La RDC, victime et bouc-émissaire des accusations gratuites  

Le texte ci-après est tiré d’une conférence donnée au Sénat français par l’historien congolais  Isidore Ndaywel è Nziem  et ayant pour titre : « Les conflits des Grands Lacs sur le territoire congolais : Le calvaire du bouc-émissaire doit avoir une fin ». Le colloque, qui a eu lieu le 9 mars 2020, portait sur un sujet d’actualité :  « L’Afrique des Grands Lacs, soixante ans de tragiques instabilités ».

Cette sorte de guerre de trente ans, qui déchire l’Est du Congo depuis un peu plus de deux décennies, sert en réalité d’alibi au pillage des ressources naturelles du sol et du sous-sol, une partie du revenu de ce pillage servant à financer la guerre, si indispensable pour assurer le maintien de ces activités mafieuses. Ce cercle vicieux repose sur la tradition de faire du Congo, à cause de sa massivité spatiale, de son gigantisme et de ses richesses naturelles multiples et multiformes le bouc-émissaire de tous les fléaux qui déchirent cette région. A titre d’illustrations, évoquons ici quatre principales « accusations » gratuites, quatre erreurs d’analyse, parmi tant d’autres, qui constituent les contre-vérités mises au compte de ce pays et de ses habitants.

 

Première contre-vérité : les Congolais seraient complices des génocidaires hutu. Cette fausse affirmation a pour origine l’accueil des milliers de réfugiés de 1994, parmi lesquels, précise-t- on, il y avait aussi des miliciens Interhamwe et des troupes en débandade des FAR (Forces armées rwandaises) de Juvénal Habyarimana. Pourtant, l’épisode historique de la gestion de ces camps de réfugiés est connu. On sait que le gouvernement congolais du Premier ministre Kengo wa Dondo avait décidé à l’époque du rapatriement immédiat de tous les réfugiés. Mais le HCR s’y opposa fermement ; des pressions furent exercées auprès du maréchal Mobutu pour qu’il contraigne le gouvernement à ne pas mettre à exécution sa décision qui aurait empêché le débordement de ces hostilités sur le territoire congolais.

 

Il va sans dire, par ailleurs, que cette démarche ne relevait évidemment d’aucune prise de position identitaire, pour privilégier les Hutu au détriment des Tutsi. Pour preuve, à la suite des événements de la Toussaint rwandaise en 1959 ayant provoqué l’abolition de la royauté au Rwanda, ce furent les Tutsi rwandais qui furent accueillis massivement au Congo. Ils étaient entre 50 et 60.000, selon le HCR, à déferler du Rwanda au Congo entre les années 1959 et 1961, pendant près de deux décennies. Déjà en 1972, les estimations du HCR n’étaient plus que de 23.000, la plupart de ces réfugiés s’étant fait enregistrer dans la suite comme des « nationaux congolais »[1].

Au demeurant, jusqu’aux années récentes, la plupart des Congolais, en dehors du Kivu, n’avaient pas une idée précise du clivage hutu/tutsi et même, n’avaient pas suffisamment intériorisé la différence de nationalité entre / Rwandais/ et / Burundais/.

 

Deuxième contre-vérité : les Congolais seraient racistes : ils « rejettent » les Banyamulenge parce qu’ils sont des Tutsi. En fait, « l’affaire banyamulenge » est celle-là même qui a servi de prétexte en 1996 à la guerre du Rwanda au Congo. La confusion qui règne autour de ce terme traduit simplement le désarroi des Congolais face à une situation devenue explosive autour des enjeux fonciers et des pressions démographiques multiformes et incontrôlables d’origine rwandaise qui n’hésitent plus à recourir à la violence pour aboutir à leurs fins.

 

Le terme banyamulenge a surgi vers le début des années 70[2]. Les immigrants rwandophones des plateaux de l’Itombwe (près de Mulenge ou Murenge) dans le sud-Kivu l’ont mis en honneur pour faire prévaloir leur antériorité sur le territoire congolais, afin de se différencier des vagues migratoires qui ont suivi, particulièrement à l’âge postcolonial. Les enquêtes menées par l’historienne américaine, Catarina Newbury, avaient confirmé effectivement l’arrivée d’un groupe des Banyarwanda, venus s’installer dans cette région, pour se mettre à l’abri des violences du règne de Rwabugiri. Mais, jusqu’aux années 70, reconnaît un des principaux leaders du groupe, Manassé (Müller) Ruhimbika, leur dénomination était celle de « banyarwanda »[3].

