Rwanda : La journée internationale des victimes de disparitions forcées interpelle sur le droit à la justice, le droit à la vérité et la lutte contre l’impunité!
Déclaration N°09/2023 du 30 août 2023
Les Nations Unies célèbrent le 30 août de chaque année la journée internationale des victimes des disparitions forcées. Célébrer cette journée au niveau international et national c’est rappeler aux Etats le respect de la dignité humaine. C’est rappeler aux gouvernants le rôle des Etats dans la protection de tous et la défense des droits humains.
Ce 30 août 2023, « l’ONU s’inquiète de l’augmentation des cas de disparition forcées et le groupe de travail sur les disparitions involontaires de la commission des droits de l’homme des Nations Unies exprime son inquiétude sur le nombre croissant de cas de disparitions forcées dans le mode » cfr Journée Internationale des personnes disparues, le 30 août (journee-mondiale.com).
Le nombre de personnes disparues au Rwanda depuis la prise du pouvoir par le FPR en juillet 1994 est inconnu à nos jours. Les personnes disparues se comptent par milliers. Ce sont des milliers qui ont été emmenés que les proches n’ont jamais revus ! Des auteurs de ces actes de disparitions forcées sont bien connus dans les milieux rwandais et sont restés impunis. Les victimes ont été souvent emmenées par les autorités de sécurité mais les proches sont terrifiés à l’idée de demander pourquoi et où elles ont été emmenées. Ils ne connaissent pas le sort des leurs qu’on a fait disparaitre forcément.
Pour certains, des organisations des droits de l’homme ont alerté sur leurs disparitions forcées mais le gouvernement rwandais n’a jamais voulu clairement enquêter sur leur sort. Il a souvent donné des réponses vagues laissant penser à la responsabilité des services de sécurité rwandais dans ces disparitions forcées.
Lors des différentes sessions de l’EPU organisées par le Conseil des droits de l’homme, Le gouvernement rwandais a toujours refusé des recommandations lui demandant de signer et de ratifier la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.
Ces disparitions s’apparentent souvent aux enlèvements forcés surtout que la plupart du temps ces disparues avaient précédemment reçus des menaces ou avertissements des services de sécurité ou des trolls du régime.
A titre illustratif, citons le cas notamment de : Matuje Aphrodis, ancien enseignant. Il est porté disparu depuis le 26/05/2022; aucun signe de vie pour ses proches et ses amis ; Boniface Twagirimana, membre d’un parti politique de l’opposition FDU inkingi, enlevé dans la prison de Mpanga dans le sud du Pays depuis octobre 2018 ; de Mme Illuminée Iragena, disparue depuis le 26 mars 2016 ; d’Eugène Ndereyimana, membre du parti d’opposition FDU Inkingi, disparu depuis le 15 juillet 2019; de Venant Abayisenga, membre du parti d’opposition FDU Inkingi, disparu depuis le 06 juin 2020.
Il s’agit aussi du poète Bahati Innocent disparu depuis le 07 février 2021; Ndamira Jean de Dieu, blogueur disparu depuis le 09 mars 2018, de Kavenya Emmanuel Kanguka, actif sur Facebook, disparu fin mai 2021.
Les cas de disparitions forcées qui ont fait l’objet d’alerte et de signalement dans les rapports devant les institutions des droits humains au niveau des Nations Unies ou autres institutions sont notamment ceux du Colonel Cyiza Augustin disparu depuis 2003, du parlementaire médecin Hitimana Léonard disparu depuis le 07 avril 2003 et du poète Bahati Innocent ci-haut mentionné. Le gouvernement rwandais a fourni des explications vagues et improbables en évitant de dire clairement qu’ils ont été assassinés ou de donner des preuves qu’ils sont vivants.
En célébrant la journée internationale des victimes de disparitions forcées, demandons ensemble au gouvernement rwandais de ratifier la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.
En célébrant la journée internationale des victimes de disparitions forcées, exigeons ensemble que le Rwanda respecte le droit à la vérité célébré le 24 mars de chaque année afin que les familles, les proches et les amis des victimes de disparitions forcées au Rwanda connaissent « la vérité absolue et complète quant aux événements qui ont eu lieu, aux circonstances spécifiques qui les ont entourés, et aux individus qui y ont participé, y compris les circonstances dans lesquelles les violations ont été commises et les raisons qui les ont motivées » (Journée internationale pour le droit à la vérité en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l’homme et pour la dignité des victimes | NationsUnies).
Pour la coordination de l’ODHR,
Laurent MUNYANDILIKIRWA
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