Rwanda. Le lieutenant-colonel Balthazar Ndengeyinka ou la personnification des magouilles qui ont eu raison des FAR.
Introduction
Depuis qu’il est arrivé en Suisse en 2003 comme “ réfugié politique”, Monsieur Balthazar Ndengeyinka se répand dans les médias tant écrits que audiovisuels en se présentant comme un génie, un visionnaire ignoré ou contrarié qui aurait pu sauver le Rwanda des malheurs qui se sont abattus sur ce pays depuis un demi-siècle. Tantôt il fustige le régime de Juvénal Habyarimana, tantôt le commandement des FAR dans lesquelles il a servi pendant plus de 20 ans, tantôt il dénonce les actes de l’APR de Paul Kagame à laquelle il s’était rendu en 1994 après l’avoir servi comme taupe au sein des FAR pendant la guerre d’agression d’octobre 1990. Ainsi en 2013, il a publié un long article au titre évocateur: “Rwanda. Le régime Akazu dans le chaos rwandais.”
En 2019, il a multiplié des interviews sur les radios rwandaises pour, dit-il, expliquer son action militaire et dénoncer au passage les tueries de l’APR dans laquelle il a servi depuis 1994:
Pour évaluer à leur juste valeur les élucubrations de cet individu, nous allons vous parler de l’homme et de sa carrière militaire, un travail qui est le fruit de plusieurs années de recherches et d’enquêtes notamment auprès de ceux qui le connaissent ou qui furent ses collègues de service.
L’homme
Balthazar Ndengeyinka est né en 1952 dans ce qui était alors la chefferie de Kanage, Territoire de Kibuye. Dans la nouvelle organisation territoriale consécutive à la Révolution de 1959, une partie de l’Akanage fut rattachée à la préfecture de Kibuye et l’autre à celle de Gisenyi. C’est ainsi qu’il se retrouvera natif de la commune Mabanza, préfecture Kibuye.
Après les études secondaires, il fut admis comme candidat officier dans l’Ecole des Officiers (EO) de Kigali dans la 12e Promotion enrôlée en 1971. Il sortira de l’EO avec le grade de Sous-lieutenant avec 11 autres élèves-officiers en juillet 1973 juste dans la foulée du coup d’état militaire du 5 juillet 1973 qui déposa le président Grégoire Kayibanda pour le remplacer par le Général Major Juvénal Habyarimana.
Carrière
Sa première affectation marque le début des magouilles qui vont le poursuivre et le guider dans toute sa carrière militaire. Comme le Capitaine Déogratias Ndibwami était G2 à l’État-major de l’Armée et qu’il connaissait Ndengeyinka natif comme lui au Kanage, l’un dans la partie Kibuye, l’autre dans la partie Gisenyi, il demanda au Chef EM de lui affecter ce jeune SLt. Le Gen Habyarimana qui était chef d’EM lui donna son accord et ainsi Ndengeyinka fut affecté au bureau G2 de l’EM dès sa sortie de l’EO sans autre mérite que sa proximité avec le Capt Ndibwami. Il aurait pu continuer sa carrière dans les bureaux de l’EM ou du Minadef mais les magouilles étaient inscrites dans ses gènes. Comme il avait dans ses attributions de faire la synthèse des rapports de renseignements mensuels venant des unités à l’intention du Chef d’EM, à un moment le Chef d’EM (Gen Habyarimana) a appelé son G2 (Capt Ndibwami) dans son bureau et lui a demandé comment les rapports de renseignements qu’il lui fournissait étaient mot à mot et à la virgule près semblables à ceux que lui fournissait le Service Central des Renseignements rattaché à la Présidence alors dirigé par le Major Lizinde. Le G2 fut abasourdi en se rendant compte que son jeune adjoint était manipulé par le Major Lizinde soit par naïveté soit par calcul ou intérêt quelconque. En fait le SLt Ndengeyinka réservait chaque fois une copie de la synthèse destinée au Chef d’ EM au chef du SCR. Mais manque de pot, le Chef d’État Major qui recevait les rapports du G2 était le même qui recevait les rapports du SCR dépendant de la Présidence.
