Paul Kagame a fait main basse sur le commerce juteux de la friperie et sur la culture et la vente du cannabis [Série 8]

8.1. Interdire d’un coup l’importation, la vente et le port des habits de seconde main – friperies – pour donner le marché à une compagnie dont Kagame et sa femme sont actionnaires majoritaires.

 

En 2016, Paul Kagame avait insisté sur le fait que le Rwanda poursuivra son projet visant la suppression progressive de l’importation de vêtements d’occasion malgré les menaces des États-Unis, qui avertissaient que cette décision pourrait mener à la révision de l’éligibilité du pays à un accès hors taxes au marché américain (le fameux AGOA).

 

Paul Kagame s’exprimait ainsi dans le cadre d’une conférence de presse, quelques moments après avoir déposé sa déclaration de candidature pour un troisième mandat de sept ans, auprès de la Commission électorale nationale (CEN).

 

En juin 2018, le même Kagame a annoncé l’intensification de la campagne de répression contre les vêtements usagés, afin de promouvoir les industries nationales.

 

Au-delà des motifs officiellement invoqués pour l’interdiction de ce commerce des friperies au Rwanda, la décision du président Kagame visait d’autres objectifs non avoués.

 

D’abord il faut rappeler que quelques commerçants avaient fait fortune grâce à ce commerce. Ceux-ci se retrouvaient en grande partie au Sud et Centre du pays : centres de négoce de Nyabisindu (Nyanza), Buhanda, ou Ruhango. Or, cette région (préfectures Gitarama-Butare) en plus d’être le berceau de la Révolution sociale et populaire de 1959 qui avait mis fin à la monarchie féodale vieille de plus de quatre siècles pour instaurer un régime démocratique et républicain, elle est supposée être le lieu de naissance de l’actuel dictateur Kagame. En effet, celui-ci serait né à Ruhango en 1957 d’un prince nommé Rutagambwa qui, en 1959 aurait préféré s’éxiler au Burundi que de vivre dans un Rwanda républicain et démocratique, amenant avec lui, non seulement sa femme et enfants dont le jeune Kagame, mais aussi plusieurs de ses serviteurs hutu qui l’ont accompagné comme porteurs jusqu’à l’Akanyaru, rivière faisant frontière avec le Burundi.

 

La suite, on la connaît: après quelques années au Burundi, la famille Rutagambwa alla s’installer en Ouganda où grandit Paul Kagame. N’ayant pas pu poursuivre et achever le cycle inférieur de l’enseignement secondaire, le gringalet et malhabile adolescent Paul Kagame, après avoir été garçon de rue dans Kampala vendant à la criée des œufs en coque et des arachides grillées, alla rejoindre la rébellion du NRM de Museveni qui, après sa victoire, deviendra l’Armée Nationale de l’Ouganda. Kagame deviendra officier supérieur (Major) dans l’Armée de l’Ouganda dont il avait de facto obtenu la nationalitéé.

 

En octobre 1990, quand Museveni décida de rendre l’ascenseur aux officiers de son armée d’origine tutsi qui l’avaient aidé à conquérir le pouvoir en Ouganda, pour qu’à leur tour ils puissent conquérir militairement le Rwanda, le Major Ougandais d’origine rwandaise Paul Kagame se retrouva, dès fin octobre 1990, à la tête de ce corps expéditionnaire de soldats tutsi de l’armée ougandaise. Après une guerre meurtrière de  4 ans, en juillet 1994, Kagame  se retrouva donc maître absolu du Rwanda et de la population de ce pays conquis.

 

Après avoir pris le temps de découvrir et de connaître en général le Rwanda qu’il venait de conquérir et sa région natale de Ruhango en particulier, le conquérant Paul Kagame s’employa à s’approprier systématiquement tout ce qui est trouvable dans cette région: terre, biens immeubles et surtout toute source de revenu.

 

Ayant noté que les commerçants et négociants de cette région avait réussi dans le commerce de la friperie, il s’employa à les ruiner. Les Hutu qui ne furent pas physiquement éliminés par ses escadrons de la mort ont dû mettre la clé sous le paillasson à cause des tracasseries du service des impôts et leurs biens vendus aux enchères. C’est donc pour ruiner les plus tenaces et décourager d’autres d’essayer d’encore de gagner leur vie grâce à cette filière que Paul Kagame a décrété purement et simplement l’interdiction de l’importation et de la vente des habits de seconde main dans son Rwanda conquis.

 

Mais comme toujours, quand l’ancien enfant de rue de Kampala puis enfant-soldat dans la rébellion de Museveni en Ouganda devenu Tout Puissant et dictateur au Rwanda et chien de garde des Super-puissances dans la région de Grands Lacs, peut faire d’une pierre deux coups, il n’hésite pas un instant. Ainsi, en interdisant le commerce des habits de seconde main au Rwanda, il donnait le monopole d’habiller tous les Rwandais ( plus de 10 millions) à une société qui est une filiale du Holding “Crystal Ventures” qui appartient au FPR sur papier mais en réalité qui lui appartient lui seul et sa famille.

 

Comble d’ironie, en guise d’habiller tous les rwandais avec des habits neufs et non de seconde main, la société de Paul Kagame ne fait qu’importer ces friperies ou des rebuts des usines de Chine et de les recycler (teinture, étiquetage, …) et ensuite les revendre aux prix faramineux sous prétexte que ce sont des habits neufs et importés de l’étranger ou “Made in Rwanda”.