 

L’option qu’ils avaient prise de se différencier des autres immigrants n’était pas nécessairement de pure façade. L’on a vu, par exemple, un officier de cette contrée, le commandant Masunzu, qui en un premier temps avait combattu dans les rangs du FPR de Paul Kagamé, puis dans ceux de l’AFDL et du RCD-Goma, faire volte-face en un second temps, pour s’opposer à l’emprise du Rwanda et à la présence envahissante de ses troupes au Congo[4].

 

Il n’empêche que le résultat auquel a abouti de nos jours l’initiative de différencier ce petit groupe des Banyarwanda des autres immigrants rwandais est plus que décevant. Au lieu de désigner exclusivement les habitants de l’Itombwe au Sud-Kivu, ce terme s’est généralisé pour désigner tous les Rwandophones se trouvant sur le territoire congolais, y compris ceux du nord-Kivu.  Banyamulenge,  de  nos  jours,  ne  serait  plus  qu’une  manière  de  désigner  les

« Rwandais » résidant au Congo. La confusion était donc inévitable, puisque les immigrés plus récents n’ont jamais osé s’afficher, eux aussi, comme « étrangers ». Car, se déclarer « réfugiés rwandais » et solliciter une hypothétique naturalisation, comme l’exige la loi, c’était justement faire aveu de ses origines externes et se priver d’un certain nombre de privilèges, notamment ceux de faire de la politique. Or, c’est précisément pour des raisons de compétition politique et foncière que la vie au Kivu, de plus en plus à l’étroit, est devenu intenable. Sans relever de la mauvaise foi, cette situation difficile, confuse et complexe est un grand défi qui ne pourra réellement se résoudre dans la durée que si les ressortissants des deux pays concernés sortent du climat de violence et de ressentiment qui règnent encore entre eux[5]. Dans le contexte actuel d’hostilité larvée, le concept de banyamulenge et ceux qui s’en réclament, fonctionnent comme une sorte de cheval de Troie permanent dans la citadelle congolaise, pour justifier, pour des raisons de stratégie, toutes sortes d’infiltration rwandaise dans les affaires congolaises, y compris dans les secrets de défense et de sécurité. On comprend que la méfiance soit de règle, côté congolais.

 

Troisième contre-vérité : le Congo est à la base de la réduction de l’espace du Rwanda. Il existe un mythe du grand Rwanda qui s’est développé dans la région et qui, depuis la fin des années 90, nourrit un imaginaire susceptible de pérenniser le climat de violence existant. A partir de la manipulation des mythes anciens, on prétend qu’il aurait existé naguère un « grand Rwanda qui englobait les espaces actuels du nord et du sud-Kivu ; que ce grand Rwanda aurait été combattu puis réduit à des portions congrues lors des conquêtes coloniales. Cette nouvelle situation aurait été adoptée par la Conférence de Berlin puis, après les indépendances, par le deuxième Sommet de l’OUA en 1964 qui opta pour le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. On comprend que cette soi-disant reconstitution du passé puisse alimenter des velléités hégémoniques du présent en vue de l’accaparement éventuel d’une partie des terres congolaises.

 

Le propos du 10 octobre 1996 à Cyangugu du président Pasteur Bizimungu, le successeur de Juvénal Habyarimana a eu le mérite de révéler, carte géographique à l’appui, l’ampleur de cet imaginaire et la portée exacte de cette ambition :

« Je voudrais dire aux Banyamulenge qu’ils doivent faire la leçon à ceux-là qui les pourchassent et leur apprendre le savoir-vivre (…) ce sont eux, les Banyamulenge qui devraient donner un ultimatum de s’en aller à ces Lucifer qui veulent les exterminer dans leur pays. Si le pari est de chasser ceux-là qui ont vécu dans ce pays depuis plus de 400 ans, ils (les Banyamulenge) doivent rester là-bas pour corriger et donner la leçon de savoir-vivre à ceux- là qui veulent les chasser (…) Je voudrais dire à tous les Rwandais éparpillés ici et là à l’étranger qu’avant l’arrivée des Blancs, le Rwanda avait à peu près six cents ans d’existence. Il s’étendait des lacs Rweru et Cyohoha franchissant la chaîne des volcans jusqu’au lac Rwicanzige (lac Edouard). Il s’étendait aussi de la Rusumo jusqu’aux frontières du Buhunde et nous vivions en bonne intelligence avec les Bahunde. Même la région appelée Bishugi considérée aujourd’hui comme berceau des Banyamulenge, tous les habitants de ces contrées étaient des Rwandais. Même Kayenzi et autres, situées actuellement au Zaïre, faisaient partie du Rwanda. Si nos combattants sont actuellement au Zaïre, ils y sont donc chez eux. »[6]

