement au pouvoir au Rwanda et donc, c’est en toute logique (criminelle) quelle ne peut pas dénoncer et surtout pas condamner les crimes du régime de Paul Kagame dont elle est complice.

 

Tony Blair, Rick Warren, Paul Kagame

Celui-ci, Paul Kagame, est bien conscient de cette situation qui le met toujours en position de force par rapport aux complices de ses crimes et violations des droits de l’homme au Rwanda comme dans la région que sont les Etats-Unis et leurs principaux alliés anglo-saxons (Grande Bretagne, Canada), la frange de la « communauté internationale » ayant des attaches avec la région des Grands Lacs (la France, la Belgique et l’Union Européenne ainsi que les Nations Unies). Il en use et en abuse ! Il n’hésite pas à menacer de rendre  publiques  les complicités dont il a bénéficié de la part de ces puissances quand on commence à l’accuser de crimes et pillages en RDC (Mapping Report). De même, dès qu’une de ces puissances ose tenter de donner justice à leurs citoyens victimes de ses crimes, Paul Kagame la fait chanter en menaçant de poursuivre à son tour les hauts responsables politiques et militaires de cette puissance pour « génocide commis contre les Tutsi au Rwanda » (Affaire de l’attentat du 06 avril 1994 devant la justice française).

 

On le voit, le régime voulu et installé, contre toute logique, au Rwanda par les USA et les puissances alliées avec la bénédiction et la complicité de la « communauté internationale », est un boulet que traînent ces puissances sans beaucoup de volonté de s’en défaire.  La funeste expérience opérée sur le Rwanda en 1990-1994 à savoir : la destruction totale de la société rwandaise, la deshumanisation de  sa population, l’effacement de sa culture et de son histoire pour construire une autre société sans repères et servant les intérêts mondialistes…, doit être présentée comme ayant réussi pour conjurer les échecs cuisants dans d’autres pays où elle fut tentée : Somalie, Irak,  Afghanistan. Libye, Syrie, Yémen,… Et pour ce faire, ces puissances sont obligées de se renier et de se contredire tant elles se sentent incapables de se défaire du fardeau Paul Kagamé qu’elles ont pourtant hissé sur leurs épaules sciemment.

 

C’est ici que les victimes des crimes de Paul Kagame et de son FPR et surtout les opposants à sa dictature, sa politique d’oppression et de violations systématiques des Droits de l’Homme devraient aider ces puissances de la « communauté internationale » à se débarrasser de ce fardeau qu’est le régime criminel au Rwanda qu’elles portent depuis 1994.  Ces puissances, qui baissent les yeux quand Paul Kagame les regardent en face, devraient être rassurées que d’autres rwandais peuvent reconstruire le Rwanda sur des bases nouvelles mais humaines que sont la paix et la démocratie en tirant un trait sur l’expérience malheureuse mais combien destructrice du FPR de Paul Kagame. Ses complices éventuels seraient amnistiés surtout s’ils sont, comme ces puissances, des personnes morales. Une porte de sortie du bourbier rwandais d’où passeraient les USA, ses alliés et la « communauté internationale », sans perdre la face, c’est bien une opposition démocratique crédible et non revancharde.

 

Emmanuel Neretse
13/02/2018


[1]  Entretien avec l’auteur, Cambrai, octobre  2009, note confirmative du 08 janvier 2018
[2] IRSD : Institut Royal Supérieur de Défense.  Anciennement appelé « Ecole de guerre » jusqu’en 1978.
[3] Mission des Nations Unies d’Assistance au Rwanda.

 

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