FPR Inkotanyi : 1994-2024, trente ans au pouvoir. Quel bilan ?

Il y a trois décennies, le FPR INKOTANYI a conquis le pouvoir par des armes au Rwanda, à l’issue d’une violence indescriptible et un chaos sans précédent, avec comme conséquences de nombreuses pertes en vies humaines et un grand nombre de Rwandais devenus réfugiés.

 

Dans ce document, nous allons analyser le bilan de cette période de trente ans, en nous basant sur les huit points que le FPR a mis en avant pour  justifier le recours à la guerre contre le Rwanda. Un neuvième point a été  ajouté après la prise du pouvoir.

 

  • 1. Restaurer l’unité nationale

 

Il est essentiel de reconnaître l’importance de restaurer l’unité parmi les Rwandais. Le gouvernement rwandais, par le biais de la Commission Unité et Réconciliation, avance que l’unité et la réconciliation des Rwandais atteignent un niveau de 94 % : « Selon la nouvelle enquête de 2020 menée par la Commission nationale pour l’unité et la réconciliation, le taux de réconciliation au Rwanda a atteint 94%. Cette enquête, conduite tous les cinq ans, révèle une progression significative dans la promotion de l’unité et de la réconciliation au sein du pays » (BBC, 2021). Cependant, cette affirmation soulève des interrogations quant à sa véracité. Comment peut-on réellement parler de réconciliation lorsque la majorité de Rwandais ont été victimes de violences atroces perpétrées par le FPR et que leurs proches ne peuvent pas obtenir justice ? Comment pouvons-nous aspirer à la réconciliation en ne sanctionnant que les crimes commis pendant le génocide, alors que seul le camp des vaincus semble avoir été puni ?

 

Par ailleurs, les disparités discriminatoires dans le traitement des orphelins et des veuf (ve)s de ces violences illustrent également de profondes et persistantes divisions. Les orphelins Tutsis bénéficient d’un soutien financier pour leur éducation et pour leurs besoins de base, tandis que les orphelins Hutus ne bénéficient pas d’un tel soutien. Ces deux exemples d’inégalités dans le traitement des rwandais (justice et soutien aux nécessiteux) témoignent du chemin restant à parcourir vers une véritable unité et une réelle réconciliation au Rwanda.

 

En somme, les défis à surmonter pour parvenir à une véritable unité et une réelle réconciliation au Rwanda sont nombreux et complexes. Il est impératif de reconnaître ces réalités et de travailler collectivement pour surmonter les divisions et les injustices du passé, afin de construire un avenir où tous les Rwandais peuvent vivre en paix et en harmonie. L’absence de volonté politique est le principal moteur des injustices. Le FPR a toujours menti : il attise la haine, les violences entre rwandais ainsi que les divisions qui en découlent, ce qui est contraire à la cohésion nationale et à l’objectif affiché de restaurer l’unité nationale.

 

  • 2. Préserver la souveraineté nationale et la sécurité des personnes et des biens

 

Il est impératif de renforcer la souveraineté et la sécurité au sein du pays pour donner confiance et garantir le bien-être des citoyens. Depuis l’accession au pouvoir du FPR en 1994, le pays demeure dans un état de guerre perpétuel, et la population n’a jamais pu jouir d’un sentiment de sécurité adéquat. Les forces de défense nationales, loin de rester dans leurs casernes, sont dispersées partout dans les villages et sur les collines, ce qui dénote un manque de sécurité généralisé. Bien que le pays n’ait pas fait l’objet de menaces extérieures, la sécurité des personnes et de leurs biens est continuellement malmenée par ceux-là mêmes qui ont la responsabilité première de protéger la population, à savoir les forces de sécurité sous la responsabilité du gouvernement. Le FPR étant le parti au pouvoir, son rôle est prépondérant dans le dysfonctionnement des services de sécurité.

 

Les exemples abondent pour illustrer ces faits d’insécurité: des personnes sont déplacées de force et privées de leurs biens sans aucune compensation. Des commerçants autrefois prospères sont expropriés, empêchés de travailler, voire tués, leurs biens confisqués par les autorités. Cette situation instable affecte gravement la vie quotidienne des citoyens et entrave le développement économique et social du pays.