 

Même si ce discours ne s’énonce plus aussi ouvertement, il convient de fixer les idées sur les questions soulevées. Sur l’étendue du Rwanda ancien d’abord ! Des historiens de métier s’accordent à affirmer exactement le contraire. A l’arrivée des premiers Blancs, ce « royaume du Rwanda » n’avait pas encore atteint les dimensions qui étaient les siennes à l’ère coloniale. Au XIXè siècle, il n’occupait que sa région centrale mais était en voie de conquérir la partie septentrionale du pays qui était encore gouvernée par des roitelets hutu, indépendants de la cour du Mwami[7]. De plus, ce royaume du Rwanda serait de création bien plus récente qu’on ne l’a pensé : sa fondation ne daterait que du milieu ou de la fin du XVIIè siècle[8].

 

Ensuite, en ce qui concerne la frontière rwando-congolaise, la situation ne souffre d’aucune ambiguïté. S’il faut revenir à la première carte de la région du 1è août 1885, c’est le Congo qui a des terres à récupérer au Rwanda et non le contraire car sur cette carte initiale, la partie occidentale du Rwanda était « congolaise ». C’est l’expédition du Comte allemand Von Gotzen, faisant la découverte du lac Kivu en 1894 qui permit la réouverture de négociations qui aboutirent à la signature de la Convention du 11 août 1910 avec l’Allemagne fixant la frontière actuelle avec le Rwanda et le Burundi. Par cette convention, qui adopta un nouveau tracé allant du Mt Sabinyo au Tanganyika, le Congo perdit une partie de ses terres au profit du Rwanda-Burundi.

 

L’instrumentalisation de l’histoire des « conquêtes rwandaises » du XIXè siècle, enfin, est également une accumulation de malentendus et d’erreurs. L’allusion concerne toujours le règne de Kigeri IV Rwabugiri, entre 1867 et 1895. Avec ses huit armées, ce roi aurait organisé treize campagnes militaires à la base de l’extension et de la centralisation du royaume. Mais certaines de ces campagnes furent de simples expéditions de razzia pour s’emparer de l’ivoire, comme dans les forêts du pays des Tembo, sans être suivies d’une annexion effective. De même, toutes ces campagnes ne furent pas toujours couronnées de succès, comme dans le sud contre le Burundi ou encore, contre le Bushi à l’ouest. C’est d’ailleurs au cours de la dernière de ses campagnes contre les Bashi que ce roi tomba malade ; il trouva la mort en cours de route, dans la barque qui le ramenait au Rwanda, sans avoir jamais étendu son pouvoir sur le Kivu. On était en septembre 1895, dix ans après la Conférence de Berlin[9].

 

Quatrième contre-vérité : les guerres et les pillages de l’Est du Congo seraient la résultante des conflits intercongolais et de la gouvernance de ce pays. De manière incontestable, ces guerres et pillages tirent leur source d’abord et avant tout du transfert de la guerre rwando- rwandaise sur les rives occidentales des Grands lacs. L’exigence de poursuite des « vaincus » par  les  « vainqueurs »,  sur  le  territoire  congolais,  fut  à  la  base  de  la  nécessité  d’une

« couverture » congolaise. On connaît à présent en détail les étapes de cette histoire : identification des acteurs congolais capables de servir d’écran aux objectifs réels de la guerre ; appui à la création de leur « alliance » par la signature d’un accord signé à Kigali mais portant mention de Lemera, une bourgade congolaise ; finalisation des opérations de poursuite et de massacre des fuyards sous le signe d’une guerre de libération ; élimination brutale du goulot d’étranglement que représentait Laurent-Désiré Kabila. Dans la suite, malgré l’intermède d’un accord global et inclusif des forces politiques congolaises obtenue à l’arrachée en Afrique du Sud  à  l’issue  d’une  conférence  intercongolaise,  le  laxisme  ou  la  complicité  du nouveau leadership politique congolais rendit possible la multiplicité des milices, l’organisation de nouvelles rébellions à partir des dissidences militaires des pseudo-congolais, comme le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) de Laurent Kundabatware ou le M23 (Mouvement du 23 avril) de Makenga Sultani et Runiga Charles ; tout cela, avant le curieux surgissement des prétendus islamistes dans l’Ituri qui s’illustrent par des massacres quasi quotidiens de la population.