Il fut donc vite écarté de l’Etat-major et muté au camp Ngoma à Butare. Mais encore une fois les magouilles allaient marquer la carrière de Ndengeyinka. En 1984, l’État Major fut encore surpris de constater que le nom du Capt Ndengeyinka était proposé par l’inamovible Chef de Cabinet du Minadef le Lt Col Léonidas Rusatira pour aller suivre le cours supérieur d’Etat major à l’Institut Royal Supérieur de Défense (IRSD) à Bruxelles. Mais pour ceux qui savaient que Rusatira avait été l’intermédiaire (Umuranga) dans le mariage de Ndengeyinka avec l’une des filles de l’ancien député et commerçant de Mugambazi Wenceslas Mwambutsa, tout s’expliquait. Ainsi donc Ndengeyinka fut envoyé en stage en Belgique et en revint en 1986 avec le fameux brevet d’Etat major (BEM).
Guerre d’octobre 1990
Il était affecté à l’ESM quand la guerre éclata en octobre 1990. A souligner que l’ESM dépendait administrativement directement du Minadef contrairement aux autres unités qui dépendaient de l’État major. C’est pourquoi pour employer un officier affecté à l’ESM , l’Etat major devait le demander au Minadef d’abord. C’est ainsi qu’en octobre l’État major a demandé au Minadef de lui trouver des renforts en officiers parmi ceux des bureaux du Minadef ou de l’ESM pour encadrer les unités au front car beaucoup étaient sous-encadrées en temps de paix. Le Minadef (Rusatira) , accéda à la demande et l’ Etat major autorisa quelques officiers de son cabinet et de l’ESM d’être envoyés en renfort au front. Mais quelle ne fut la surprise de l’État-major de constater qu’en donnant Ndengeyinka en renfort le Minadef (Rusatira) avait veuillé à préciser l’unité dans laquelle Ndengeyinka devait être affecté et les fonctions qu’il devrait exercer. Ce qui était tout à fait nouveau et contraire aux procédures et pratiques de commandement alors en vigueur.
Le Major BEM Ndengeyinka fut donc affecté dans le Secteur Opérationnel de Ngarama sous les ordres du Lt Col BEM Nsabimana Déogratias comme S2-S3 ( Renseignements et Opérations). En novembre 1990 après la mort du Major BEMS Rwendeye qui commandait le secteur Ops Gabiro et tombé dans une embuscade ennemie, l’État major décida de fusionner les deux secteurs d’opération en un seul Secteur Ops Mutara sous le commandement unique du Lt Col BEM Nsabimana alias Castar. Au rapport du Chef d’EM pour lui annoncer son nouveau commandement la seule condition que le Colonel Nsabimana exigea fut de le débarrasser du Maj Ndengeyinka, ce “fainéant et magouilleur”, selon ses termes, et qui passait son temps en démobilisant les subordonnés par des critiques du commandement non fondées. Il précisa qu’il préférerait garder celui qui était S2-S3 du Sect OPS Gabiro avec feu le Major Rwendeye que de garder Ndengeyinka. L’Etat major accéda à sa demande et Ndengeyinka fut muté au camp Kibungo.
