Agression de la RDC par le Rwanda via le M23/Kagame. Paul Kagame use et abuse de la notion de “génocide contre les tutsi”?
Historique
L’on se souviendra que le régime dictatorial de P. Kagame tire sa “légitimité” et surtout son impunité du fait qu’il clame partout qu’il a conquis militairement le Rwanda en juillet 1994 pour y “arrêter un génocide contre les tutsi”. Or, on sait aussi que quand les éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda ont envahi le Rwanda en octobre 1990, ceux-ci voulaient court-circuiter l’accord entre le Rwanda, le HCR et le pays hôte qu’est l’Ouganda pour trouver une solution définitive au problème des réfugies tutsi dans ce pays et qui devait entrer en vigueur justement en octobre 1990.
L’on se souviendra aussi que les mêmes éléments tutsi de l’armée ougandaise sous le commandement de P. Kagame après avoir renversé le régime de Juvénal Habyarimana en le remplaçant par les politiciens internes et ses complices en avril 1992, avait, pour peser sur les négociations en cours à Arusha en Tanzanie, rompu le précaire cessez-le-feu en février 1993 en évoquant un prétendu génocide qui serait en train d’être commis contre les tutsi du Bugesera et de Bigogwe.
Cerise sur le gâteau, le FPR de P. Kagame, pour enterrer les accords de paix qui venaient d’être signés à Arusha en août 1993, a assassiné le président Habyarimana, ce qui déclencha des troubles inter-ethniques. Paul Kagame, soutenu par l’Ouganda comme d’habitude, lança alors une offensive généralisée sur tous les fronts. Il s’opposa catégoriquement à toute initiative de la communauté internationale tentant à venir au secours des population civiles innocentes. Il envoya à l’ONU ses émissaires pour dire que toute force étrangère qui interviendrait pour sauver les rwandais serait considérée comme ennemie et traitée comme telle.
Enfin en juillet 1994, après la conquête militaire totale du Rwanda, il aura le culot de déclarer qu’il vient d’y arrêter un génocide. Alors que c’est lui qui l’avait conçu, déclenché et exécuté.
Coups réussis
Le jeu du “génocide contre les tutsi” a, depuis trois décennies, toujours réussi à P. Kagame et son FPR.
Dès sa conquête militaire du Rwanda en 1994, l’ONU a mis en place un Tribunal Pénal International pour le Rwanda, TPIR en sigle. Celui-ci était théoriquement censé juger tous les responsables présumés des crimes commis au Rwanda entre le 01 janvier et le 31 décembre 1994. P. Kagame a réussi à dévoyer ce tribunal en en faisant un tribunal des vainqueurs pour juger les vaincus de la guerre de sa conquête militaire. Son seul argument: “être venu pour arrêter le génocide contre les tutsi”.
Dans la foulée, P. Kagame reçut le feu vert pour conquérir le Zaïre en 1996. L’argument massue qu’il assénait à l’opinion était qu’il y allait pour “poursuivre les génocidaires hutu qui l’ont échappé en 1994 et qui risquaient de revenir”. Mais après avoir démantelé les camps de ces réfugiés hutu situés au Nord et au Sud Kivu, personne ne s’est posé la question de savoir comment il s’est retrouvé à Kinshasa à 2000 km de ces camps pour y installer un pouvoir et y imposer son aide de camp James Kabarebe comme Chef d’Etat-Major Général des Armées du Congo.
En 2001, lorsque le congolais qu’il avait placé au pouvoir à Kinshasa et qu’il croyait n’être qu’un pantin, Laurent Désiré Kabila, manifesta son désir d’autonomie, il fut froidement assassiné dans son cabinet de travail par un des gardes de corps que lui avait collé James Kabarebe. Encore une fois, le seul argument de Kagame pour justifier son crime fut que ce LD Kabila avait appelé au génocide des tutsi et que donc il devait mourir.
Enfin, en 2015, le même Paul Kagame sur recommandation et soutient de certaines puissances occidentales, fomenta un coup d’Etat au Burundi avec pour objectif d’y installer un régime tutsi au modèle de celui en cours au Rwanda depuis 1994. L’occasion était un troisième mandat controversé du président alors en place Pierre Nkurunziza. Le coup d’Etat ayant échoué et P. Kagame pris la main dans le sac car son ambassade à Bujumbura se révèlera être une véritable poudrière et magasin d’armements, l’homme fort Kigali s’en sortira encore en prétendant que le régime Nkurunziza allait commettre un “ génocide contre les tutsi”.