 

Ainsi, au tournant du troisième millénaire, le Congo a vécu et vit encore une des périodes les plus sombres de son histoire, exactement comme au temps du régime de Léopold II au tournant du deuxième millénaire. A cette différence que le calvaire du caoutchouc rouge a été remplacé par celui du coltan rouge, pour rester dans la métaphore d’Edmund Dene Morel. Aux Congolais, « le devoir de tout subir et de se taire », pour emprunter cette expression à Mgr Kataliko d’heureuse mémoire, s’est traduit effectivement par une avalanche d’exigences successives : supporter de manière imprévue l’irruption des milliers de réfugiés hutu ; se laisser accuser de complicité avec eux ; assister à leur massacre en s’interdisant de leur porter secours ; se faire accuser d’être les auteurs de ces exterminations ; ensuite, assister à l’occupation de leur propre territoire et au pillage de ses ressources par des armées étrangères au motif qu’elles devaient continuer à traquer les génocidaires ; tolérer l’infiltration de leur armée par ces forces étrangères ; fermer les yeux sur l’instrumentalisation de leurs propres élites politiques plus que jamais prisonnières de leur posture de prédatrices par procuration. Et, pour ne pas s’arrêter sur une aussi belle lancée, libérer une partie de leurs terres pour les rendre disponibles à d’autres mouvements de peuplement.

 

Certains vont jusqu’à prédire l’implosion prochaine du Congo et préconisent d’accompagner ce processus jusqu’à son terme présumé. S’engager dans une telle option, c’est faire preuve de cécité historique et oublier que sur cet espace national, l’économie internationale a toujours eu tendance d’isoler la zone dite « utile » du reste du pays, afin de la soumettre à une exploitation intensive et sauvage. La démarche n’est pas nouvelle. Dans les années 60, elle avait même abouti à la sécession des zones « utiles » de l’époque, le sud-Katanga et le sud-Kasaï. Mais cette politique a des limites. D’abord, parce que la localisation du « Congo utile » est mouvante et évolue dans l’espace suivant les produits en vedette sur les marchés mondiaux. Elle peut, à l’avenir, se placer dans le triangle des provinces de Sankuru, Tshopo et Tshuapa, au centre du massif forestier ou ailleurs, et amener les capitaines de l’économie internationale à se concentrer sur ces terres-là. Ensuite, l’unité du Congo, reposant à la fois sur la géographie et l’histoire, possède des assises solides. Il s’agit d’un Etat bâti sur les trois quarts du bassin du fleuve Congo vers lequel évoluent ses multiples affluents. Et, pendant ses 135 ans d’existence, de l’Etat léopoldien à nos jours, ce Congo, Zaïre, puis Congo à nouveau, n’a été géré que comme un Etat unitaire. Si donc, comme tout autre pays, il n’est pas à l’abri des forces centrifuges, il n’est pas facile non plus de le déstructurer.

 

Que conclure ?

Il est temps de mettre un terme au calvaire du pays bouc-émissaire de la région des Grands Lacs. Pour ce faire, deux éléments doivent être retenus ici.

 

Le premier est d’opérer en urgence un réajustement des regards sur le dossier des violences des « Grands Lacs », en contestant l’impérialisme des discours et analyses considérés jusqu’ici comme d’une pertinence indiscutable. Le Congo n’est pas la périphérie du Rwanda. De même, la condamnation des méfaits des incursions rwando-ougandaises au Congo ne constitue en rien une négation du génocide tutsi au Rwanda. Il s’agit de deux histoires différentes, mais successives, l’une étant une excroissance de l’autre. Des victimes de ces tragédies se comptent dans tous les pays et, elles ont droit à la même justice réparatrice. Et, pour sortir des pièges d’une vaine opposition, de surcroît stérile, entre deux histoires douloureuses et macabres, celle du Rwanda et celle de la RDC, un grand et fructueux débat s’impose, confrontant tous les regards et apportant tous les éclairages utiles. Un débat auquel devraient prendre part non seulement les politiques et les experts mais aussi les authentiques représentants des populations concernées.