 

Concernant la souveraineté nationale, même si les frontières du pays sont restées intactes, le Rwanda est resté longtemps à couteaux tirés avec les pays voisins pendant ces 30 années. La gouvernance du FPR a été ponctuée par des hauts et des bas, allant jusqu’à la fermeture des frontières et parfois des discours agressifs vis-à-vis des pays voisins. Le point le plus marquant des gouvernements successifs du FPR a été la présence continuelle de l’armée du Rwanda, RDF, sur le sol de la République Démocratique du Congo (RDC) sous différents noms de rébellions dans une guerre d’agression visant l’exploitation des richesses de la RDC. Il est donc difficile d’affirmer que le FPR assure la souveraineté nationale dans la mesure où le Rwanda est en conflits permanents avec ses voisins, ce qui fait peser un lourd danger sur la population en cas de guerre ouverte venant de l’un ou l’autre pays exaspéré par les rébellions entretenues par le Rwanda.

 

Il est donc crucial de mettre en place des mesures concrètes pour renforcer la souveraineté nationale et assurer la sécurité des individus et de leurs biens. Cela implique un réexamen approfondi des politiques de sécurité mises en place, un renforcement des forces de l’ordre et une garantie de justice pour tous les citoyens, afin de créer un environnement stable et sûr où chacun puisse prospérer et contribuer au bien-être collectif. En particulier, les autorités à tous les niveaux de l’appareil étatique doivent être instruits des mesures contraignantes quant à l’application stricte des règles et des lois, et à leur interprétation correcte. De telles instructions, découlant de la volonté politique de bien faire, sont nécessaires pour éviter des injustices qui sont à l’origine des conflits et de l’insécurité. Mais il semble que le FPR n’a jamais eu cette volonté politique de laisser la population tranquille. Créer l’insécurité, l’instabilité et la peur permanente qui en découle constitue pour le FPR un mode de gouvernement dans une logique de diviser pour régner.

Les 30 ans de pouvoir du FPR correspondent ainsi à 30 ans d’instabilité aussi bien à l’intérieur du pays qu’aux frontières nationales. D’où l’objectif de préserver la souveraineté nationale et la sécurité des personnes et des biens est un échec.

 

  • 3. Mettre en place un système de gouvernance fondée sur la démocratie

 

Construire une gouvernance démocratique est un défi de taille au Rwanda, où le FPR a instauré un régime dictatorial. Il est manifeste que le FPR, ayant pris les armes pour renverser le gouvernement, n’a pas placé la démocratie au cœur de ses priorités. Après son accession au pouvoir, les prétendus partis politiques existant au pays ont été muselés, certains ont même été éradiqués, et les autres ont été contraints de se rallier au FPR dans un rassemblement au sein d’un forum des partis politiques. Ainsi, lors de chaque élection, un seul candidat, Paul Kagame, est toujours présenté au nom de tous les partis réunis dans le forum, évinçant toute diversité politique. Le président Kagame a déclaré ouvertement qu’il ne tolère pas l’opposition politique et que toute personne qui n’est pas d’accord avec le régime n’a rien à dire (« Abatavuga rumwe na twe baba bavuga iki ? »).

 

Toute tentative d’émancipation politique est régulièrement et violemment réprimée, comme en témoignent les cas de Victoire Ingabire et de Diane Rwigara, toutes deux emprisonnées pour avoir osé exprimer leurs opinions et tenté de participer au processus électoral (FIDH, 2022). Le FPR a manipulé la constitution pour perpétuer le pouvoir de son candidat, contredisant ainsi ses promesses de renouvellement politique.

En définitive, le FPR n’a pas tenu sa promesse de promouvoir une gouvernance fondée sur la démocratie. C’est un échec de plus et une fausse promesse.

 

  • 4. Bâtir une économie basée sur les ressources propres du pays

 

Construire une économie basée sur les ressources privées du pays constitue un objectif crucial pour le développement du Rwanda. Toutefois, les politiques mises en place ont souvent entravé le potentiel économique du pays. Malgré le fait que 85% de la population rwandaise soit constituée d’agriculteurs, des restrictions sévères ont été imposées, privant les gens de l’accès aux marécages et limitant la diversification des cultures. Cette politique imposée unilatéralement, sans consultation avec les acteurs du domaine, a conduit à une crise alimentaire dévastatrice qui continue d’affecter le pays. Les politiques néfastes de gestion des terres, l’introduction mal étudiée des semences et des engrais, l’imposition de la monoculture et l’organisation inappropriée en coopératives agricoles ont été notamment les facteurs déterminants qui ont conduit à cette crise alimentaire.

