Agression de la RDC par le Rwanda en M23

Pourquoi le régime de Paul Kagame est engagé dans une fuite en avant pour entrer en guerre ouvertement avec la RDC en ce fin janvier 2023. [PERINTREP I (Periodic Intelligence Report ) de Janvier 2023]


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le régime de Kagame au Rwanda , sur avis aussi de ses puissants conseillers, estime que la guerre ouverte avec la RDC reste son seul salut pour survivre et surtout pour espérer assouvir sa soif de domination des peuples de la région par son clan tutsi et au passage créer un “Tutsiland” à l’Est de la RDC. Si cette occasion est ratée, tous ses projets tomberaient à l’eau.

C’est ce que nous allons monter dans ce rapport périodique.

 

Succession des faits de défiance et de provocation de la part du régime Kagame

 

Refus de suivre la feuille de route établie à Luanda en novembre 2022 défiant ainsi les chefs d’Etats de la région :

L’on se souviendra que les chefs d’Etats de la région réunis à Luanda en Angola début novembre 2022 avaient donné 7 jours au M23/Kagame pour déposer les armes, évacuer les positions conquises et laisser les populations qu’il a chassées de leurs biens y revenir et tout cela “sans conditions”. Non seuulement ce délai et cet ultimatum ne furent pas respectés, mais au contraire le M23 a conquis d’autres zones plus larges et plus enfoncées à l’intérieur de la RDC, que celles qu’il occupait en novembre 2022. Au lieu d’en être sanctionné, il en fut félicité!

 

Deux mois après, la force de l’EAC envoyée en RDC et censée faire appliquer les décisions des chefs d’Etats s’est substituée à ceux-ci et s’est liée d’amitié avec les combattants terroristes du M23/Kagame avec qui ils ont même conclu des accords, contournant les décisions des chefs d’Etats au grand bonheur de ces terroristes qui en ont profité pour se faire de la publicité et surtout pour se faire accepter comme “interlocuteurs incontournables”.

 

C’est ainsi que ce M23/Kagame s’était entendu avec le commandement de cette force de l’EAC qu’au plus tard le 15 janvier 2023, il aurait évacué toutes les positions comme l’avait ordonné les chefs d’états. Mais avec un refus poli adressé à ses amis de la force de l’EAC, le M23/Kagame n’a pas non seulement respecté le délai du 15 janvier 2023 pourtant fixé par lui-même pour évacuer, mais a multiplié les conquêtes sous le regard amusé et admiratif de la force de l’EAC et au grand dam de la population encore déplacée alors que depuis deux mois on lui avait promis le retour dans ses biens.

 

Quand évacuation signifie “dispersion et nouvelles conquêtes” pour le M23 /Kagame et le commandement de la force de l’EAC.

Dans ce jeu de dupes auquel se livrent la force de l’EAC et ses amis du M23/Kagame en RDC, on retiendra au moins que certaines notions revêtent plusieurs significations et quelques fois contraires à celles connues de  “monsieur tout le monde”. Ainsi, quand le M23/Kagame dit avoir évacué Kibumba et Rumangabo, et la Force de l’EAC reconnaît en être témoin, ceci signifierait que “évacuer une position” c’est y rester avec quelques éléments pour le rendre inaccessible à ses déplacés chassés auparavant  et répandre le gros de ses troupes plus loin et plus en force.

 

Enfin, ce mois de janvier 2023 risque de voir s’achever l’encerclement de la ville de Goma et au passage l’asphyxier en coupant toutes les voies de ravitaillement de cette ville de plus d’un million d’habitants sans compter les récents déplacés des territoires conquises par M23/Kagame. En effet , le M23/Kagame, en disant évacuer Kibumba et Rumangabo (les seules positions soi-disant évacuées sur plus d’une des dizaines dont Bunagana, désignées dans la feuille de route de Luanda) est en train de boucler l’encerclement du chef-lieu de la province du Nord Kivu car coupé du reste du monde, du Nord-Est au Sud-Ouest. Goma n’a plus d’ouverture sur l’extérieur que le Lac Kivu (et encore!) et sur Gisenyi en face au Rwanda.

 

Le paroxysme du mardi 23 janvier 2023

 

L’artillerie antiaérienne de Kagame a tiré plusieurs missiles sol-air sur un Sukhoi-25 de la Force Aérienne de la RDC qui rentrait d’une mission de reconnaissance en profondeur dans la province du Nord Kivu et qui amorçait  sa descente sur l’ Aéroport International de Goma. On a frôle le pire, car l’avion, même touché, a pu se poser quelques instants après sur la piste de l’aéroport de Goma.

