Les actes que Paul Kagame a posés et pose encore au Rwanda mais qui sont inadmissibles et impensables ailleurs [Série 4]
Série 4-1. Mener des actions militaires : enlèvements et kidnappings, assassinats ou tentatives d’assassinat… dans les pays voisins et dans le monde entier comme : Kenya, RDC, Zambie, Afrique du Sud, Mozambique, Burundi, Comores, Belgique, USA, Emirats Arabes Unis, etc.
Dès sa conquête du Rwanda en juillet 1994, Kagame et ses combattants issus de l’Armée ougandaise, ont commencé à pourchasser, dans leurs pays d’exil, les anciens dignitaires du régime renversé. Même ses supplétifs que le FPR avait mis au-devant de la scène politique durant la guerre de conquête n’ont pas été épargné après s’être rendus compte de la supercherie et avaient fui le nouveau régime.
C’est au Kenya que Paul Kagame allait ouvrir le ban. Ainsi, en 1996, ses commandos de tueurs et agents, couverts par l’ambassade du Rwanda à Naîrobi, assassinèrent en pleine rue le Colonel Théoneste Lizinde qui venait de fuir le Rwanda après avoir été Préfet et Député du FPR. Avec lui fut tué l’homme d’affaires Bugirimfura qui commençait à réclamer ses biens immobiliers dans Kigali, lesquels avaient été squattés par les conquérants venus d’Ouganda.
En 1995, Seth Sendashonga, l’une des rares personnalités d’ethnie hutu qui était dans les instances dirigeantes de la rébellion tutsi du FPR et qui, après la conquête du pays, était devenu Ministre de l’intérieur en 1994, avait démissionné car il ne voulait pas assumer les exécutions extrajudiciaires que les soldats de Kagame commettaient sur la population hutu conquise. Il s’exila au Kenya. Mais pas pour longtemps car en mai 1998, après une première tentative d’assassinat, il fut abattu en plein jour dans la rue de Nairobi et ses tueurs furent identifiés comme étant des agents de l’ambassade du Rwanda dans ce pays.
Depuis lors, Kagame et ses commandos ont sévi au Kenya principalement par des enlèvements et des kidnappings des réfugiés rwandais dans ce pays. La liste serait trop longue, mais il y a lieu de citer les cas les plus emblématiques et révoltants.
D’abord nous citerons le cas de Jean Chrisostome Ntirugiribambe enlevé en juin 2015 dans un faubourg populaire de Nairobi par des hommes armés et parlant Kinyarwanda. Il n’a jamais été retrouvé. Outre que cet ancien officier gendarme avait le statut de réfugié et donc protégé par le HCR, il était aussi employé au TPIR comme enquêteur et assistant juridique au sein de ce tribunal de l’ONU.
L’autre cas révoltant est celui d’Emile Gafirita enlevé par les mêmes escadrons de la mort de Kagame à Nairobi en novembre 2014 et depuis lors déclaré comme décédé. Le cas d’Emile Gafirita est d’autant plus interpellant qu’il était en contact avec le Juge d’instruction français Marc Trévidic et qu’il devait venir en France témoigner devant lui dans l’affaire de l’attentat terroriste du 06 avril 1994. Il avait été convenu que sa sécurité serait assurée et que sa vraie identité et son lieu d’exil en Afrique resteraient secrets. Contre toute attente et en violation de la parole donnée, le juge Trévidic révéla le nom et le lieu de résidence d’Emile Gafirita aux avocats de Paul Kagame dans cette affaire. Peu de temps après, il fut enlevé par un commando envoyé par Kagame dans sa planque de Nairobi et disparut pour de bon.
En ce qui concerne les kidnappings des opposants qui l’ont fui, Paul Kagame s’y est mis dès sa conquête du Rwanda en juillet 1994. Il a notamment exploité la vulnérabilité des régimes dans les Etats d’exil de ses réfugiés (corruption facile, assises politiques non encore assurées, etc.) pour assouvir sa soif de vengeance. C’est ainsi qu’un pays comme la Zambie lui a livré, contre toute pratique juridique internationalement admise comme un traité d’extradition, l’ancienne Ministre de la Justice Agnès Ntamabyariro qui avait trouvé asile dans ce pays et qui fut livrée à Kagame comme “un colis de marchandises”. Elle dépérit depuis lors dans les prisons mouroirs de Kagame.
