Rwanda. Disparition de Koffi Niyonkuru. Trois associations de défense des droits de l’homme lancent une alerte
COMMUNIQUE ODHR-CLIIR-RIPRODHOR
Pour empêcher l’assassinat /torture de l’analyste géopolitique et enseignant Koffi Niyonkuru alias Béton par les services de sécurité rwandaise
L’ODHR, Le CLIIR et Le RIPRODHOR ont appris avec une très grande inquiétude la disparition forcée /enlèvement de M. Koffi Niyonkuru alias Béton survenu le 29 mars 2024. Il était professeur au Groupe scolaire APACE de Kabusunzu/Kigali. Sa disparition a été annoncée et commentée dans plusieurs médias rwandais, les réseaux sociaux et les interventions des proches de Koffi Niyonkuru indiquant qu’ils ont saisi les autorités rwandaises pour le retrouver.
Sa disparition forcée est inquiétante surtout lorsqu’on suit les débats qu’il menait via YouTube sur les questions de sécurité dans les grands lacs et l’implication directe des pays de la région dont le Rwanda, soutien direct et existentiel du M23. La raison de cet enlèvement ne serait due qu’à la pertinence de ses analyses géopolitiques sur You- tube « Rwanda Burundi tv »des situations conflictuelles dans le monde et particulièrement dans la Région des Grands Lacs.
Monsieur Koffi Niyonkuru devait répondre à une invitation d’un ami à Musanze le 30/03/2024 et il n’est jamais arrivé à destination. La dernière communication avec cet ami de Musanze par messagerie sms aurait eu lieu dans la nuit du 29/03/2024 alors qu’il était attendu. Il indiquait alors que, suite à une urgence, il se rendait en Ouganda. Depuis lors aucun signe de vie. Il y a lieu de se poser la question si c’était réellement lui qui envoyait ce message ou s’il s’agissait des personnes qui le détenaient pour brouiller les pistes de recherche. Aucune nouvelle de lui jusqu’à cette date. Cette disparition forcée est d’autant plus choquante que les auteurs se sont permis de le réaliser à la veille du 30ème anniversaire du génocide de 1994.
Invité par son interlocuteur à préciser le concept « du despote obscurantiste » dans sa diffusion du 29/03/2024, Monsieur Koffi Niyonkuru l’a décrit comme « le potentat qui se croit seul à avoir raison sur tout, et seul à détenir la vérité qu’il doit imposer par la terreur à ses sujets. Il prend ces derniers pour des objets uniformes de moindre valeur auxquels il ôte tout sens de liberté, et tout esprit du vivre ensemble ».
Dans ses analyses géopolitiques sur les conflits qui déchirent les Grands Lacs et l’Europe de l’Est, Monsieur Koffi Niyonkuru préconisait la défaite probable des agresseurs, en l’occurrence le M23 et la Russie en raison de la très grande désolation qu’ils infligent aux populations civiles innocentes de la RDC et de l’Ukraine par leurs guerres injustes en violations des dispositions pertinentes de la Charte des Nations Unies. Il estime que le choix pour la voie du droit à la légitime défense, empruntée par la RDC et ses alliés dont le Burundi et certains membres de la SADC a été ressenti comme une ferme condamnation exprimée contre le M23 et ses soutiens les plus visibles que sont le Rwanda et l’Ouganda.
Selon ses analyses, si ces derniers réussissaient la balkanisation envisagée de la RDC en s’emparant de ses mines de coltan, ils ne bouderaient pas le plaisir de baisser simplement leurs gros bras sur les mines de nickel dont regorge le sol du Burundi. Pour lui, cette guerre hégémonique, loin d’être ethnique comme voudrait l’accréditer le Rwanda sous prétexte de défendre les tutsi contre les WAZALENDO et le FDLR, est plutôt une guerre pour les métaux précieux au nom desquels s’affrontent les grandes puissances.
Dans l’intention de conscientiser les jeunes à prendre part à la gestion de leurs pays, il a stigmatisé l’absence d’alternances démocratiques en évoquant l’âge avancé et la longévité au pouvoir des présidents Museveni d’Ouganda (presque 40 ans) et Kagame Paul du Rwanda (30 ans), sans oublier leurs armées pléthoriques personnelles, vouées à servir les seuls intérêts de leurs maîtres, au détriment de ceux de leurs peuples respectifs.
Par ces déclarations dans ses interventions et analyses critiques, le grand despote de la région s’est senti visé. Il s’est braqué et a ordonné d’exercer des représailles féroces, contre « cet impudent donneur de leçon ».
C’est pourquoi, le RIPRODHOR, le CLIIR et l’ODHR, unissent leurs voix pour demander aux Missions diplomatiques, aux organisations internationales et aux ONGs de défense des droits humains tant régionales qu’internationales de réunir leurs forces morales pour empêcher l’assassinat extrajudiciaire de Monsieur Koffi Niyonkuru alias Béton pour exiger sa libération immédiate et inconditionnelle, pour autant que rien n’a pu lui être reproché.
Fait à Paris le 17/04/2024
Rutihunza Théobald pour le RIPRODHOR
Munyandilikirwa Laurent pour l’ODHR
Matata Joseph pour le CLIIR
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