Le Major devenu entre temps Lt Colonel Ndengeyinka va s’épanouir et montrer sa vraie nature en 1992 après la mise en place d’un gouvernement de coalition dirigé par un Premier ministre issu du Parti MDR alors allié et complice du FPR dans son objectif de renverser le régime de Juvénal Habyarimana. Le nouvel organigramme du Ministère de la Défense de ce gouvernement instaurait une fonction de “ Conseiller Technique” qui devait être au Cabinet du Ministre mais sans dépendre de son Directeur de Cabinet. C’est donc Balthazar Ndengeyinka qui fut désigné à ce poste. Il devenait donc une interface entre le Ministre, l’agro-forestier James Gasana officiellement du MRND et le Directeur de Cabinet mais Colonel en retraite Théoneste Bagasora. Ndengeyinka va se révéler sans tarder être l’éminence grise de James Gasana et même pour certains son Raspoutine car en guise de conseils, il le manipulait et le désinformait. Quelques faits parmi beaucoup d’autres peuvent faire comprendre l’action néfaste de Balthazar Ndengeyinka auprès du Ministre de la défense en pleine guerre. Ainsi la décision de renvoyer à la retraite tous les officiers qui allaient avoir 50 ans que réclamait mordicus le parti MDR du Premier Ministre Dismas Nsengiyaremye aux ordres du président du parti MDR Faustin Twagiramungu car la décision allait dans le sens du calcul mesquin comme quoi presque tous les officiers supérieurs dits “Abakiga” seraient touchés par cette mesure. La mesure ne fut pas refusée par le Ministre Gasana qui pourtant avait un argument imparable que tous les ministres de la Défense évoquent en de pareilles circonstances. {En situation de guerre même les retraites sont rappelés aux armes, donc pas question d’admettre à la retraite ceux qui sont encore actifs. Attendre la fin de la guerre pour régulariser les situations administratives}. Au lieu de cela Ndengeyinka comme Conseiller Technique passait son temps à expliquer au ministre que parmi ceux qui partiraient se retrouvaient ceux qui lui voulaient du mal , donc que c’était l’occasion de s’en débarrasser.
Lors des négociations d’Arusha sur le protocole de l’intégration des deux armées, c’est Ndengeyinka qui proposait au Ministre Gasana qui conduisait la délégation du côté gouvernemental. Il veillait à s’entourer (car il en faisait partie) des officiers qu’il avait déjà intoxiqués ou manifestement aigris, incompétents ou affairistes qui se moquaient de ce qui sortirait de ces accords. Ce n’est que sur conseils de certains sages que l’équipe des négociateurs militaires fut réaménagée et rééquilibrée, mais c’était trop tard car Ndengeyinka avait obtenu ce qu’exigeait le FPR: éviter les “radicaux Bakiga” comme ils les appelaient. L’on se souviendra de l’épisode de l’expulsion du Colonel Bagosora de l’équipe des négociateurs pour seulement avoir posé la question de savoir sur quelle base le FPR devait avoir 40% (troupes) et 50 % (commandement) dans la nouvelle armée. Est-ce sur base de la proportion des tutsi dans la population rwandaise ou le pourcentage de la superficie du territoire national qu’il occupait? Ayant posé cette question en ces termes, le FPR exigea son expulsion illico et le gouvernement rwandais s’exécuta et le rappela d’Arusha pour de bon. Il sera ensuite accusé d’avoir dit qu’il allait préparer l’apocalypse et les médias du monde entier n’ont retenu que cette accusation. Plus tard devant le TPIR même parmi les négociateurs du FPR à Arusha appelés pour témoigner à charge contre Bagosora, personne n’a affirmé avoir entendu Bagosora dire cela. Tous disaient: “… on m’a dit que Bagosora l’aurait dit au bar, au restaurant, dans l’ascenseur, etc.”
Balthazar Ndengeyinka a tellement joué comme un gourou auprès du chanoine James Gasana (il parait qu’il se rencontraient aussi dans les séances de prières dans l’Eglise Baptiste ou Methodiste (?) dans laquelle James Gasana avait ou a encore le rang ecclésiastique de “ Chanoine”), qu’il a fini par le convaincre qu’une organisation fantôme dite “AMASASU” voulait attenter à sa vie et que donc il devait fuir le pays. Ndengeyinka lui faisait même une liste des officiers FAR supposés appartenir à cette organisation . C’est ainsi qu’en juillet 1993, la nouvelle fut répandue comme quoi le Ministre de la Défense du Rwanda, un pays en guerre avait fui le pays craignant pour sa sécurité non pas de la part de l’ennemi avec qui son armée se battait, mais de la part des troupes sous ses ordres. Un coup de génie réussi par le FPR et ses soutiens grâce à Balthazar Ndengeyinka. Qui pourrait encore oser dire que la sécurité du simple citoyen est assuré dans un pays ou le ministre en charge de cette sécurité lui-même fuit en clamant que ses troupes ne peuvent pas assurer la sienne? Pourtant quelques années plus tard, ni Balthazar Ndengeyinka ni le ministre James Gasana n’ont pu prouver l’existence de l’organisation AMASASU devant le TPIR qui pourtant en avait besoin pour charger le Colonel Bagosora qui fut acquitté du chef d’accusation de “planification du génocide” auquel le Procureur tenait et qui se basait notamment sur l’existence de cette organisation dont Bagosora aurait été le fondateur.