Dans le secteur de l’élevage, des programmes de distribution de vaches aux plus nécessiteux ont été lancés, mais ces initiatives se sont révélées inefficaces car les bénéficiaires ne disposaient pas des compétences ni des ressources nécessaires pour entretenir le bétail et en tirer profit.

 

Le gouvernement a misé largement sur le secteur tertiaire, notamment le tourisme. Bien que celui-ci ait connu une croissance et que des infrastructures hôtelières aient été développées, les bénéfices de cette industrie ne parviennent pas aux plus démunis qui souffrent toujours de la faim.

 

On ne peut pas passer sous silence le fait que l’économie rwandaise dépend largement du pillage des minéraux en provenance du Congo (RDC) et qui ne sont donc pas des ressources propres du Rwanda. Actuellement les Congolais manifestent une résistance pour protéger leurs ressources, ce qui fait que le Rwanda n’est plus capable de maintenir son accès à ces ressources. Cette situation a un impact négatif sur la stabilité économique du pays, compromettant ses perspectives de développement.

 

Le Rwanda continue à dépendre des ressources extérieures (aides et crédits financiers). La promesse de bâtir une économie basée sur les ressources propres a échoué dans la mesure où le FPR n’a pas placé le citoyen rwandais au centre de ses politiques économiques : seuls les profits que retire l’oligarchie du FPR comptent. Le menu peuple est laissé pour compte et une poignée de personnes concentre la presque totalité des richesses du pays. Comment compter sur la stabilité économique et sur les ressources propres s’il n’y a pas de redistribution des gains au profit de la population ?

 

  •  5. Éradiquer la corruption, le favoritisme, la mauvaise gestion des ressources du pays et autres vices connexes

 

La corruption, le favoritisme et la mauvaise gestion des ressources nationales ont gangrené le Rwanda de manière insidieuse, principalement dans les sphères administratives où ils sont souvent utilisés comme outils de maintien du pouvoir par le FPR. Des exemples flagrants sont multiples : le FPR, à travers le ministère des Affaires étrangères du temps de Louise Mushikiwabo, a eu recours à la corruption de grands médias internationaux pour promouvoir son image sur la scène internationale. Les femmes et les filles ont été exploitées pour offrir des pots-de-vin sexuels, destinés à étouffer les critiques et couvrir les erreurs du FPR.

Au Rwanda, l’accès à l’emploi, quelle que soit la source, ainsi que les marchés publics sont largement influencés par des pratiques de corruption et de favoritisme, créant ainsi des obstacles à l’égalité des chances et à la transparence.

 

Quant à la mauvaise gestion des ressources du pays, les rapports des commissaires aux comptes révèlent annuellement des cas de détournement de fonds par les élites au pouvoir, sans toutefois indiquer clairement les mesures prises pour récupérer les ressources détournées.

 

Les exemples ci-dessus illustrent bien à quel point les pratiques au sein du pouvoir du FPR vont à l’encontre de l’objectif affiché. Pendant ces 30 années de pouvoir, le FPR n’a pas été capable d’inverser cette tendance. Bien au contraire, la corruption et le favoritisme s’inscrivent dans une discrimination qui ne se cache plus, créant ainsi des citoyens de seconde zone.

 

  • 6. Promouvoir le bien-être de la population

 

L’amélioration du bien-être de la population nécessite une approche holistique qui garantit à chaque individu l’accès aux ressources et aux services nécessaires pour prospérer. Cependant, des obstacles persistants, tels que l’accès limité à la propriété foncière et aux soins de santé, entravent souvent ce processus.

 

L’absence de droit de propriété foncière prive de nombreux citoyens de la stabilité et de l’autonomie économique que procure la possession de terres héritées de leurs ancêtres. En particulier, les nouvelles lois sur la gestion des terres et sur les successions ont induits des distorsions qui ont été source d’incertitudes et d’instabilité économiques.

 

Parallèlement, l’accès aux soins de santé de qualité est essentiel pour améliorer la qualité de vie et favoriser le développement. Bien que le gouvernement ait mis en place des initiatives telles que les mutuelles de santé pour encourager l’adhésion et l’accès aux soins, des lacunes subsistent. Les coûts supplémentaires pour les médicaments et les traitements après la consultation médicale peuvent constituer un fardeau financier pour de nombreux citoyens, réduisant ainsi l’efficacité de ces programmes et limitant l’amélioration du bien-être global de la population.

