Devrait-on mettre des limites à la liberté de parole et de penser ?
L’heure n’est plus à la résignation ou aux règlements de comptes. Les Djiboutiennes et les Djiboutiens doivent se mobiliser pour faire barrage à ces écrits xénophobes.
Certes, il est vrai comme l’avait mentionné un des lecteurs, leurs motivations nous échappent, leur inconscient joue un grand rôle dans leurs écrits, mais ils préfèrent l’ignorer pour avoir l’illusion d’être maître de leur comportement.
En fait, leur vraie liberté consistera à connaître leurs désirs et leurs peurs inconscients. Ils cesseront d’être obscurs et pourront être maîtrisés. J’en doute fort.
A mon humble avis, rien que sur le plan psycho-linguistique, il s’avère qu’ils souffrent d’une instabilité chronique mentale.
La liberté de parole constitue un trait essentiel de la démocratie, et il serait très instructif de faire une distinction entre le monde des valeurs, des idées et celui des techniques mises en œuvre pour les partager, pour en convaincre autrui sans être grossier et vulgaire.
Disposer d’une opinion n’engage que soi. Elle est sacrée, on devrait donc, en théorie comme en pratique, pouvoir tout dire. Tout dire, oui, mais pas n’importe comment et encore moins des insultes gratuites voire un style agressif, diffamatoire incitant ouvertement à la haine raciale.
Il serait indispensable de ne pas autoriser, dans les réseaux sociaux, certains discours, non pas tant en fonction de leur contenu, que de leur caractère contraignant pour ceux qui les reçoivent.
Les réseaux sociaux s’honoreraient mais aussi se protégeraient, d’établir des normes à ce sujet.
N’est-ce pas dans l’apprentissage de l’échange de la parole que nous apprenons à être citoyen?
Ces écrits – tels « les Dallols » « les criquets » – démontrent sans l’ombre d’un doute que les responsables ne sont autres que cette faune d’agents secrets djiboutiens et/ou les propagandistes ioguistes, spécialistes de la désinformation, de la déstabilisation, d’experts en attentats, en raids de toutes sortes et en coups montés.
Dans leur conception de voir les choses triomphe une illusion véridique substituant au monde réel un univers de fiction dans lequel les éléments paranoïaques jouent un rôle essentiel.
Ainsi vont pouvoir être identifiées des catégories entières « d’ennemis objectifs », les anti-ethnistes sournoise menace à leur « nation ethnicisée », les comploteurs et saboteurs somalilandais (Etat autoproclamé), acharnés à détruire les acquis de leur « République » ou plutôt de la bande mafieuse, autant de représentations mythologiques qui permettent d’expliquer tous les insuccès et de susciter ces nécessaires frayeurs qui fait de leur abominable dictateur terroriste (IOG) un protecteur indispensable.
Bref, le virtuel devient leur norme et le réel le signe du luxe.
Mais sur le fond, il convient de se demander si toutes ces facettes ne sont pas des moyens de contrôler les esprits, de les contraindre à ne pas penser de manière libre, informée et autonome.
Faire ici une différence entre les djiboutiennes/djiboutiens, reviendrait à tomber dans l’un des pièges destinés à distraire de l’essentiel en divisant pour régner.
Ces écrits racistes et xénophobes peuvent servir à détourner du vrai problème, celui de la misère – économique, sociale et intellectuelle -, de la pénurie.
On ramène la condition d’« exclu », et de « pauvreté » à des questions de différences ethniques, qui n’auraient rien à voir avec la loi de la dictature ioguiste. Alors que ce sont ces opprimés djiboutiens, comme toujours et depuis toujours, qui sont exclus. En masse.
Pourquoi se scandaliser au prétexte qu’elles déstructurent, en vérité, des vies entières, des familles, et annulent toute sagesse politique ou économique ? Faudrait-il dénoncer aussi tous ces termes hypocrites, scélérats ? Oui, mais de nos jours, cette dictature ioguiste représente un facteur négatif, hors de prix, inutilisable, nuisible au profit ! Néfaste.
L’avènement de l’internet bouleverse donc l’équilibre socio-culturel, les citoyens sont désormais libres et ne sont plus, à l’égard du pouvoir dictatorial ioguiste, en position d’esclaves, car ce pouvoir ce sont eux qui l’exercent.
En démocratie, la parole est reine et fraie la voie des honneurs publics à ceux qui acquièrent la maîtrise. Dans quel but ?
L’objectif n’étant pas de tromper pour le plaisir de tromper mais de libérer l’homme de tout ce qui peut faire entrave à sa liberté. C’est l’homme qui fait sens et donne sens au réel.
Ces personnes n’ont plus à se cacher derrière une réthorique idéologique attisant une violence.
Il me semble qu’à chaque occasion, cette clique minoritaire nous montre leur mentalité tribale.
Cependant, il serait très bénéfique de les censurer au risque de détrôner la fameuse Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM). Car nous nous trouvons face à des véritables « friches étatiques » où tout est permis une aubaine pour les « médias tueurs » ex « Les organes de propagande du dictateur ».
Il me semble utopique et illusoire de prétendre à atteindre une liberté d’expression absolue car toute liberté doit être soumise à un cadre contraignant et démocratique.
Ne dit-on pas que « la liberté de l’individu s’arrête là où commence celle des autres ».
Il est du devoir moral et éthique que chacun se positionne et n’accepte pas que ce genre d’articles soit publié sous prétexte de la faiblesse de la liberté d’expression.
Que fait-on alors ? Laisser les choses telles quelles sont ? Je ne le pense pas.
Le réveil d’anciennes rancœurs ethniques, le sentiment d’injustice et la volonté revancharde constituent des facteurs d’instabilité et d’insécurité majeurs.
L’oubli, le pardon et l’abandon du sentiment impératif de vengeance nécessiteront des années de patience et d’efforts concertés.
N’est-il pas temps d’arrêter de conditionner l’opinion publique en l’orientant vers des objectifs destinés à entretenir l’idée d’une communauté, éternelle victime ?
Comment en sommes-nous venus à ces amnésies, à cette mémoire laconique, à cet oubli du présent ? Qu’est-il arrivé pour qu’aujourd’hui sévissent une telle impuissance des uns, une telle domination des autres ? Un tel acquiescement de tous à l’une comme à l’autre ? Un tel hiatus ?
Comment de tels discours n’engendrent-ils pas la tentation de se replier sur soi-même ?
Comment les convaincre qu’il s’agit là d’un dernier effort républicain ? D’un dernier espoir pour la société qui les brime, oui, pour elle aussi ? Pour elle, surtout !
Comment leur faire entendre qu’elle est, comme eux, prise dans les mailles d’un filet, dans des histoires fictives, truquées, qui lui, masquent son Histoire ?
L’interrogation réflexive sur ces auteurs de ces écrits évoque parfois celle de ces malades psychasthéniques dont parlera Pierre Janet dans « l’automatisme psychologique « (1889), malades qui, à force de se demander cent fois s’ils ont bien refermé la porte derrière eux et de vérifier dans leur calepin l’adresse à laquelle ils doivent se rendre, finissent par oublier le but de leur sortie et par ne plus sortir du tout.
Il serait à ranger ces individus du côté des incapables, des impuissants, voire des ratés de l’existence et de la société.
Mohamed Qayaad
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