INGABIRE DAY: Prisonniers, assassinés et disparus, ‘‘que leur souffrance ne soit pas vaine ”
La soirée INGABIRE DAY 2024, tenue à Bruxelles le 26 octobre 2024 est dédiée à la situation des prisonniers politiques et d’opinion au Rwanda avec comme thème « Rwanda : Prisonniers, assassinés et disparus, que leur souffrance ne soit pas vaine » (Ntibazapfire ubusa).
L’événement d’aujourd’hui rend hommage aux hommes et aux femmes ayant payé un lourd tribut pour leurs convictions. Ces individus ont eu le courage d’exprimer une vérité ou de défendre des idéaux qui, souvent, vont à l’encontre du régime en place. Par leur bravoure et leur détermination, ils rappellent l’importance fondamentale de la liberté d’expression, de la justice et du respect des droits humains.
Dans son allocution, la coordinatrice du Réseau International des Femmes pour la Démocratie et la Paix (RIFDP) Mme Marie Louise Gakawaya est revenue sur la commémoration de INGABIRE DAY célébrée chaque 14 octobre. Cet événement a été instauré en 2015 à l’occasion du cinquième anniversaire de l’emprisonnement de Victoire Ingabire par la communauté rwandaise de Lyon, qui a rassemblé plusieurs associations, dont la Fondation Victoire pour la Paix (FVP) et le RIFDP, pour plaider pour la démocratie et l’État de droit au Rwanda.
Bien que Victoire Ingabire ait été libérée de la prison le 14 septembre 2018, elle continue de lutter pour rendre visite à sa famille mais en vain. Malheureusement, elle est régulièrement harcelée et fait l’objet d’attaques médiatiques appelant à son assassinat, sans que les responsables ne soient punis. Depuis sa libération, les assassinats, disparitions forcées, arrestations arbitraires et emprisonnements injustes se sont multipliés. Les événements du 14 octobre 2021, où des prisonniers ont tenté de participer à l’Ingabire Day, rappellent l’ampleur des injustices vécues par ces personnes, dont les noms doivent être honorés.
De plus, le rapport de Human Rights Watch a révélé des traitements inhumains infligés aux détenus, humiliés et battus par ceux qui sont censés les protéger. Cette situation soulève des interrogations sur la durée de cette souffrance. Un appel est lancé pour mettre fin à ces abus et défendre la vie humaine, qui n’a pas de prix. Il est crucial de continuer à mobiliser et à sensibiliser, en étant la voix des sans voix : Ntibazapfire ubusa.
Histoire de la guerre et du génocide, une arme d’intimidation
Maître Valentin Akayezu Muhumuza (Pays Bas) souligne l’importance de se réunir pour aborder la question des prisonniers politiques au Rwanda. Bien que la lutte pour les droits civiques et politiques au Rwanda puisse sembler similaire à celle d’autres pays comme le Bénin, le Cameroun ou la Russie, il soulève la question de ce qui rend la situation au Rwanda unique pour ceux qui se battent pour un pays respectueux de la loi.
Il souligne qu’au Rwanda, nous avons un gouvernement déterminé à utiliser l’histoire de la guerre et du génocide qui ont eu lieu dans notre pays pour intimider quiconque souhaite parler de la mauvaise gouvernance menée par le régime du FPR-Inkotanyi. Sans aucun doute, chaque Rwandais est sous pression pour devenir un prisonnier politique à tout moment. Un agriculteur de Bugarama, obligé de cultiver le riz sans avoir le droit de gérer sa production, s’il exprime ses indignations, sera accusé de rébellion contre l’autorité publique et abusivement de l’idéologie du génocide.
Dans la lutte pour le développement de la liberté politique et pour que la culture du respect des droits de l’homme devienne une norme, il est crucial que l’histoire du Rwanda soit discutée de manière transparente et libre. De plus, le pouvoir judiciaire doit être renforcé pour éviter toute ingérence de la part d’individus ou d’organisations qui ne se soucient pas de l’intérêt général des Rwandais. Aussi longtemps que la gestion du génocide continuera d’affecter tous les aspects de la vie des Rwandais, il sera difficile pour le Rwanda de garantir que tous les Rwandais puissent vivre dans leur pays et être fiers de ce qu’ils sont.
Il est certain que la lutte de tous doit être pour un engagement politique basé sur la recherche d’une justice non discriminatoire et sur une politique inclusive et transparente.
Le rôle de la communauté internationale dans le drame rwandais
Les événements au Rwanda concernent l’ensemble des Africains, car la politique de Paul Kagame s’est étendue bien au-delà des frontières rwandaises, trouvant écho au Bénin, au Togo, et au Sénégal, où le président et son premier ministre le considèrent comme un modèle. Cela montre qu’un récit, façonné depuis 1994, a été imposé non seulement aux populations africaines mais aussi à la communauté internationale. Or, Paul Kagame ne peut être considéré comme un modèle en matière de droits de l’homme, de libertés publiques, ni même de bonne gouvernance.
Olivier Dossou a exploré ce phénomène en mettant en lumière le rôle majeur joué par la communauté internationale dans la situation actuelle au Rwanda. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, Israël, ainsi que de nombreuses ONG internationales et associations, ont tous contribué, chacun à sa manière, à la consolidation du régime rwandais. Depuis les années 1990, cet ordre international dirigé par l’OTAN et les grandes puissances a favorisé l’établissement et le renforcement de la dictature au Rwanda. En même temps, il a facilité le pillage des ressources naturelles, notamment en République démocratique du Congo (RDC), à travers des accords comme celui signé récemment avec l’Union européenne pour exploiter des minerais stratégiques.
