Paul Kagame, le Rwanda et les assassinats sans frontières
La version française du livre de Michela Wrong (Rwanda : assassins sans frontières) est disponible en librairie depuis quelques jours.
En entrevue à TV5, la journaliste britannique, qui a couvert les évènements dramatiques d’avril-juillet 1994 au Rwanda, affirme que la vision qui était la sienne au lendemain du génocide rwandais a considérablement évolué. À l’instar de nombreux journalistes, universitaires et membres d’ONG occidentaux, Michela Wrong avait en effet ingurgité le récit officiel qui fait de Paul Kagame et de son mouvement politico-militaire (FPR, Front patriotique rwandais) les « sauveurs » du Rwanda ayant mis fin au génocide… qu’ils avaient pourtant provoqué en assassinant les présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi.
Mais au regard du comportement hautement criminel de Paul Kagame et du FPR dans la région des Grands Lacs et au-delà, la journaliste britannique a décidé d’enquêter pour voir clair, comme on dit.
J’ai rencontré Michela Wrong en 2016 à Londres, où j’étais invité à donner une conférence. À l’occasion, elle m’a invité à prendre un café dans un resto de la place où nous avons longuement parlé de la situation au Rwanda et dans la région des Grands Lacs. Nous avons même échangé nos ouvrages, la journaliste m’ayant remis un livre qu’elle a écrit sur le Maréchal Mobutu, il y a plusieurs années.
Quand j’ai lu la version anglaise de son livre sur le Rwanda de Paul Kagame (Do Not Disturb: The Story of a Political Murder and an African Regime Gone Bad) deux ans plus tard, j’étais agréablement surpris. Surpris par la qualité de l’enquête, mais aussi et surtout par le courage de Michela, qui n’a pas hésité à reconnaître qu’elle s’était trompée sur la réalité des évènements survenus au Rwanda. Une réalité que des gens comme Charles Onana, Pierre Péan, Abdul Ruzibiza, Judi Rever et moi-même n’avons cessé d’exposer, parfois avec beaucoup de difficultés. Celui qui a dit que le temps est le meilleur allié de la vérité n’avait pas tort.
Avec son enquête, Michela Wrong nous conforte dans notre position sur les évènements survenus au pays des Mille collines. Et on ne peut que saluer son courage car dans le dossier du Rwanda, interroger la doxa officielle, c’est avoir tort par défaut et être mûr pour l’asile, même si l’on est mieux informé sur le sujet que ceux qui s’arrogent le monopole de la vérité sur ce drame et condamnent à tour de bras ceux qui ne pensent pas comme eux.
Patrick Mbeko
Source : Facebook
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