Paul Kagame, le démolisseur!

Quand l’opération de démolition des habitations des quartiers pauvres de  la capitale rwandaise a débuté, Paul Kagame était  au Qatar où s’est tenu, du 14 au 15 décembre 2019,  le XIXe Forum de Doha sur la gouvernance dans un monde multipolaire.

 

A son retour au Rwanda, alors que le sujet était à la Une de tous les médias et surtout  sur les réseaux sociaux dont il est par ailleurs friand, la destruction des habitations des pauvres de la capitale Kigali a continué de plus belle. Des images de familles dormant à la belle étoile, sur des terrains vagues ou sur des ruines de leurs maisons donnaient de la frisson. Le président n’en a rien dit malgré les irrégularités relevées dans cette mesure, édictée soit disant  pour la sécurité de la population en l’éloignant des « zones inondables ».  Ses ministres, dont celui de l’Intérieur Anastase  Shyaka et celui des Infrastructures Claver Gatete , ont convoqué une conférence de presse en catimini, qui en fait de compte n’a fait que confirmer la justesse de ces démolitions. Cela est d’autant plus vrai que, s’exprimant sur le tard le 19 décembre à l’occasion des assises du Dialogue national, le président Kagame a approuvé ces expéditions de démolition pour « protéger la population des glissements de terrains », rappelant au passage aux autorités locales de procéder avec pédagogie en expliquant leurs actions. Il a ensuite fustigé vigoureusement tous ceux qui se sont exprimés publiquement en condamnant ces destructions  sauvages. Aucun mot de compassion à l’adresse de ces milliers de sinistrés!

 

Cette attitude du président de la république devant la souffrance de milliers de ses habitants dont des maisons sont détruites sauvagement, sans indemnisation, montre qu’avant son voyage dans les pays du Golfe, il en avait été informé et avait donné son feu-vert aux autorités de la ville de Kigali car en bon dictateur, rien ne se fait au pays sans son aval.

 

Paul Kagame n’est pas à sa première campagne de destruction depuis son avènement au pouvoir au Rwanda. En avril 1995, il a supervisé la destruction du camps de réfugiés de Kibeho avec au moins 10.000 morts. Entre 1996 et 1998, il a détruit les camps de réfugiés hutu en RD-Congo avec des morts qui se comptent en millions, sans parler des ravages qu’il continue de faire dans l’Est de ce pays, par son armée ou par des milices à sa solde.

 

Politique de villagisation

 

Entre 1997 et 2000, il a été institué ce qui a été appelé « la politique de villagisation ». Les autorités locales, doublées de « milices de défense locale », avaient alors obligé les paysans à détruire leurs maisons, souvent en dur, pour aller s’installer dans des zones insalubres sans aucune infrastructure où ils dormaient à la belle étoile ou dans des abris couverts de plastique (sheetings).

 

Il a fallu une intervention ferme des bailleurs de fonds pour que cette politique criminelle cesse.

 

En septembre 1999, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) avait recensé plus de 280.000 familles vivant sous des abris en plastique, après avoir été forcées de démolir et de quitter leurs maisons. Cette situation continua à empirer au cours de l’an 2.000 atteignant le chiffre record de 370.000 familles, soit plus de 1,5 millions de personnes vivant comme des réfugiés dans des abris de fortune et à l’intérieur de leur propre pays.

 

Le rapport d’Amnesty International de 2001 signalait qu’à la fin 2000, les conditions dans de nombreux villages étaient restées extrêmement pauvres, avec un accès insuffisant à la nourriture et à l’eau. L’insécurité et de nombreux cas de viols et de violences sexuelles avaient été signalés dans ces « villages ».

 

Human Rights Watch, dans son rapport annuel de 2001, a constaté que le gouvernement rwandais avait violé les droits élémentaires de centaines de milliers de gens en les forçant à détruire leurs maisons pour aller vivre dans des abris insalubres (hovels made of sticks, mud, and banana leaves), sans oublier les familles expropriées sans indemnisation.

 

Le nord du pays fut le plus touché par cette politique. Une note d’information du PNUD, reprise dans la revue Dialogue [n° 207, nov. – déc. 1998, pp. 113 – 114], indiquant des statistiques datant d’octobre 1998 mentionnait que les déplacés étaient 630.000 personnes dans la région de Ruhengeri et 224.390 dans celle de Gisenyi. La note mentionnait qu’il s’agissait d’une politique délibérée qui a mis la population dans des conditions de vie inhumaines et inacceptables (maladies, famines, enlèvements, disparitions, massacres…). La même source signalait qu’en 1999, plus de 370.000 familles, soit un million et demi de personnes, vivaient une situation de réfugié à l’intérieur de leur propre pays.