 

Le second élément est corollaire au premier. Pour couper court à la « rwandophobie » ambiante et revenir aux meilleures relations qui existaient entre pays riverains des Grands Lacs, il est essentiel que les maîtres du Rwanda et l’Ouganda reconnaissent les torts qu’ils ont commis avec leurs armées au Congo notamment pour les catastrophes humanitaires, sanitaires et écologiques qu’ils ont provoqué et le pillage des ressources naturelles du sol et du sous-sol qu’ils ont réalisé. Ces dégâts appellent réparation. Des tribunaux internationaux, comme la Cour Internationale de Justice (CIJ) devraient s’en saisir. Une évaluation sommaire des méfaits commis uniquement par l’Ouganda, en comptabilisant les dommages à la faune, à la flore, aux personnes, aux services publics, en plus des ceux d’ordre macroéconomique ainsi que les pillages et l’exploitation illégale des minerais, aboutit à une facture de plus de 16 milliards de dollars. Qu’en sera-t-il du Rwanda dont l’occupation a été plus longue sur des espaces plus larges avec des méfaits plus importants ?

 

Faire l’impasse sur ces crimes odieux et s’engager, de manière précipitée, dans un prétendu processus d’intégration régionale, de surcroît décrétée d’en haut, ne serait qu’une manière d’accumuler des frustrations des populations, au profit des agendas cachés qui ne viseraient nullement leurs intérêts. La justice est donc non seulement indispensable mais elle est aussi incontournable pour ouvrir la voie à une véritable paix dans la région.

 

Visiblement, cette paix est plus qu’attendue, de part et d’autre. Le Congo, qui est confronté à des enjeux mondiaux autrement plus cruciaux pour son devenir, ne peut se payer le luxe de ne pas compter sur la solidarité régionale pour faire face à ces défis. Quant aux autres pays des grands lacs, notamment le Rwanda et le Burundi, ils ne peuvent non plus se passer du Congo avec qui ils partagent à la fois les frontières, une histoire coloniale commune mais aussi des expériences malheureuses de guerres, rébellions et massacres de population.

 

C’est dans un tel contexte, que pourrait être inventé dans la région des Grands Lacs, un nouveau vécu régional, sans mettre pour autant en cause les frontières qui existent.

 

Intégralité du texte de la conférenceLes conflits des Grands Lacs sur le territoire congolais


Notes

[1] Willame, J.C., Banyarwanda et Banyamulenge : violences ethniques et gestion de l’identitaire au Kivu, Buxelles- Paris, Institut Africain-l’Harmattan, 1997, p. 46.

[2] Jacques Depelchin affirme que le nom aurait été donné par des Banyarwanda pour qualifier ceux des leurs qui s’étaient dirigés vers Murenge (Depelchin, J., From Capitalism to Imperialism : A History of Social and economical formations in Eastern Zaïre, Thèse de doctorat, Stanford University, 1974, pp. 66-70). Ce qui n’est pas confirmé par les données congolaises.

[3] Ruhimbika M., Les Banyamulenge (Congo-Zaïre) entre deux guerres, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 21.

[4] de Villers G., RDC : De la guerre aux élections : l’ascension de Joseph Kabila et la naissance de la Troisième

République (janvier 2001-août 2008), Tervuren-Paris, MRAC-L’Harmattan, 2009, pp. 145-146.

[5] Les propositions de C. Nguya-Ndila pourrait servir de base à la solution de ce défi (Nationalité et citoyenneté au Congo-Kinshasa, Paris, L’Harmattan, 2001, pp. 179-180).

[6] Discours de Monsieur Pasteur Bizimungu, Président de la République rwandaise de jeudi 10 octobre 1996 (traduit du kinyarwanda), Archives de l’Institut Africain-CEDAF (III-2985) ; texte publié aussi à Kinshasa dans Demain le Congo, n°244, 1997, p. 7).

[7] Voir notamment l’étude de Catarina Newbury, The Cohesion of Oppression : clientship and Ethnicity in Rwanda, 1960-1960, New York, Columbia University Press, 1988, pp. 23-37.

[8] Voir les conclusions de l’étude de Jan Vansina, Le Rwanda ancien : le royaume nyiginya, Paris, Karthala, 2001, pp. 247-254.

[9] Vansina, J., op. cit., p. 225.

 

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