 

Par ailleurs, le terrorisme que le FPR exerce sur la population crée des peurs, un manque de confiance en l’avenir, ce qui empêche fatalement la possibilité de faire des projets à moyen et long terme ou d’avoir une visibilité sur le futur familial. Ce terrorisme participe à la tactique d’anéantissement pour mieux dominer. C’est de cette façon que le régime a réduit à néant l’épanouissement personnel et la confiance en l’avenir. Seule une poignée de dignitaires et leurs familles peuvent compter sur un avenir meilleur. Le menu peuple ne vit pas, il survit. Les écarts entre la campagne et la ville sont criants, la campagne ayant accusé un recul important du niveau de vie. Après 30 ans, le FRP ne peut pas se targuer d’avoir notablement promu le bien-être de la population rwandaise.

 

  • 7. Éradiquer définitivement les causes du phénomène des réfugiés et rapatrier tous les réfugiés rwandais

 

Loin d’avoir résolu le problème des réfugiés, l’arrivée du FPR au pouvoir, par les armes et après un bain de sang, a aggravé le mal. Alors qu’à la veille de l’année 1994 l’essentiel des réfugiés se trouvait dans les pays limitrophes du Rwanda (et quelques centaines de personnes en Europe), force est de constater que les réfugiés rwandais sont aujourd’hui dispersés aux quatre coins de la planète et dans presque chaque pays du monde. Il est à noter que les pratiques terroristes du FPR ont toujours entraîné la fuite des populations dès son entrée sur le territoire rwandais le 01 octobre 1990. Ce flot de réfugiés dure de façon continue, année après année, jusqu’à aujourd’hui. Le bilan du FPR sur le chapitre des réfugiés est un désastre. Et cela ne semble pas inquiéter les autorités : c’est quelque part un résultat qui ne les dérange pas, elles préfèrent avoir les opposants politiques à l’étranger si elles n’arrivent pas à les tuer avant leur sortie du pays. Ces mêmes autorités ne se gênent pas d’envoyer des escadrons de la mort pour tuer l’un ou l’autre opposant politique à l’étranger.

 

Cependant, le phénomène des réfugiés rwandais dépasse de loin le seul cadre de l’opposition politique. Le FPR et son armée se comportent comme s’ils étaient en guerre contre la population. C’est ainsi que des citoyens lambda terrorisés prennent le chemin de l’exil pour échapper aux persécutions du régime. D’autres, moins nombreux, partent en exil à la recherche des conditions de vie économique meilleures, le régime du FPR ayant accaparé toutes les richesses, souvent par la force, par la spoliation ou par des lois et des pratiques contraires à la libre entreprise.

 

Pour résoudre complètement les problèmes qui poussent les Rwandais à devenir des réfugiés et faciliter leur retour, il est impératif de dresser les causes sous-jacentes qui les ont poussés à l’exil et de garantir un environnement sûr et stable dans leur pays d’origine.

De nombreux Rwandais ont été contraints de fuir en raison de conflits ethniques et politiques, ainsi que de violations des droits de l’homme. Les efforts pour rapatrier les réfugiés doivent donc inclure des mesures visant à promouvoir la réconciliation nationale, à assurer la protection des droits de tous les citoyens, et à établir une gouvernance démocratique et inclusive.

 

Il est également essentiel de prendre des mesures pour mettre fin à la persécution politique et aux pratiques de corruption qui continuent de pousser les Rwandais à chercher refuge à l’étranger. Cela implique la mise en place de mécanismes de protection des droits de l’homme, la promotion de la liberté d’expression et de l’opposition politique, et la lutte contre la corruption à tous les niveaux de gouvernement.

 

Enfin, pour faciliter le retour des réfugiés rwandais et leur réintégration réussie dans la société, il est nécessaire de fournir un soutien approprié en termes d’accès à l’emploi, aux services de santé et à l’éducation. Les programmes de réintégration devraient être conçus de manière à répondre aux besoins spécifiques des réfugiés et à favoriser leur autonomie et leur bien-être.

 

En agissant sur ces fronts, il est possible de créer un environnement propice au retour volontaire et durable des réfugiés rwandais et à la construction d’une société plus juste et inclusive pour tous ses citoyens.

 

Cependant, il y a fort à parier que le FPR n’a pas cette volonté politique de bien faire et de gérer la chose publique en bon père de famille. Le FPR reste coincé dans une guerre qui ne dit pas son nom, une guerre contre la population, et qui dure depuis que le FPR est entré sur le territoire rwandais à partir de l’Ouganda.