De même, le régime du Burundi, sorti des Accords d’Arusha de 2002 qui consacraient le partage du pouvoir entre hutu et tutsi dans ce pays et surtout dans sa clause indiquant le quota de chaque ethnie dans les forces de sécurité (Armée et Police) comme quoi elles devraient être composées à 40% de Tutsi et de 60% de Hutu. Ce pouvoir était balbutiant car dominé par les hutu qui sortaient tout juste du maquis. Il tenait donc à ne pas mécontenter l’homme fort du Rwanda et de la région qu’était Kagame surtout qu’il venait de conquérir même le Zaïre (aujourd’hui RDC), un pays 90 fois plus étendu que le petit Burundi et habité par plus de 80 millions d’âmes.
C’est ainsi que l’une des victimes rwandaises de cette Realpolitik du régime burundais fut curieusement un tutsi du nom de Déo Mushayidi dont toute la famille avait été décimée en 1994. Ce brillant journaliste et ancien représentant du FPR en Europe était devenu un opposant d’autant plus gênant pour le régime de Kagame qu’il le connaissait de l’intérieur. Lors d’une tournée dans la région dans le cadre des contacts en vue de faire connaître le parti politique qu’il venait de fonder et en séjour à Bujumbura, les services secrets de ce pays vont l’appréhender et le remettre à Paul Kagame. C’était en mars 2010. Lors d’un simulacre de procès, il fut alors vite condamné à la réclusion à perpétuité et depuis lors, il croupit dans une de ces prisons mouroirs du Rwanda.
En Ouganda que les éléments de l’armée du FPR considèrent comme leur arrière-pays et donc leur marchepieds car ils y avaient laissés les leurs à des postes stratégiques de la sécurité de ce pays, Kagame va y opérer comme dans un terrain de manœuvres. Avant un sursaut de nationalisme du régime de Yoweri Museveni qui a permis le démantèlement du réseau tutsi dans les instances du pouvoir en Ouganda, Kagame aura kidnappé et ramené au Rwanda, pour les tuer, plusieurs de ses opposants l’ayant fui vers ce pays où ils se croyaient protégés. Le dernier en date fut le Lieutenant Joel Mutabazi qui fut enlevé et ramené au Rwanda en novembre 2013. Cet officier tutsi qui avait été de la garde rapprochée de Kagame après 1994, était parvenu à s’enfuir jusqu’en Ouganda pays qu’il connaissait bien pour y être né et dès son retour comme rwandais y avait acquis le statut de réfugié reconnu par le HCR.
Les escadrons de la mort de Paul Kagame n’opèrent pas seulement dans les pays voisins du Rwanda. Ainsi en Afrique du Sud, à la Saint-Sylvestre de 2013, ils ont étranglé l’ancien Chef des renseignements extérieurs du même Kagame, le Colonel Patrick Karegeya qui avait fui le Rwanda. Ses tueurs l’attirèrent dans un guet-apens lors d’un faux rendez-vous dans un hôtel de Johannesburg. Ceci s’est produit alors que son condisciple et frère d’armes le Général Kayumba Nyamwasa, ancien Chef d’Etat Major de l’Armée, venait d’échapper à deux tentatives d’assassinat par balles dans la même ville d’Afrique du Sud.
Toujours en Afrique australe, dans un pays comme le Mozambique, la corruption aidant, les commandos de Kagame opèrent au grand jour pour exécuter sur place ou kidnapper pour les ramener à Kigali les réfugiés désignés et condamnés par Kagame. Ainsi l’ancien Directeur de la Banque Rwandaise de Développement (BRD), le jeune Théogène Turatsinze qui, ne pouvant plus couvrir les malversations financières de la clique au pouvoir, avait trouvé refuge au Mozambique. Il fut assassiné à Maputo et son corps fut retrouvé sur la plage de l’Océan indien en 2012. Le régime Kagame craignait qu’il ne divulgue les secrets sur les vols et blanchissement d’argent auxquels s’adonnaient Paul Kagame et ses proches sous le couvert de la Banque dont il fut Directeur.