 

La situation était déjà tendue en début de journée du mardi 23/1. Sur au moins deux lignes de front, des tirs étaient entendus. Les  militaires rwandais venus fraîchement appuyer les combattants du M23 notamment près de Kitchanga, dans le territoire de Masisi avaient lancé une offensive en vue d’étendre la zone qu’ils contrôlent mais surtout couper la seule voie de communication qui relie encore la partie Nord au reste de la province du Nord Kivu. Mais les FARDC sont parvenues à les contenir et les repousser même si les combats continuaient deux jours plus tard.

 

Pourquoi une fuite en avant pour se précipiter dans une guerre ouverte?

 

La situation actuelle (guerre contre la RDC sous le couvert d’un groupe terroriste M23) n’est pas favorable au régime Kagame et donc pas souhaitable par lui dans la durée. En effet, cette situation ne lui permettra pas longtemps la possibilité de fournir des renforts et des ravitaillements à ses éléments déjà sur le terrain en RDC et cela “en cachette” ou de façon détournée comme c’est le cas.

Ceci a pour conséquence logique qu’il ne pourrait pas étendre ses conquêtes au Nord Kivu ou même permettre à ses éléments qui y sont déployés de garder et de maintenir les zones déjà conquises.

 

Par contre, le temps travaille en faveur d’une montée en puissance des FARDC et si la situation de guerre actuelle perdurait, elles écraseraient les éléments de Kagame déployés au Nord Kivu ou à défaut les bouteraient hors du territoire congolais les mois prochains. Ce scénario signifierait la fin des ambitions de Paul Kagame de conquérir le pouvoir politique en RDC comme en 1997 ou à défaut de s’emparer de l’Est de ce pays pour en faire un “Tutsiland”, noyau du fameux ‘‘Empire Hima-Tutsi” des Grands-Lacs.

 

La situation en cas de guerre ouverte et déclarée entre la RDC et le Rwanda est la plus favorable à Kagame et donc la plus souhaitable pour lui, d’où sa fuite en avant dans ce sens. En effet, en cas de guerre ouverte et déclarée contre la RDC, Paul Kagame interviendrait ouvertement pour renforcer et imposer ses éléments du M23. Et à défaut de conquérir militairement les 2 millions de km2 de la RDC, il lui infligerait des destructions et des pertes énormes insoutenables par la population qui préférerait se soumettre à l’envahisseur que de crever.

 

Ceci, Paul Kagame le croit possible car ses soutiens régionaux et occidentaux existent toujours mais sont trop embarrassés pour le soutenir ouvertement dans sa présente guerre d’agression sous le couvert d’un groupe terroriste. Ces soutiens s’en tiennent jusqu’à présent à lui éviter des sanctions et à faire occulter la voix de la RDC.

 

Alors que si la guerre entre la RDC et le Rwanda était ouvertement déclarée, tout lui serait permis. Les chars lourds et les avions de combats sans parler des pièces d’artillerie… lui seraient fournis et arriveraient au Rwanda en pagaille à l’exemple de ce qui se passe en Ukraine de Zelensky.

 

Piège dans lequel la RDC ne doit pas tomber et attitude à adopter

 

La RDC doit attendre que ce soit Paul Kagame qui lui déclare officiellement la guerre et pas l’inverse.

 

Attitude responsable et clairvoyante de la RDC.

Mais entretemps, la RDC devrait continuer à œuvrer à la montée en puissance des FARDC pour combattre les éléments de Kagame déjà en RDC sous l’étiquette de M23 avec l’objectif de les neutraliser et à défaut de les bouter hors du territoire national.

 

Parallèlement, il faut continuer à veiller à l’intégrité de son territoire en prenant le monde à témoin et en montrant les muscles et à répondre au coup par coup s’il le faut , mais sans céder à la provocation de Kagame , ce qui serait lui venir en aide sans sa fuite en avant dans sa recherche d’une guerre ouverte et déclarée.

 

Bref, la situation à l’Est de la RDC entre dans une phase cruciale et décisive. Mais le statu quo et le flou diplomatique volontairement entretenu sont, avec le temps paradoxalement, plutôt bénéfiques à la RDC qui, elle, n’est préoccupée que par la défense de sa population et à l’intégrité de son territoire, tâches auxquelles ses FARDC doivent s’adonner en toute circonstance (de guerre d’agression déguisée ou de guerre déclarée). Par contre, Paul Kagame, convaincu et instruit par ses conseillers que la situation risque de lui échapper,  s’est lancé dans une fuite en avant pour entrer en guerre ouverte et déclarée avec la RDC.

 

Les sages le laisseraient s’égarer dans ses fantasmes “d’enfant gâté” de l’Occident, mais en le jalonnant pour que le moment venu il soit stoppé net dans sa folle course vers une hypothétique conquête et balkanisation de la RD Congo.

 

Emmanuel Neretse

 

 

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