Balthazar Ndengeyinka ne s’est pas arrêté là. Après la signature des Accords d’Arusha , surtout le protocole sur l’intégration des deux armées, sous prétexte de l’appliquer avant l’heure, Balthazar Ndengeyinka dressait des listes des officiers qui devaient être démobilisés et d’autres qui devaient monter en grade pour soi-disant rétablir les équilibres. Au moment où le FPR refusait même de révéler les noms des officiers qui feront partie du Haut Commandement de la nouvelle armée, sous l’impulsion de Ndengeyinka en tant que Conseiller Technique du nouveau ministre l’agronome Augustin Bizimana, le gouvernement publiait la liste de ses candidats et même indiquait les critères qui devraient être pris en compte pour ceux qui seraient écartés dont celui qui est incompréhensible et ambigu: “ être imperméable à la démocratie” ( Cfr Journal du MDR Isibo sous la plume d’un certain Sixbert Musangamfura). Ceci était fait au moment où les futurs démobilisables commandaient des unités au front et que les signes de la reprise des hostilités étaient visibles. Pour démotiver, démoraliser les militaires on ne peut pas trouver mieux. Ceci fut constaté en avril 1994 surtout au Secteur OPS Mutara quand les unités ont abandonné leurs positions sans combat laissant l’ennemi progresser comme étant en parades militaires lors des festivités.
En janvier 1994, toujours sous prétexte d’appliquer les accords d’Arusha, le Ministère de la défense a ordonné l’application de la clause de ces accords qui supprime le grade de Commandant (grade entre celui de Capitaine et de Major chez les FAR d’alors) dans les grades des officiers. Conséquence: Tous les capitaines ayant une ancienneté de 3 ans au mois comme tous ceux qui revêtaient encore le grade de Commandant passaient automatiquement Majors. Mais aussi tous les officiers supérieurs (de Major à Colonel) qui donc avaient passé quatre ans au grade de Commandant avant d’être promu Major étaient régularisés en ancienneté d’une année. C’est ainsi que ceux qui n’avaient pas encore quatre ans d’ancienneté dans le grade comme le prévoyait le règlement furent aussi promus. C’est au cours de ce vaste mouvement d’avancement que Balthazar Ndengeyinka va se montrer tel qu’il est: un tricheur.
Comme c’était lui qui cautionnait en dernier les arrêtés de nomination à soumettre au Ministre , il a glissé son nom parmi les Lieutenant-Colonels qui devaient passer Colonels. Or, étant de la 12e Promotion, il était encore prématuré (pas encore 4 ans au grade de Lt Col) pour être nommé Colonel. Même en invoquant le fait que certains officiers n’ayant pas encore d’ancienneté exigée pour monter en grade ont été promus “à titre exceptionnel” pour des faits d’armes et de courage. Ndengeyinka n’en faisait pas partie. Seuls trois officiers des FAR ont été nommés aux grades supérieurs à titre exceptionnel sans avoir l’ancienneté réglementaire. Il s’agit de Kabiligi Gratien (12e Prom) nommé Colonel, Bizimungu Augustin (13e Prom) nommé Colonel et Sagahutu Innocent (22e Prom) nommé Capitaine avant échéance.