 

En décembre 2010, une politique connue sous le nom de « Bye Bye Nyakatsi » fit également des dégâts. De nombreuses maisons couvertes de paille furent détruites dans bon nombre de coins du pays surtout dans la région de l’Est. Des centaines de personnes se sont retrouvées sans logis.

 

Pour ces actes on ne peut plus criminels, la police et l’armée furent mises à contribution. Des hommes en uniforme parcoururent le pays en démolissant des maisons, sans que leurs propriétaires soient prévenus. Plus de 115.000 maisons furent ainsi abattues, sans aucune compensation ni autre alternative pour leurs occupants. Certains firent contre mauvaise fortune bon cœur et d’autres fuirent vers les pays limitrophes car ils n’avaient pas les moyens de reconstruire.

 

Dans le Sud du pays, la population lésée a fui vers le Burundi car la police brûlait leurs maisons sans sommation. La population sinistrée par ces actions criminelles commandées par leurs autorités était dans un grand désarroi et dormait à la belle étoile. Parti au travail le matin, l’homme trouvait, au retour, sa maison démolie, ses enfants et sa femme sous une pluie battante.

 

Cette action contre la population a choqué plus d’un, y compris les journaux gouvernementaux (« Imvaho nshya », du 02 au 05 novembre 2010 et « La Nouvelle Relève » du 06 au 09 décembre 2010), qui d’habitude encensent à longueur de journée la politique gouvernementale. Ils ont publié des témoignages très poignants des victimes notamment celui d’un pauvre paysan trouvé avec ses 2 enfants sous un soleil de plomb devant sa maison démolie par les autorités de base, en son absence et sans l’avoir avisé.

 

Cette politique de démolition des maisons en paille fut cautionnée au plus haut niveau de l’Etat par le ministre de l’Administration locale  et des Affaires sociales d’alors, James Musoni et par le gouverneur de la province de l’Est, Mr Ephrem Kabayija.

 

Le 29/07/2011, l’abbé Emile Nsengiyumva qui avait dénoncé cette politique de destruction des maisons en paille et la spoliation des biens de la population, a, pour cette raison,  écopé de 18 mois de prison et d’une amende de 100.000 FRW par le tribunal de Rwamagana.

 

Destruction de l’immeuble Thaddée Musoni

 

Top Tower Hotel avant sa démolition

A la prise du pouvoir au Rwanda par le FPR en 1994, Thaddée Musoni fit allégeance au nouveau régime et continua à gérer les biens familiaux laissés par son père au moment où plusieurs autres membres de la même famille durent s’exiler. Thaddée Musoni réussit tellement que dans quelques années, il fut identifié comme étant l’un des rares hommes d’affaires du régime Habyarimana qui ont continué à prospérer sous le régime de Paul Kagame. C’est ainsi qu’il répondit à l’appel du régime invitant les hommes d’affaires à investir dans l’immobilier dans le cadre de la transformation de la Capitale pour la doter des immeubles ultramodernes. Thaddée Musoni a investi dans la construction d’un grand hôtel à Kigali. Quelques mois plus tard, un immeuble de plusieurs étages était inauguré à Kimihurura.

 

Top Tower Hotel à sa démolition

L’immeuble de Thaddée Musoni fut baptisé « Top Tower Hotel » et devint effectivement fonctionnel comme un hôtel parmi les plus prestigieux de Kigali.

 

Seulement voilà ! Dans une de ses crises caractérielles, Paul Kagame ordonna la destruction totale et immédiate de Top Tower Hotel. Aussitôt dit aussitôt fait : l’immeuble fut dynamité le 24/7/2017 et l’onde de choc provoqua des fissures dans les maisons des environs comme le rapportent les témoins.

Les pauvres exécutants de la ville de Kigali ont tenté d’expliquer maladroitement pourquoi ils avaient commis ce crime en arguant que l’immeuble n’avait pas été construit selon les normes exigées et le plan d’urbanisme de Kigali. C’est oublier que cet immeuble était encore flambant neuf et que sa construction s’était faite au grand jour avec toutes les autorisations nécessaires des instances habilitées et même des encouragements des autorités politiques et militaires les plus influentes que le naïf Musoni Thaddée croyait être ses amis et protecteurs.

 

On ne saura jamais ce qui a exactement déclenché, chez le président Kagame, cette  impulsion soudaine, cet instinct de démolir, pour qu’il passe à l’acte et ordonne la destruction de l’immeuble Musoni. On en restera aux spéculations.  Après tout, il ne faut pas chercher des explications rationnelles aux actes posés par des personnes atteintes de troubles graves de la personnalité.

 

Cet acte fut tellement choquant que le représentant de l’Union Européenne au Rwanda, qui habitait à côté de l’immeuble, a filmé, de sa fenêtre, le processus de démolition de l’hôtel.