En particulier, les États-Unis ont consolidé ce régime par un soutien financier massif, en versant des fonds chaque année au Rwanda malgré les graves violations des droits humains et les interventions militaires controversées du régime à travers l’Afrique. Par ailleurs, la Grande-Bretagne, bien qu’elle ait récemment suspendu son accord de rapatriement des migrants vers le Rwanda, continue de financer largement le pays, ce qui va à l’encontre des principes de démocratie et de bonne gouvernance qu’elle défend publiquement.
Quant à la France, elle a intensifié son soutien politique et militaire au régime de Kagame, suivant l’orientation stratégique des États-Unis. Ce soutien se manifeste également sur le plan judiciaire, où ceux qui critiquent la politique française en Afrique ou s’opposent au régime rwandais sont souvent poursuivis pour des motifs allant jusqu’au négationnisme. En somme, les puissances internationales, par leurs alliances et soutiens continus, ont permis à la dictature rwandaise de se consolider et de projeter son influence bien au-delà de ses frontières, alimentant ainsi l’instabilité et la violence qui perdurent dans la région des Grands Lacs.
Pour un rassemblement au sein de ALL FOR RWANDA
Placide Kayumba, président du parti Forces Démocratiques Unifiées (FDU Inkingi) revient sur la vie dure des rwandais où dans le journal Igihe, le FPR révèle que 32 % des entrepreneurs envisagent le suicide ; cela met en lumière la difficile réalité de la vie dans le pays. Les souffrances générées par la situation actuelle incitent les gens à réclamer un changement. En envahissant le Congo, le FPR espérait résoudre le problème des réfugiés, estimés entre 500 000 et 600 000. Il est important d’interpeller l’armée rwandaise, qui porte une part de responsabilité dans ces actions, et de lui rappeler ses obligations. Ces soldats, censés protéger leur pays et sa population, y compris les réfugiés, semblent plutôt incarner l’oppression.
Les agents de l’administration participent aussi à cet appareil d’oppression en imposant des taxes exorbitantes, des impôts et des cotisations de sécurité sociale. Tout cela vise à dépouiller le peuple opprimé de ses ressources.
Il est essentiel d’apporter une aide au peuple rwandais. Un mouvement a été lancé, intitulé « All for Rwanda« , qui vise à trouver des solutions et devrait mobiliser tous les Rwandais. Cette initiative encourage l’engagement et le rassemblement pour libérer le pays. Ce combat est également pertinent pour ceux qui vivent à l’étranger, ainsi que pour les Burundais et Congolais, qui subissent eux aussi des violences répétées. Le M23 au Congo et le Red Tabara au Burundi sont deux groupes formés par le FPR dans le but de piller les ressources de ces pays et d’affirmer sa domination dans la région.
Le cœur du conflit qui déstabilise la région des Grands Lacs se situe au Rwanda. Pour mettre fin à cette crise, il est essentiel de libérer et de démocratiser le pays afin d’assurer une stabilité régionale. Les fonds utilisés par le FPR pour semer le trouble proviennent des ressources minières congolaises. Tant que ce flux de financement, qui soutient les oppresseurs, ne sera pas interrompu, les conséquences seront ressenties par tous. Il est important d’encourager les Congolais à jouer un rôle actif dans cette lutte. Le mouvement « All for Rwanda » incite à la mobilisation pour sauver le pays.
Une situation hypocrite émerge, où l’Union européenne, en signant des accords avec un criminel, choisit d’acheter les produits du pillage, souvent qualifiés de « produits du sang », provenant du Congo, à travers des meurtres et des viols. Par ailleurs, il convient de noter que l’armée rwandaise reçoit des financements sous le prétexte de maintenir la paix au Mozambique, où la société Total a d’importants investissements pétroliers. Ce soutien ne vise pas à servir les intérêts du Mozambique, mais plutôt ceux de la France, qui s’efforce de garantir que le Rwanda bénéficie de financements européens. Cet argent est ensuite utilisé pour acquérir des armes destinées à déstabiliser la RD-Congo. La Belgique mérite d’être reconnue pour ses efforts visant à freiner ce financement.
Le mouvement « All for Rwanda » est accessible à tous ceux qui souhaitent soutenir la cause des réfugiés. Il est souhaitable que chaque Rwandais en difficulté garde espoir pour un changement positif.
Les interventions ont été clôturées par le discours de Victoire Ingabire Umuhoza qui a prononcé son mot de circonstance par visioconférence à partir du Rwanda. L’intégralité de son discours est à trouver sur ce lien.
Qui sont ces prisonniers politiques que nous commémorons aujourd’hui ?
Tous les intervenants ont parlé de la souffrance des innocents, due au non-respect des droits de l’homme au Rwanda. Pourquoi les droits de l’homme ne sont-ils finalement pas respectés ? Depuis que le FPR a attaqué le Rwanda en 1990, il n’a cessé de massacrer les gens sur son passage, et après sa prise de pouvoir, il a continué les massacres dans toutes les régions du pays. S’il y a ceux qui osent dire ce qui ne va pas au Rwanda, la réponse est de les tuer, de les mettre en prison ou de les faire disparaître. Le régime en place s’attaque à toute personne ou organisation qui dénonce les atrocités commises par le régime. Le mensonge du FPR a pris l’ascenseur, tandis que notre vérité prend les escaliers. Mais sachez que si la détermination demeure, et si la solidarité perdure pour ne pas mourir comme des idiots, la victoire nous attend au sommet de la plus haute tour du monde.
Vestine MUKANOHERI
Membre de la FVP
LISTE DES PRISONIERS POLITIQUE ET D’OPINION AU RWANDA
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