Francophonie-Union Africaine : Incohérence ou mépris de la part de Paul Kagame ?
Le 17è Sommet de la Francophonie se tiendra les 11 et 12 octobre 2018 à Erevan en Arménie. C’est au cours de ce sommet que doit être élue la successeure de la canadienne Michaelle Jean dont le président français Emmanuel Macron ne souhaite pas le renouvellement du mandat. Le choix à été annoncé à Paris par le même Emmanuel Macron flanqué de Paul Kagame le dictateur rwandais en mai 2018. Ce dernier, en tant que président en exercice de l’Union Africaine, était chargé de transmettre la consigne aux chefs d’Etats francophones d’Afrique comme quoi ils devaient s’aligner derrière le choix d’Emmanuel Macron à savoir l’actuelle Ministre rwandaise des Affaires Etrangères Louise Mushikiwabo.
Ainsi, lors du sommet de l’UA à Nouakchott en juillet dernier, ce soutien fut obtenu selon le principe comme quoi l’Afrique devait soutenir une candidature africaine unique à un poste international. Pour l’élection de la Secrétaire Générale de l’OIF, puisque la canadienne reste candidate malgré le désaveu d’Emmanuel Macron, les jeux semblent arithmétiquement faits en faveur de la rwandaise car les pays africains frisent la majorité absolue au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Mais voilà qu’une autre élection, dans une autre instance internationale, vient de semer le trouble et pose la question sur ce principe même de « solidarité africaine ». Vendredi le 28 septembre 2018, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies devait voter une résolution qui prolonge le mandat de la Commission d’enquête sur le Burundi.
Or le Burundi s’opposait à cette résolution car il estimait, preuves à l’appui, que cette commission ne faisait que relayer les accusations et la propagande des opposants radicaux installés en Europe sans aucune vérification et sans évoquer les violations et les crimes dont les groupes téléguidés par ces opposants se rendaient coupables. Le Burundi faisait aussi remarquer que cette commission était en fait un outil de l’Union Européenne, celle-là même qui est à la base de la déstabilisation du pays depuis 2015 et qui, en plus, veut l’asphyxier avec des sanctions économiques et des coupures des aides injustifiées.
Le Burundi était d’autant plus confiant qu’il espérait que le fameux principe de « solidarité africaine » tant vanté par l’UA présidée par Paul Kagame lorsqu’il s’agit du cas de l’OIF allait jouer aussi pour ne pas laisser passer cette résolution. Si tous les Etats africains votaient contre, elle ne passerait pas et la fameuse commission qui, en réalité, a pour mission de trouver des crimes au régime burundais, aurait son mandat écourté.
Seulement voilà : lors du vote, tous les pays africains membres du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU ne votèrent pas pour le renouvellement du mandat de la Commission d’enquête… mais aussi ne votèrent pas non plus contre ! En clair ils se sont abstenus. Sauf un seul pays africain qui vota POUR, rejoignant ainsi le camp anti- Burundi et se moquant ainsi de la fameuse « solidarité africaine ». Et curieusement ce pays est… le Rwanda de Paul Kagame ! Le mandat de la Commission d’enquête sur le Burundi fut donc prolongé malgré les protestations et le soutien de principe promis de l’UA présidée par Paul Kagame. Le mandat a été prolongé d’un an par 23 OUI contre 24 (7 NON et 17 ABSTENTION). Tous les pays de l’Union Européenne ont voté OUI et ceux de l’Union Africaine aucun n’a voté OUI sauf le Rwanda.
Nous nous demandions en titre : « Incohérence ou mépris » ? La question est posée car comment comprendre que Paul Kagame, qui entend squatter l’OIF en usant de ce fallacieux principe de la solidarité de l’UA, soit le premier et le seul à le fouler aux pieds quand un Etat africain et voisin du Rwanda est mis injustement sur la sellette par les puissances qui régentent le monde ?
A Erevan, le Burundi ou les autres pays africains francophones, même s’ils n’ont pas osé voter NON contre une résolution parrainée par leurs maîtres de l’UE, se plieront-ils à l’injonction d’Emmauel Macron de voter pour la Rwandaise Mushikiwabo contre la canadienne Michaelle Jean sur base de ce principe alors que Paul Kagame fut le seul à s’en moquer au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
Quant à Emmanuel Macron, avait-il besoin d’en rajouter dans son mépris et son manque de considération envers les chefs d’Etats africains en leur imposant d’élire pour la candidate la moins indiquée pour être à la tête de la Francophonie tant le régime qu’elle sert avec zèle depuis une décennie est éloigné des idéaux fondateurs de cette organisation : rayonnement de la culture et de la langue française qui est bannie dans l’enseignement au Rwanda depuis 10 ans, promotion des droits de l’homme , de l’état de droits et de la bonne gouvernance quand le Rwanda de Paul Kagame est l’une des pires dictatures d’Afrique ?
Espérons qu’à Erevan, tous les chefs d’Etats africains resteront disciplinés et suivront la consigne de Macron transmise et dont l’exécution est contrôlée par Paul Kagame. Vous avez dit : « Etats souverains ?» !
Emmanuel Neretse
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