Des propos prémonitoires contre la sécurité des membres de ma famille vivant au Rwanda
Le 25 mai 2022, dans une vidéo d’une rare virulence, 4 suppôts du Front Patriotique rwandais (parti du président Paul Kagame au pouvoir au Rwanda) se sont lancés dans une attaque contre ma personne. Mon péché est d’avoir dénoncé les sévices infligés à la journaliste Uwimana Nkusi Agnès. Alors qu’elle s’était rendue à la prison de Mageragere (Kigali) pour une visite à son collègue Cyuma Hassan qui y est détenu, elle a été appréhendée par 4 gardiennes qui l’ont mise dans une salle, l’ont déshabillée, et ont, entre autres, saccagé ses parties génitales. Elle a passé quelques jours à se faire soigner et, en convalescence, c’est en sanglots qu’elle a raconté ce qui lui est arrivé, sur sa chaîne Youtube.
J’ai condamné ces actes de torture en faisant ressortir que le pouvoir en place est responsable car c’est lui qui a sans aucun doute donné des instructions pour ce forfait, le but étant d’intimider cette journaliste qui reste la seule, sur la scène intérieure, qui ose dénoncer les dérives du régime politique rwandais.
Le groupe des 4 me reproche donc d’avoir sauté sur l’occasion pour, selon leurs propos, « salir l’image du pays et de ses institutions ». Tour à tour, les invités d’Albert Rukerantare que sont Félicité Lyamukuru, Alphonse Bizimana et Théophile Kagabo, ont fait le tour de mes activités, les orientant négativement, exhibant des documents dont la crédibilité a été mise en cause par des instances habilitées, etc.
Mais là où le bât blesse, c’est vers la fin de la vidéo. Théophile Kagabo suggère que je sois mis dans leur collimateur pour que mes faits et gestes soient surveillés quotidiennement. Ce n’est pas tout, ce monsieur semble insinuer que les membres de ma famille au Rwanda ne devraient bénéficier d’aucun droit. L’extrait de son intervention ci-dessous en dit long.
Quand on suit ce qui se passe au Rwanda, il y a lieu de s’inquiéter. Le pouvoir de Kigali a montré sa nocivité envers ses opposants politiques, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Des disparitions, des assassinats, des agressions physiques, sont monnaie courante.
A cela s’ajoute que les services de sécurité rwandais s’en prennent régulièrement aux membres de familles de ceux qu’ils considèrent comme n’étant pas en phase avec le pouvoir du FPR.
L’intervention de Théophile Kagabo n’est donc pas anodine. Il lance des menaces à peine voilées contre ma personne et contre les membres de ma famille vivant au pays. Ici je voudrais rappeler que mes proches, qui sont encore en vie, sont des rescapés des massacres opérés par le FPR dans la « zone démilitarisée » au nord du pays. En effet, après l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, les militaires du FPR se sont lancés dans des massacres de populations civiles des zones qu’ils avaient conquises. C’est ainsi que mon père, mes frères, mes oncles, mes neveux, etc. ont été regroupés et atrocement assassinés.
Au vu des propos de Théophile Kagabo, je voudrais le mettre en garde : si quelque chose devait m’arriver, à moi ou aux membres de ma famille vivant au pays, qu’il sache qu’il sera tenu pour responsable.
Gaspard Musabyimana
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