RDC/Bunagana. Des audiences publiques exigées pour comprendre ce qui s’est réellement passé et revoir les stratégies
15 juin 2022. La cité de Bunagana passait entre les mains de la coalition RDF-UPDF-M 23. Et depuis, c’est un mur d’opacité qui ne permet pas aux Congolais de savoir ce qui se passe sur cette partie du territoire national. Anormal. Car, on ne peut pas rester longtemps sans savoir ce qui se passe derrière le rideau. De Bunagana jusqu’à Kibumba, tout échappe aux FARDC et aux autorités étatiques. Les Forces régionales sont venues ajouter à cette opacité une deuxième couche pour ne plus rien comprendre ni savoir. Au demeurant, la faute revient à la RDC. La chute de Bunagana a laissé un message non crypté jusqu’à ce jour. Et pour cause ? Difficile à réaliser. La RDC est plongée dans un sommeil cataleptique. Et pourtant !
Au lendemain de la chute de Bunagana, le lieutenant-général Philémon Yav, commandant 3ème Zone de défense et commandant au front a fait arrêter deux colonels qu’il a accusés de fuite devant l’ennemi, les colonels Jean-Marie Ndiadia (commandant 3407 Régiment) et le colonel Désiré Lobo Kamuhanda (commandant 3407 Régiment). Ils moisissent à la prison de Munzenze attendant d’être jugés. Quelques jours après, ce fut le tour du général Yav Philémon d’être arrêté pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi. On assista à la série noire avec la mort par « empoisonnement » du général Tshinkobo, Commandant 34ème Région militaire. En clair et en croire la justice militaire, deux camps sont à la base de la chute de Bunagana. Le premier, celui de deux colonels qui auraient fui devant l’ennemi (et pour quelles raisons ?) et le deuxième, celui du général Yav qui jouait à l’agent double au service de l’ennemi. Le général Yav aurait –il été plus rusé pour faire porter le chapeau aux deux colonels qu’il a fait arrêter avant que l’épée de Damoclès ne tombe sur lui ?
Il est toutefois incompréhensible que la justice militaire soit lente dans une affaire qui a fait des morts parmi les civils et les militaires et qui engage la souveraineté de la RDC en laissant séparément les deux camps (celui de la fuite devant l’ennemi et celui de la haute trahison) sans être jugés. Tout comme, à moins de souffrir d’une cécité, il est naïf de croire que l’on peut récupérer Bunagana avec les mêmes troupes sans avoir déniché au préalable les réseaux d’infiltration des FARDC. Car, si le général Philémon Yav a effectivement été en contact avec l’ennemi, il faut croire qu’agissant en réseau, ce réseau existe encore au front. Et donc, il continue d’opérer en toute quiétude et impunité.
D’autre part, il faut que les colonels Ndiadia et Lobo expliquent pourquoi ils ont fui devant l’ennemi, si fuite il y a eu effectivement. Cela ne peut se dérouler que devant une justice militaire impartiale et soucieuse de servir le pays en état d’agression. Les autorités ont besoin d’avoir la lumière sur les deux faits reprochés aux uns et autres. De la sorte, les vérités découvertes et réunies puissent aider à une bonne planification de la guerre pour récupérer les localités conquises.
A ce jour, le secteur opérationnel Sukola II n’existe que sur papier par ce que la RDF-UPDF/M 23 a réussi à imposer une zone tampon qui ne dit pas son nom avec interdiction formelle d’accès aux FARDC. La justice militaire, une et indivisible, doit faire jonction de deux affaires et ouvrir les débats. L’État-major général des FARDC doit inviter le gouvernement à travers le ministère de la Défense nationale à débloquer de l’argent pour un procès équitable retransmis en direct pour connaître les tenants et les aboutissants sur la chute de Bunagana.
Antoine-Henri Jomini enseigne qu’« Un État attaqué par son voisin qui réclame de vieux droits sur une province, se décide rarement à la céder sans combattre. Il préfère défendre le territoire qu’on veut lui arracher jusqu’au sacrifice suprême. Ce qui est toujours plus honorable et plus naturel ». Et pour bien défendre la partie Rutshuru que les deux voisins veulent balkaniser, il est important de connaître ce qui s’est réellement passé sur le front pour que les FARDC arrivent à perdre Bunagana et la suite. Ce qui a permis à la coalition RDF-UPDF de camper aux portes de Goma.
La Rédaction/Les Coulisses
Source : https://lescoulissesrdc.info
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