Donc Balthazar Ndengeyinka s’est nommé au grade de Colonel alors qu’il n’était que Lt- Col avec une ancienneté de 2 ans seulement. Il lui restait encore 2 ans pour devenir Colonel full. Et c’est pourquoi quand nous évoquons son grade militaire nous l’appelons toujours Lt-Colonel et pas Colonel, Qu’on se le dise. Sinon comment comprendre qu’aucun officier de sa promotion (12è) n’avait pas encore atteint le grade de Colonel même ceux qui connaissaient un avancement régulier et rapide et beaucoup plus méritants et bien côtés que lui? Par exemple le Lt Colonel BEM Ephrem Rwabalinda est de sa promotion; il est devant lui en rang et il fut G3 à l’EM de 1989 à 1993 et était apprécié par tout le monde. Mais en 1994 il était encore Lieutenant Colonel au moment ou Ndengeyinka s’était affublé du grade supérieur de Colonel.
Le Lieutenant Colonel Ndengeyinka comme tout puissant Conseiller Technique du Ministre de la Défense fut comme tous ceux qui s’attendaient à ramasser le pouvoir en avril 1994, déboussolé par les événements. Face à l’incapacité du général Dallaire d’imposer l’aile du MDR Rukokoma à la tête du pays et le constat que les officiers dits ” modérés” ne pouvaient pas s’emparer du pouvoir, ces officiers, dont Ndengeyinka, ont adopté une autre stratégie pour appuyer les actions militaires du FPR mais sans trop s’exposer. Ainsi c’est Ndengeyinka et consorts qui ont été à la base de la fuite du Gouvernement de Kigali vers Gitarama alors que opérationnellement il pouvait encore rester même symboliquement dans la capitale. Un geste politiquement fort et qui fut savamment exploité par le FPR. N’eut été la clairvoyance frisant l’indiscipline ou le refus d’ordre de la part de certains officiers, le Lt Col Ndengeyinka et le Col Gatsinzi Marcel avaient donné ordre à toutes les unités de Kigali-Kanombe de quitter la ville en date du 12 avril 1994. Quand on se souvient que les unités FAR n’ont dû évacuer Kigali qu’en juillet 1994 car sans munitions suite à l’embargo , on comprendra comment Ndengeyinka et consorts souhaitaient une victoire rapide de l’ennemi qu’ils étaient censés combattre.
Ayant accompagné le gouvernement de Jean Kambanda qu’il avait convaincu d’évacuer la Capitale dès le 12 avril pour s’installer à Murambi près de Gitarama, le Lt Colonel Ndengeyinka fut naturellement désigné pour commander le secteur opérationnel de Bugesera-Mayaga qui constituait le dernier rempart avant d’attendre le nouveau siège du Gouvernement. En lui confiant ce Commandement, les responsables politiques et militaires repliés à Murambi étaient loin de se douter qu’ils lui offraient là une occasion en or pour servir le FPR et l’épater. Sa première décision fut d’ordonner la coupure du pont sur la rivière Nyabarongo à Rwabusoro, qui faisait frontière entre le Bugesera (commune Ngenda) et Gitarama (commune Muyira). Or plusieurs éléments des FAR en débandade depuis le Mutara et Kibungo étaient encore au Bugesera avec leurs moyens logistiques notamment des véhicules, des armes lourdes, quelques munitions et rations alimentaires… et qu’ils ne comptaient pas abandonner à l’ennemi. Avec cet ordre de Ndengeyinka donné probablement en coordination avec le FPR, non seulement les éléments des FAR qui étaient encore au Bugesera ne purent pas franchir avec leurs matériels mais ceux qui ne savaient pas nager (la majorité) furent noyés ou tués par l’ennemi car il ne faisait pas de prisonnier de guerre.
La cerise sur le gâteau dans le commandement de Ndengeyinka en 1994 fut placée en juin. Etant parti inspecter le front de Mayaga , il était dans sa jeep-radio de commandement équipée d’un décodeur et reliée à toutes les unités des FAR. Même les documents qui contenaient les clés pour coder ou décoder les messages (les SOI) se trouvaient dans cette jeep de commandement. Mais quelle ne fut pas la surprise de ce qui faisait office de Gouvernement à Murambi-Gitarama quand il s’y est présenté en haletant disant qu’il avait fait de l’autostop pour arriver là car sa jeep de commandement était tombée dans une embuscade tendue par l’ennemi au niveau de “ku Bigega” à Nyanza mais qu’il était parvenu à en sortir indemne avec son chauffeur, son opérateur et son escorte! A dormir debout. En réalité Ndengeyinka avait livré la jeep avec les décodeurs des réseaux radios FAR et les SOI au FPR. Cette fois-ci c’en était trop et il fut relevé de son commandement même si tous battaient en retraite.