Choix du moment: nouveau coup tenté le 12 décembre 2022
On le sait, depuis 2022, P. Kagame a encore envahi le Nord Kivu cette fois-ci de façon massive et spectaculaire sous la couverture d’une fantomatique rébellion tutsi congolaise dénommée M23 et dont on n’entendait plus parler depuis 2013. A moins de quelques mois, Paul Kagame a conquis, avec son M23, des territoires deux fois plus étendus que son Rwanda conquis pendant quatre ans.
Mais cette fois-ci, la classe politique congolaise, la Société civile, les confessions religieuses sont tous unis pour exprimer leur révolte et indignation devant l’opinion internationale qui ne s’émeut pas du sort des populations congolaises qui continuent d’être massacrées par P. Kagame au moment où ce dernier est présenté comme un “sauveur et visionnaire” de l’Afrique.
Mais c’est après le massacre de près de 300 civils innocents à Kishishe au Nord Kivu le 29 novembre 2922 par le M23 /Kagame qui contrôle cette localité que la révolte des congolais et de toute personne éprise de paix et de justice devient compréhensible.
En riposte et pour faire taire les cris de colère, P. Kagame vient de sortir son arme “Ultima ratio regum ”** et qui lui a toujours réussi car il fait taire toutes les voix discordantes. Il brandit, depuis le 11 décembre 2022, que ce soit dans les camps des réfugiés tutsi congolais (dans lesquels sont recrutés des jeunes pour le M23) ou même à Bunagana que son armée occupe depuis juin 2022, que ”les Tutsi congolais subissent un génocide!”.
Ce show médiatique qui bat son plein au Rwanda et dans Rutshuru en RDC se passe au moment où se tient depuis, ce mardi 13 au jeudi 15 décembre 2022, le Sommet des Etats Unis et Afrique à Washington. Tous les Chefs d’Etats africains se retrouveront donc face à Joe Biden et ce sera aussi une occasion de faire du lobbying qui, pour vendre sa cause, qui, pour faire occulter ses problèmes. Paul Kagame ayant donc les plus grands lobbies des Etats Unis entre ses mains, lobbies qui influencent grandement les décisions du Gouvernement des USA et donc de ses états satellites, le moment choisi pour brandir son arme ultime: “arrêter le génocide”, a été soigneusement choisi.
Jusqu’à quand et limitation?
Toute personne de bonne volonté et douée d’humanité pourrait se demander jusqu’à quand un dictateur sanguinaire comme P. Kagame continuera à berner le Monde et à faire passer ses actes criminels comme des bienfaits de l’Humanité. Le plus dur à comprendre, c’est que les mêmes puissances qui nous prêchent la démocratie, le respect des droits de l’Homme, l’Humanité,…, sont les mêmes qui encensent un plus grand criminel de l’Histoire qu’est P. Kagame et qui même lui indiquent quand et comment faire passer ses crimes pour des actes humanitaires.
Parades possibles du peuple congolais
Jusqu’à présent les congolais, contrairement à d’autres occasions, nous semblent cohérents et responsables. Ils ont d’abord évité le piège que leur tendait Kagame pour qu’ils déclarent que les tutsi sont à combattre. Au contraire le Président Tshisekedi a rencontré les dignitaires de différentes communautés dont les tutsi, en leur assurant la protection de l’état dans le cadre de ses lois. En plus, toute stigmatisation d’une ethnie ou tribu (la RDC en comptent plus de 400) est immédiatement sanctionnée.
Ensuite, les politiciens évitent, jusqu’ici, de se précipiter dans la brèche que leur a ouvert P. Kagame et ses maîtres consistant à leur promettre que celui qui se prononcera comme soutien du M23 sera le prochain Président. Piège dans lequel les nigauds hutu rwandais sont tombés en1992-1994 par soif de remplacer Habyarimana à la présidence. Mais ils ont déchanté.
Ceci dit, les congolais de tous bords (politiciens, intellectuels, hommes d’affaires, de presse, …) n’ont qu’à concentrer leurs efforts sur le lobbying car comme ils sont d’accord sur l’essentiel (sauvegarder l’unité de la RDC, déjouer les calculs diaboliques du tutsi P. Kagame…), le reste est à leur portée.
Emmanuel Neretse
**Ultima ratio regum : le dernier argument des rois, c’est-à-dire la guerre.
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