Elections en RDC: Pas que des présidentielles.

Joseph Kabila

Joseph Kabila

Joseph Kabila/photo Umuseso

La révision de la constitution congolaise en janvier dernier a pris de cours tous les acteurs et observateurs congolais et internationaux. Néanmoins, on ne peut pas surestimer son importance. Elle empêchera les partis politiques d’utiliser le premier tour comme un premier tri pour pouvoir s’organiser autour de l’ultime challenger dans le deuxième tour. Si l’opposition ne s’organise pas autour d’un seul challenger, il sera très improbable de battre Kabila. La communauté internationale aura des difficultés à trouver un ton et un contenu à ses éventuels messages critiques sur le processus, n’ayant pas réagi à la révision constitutionnelle.

Les nouveaux enjeux deviendront le fonctionnement (autonome ou pas) de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la loi électorale (qui définira ou pas un cadre encore plus restrictif) ; l’installation et le fonctionnement du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Les enjeux seront aussi la sécurisation du processus (y compris la question si l’opposition sera capable de s’adresser à l’électorat dans une campagne normale) ; l’indépendance de la Cour constitutionnelle, qui traitera tous les litiges électoraux. Il est probable que le gouvernement avancera sur ces terrains de la même manière que la constitution a été revue,  avec des irrégularités formelles, mais pas assez pour pouvoir parler d’une démarche illégale. Aujourd’hui, on ne peut pas exclure que la CENI décidera de découpler les élections présidentielles des élections législatives, afin d’accélérer le processus des présidentielles pour que le Président prête serment avant que son mandat actuel n’expire.  Dans ce scénario, les élections législatives pourraient être organisées au plus tôt en mars-avril 2012.

Le premier souci est que des législatives organisées par un Président déjà réélu et installé pourront avoir un résultat entièrement différent que des législatives organisées comme étape dans un nouveau cycle électoral où tout est encore ouvert. Le deuxième souci est que les législatives pourraient être considérées comme beaucoup moins prioritaires. Certains n’excluent pas que les législatives seront reportées sine die, pour des raisons de sécurité, financières ou autres. Surtout quand on se rend compte que le cadre légal doit être mis en place par un Parlement dont beaucoup d’élus sont quasi sûrs de ne pas être réélus. C’est pourquoi l’opposition a un focus presque exclusif sur les élections présidentielles, et en fait une question « maintenant ou jamais, tout ou rien. » Ceci augmente let potentiel violent du processus. Leurs leaders font référence à leur capacité de mobiliser la rue au cas où ils ne se reconnaissent pas dans le résultat des élections.

Le manque d’importance qu’on attribue aux législatives est inquiétant. La croissance d’une démocratie est un processus à long terme, et la qualité de son Parlement est un indicateur important de son évolution. C’est dommage qu’on n’en parle pas beaucoup au Congo, ces jours-ci. Et ce qui est carrément triste est que les élections locales ne semblent exciter absolument personne. Sauf nous bien sûr, à EurAc, on continue à croire qu’une démocratie qui commence à haut sans arriver en bas est un édifice qui a un toit imposant mais pas de murs. Il s’écroulera.

Kris Berwouts
EurAc
Directeur

 


 

 

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