Ayant assuré ses arrières en contribuant à la victoire rapide du FPR et n’étant plus sous le commandement des FAR ou du Gouvernement de Kambanda , il va affiner son plan pour intégrer l’APR officiellement en position avantageuse . Il s’en suivra son pseudo-exil au Zaïre avec les FAR, son regroupement avec les officiers dits ”modérés” et qui ont déçu Dallaire pour n’avoir pas réussi un coup d’état en avril 1994 et son retour pour être rééduqué comme les autres au camp Gako en 1995.
Redevenu simple recrue au camp Gako dès sa reddition à l’APR en 1994, il était loin de savoir qu’il ne pouvait plus magouiller avec les Inkotanyi comme il le faisait chez les FAR. Malgré le grade volé de Colonel qu’il avait et que Kagame lui conserva, Ndengeyinka ne savait pas que les psychologues et des spécialistes en Ressources humaines de la CIA avaient évalué les officiers des FAR dits “modérés” et donc susceptibles de faire défection et rejoindre le FPR et qu’ils avaient une fiche signalétique pour chacun d’eux. Ces rapports d’évaluation étaient aux mains de Kagame quand Ndengeyinka et consorts se sont rendus à l’ennemi. Au camp Gako il suffisait de les confronter à la réalité dès lors que l’officier était observable en situation réelle. C’est ainsi que Kagame tout en lui reconnaissant le grade de colonel obtenu frauduleusement et malgré les bons et loyaux services rendus à sa rébellion, lui préférera et le fera dépasser par le Major Emmanuel Habyarimana (grade obtenu grâce à Ndengeyinka qui a fait appliquer les accords d’Arusha avant l’heure car Emmanuel Habyarimana alias “Mukaru” avait plafonné au grade de Commandant lors de sa réintégration dans les FAR fin 1992), qu’il nommera Secrétaire Général au Minadef puis Ministre de la Défense donc supérieur hiérarchique du magouilleur Ndengeyinka, Comble d’ironie: ils fuiront en même temps et trouveront l’asile politique dans le même pays , la Suisse comme l’ancien ministre James Gasana. Mais ça c’est une autre histoire.
Dans son exil doré de Suisse, le Lieutenant-colonel Balthazar Ndengeyinka se répand dans la presse tantôt en vouant aux gémonies le régime de Juvénal Habyarimana et le commandement des FAR, tantôt en vantant son action au sein de l’APR à laquelle il s’est rendu en 1994 et qu’il a dû fuir en 2003. C’est ainsi qu’il raconte quelques péripéties comme commandant de Brigade à Gitarama. On retiendra seulement qu’il avait installé son PC (Poste de Commandement) dans la résidence privée du premier Président de la République Rwandaise, Monsieur Dominique Mbonyumutwa. On en retiendra que les documents personnels du Président Mbonyumutwa et originaux pillés dans cette résidence sous ses ordres furent remis aux personnes dont il ignorerait l’identité! Qui le croira? Tout comme il prétend n’avoir eu connaissance de l’élimination systématique et massive des élites de Gitarama et Kibuye que par hasard et après coup alors que c’est lui qui commandait les troupes qui faisaient ce nettoyage ordonné par Kagame qui venait de le nommer à ce poste.
N’importe quel homme doué de raison et d’un sens humain devrait avoir honte de tels actes et faire amende honorable et surtout être modeste et se taire ou même se cacher au lieu de s’en vanter, comme le fait l’ex Lieutenant-Colonel Balthazar Ndengeyinka.
Jean-Charles Murego
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