Dans ce même pays, le journaliste et militant des Droits de l’Homme Cassien Ntamuhanga, qui était parvenu à s’évader d’une prison mouroir après une condamnation à 20 ans d’emprisonnement pour rien, et qui était reconnu par le HCR comme “réfugié politique au Mozambique”, vient d’être arrêté par la police de ce pays et remis à l’ambassade du Rwanda à Maputo en dehors de toute procédure légale. Il sera alors expédié à Kigali comme un “colis de la valise diplomatique” ou alors dépecé dans les enceintes de cette Ambassade comme le fut un autre journaliste du Moyen Orient dépecé dans le Consulat de l’Arabie Saoudite à Istanbul en Turquie en décembre 2018. Nous parlons du journaliste Jamal Khashoggi.
Aux archipels des Comores non loin du Mozambique, Paul Kagame y opère comme en terrain conquis et c’est ainsi qu’il y a kidnappé le jeune Callixte Nsabimana alias Major Sankara qui était alors porte-parole d’un mouvement de libération nommé FLN et qui est actuellement accusé de “terrorisme”!
Enfin, en RDC, pays conquis par Kagame depuis 1997, ses opposants et les innocents qui ont fui ses tueries et sa dictature sont plus qu’ailleurs exposés à ses actions commandos. En plus, le Haut commandement des Forces Armées de la RDC et de la Police de ce pays comprend des officiers tutsi recommandés par Kagame et dans les plus importants postes de commandement. Chaque responsable politique de ce malheureux pays n’a comme seule stratégie pour réussir politiquement que de plaire au dictateur du Rwanda Paul Kagame. Ils sont donc engagés dans une compétition visant apparaître qui est le plus fidèle au dictateur Paul Kagame.
Dans ce jeu de dupes, les réfugiés rwandais qui survivent dans les forêts de ce vaste pays et qui ont été abandonnés par les instances internationales qui devraient les protéger (HCR), sont la monnaie d’échange entre certains médiocres politiciens et certains traitres officiers de la RDC pour gagner les faveurs de Paul Kagame et à travers lui de ses créateurs et protecteurs qui dominent le monde.
Ainsi, au moment où les décomptes objectifs font état d’au moins 250.000 réfugiés rwandais encore en RDC, le HCR et donc l’ONU et ses agences font prévaloir qu’il n’y a plus de réfugiés rwandais en RDC. Les personnes vulnérables (femmes, enfants, vieillards) laissées dans l’abandon quand elles sont rapatriées de gré ou de force au Rwanda, sont déclarées être des combattants de la rébellion hutu des FDLR accusée d’avoir commis le ” génocide” en 1994 et qui se seraient repliées en RDC. Même les bébés aux dos de leurs mamans sont qualifiés de “génocidaires des FDLR”. Entretemps, les Forces Spéciales de Kagame qui occupent illégalement l’Est de la RDC, mais avec l’accord tacite du commandement des FARDC complètement noyauté, assassinent les leaders de ces réfugiés hutu délaissés par le monde entier depuis plus d’un quart de siècle, et surtout visent ceux qui essaient d’assurer leur sécurité comme le Général Sylvestre Mudacumura assassiné en 2018.
Enfin, le cas de Paul Rusesabagina, ce citoyen belge et résident permanent aux USA est le plus spectaculaire et symptomatique de l’impunité dont jouit Paul Kagame de la part des grandes puissances. Cet homme qui, en 1994, avait sauvé plus d’un millier de tutsi menacés, acte pour lequel il a reçu plusieurs prix notamment une médaille de mérite aux Etats-Unis, est actuellement détenus dans une des prisons mouroirs de Kagame à Kigali. En effet, en août 2020, venant de sa résidence de Texas et voulant se rendre à Bujumbura au Burundi, il fut enlevé lors de son escale à Dubaï où l’attendait un jet privé loué par Paul Kagame qui l’a débarqué à Kigali. Depuis lors, un simulacre de procès contre lui se déroule à Kigali mais dans lequel il refuse de se présenter jugeant qu’il n’attend rien de la justice d’un régime qui l’a kidnappé. Curieusement, ni les USA ni la Belgique dont il a la nationalité n’ont, jusqu’à ce jour pris de mesures coercitives contre un régime qui kidnappe leur citoyen ou résident comme ils sont prompts à le faire dans des cas similaires. Rusesabagina risque la prison à vie selon le récent réquisitoire du Procureur rwandais.