 

 
Le cas d’Assinapol Rwigara

 

Le cas d’Assinapol  Rwigara est une autre bonne illustration de la pathologie de Paul Kagame.  En effet, Assinapol Rwigara fut grand financier du FPR, alors au maquis. Mais il a été enseveli encore vivant dans une bâche avant d’être achevé à coups d’objets contondants. Son assassinat fut maquillé en un banal accident de circulation.

 

Démolition immeuble Rwigara

Le milliardaire assassiné a été spolié de ses biens et des manœuvres visant à appauvrir sa famille ont été mises en route. Le pouvoir a autorisé la démolition de son hôtel sous couvert du non respect des normes de construction, ce qui est un prétexte fallacieux car la parcelle a été acquise longtemps avant l’arrivée du FPR et même la première pierre a été posée sous le régime Habyarimana.

 

Le centre culturel franco-rwandais

 

Voici comment le journal Jeune Afrique du 4 juillet 2014 rapporte l’événement :

Centre culturel franco-rwandais/photo Jeune Afrique

« Après des années de tractations infructueuses sur l’avenir du centre culturel franco-rwandais de Kigali, le Rwanda a mis en oeuvre une décision radicale : détruire l’ensemble des bâtiments à la pelleteuse et récupérer le terrain. Un vaste tas de gravats derrière des palissades de tôles. Depuis le passage des pelleteuses, c’est tout ce qu’il reste de l’ancien centre culturel franco-rwandais, qui fut, durant des décennies, un haut lieu culturel en plein centre de Kigali. Le dernier bâtiment de cet ensemble, la grande salle de concert, a été démolie mercredi, rayant de la carte toute une page de l’histoire de la coopération franco-rwandaise ».

 

Cette démolition fait suite aux relations exécrables entre le Rwanda et la France, Paul Kagame reprochant à ce pays d’avoir soutenu le « gouvernement génocidaire ». Comme pour punir la France, il détruisit ce centre qui était tout un symbole pour finalement bannir le français dans les écoles et imposer l’anglais comme langue d’enseignement.

 

La personnalité de Paul Kagame en rapport avec les destructions

 

Des observateurs sont d’avis que Paul Kagame est atteint du « syndrome de la destruction ». En effet, depuis son arrivée au pouvoir au Rwanda qu’il a conquis par les armes en 1994, Paul Kagame, n’a cessé de poser des actes qui montrent qu’il souffre de troubles de  la personnalité en général et de dysfonctionnement de l’humeur en particulier, qui lui impriment une propension à détruire et à tuer sans états d’âme.

 

Comme les exemples plus haut le montrent, Paul Kagame est pris périodiquement d’impulsion soudaine, d’ instinct de démolition et passe en donnant l’ordre avec exécution immédiate. Peut-on trouver meilleur illustration d’atteinte aux troubles graves de la personnalité !

 

Un internaute rwandais, avait déjà, en juillet 2017, attiré l’attention sur la pathologie de Kagame qu’il a comparé à celle de l’empereur Caligula. En effet,  « comme Caligula, Paul Kagame a fait et fait  assassiner tous ceux qui ont soutenu son ascension ». Comme Caligula, Paul Kagame s’émerveille de voir les gens qui étaient riches voire très riches auparavant, devenir pauvres voire très pauvres.

 

Reste à comprendre comment Kagame a été atteint et quelles influences a-t-il subies pour sombrer dans cet état. Le constat que font les spécialistes ne laisse aucun doute en ce qui concerne Paul Kagame. Les études scientifiques relèvent en effet l’action générale du milieu sur la formation de la personnalité de l’individu et des facteurs du milieu peuvent conduire à l’émergence de la personnalité délinquentielle.

 

On notera d’abord l’influence familiale. Issu d’une aristocratie du clan régnant dans une monarchie absolue, il a hérité de pratiques féodales comme le « kunyaga » c’est-à-dire déposséder quiconque s’avère hostile au seigneur ou simplement selon les caprices de celui-ci.

 

Ensuite l’on se souviendra que le jeune Paul Kagame, enfant de la rue, a vécu son enfance et son adolescence dans des milieux criminogènes des quartiers pauvres de Kampala et de Nairobi. Il en a subi des influences et n’en est pas sorti indemne, c’est le moins que l’on puisse dire. L’influence du maquis ougandais (1982-1986) puis du maquis rwandais (1990-1994) est venu consolider l’évolution de la personnalité maladive du combattant Paul Kagame. Après avoir conquis le pouvoir, il considère encore le pays comme « un maquis » et lui comme un rebelle « hors-la-loi ».

 

Gaspard Musabyimana

 

 

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