 

  • 8. Entretenir de bonnes relations entre le Rwanda et les autres pays, fondées sur le respect mutuel, la coopération et les échanges

 

Les bonnes relations entre le Rwanda et les pays voisins basées sur le respect mutuel, la coopération et la collaboration sont essentielles pour promouvoir la paix et la stabilité dans la région. Cependant, le FPR a souvent été à l’origine des tensions avec les pays voisins, notamment en raison de son implication dans la création des groupes armés auteurs de violences dans la région. Dans ses relations avec les pays voisins, le régime du FPR souffle le chaud et le froid. À aucun moment ces relations n’ont été durablement saines. Non seulement des actions inattendues à l’égard des voisins ont été entreprises, mais aussi et surtout elles se sont accompagnées d’un discours inapproprié, arrogant, provocateur et conflictuel. À ce jour, le Rwanda n’est en bons termes avec aucun de ses quatre pays voisins immédiats.

 

Actuellement, la détérioration de la situation en République Démocratique du Congo (RDC), exacerbée par les ingérences extérieures à travers différents groupes armés dont le M23 et la présence de l’armée du Rwanda – RDF – sur le sol congolais, a conduit les pays voisins à apporter leur soutien à la RDC en réponse à ce qu’ils considèrent comme une menace pour leur propre sécurité. Cette situation souligne l’importance d’une approche basée sur le dialogue et la diplomatie pour résoudre les différends et promouvoir la coopération régionale.

 

Concernant les relations avec le reste du monde, le régime du FPR s’est lancé dans ce qu’il est convenu d’appeler « la diplomatie militaire » lui permettant d’obtenir des missions militaires pour le compte des pays puissants ou des organisations comme l’ONU dans le cadre du maintien de la paix. Ces missions permettent au Rwanda de jouer le rôle de proxy  et d’exercer ainsi la fonction d’homme de main pour redessiner les rapports de force dans la Région des grands Lacs, en République centrafricaine, au Mozambique, au Soudan et Haïti, … Ainsi, l’armée du régime rwandais est devenue un outil au service des puissances étrangères dans leurs politiques de conquête et de domination.

 

Il convient de noter que les revenus et les retombées politiques, médiatiques et diplomatiques ne profitent qu’à l’oligarchie au pouvoir au Rwanda qui s’en met plein les poches, et que l’image du Rwanda est de plus en plus perçue comme celle d’un gendarme allié des puissances néocoloniales et armée par elles.

 

Une telle image, doublée du fait que le régime rwandais semble privilégier les relations dominant/dominé à la place des relations de respect mutuel, fait du Rwanda un pays en perpétuels conflits, avec une propension permanente vers des épreuves de force.

 

Dans ces circonstances et pour inverser cette tendance, il est crucial d’encourager la médiation internationale et de travailler en collaboration avec les organisations régionales pour trouver des solutions pacifiques aux conflits en cours. Cela nécessite un engagement sincère à respecter le droit international et à œuvrer en faveur de la résolution des conflits par des moyens pacifiques et inclusifs.

 

Enfin, il est primordial de promouvoir la transparence et la responsabilité dans les relations internationales, en veillant à ce que les actions des États soient conformes aux principes du respect mutuel, de la coopération et de la non-ingérence dans les affaires internes des autres pays. En agissant de la sorte, il est possible de jeter les bases d’une coopération régionale durable et de favoriser la construction d’un avenir plus sûr et plus prospère pour tous les pays de la région.

 

C’est seulement de cette façon que le Rwanda pourra retrouver une diplomatie saine, respectueuse des autres nations et pouvant mettre fin à une diplomatie au forceps d’un petit pays protégé et au service des pays puissants.

 

Dans un monde où l’ordre mondial est mouvant, le FPR ne fait que la diplomatie d’un valet dans le but d’asseoir les politiques internationales qui ne sont pas les siens.

 

  • 9. Combattre le génocide et son idéologie

 

Cet objectif a été ajouté après que le FPR venait de prendre le pouvoir dans un bain de sang et un génocide. Le FPR peut prétendre avoir arrêté le génocide, cela n’a jamais été son objectif auparavant.

 

La lutte contre le génocide et l’idéologie génocidaire est un impératif moral et juridique fondamental pour prévenir de telles atrocités à l’avenir et promouvoir la réconciliation et la justice. Cependant, il est important de reconnaître que cette lutte doit être menée de manière impartiale et fondée sur des faits vérifiables.