4-2. Dans un tout petit pays, le plus densément peuplé d’Afrique si pas du Monde (460 habitants au km2), chasser les paysans de leurs terres sans les reloger, afin d’y construire des camps de réfugiés devant accueillir les demandeurs d’asile refoulés par certains pays d’Europe ; ces pays versant directement à Paul Kagame des milliers de dollars par tête de réfugié relocalisé au Rwanda.
Cas d’Israël.
Quand le gouvernement d’Israël a révélé qu’il avait conclu un accord avec certains pays africains pour qu’ils accueillent des demandeurs d’asile qu’il ne souhaitait pas, contre payement. En plus de l’effet de surprise ce cette annonce, certains n’y croyaient pas tellement le deal était impensable car immoral et cynique.
Mais après avoir vu et entendu les témoignages des réfugiés surtout ceux originaires du Soudan et de l’Erythrée qui étaient des demandeurs d’asile en Israël mais qui erraient en Afrique de l’Est (Ouganda, Kenya), même les sceptiques furent convaincus que Paul Kagame avait conclu un marché avec Israël sur la tête de ces pauvres réfugiés africains. En effet, il fut établi qu’Israël payait 5.000 dollars à Kagame par tête de réfugié accueilli au Rwanda et qu’en plus, chaque réfugié y arrivait avec une enveloppe de 3.500 dollars comme argent de poche. Ce que les services de Kagame ont fait pour calmer la polémique mais tout en gagnant doublement, c’est que chaque réfugié arrivé d’Israël était dépouillé des 3.500 dollars et ensuite reconduit à la frontière en lui disant d’aller où il voulait.
Cas de l’Union Africaine, sous-traitant de l’Union Européenne pour la Libye.
En janvier 2020, les habitants du Bugesera autour d’un ancien camp des réfugiés de Rilima qui avait accueilli les réfugiés hutu du Burundi arrivés lors du génocide des hutu dans ce pays en 1972, ont été surpris d’apprendre qu’ils devaient déménager de ces lieux et s’installer ailleurs à leurs frais. Sans tarder, on saura le pourquoi de cette expropriation. Paul Kagame proclamera lui-même que par compassion, il avait décidé d’accueillir au Rwanda des migrants de l’Afrique subsahélienne qui se noient en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe ou qui vivaient dans des conditions inhumaines en Libye. En termes de compassion de Paul Kagame pour les migrants africains bloqués en Libye, on apprendra que l’Union Européenne avait demandé à l’Union Africaine de lui trouver un pays africain qui accueillerait ces demandeurs d’asile moyennant paiement en millions d’euros. C’est ainsi que Kagame a presque dépeuplé la région de Gashora au Bugesera pour toucher ce pactole. Le sort des habitants rwandais de ces lieux lui importe peu pourvu qu’il touche ces millions.
Cas du Danemark
Dans ce business d’accueillir au Rwanda des réfugiés rejetés par des pays riches contre paiement, le marché le plus récent est celui que vient de conclure Kagame avec le Danemark. Un ministre du Danemark de retour d’un voyage au Rwanda a affirmé avoir signé des accords avec ce pays pour que le Danemark lui envoie tout demandeur d’asile qui arriverait dans ce pays. Devant le tollé et l’indignation même de l’Union Européenne dont le Danemark est membre, le Rwanda a, comme à son habitude, tenté d’éteindre l’incendie en affirmant qu’il ne s’était pas engagé à accueillir les demandeurs d’asile du Danemark.
Pourtant, début juin 2021, le Danemark lui, confirmait bien que le Rwanda allait recevoir les demandeurs d’asile arrivés au Danemark et que l’étude de leurs dossiers se passerait quand ils seront au Rwanda.
Et voilà le type de “ leader” que certains intellectuels ou plutôt “idiots utiles” francophones de l’Afrique de l’Ouest souhaiteraient qu’il vienne régner chez eux ou alors en copier le modèle pour l’imposer à leurs peuples.
Dans le prochain article, nous parlerons de comment Paul Kagame a décidé, contre payement, l’agrandissement du Parc National des Volcans en chassant la population des terres de leurs enceintres sur demande d’une multinationale américaine qui doit gérer ce parc. Nous verrons aussi comment le même Kagame a offert, contre payements occultes, l’espace aérien du Rwanda à des sociétés de construction de drones pour mener des essais en vue de leur homologation.
A suivre donc.
Emmanuel Neretse
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