Et si Paul Kagame avait « sacrifié les Tutsi » à Bisesero?
Imperturbable et totalement insensible aux attaques ad hominem et même aux injures de tous ceux qui, intellectuellement, n’ont rien à dire de consistant sur mes travaux concernant la tragédie de 1994 au Rwanda, je continue, tel un chirurgien, à tailler au bistouri les excroissances qui empêchent la vérité, la paix et la réconciliation dans ce pays. Relativement immunisé par rapport aux insultes, qui caractérisent en général les faussaires ou les fourbes – J’en ai tellement reçues quand j’avais publié mon enquête sur le coup d’Etat de Sarkozy contre Laurent Gbagbo-, je n’accorde en définitive aucune valeur à ces vociférations sans intérêt pour la recherche de la vérité. Face à elles, j’ai tenu droit, tête haute, insistant sans relâche que le dossier fabriqué contre le chef de l’Etat ivoirien était vide. Certains Africains et Français ne voulaient alors rien entendre, conditionnés et manipulés qu’ils étaient par les médias. Gbagbo était le diable en personne. Il ne fallait pas chercher plus loin.
Depuis, la Cour Pénale Internationale a confirmé que le dossier du procureur est vide. Ceux qui affirmaient le contraire ne parlent plus. Les prétendus enquêteurs, toute honte bue, retournent leur veste comme si rien ne s’était produit. A ceux qui me demandent inlassablement de m’exprimer sur ce sujet, je réponds clairement que je n’ai plus rien à dire. J’ai fait mon travail en 2011, quand c’était très difficile, quand il n’y avait que des coups à prendre, quand Sarkozy était encore un « héros » national, quand les médias lui ciraient encore les souliers -avec ou sans talons-…
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Revenons au Rwanda. Comme sur la Côte d’Ivoire, je défends et j’ai défendu la vérité, prêt à corriger mes propres erreurs si nécessaire. J’ai refusé mordicus de soutenir de fausses accusations contre le président Gbagbo, je refuse également de soutenir de fausses accusations contre les militaires de l’Opération Turquoise. D’ailleurs, je persiste et je signe en soutenant que ceux qui ont des preuves contre les militaires de Turquoise les mettent sur la table. Et le débat scientifique sera plus riche et intéressant. L’officier de Turquoise, Guillaume Ancel, qui gesticulait pompeusement sur tous les plateaux de TV n’a brusquement plus de munitions. Il n’est plus visible depuis la publication de mon livre: « La vérité sur l’Opération Turquoise ». Il digère peut-être difficilement les 600 pages ou le chapitre qui lui est respectueusement réservé. Il a prétendu que ses collègues avaient « livré des armes aux génocidaires ». Qui, parmi ses collègues, a donc livré des armes, à qui, quand et où? Silence ! Ancel cherche toujours les preuves dans ses valises. Il peine apparemment à les trouver. J’attendais qu’il contredise mes écrits par des preuves, des rapports militaires confidentiels ou secrets,… Au lieu d’étayer ses accusations, il a préféré m’insulter.
L’injure n’est pas mon registre d’expression préféré. Je respecte en général mes contradicteurs. Aujourd’hui, ce que le régime de Kigali dit sur les massacres des Tutsi de Bisesero est totalement remis en question par l’enquête de la journaliste canadienne Judi River. Lorsque l’officier de l’Armée Patriotique Rwandaise, Abdul Rusibiza, disait que Paul Kagame n’a jamais sauvé de Tutsi, certains se sont moqués de lui car les médias occidentaux disaient tout le contraire. L’ancien ministre des Affaires Etrangères Jean-Marie Ndagijimana, ayant été dans le même gouvernement que Kagame, a, à son tour, écrit un livre intitulé « Paul Kagame a sacrifié les Tutsi » mais peu de gens ont prêté attention à cet ouvrage pourtant bien documenté. L’enquête de Judi River va contre les idées reçues. Après avoir sali les militaires de Turquoise en prétendant qu’ils seraient responsables des massacres de Bisesero, le régime de Kigali est aujourd’hui confronté à la vérité historique. Et si Paul Kagame avait aussi « sacrifié les Tutsi » à Bisesero ? Ce serait alors l’un des plus grands scandales des tragiques événements de 1994.
Charles Onana
facebook, 21/12/2019
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