 

Des allégations ont été avancées concernant le rôle du FPR dans des actes de violence pendant et après le génocide de 1994. Il est essentiel que toutes ces allégations fassent l’objet d‘enquêtes approfondies et transparentes, et que les responsables présumés soient traduits en justice conformément aux principes de l’État de droit et les règles sur les droits de l’Homme. Face à ces allégations, le FPR avait-il l’autorité morale de gérer l’après-génocide ? Certainement pas. Et c’est pour cela que le FPR a fait du génocide une arme politique pour évincer les opposants, instaurer une dictature farouche et sanguinaire, et se protéger ainsi contre les poursuites pénales.

 

La recherche de la vérité et de la justice dans le cadre de la lutte contre le génocide et l’idéologie génocidaire doit être menée de manière inclusive et respectueuse des droits de toutes les parties concernées, qu’il s’agisse des victimes, des témoins ou des accusés. Cela nécessite également un engagement à prévenir toute forme de révisionnisme ou de négationnisme qui pourrait compromettre les progrès réalisés dans la reconnaissance et la prévention des crimes de génocide.

 

Enfin de compte, la lutte contre le génocide et l’idéologie génocidaire doit être fondée sur des principes de vérité, de justice et de réconciliation, et doit viser à promouvoir une culture de respect des droits de l’Homme, de tolérance et de paix dans la société.

Le FPR ayant été partie au conflit, tous ces beaux principes ont été battus en brèche : le FPR était juge et partie, les dés étaient pipés. Et c’est pour cela que la crise rwandaise demeure encore, 30 ans après le génocide.

 

Conclusion

 

Considérant les 8 objectifs avancés par le FPR lors de sa guerre pour conquérir le pouvoir, son bilan de 30 ans de pouvoir est très mitigé et souvent négatif. Les conditions de vie des rwandais ont fortement dégradé : les richesses sont concentrées aux mains d’un groupuscule au pouvoir, les masses populaires croupissent dans la pauvreté, surtout en milieu rural. Le pays est régulièrement en insuffisance alimentaire. Les rwandais continuent de fuir le pays, soit pour des raisons politiques, et parfois pour des raisons économiques. Même si les indicateurs macro-économiques portent à croire que le pays cannait une croissance économique, plusieurs éléments viennent mettre un bémol à cette situation : les gains de production ne profitent pas à tous ; les chiffres statistiques sont parfois embellis pour donner une bonne image au régime ; la corruption, la spoliation et diverses injustices ne sont pas de nature à inspirer confiance aux opérateurs économiques ; la fluidité des circuits économiques laisse à désirer.

 

Les neuf objectifs affichés font référence aux valeurs et aux politiques qui guident le régime du FPR INKOTANYI au Rwanda. Ils peuvent inclure des idéaux tels que la démocratie, le développement économique, la justice sociale, etc. En examinant de près ces principes fondamentaux du régime du FPR INKOTANYI, il devient évident que son action, après trente ans de règne, n’a engendré que désolation parmi le peuple rwandais et dans toute la région des Grands Lacs africains. Cela se traduit par les effets négatifs et destructeurs des politiques du régime FPR sur la population rwandaise ainsi que sur les pays voisins de la région des Grands Lacs africains, portant notamment sur des conflits armés, des violations massives des droits de l’homme, des crises économiques, des déplacements forcés de populations, etc.

 

En définitive, les 30 années de pouvoir du FPR auront été celles de l’oppression d’un régime intolérant et qui considère sa population comme est un ennemi, celles où la sécurité et l’unité nationale sont des slogans vides, celles où la démocratie est inexistante à tous les niveaux de l’appareil étatique, celles où l’économie et la gouvernance politique sont gangrénées par la corruption et le favoritisme. Le nombre des réfugiés a augmenté considérablement au lieu de diminuer. Le Rwanda dirigé par le FPR reste, 30 ans après le génocide, un pays où les relations avec les pays voisins sont toujours tendues et où le risque d’un autre pogrom n’est pas totalement écarté.

 

Vestine MUKANOHERI

FDU INKINGI


Référence :

https://www.bbc.com/gahuza/amakuru-56859474

https://www.fidh.org/IMG/pdf/rwanda797fweb_vf.pdf

http://jkanya.free.fr/Texte21/scandale040921.pdf

https://www.jambonews.net/actualites/20201005-rwanda-1990-2020-la-guerre-de-trente-ans/

https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2020-4-page-159.htm

https://youtu.be/fj594haMRKo?si=01i4vJ3MLCR-HgVy

 

 

 

 

 

 

 

 

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