 

Mais dans son obsession à humilier et à ruiner ceux de la population conquise qu’il a trouvé prospères ou simplement auto-suffisants à son arrivée au Rwanda, Paul Kagame s’emploie à user de tous les subterfuges pseudo-légaux pour les ruiner.  Et sur ce chapitre, hutu et tutsi qui se retrouvent dans sa ligne de mire et ceux qui refusent de lui céder leurs biens ou de les partager avec sa clique, tombent sous le même couperet.

 

C’est ainsi que les hommes d’affaires qui étaient prospères au Rwanda avant sa conquête et qui l’ont accueilli comme le Messie en 1994 mais qui ne lui ont pas partagé leurs biens, ont été tout simplement ruinés sur ordre du même Kagame. On peut citer sans prétendre être exhaustif, les cas de François Xavier Mironko de l’entreprise Miroplast (fabrication des ustensiles en plastique), Thaddée Musoni héritier des biens de la famille Eliab Ndamage, Makuza Bertin de l’entreprise Rwanda Foam (fabrication des matelas) ou Rubangura Védaste. A ceux là il faudrait ajouter Assinapol Rwigara qui avait pourtant beaucoup contribué financièrement pour soutenir la guerre de conquête du FPR de Paul Kagame, etc.

 

Quant aux hommes d’affaires qui l’ont fui, Paul Kagame a eu encore plus de facilité à saisir illégalement leurs biens immobiliers et depuis, il fait tout pour qu’eux-mêmes ou leurs ayants-droit ne puissent jamais les récupérer. Nous pouvons citer les cas les plus criants comme celui de Félicien Kabuga ou Tribert Rujugiro. Ce dernier est pourtant un tutsi qui a financé toute la guerre de conquête du FPR et qui a grandement contribue à l’affermissement à Kigali du pouvoir des conquérants tutsi venus d’Ouganda après 1994 avant de se brouiller avec Kagame.

 

8.2. Comment, après avoir légalisé la culture et la commercialisation du cannabis au Rwanda, Paul Kagame a donné le monopole pour la culture et la vente de ce stupéfiant à sa société familiale.

 

Depuis 2017, une vague de légalisation de la vente, et donc de la culture du cannabis a déferlé sur le monde. Certains pays sont même allés jusqu’à la commercialisation de ce stupéfiant comme un vulgaire article de consommation, alors que les initiateurs de cette légalisation l’avaient destiné à des fins thérapeutiques.

 

Il devint dès lors évident que la culture et la commercialisation de ce stupéfiant était une source jaillissante et inépuisable de revenus financiers. Ceci du fait que les personnes devenues accros et dépendantes sont prêtes à donner tout ce qu’elles possèdent et même à commettre des vols et des crimes de sang pour avoir leurs doses quotidiennes (souvent quelques grammes vendus à prix d’or) de cannabis.

 

Dans son obsession pour l’accaparement de l’argent et pour s’approprier tout secteur susceptible de générer un quelconque revenu dans son Rwanda conquis, le dictateur Paul Kagame a immédiatement saisi l’opportunité offerte par le marché du cannabis désormais ouvert. La décision de se lancer dans la culture et le commerce du cannabis fut alors prise en 2020 et fut officialisée le 13 octobre 2020.

 

Mais l’on attendra juin 2021 pour que le ministre de la Santé annonce à l’opinion rwandaise l’arrêté définissant les modalités de cette filiale commerciale du cannabis.

 

Cet arrêté fut un pas décisif pour réaffirmer la volonté de Kagame de sauter sur l’occasion qui lui est offerte via le commerce du cannabis pour gagner de l’argent. En effet au-delà de son Rwanda, le cannabis est prisé dans les pays étrangers et est aussi demandé par l’industrie pharmaceutique à travers le monde.

 

Sans surprise, on apprendra que l’entreprise qui était autorisée à cultiver cette plante et surtout à la commercialiser avait déjà été choisie et que toute autre personne physique ou morale s’adonnerait à cette activité (culture ou vente de cannabis) serait lourdement sanctionnée. Comme toujours et comme dans d’autres secteurs générant de l’argent, cette heureuse entreprise choisie se trouve être une filiale de Crystal ventures ‘‘appartenant au FPR’’.

 

En 2019, le marché du cannabis se chiffrait à 150 milliards de dollars et avec les perspectives d’atteindre 272 milliards en 2028 comme le déclare la banque Barclays Bank.

 

Le Rwanda devient donc un des rares pays d’Afrique qui ont légalisé la culture et la vente du cannabis, aux côtés de l’Afrique du Sud, du Ghana, du Malawi ou du Lesotho.

 

Et voilà le type de “leader” que certains intellectuels ou plutôt “idiots utiles” francophones de l’Afrique de l’Ouest souhaiteraient qu’il vienne régner chez eux ou alors en copier le modèle pour l’imposer à leurs peuples.

 

Le prochain article de la série parlera des contradictions flagrantes dans la politique menée par le président Paul Kagame et son régime et qu’il n’est pas permis de relever quand on est au Rwanda. Le comble est que la “communauté internationale” et sa presse se doivent de les amplifier et de les accompagner.

 

A suivre donc.

 

Emmanuel Neretse

 

 

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