Rwanda. Disparitions forcées des enseignants Koffi Niyonkuru et Désiré Niragire, respectivement youtubeur et libre penseur

Paris le 07 mai 2024

 

Déclaration N°06/2024 – Rwanda : La Liberté d’opinion toujours menacée – Disparitions forcées ou enlèvements des enseignants Koffi Niyonkuru, analyste de la géopolitique régionale  et Désiré Niragire, libre penseur.

 

 

Au Rwanda les disparitions forcées perpétrées de manière systématique font maintenant partie du quotidien des Rwandais. Des gens disparaissent et le régime rwandais ne réagit plus aux demandes des proches. Cela n’étonne pas surtout lorsqu’on se réfère au refus constant du gouvernement dirigé par le FPR de laisser l’Etat rwandais ratifier la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées adoptée le 23 décembre 2010 par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution 47/133.

 

Ces refus ont été continuellement renouvelés suite aux différentes recommandations exprimées à l’issue des sessions de l’Examen Périodique Universel menées par le Conseil de droits de l’homme sur le Rwanda à Genève.  Des enseignants sans problèmes avec des gens dans la vie pratique disparaissent curieusement sans laisser de traces après avoir exprimé leurs points de vue sur des questions d’intérêt général des Rwandais et de leurs voisins dans la région.

 

I. Disparition forcée de Koffi Niyonkuru, un youtubeur enseignant, analyste et commentateur de la géopolitique en rapport avec le conflit qui déchire la région des Grands Lacs africains

 

Dans une déclaration conjointe ODHR, RIPRODHOR et CLIIR, les signataires ont alerté et dénoncé la disparition forcée de Koffi Niyonkuru pour ses prises de position sur la géopolitique conflictuelle dans la région des Grands lacs.

 

Depuis fin mars 2024, des réseaux sociaux et YouTube ont lancé, de manière soutenue, des multiples alertes en montrant combien les proches de Koffi s’inquiétaient de sa disparition. Ils se sont malheureusement heurtés au silence assourdissant et à l’indifférence inquiétante des autorités rwandaises, sollicitées pour mener des recherches appropriées. La question d’actualité reste de savoir si c’est une détention incommunicado par les services de poursuites ou si c’est un crime purement de disparition forcée auquel se seraient impunément livrés les services rwandais de sécurité.

 

Depuis le weekend de Pâques, Koffi Niyonkuru n’a pas fait signe de vie pour ses amis et ses proches ainsi que pour ceux qui le suivent sur des chaines YouTube.

 

Pour rappel il devait se rendre à une invitation dans le district de Musanze et il n’est pas arrivé à destination, le 29 mars 2024. Il enseignait à APACE dans la Ville de Kigali.

 

Il est rappelé aux autorités rwandaises qu’elles doivent garantir la vie et la sécurité de Koffi Niyonkuru et rassurer ses proches.

 

II. Disparition forcée de Désiré Niragire, un enseignant intermittent, libre penseur.

 

L’ODHR a alerté, dans les débats lors d’une une émission en ligne sur LECP Info le 23 avril 2024, concernant sur la disparition forcée de l’enseignant intermittent Désiré Niragire.

 

Désiré Niragire

De ses sources fiables, l’ODHR a appris que Désiré Niragire est porté disparu depuis plus de trois semaines. Il est sorti de chez lui le 14/03/2024 vers 14H00 et sa famille ne l’a plus revu. Marié et père de 2 enfants, il habitait à Batsinda dans la cellule Gasharu, secteur Kinyinya dans le district de Gasabo dans la Ville de Kigali. Il est sorti à vélo à 14H00 pour aller au centre-ville de Kigali pour faire réparer son ordinateur et personne des proches ne l’a plus revu ni entendu de ses nouvelles.

 

Les observations que nous avons sur cette disparition est que beaucoup de jeunes disparaissent aujourd’hui sans laisser de traces. Ces observations tentent de soutenir qu’au Rwanda les jeunes seraient emmenés au front en RDC par force dans le M23 soutenu par le Rwanda.

 

Ceux qui le connaissent soutiennent que Désiré Niragire était un activiste qui aimait discuter avec les gens sur les principes de la démocratie. Il s’inquiétait des discriminations systémiques qu’il constatait dans son pays notamment dans le domaine de l’éducation dont il aurait été victime à l’université. Il aimait faire des partages sur les réseaux sociaux notamment sur WhatsApp. Il aurait été menacé dans ses prises de position et partages par ses anciens collègues de classe. Ils soutiennent qu’il aurait été enlevé par les services de renseignement et de poursuite.

 

Quoi qu’il en soit, la disparition forcée ou l’enlèvement par des services de sécurité ou de poursuite rwandais portent atteinte à la vie des citoyens rwandais et la sécurité de leurs proches.

 

Ces méthodes d’opérations des services rwandais de sécurité et de police sont régulièrement dénoncées par les organisations des droits de l’homme au Rwanda et à l’étranger et ne rassurent pas la transparence dans la gouvernance au Rwanda.

 

D’autres disparitions forcées sont signalées dans des médias sociaux ce mois d’avril 2024 et cela devient un cycle infernal continu, sur plusieurs années depuis la prise du pouvoir par le FPR.

 

Il s’agit notamment de la disparition forcée de Ishimwe Olivier aka Demba Ba, journaliste de sport de Inyarwanda, signalée le 19 avril 2024, ainsi que celle de Come Bwayo, un rescapé du génocide, enseignant, libre penseur, commentateur d’information.

 

Koffi Niyonkuru

L’ODHR et le RIPRODHOR, CLIIR et IBUKABOSE-RENGERABOSE sont préoccupés par cette situation de disparitions forcées qui se commettent dans le pays en toute impunité. Des enquêtes sur ces disparitions continuent pour identifier et déterminer les responsabilités des auteurs de ces crimes et celles des complices.

 

Les signataires demandent aux autorités rwandaises de ratifier la Convention pour la protection de toute personne contre les disparitions forcées leur suggérées comme l’ont demandé des rapports soumis lors des différentes sessions de l’Examen Périodique Universel (EPU) organisées par le Conseil des Droits de l’homme.

 

Au Rwanda et dans la diaspora rwandaise, beaucoup de femmes et d’hommes politiques, de journalistes et autres défenseurs des droits humains, les artistes, avocats sont disparus ou assassinées après leur enlèvement par les services de sécurité rwandais.

 

Ces disparitions forcées suivies de tortures et d’assassinats sont souvent accompagnées d’explications ambiguës des services de poursuites rwandais couvrant ainsi une impunité devenue systémique des membres des services de sécurité rwandais.

 

Les signataires demandent au rwandais partout où ils sont de se mobiliser et de faire campagne pour dénoncer et lutter contre ces crimes d’enlèvements ou disparitions forcées pour faire juger les auteurs. Ils demandent également aux missions diplomatiques, aux organisations internationales et aux partenaires du régime de Kigali de condamner ces disparitions forcées et de mettre la pression sur le régime de Kigali pour cesser de s’en prendre à ses citoyens et de respecter le droit à la vie et à la dignité de la personne humaine.

 

Les signataires :

Pour l’ODHR

Munyandilikirwa Laurent

Pour le RIPRODHOR

Rutihunza Théobald

Pour CLIIR

Matata Joseph

Pour IBUKABOSE

Nshimiyimana Emery

 

 

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