Rwanda-RDC. Génocides, crimes de guerre et crimes contre l’humanité: terrain d’affrontements entre une belge et une canadienne

Après la sortie du livre de la journaliste canadienne Judi Rever intitulé “Rwanda. L’éloge du sang” et dans lequel elle relate en détails les crimes abominables commis par les soldats du FPR commandé par Paul Kagame, tant au Rwanda qu’en RDC, les réactions sont nombreuses.

 

Plusieurs commentateurs ont salué le travail rigoureux de Judi Rever qui a consacré 20 ans de sa vie pour fouiller les archives, recueillir des témoignages et surtout qui a eu le courage d’oser mettre à la face du monde ces horreurs que les grands décideurs du monde, qui ont couvert ces criminels en faisant taire toute voix qui dénoncerait les crimes de Paul Kagame et sa clique du FPR qui règnent sur le Rwanda et la région des Grands Lacs depuis 26 ans avec la bénédiction de ces puissances.

 

Malgré les menaces et les intimidations dont elle fut l’objet dès la première publication de son livre en anglais, Judi Rever a persévéré pour que cette somme soit aussi publiée en français. Les grandes et renommées maisons d’Editions de France, sous pression des lobbies pro-FPR, ont refusé de publier son livre, mais une maison d’édition indépendante “Max Milo” vient de publier le livre en français et en France.

 

C’est alors que sa consœur et ainée dans le métier de journaliste, saute sur l’occasion pour rappeler ses bons et loyaux services rendus au FPR de Paul Kagame bien avant son aventure de conquête du Rwanda jusqu’à maintenant. Nous voulons parler de Colette Braeckman longtemps journaliste au quotidien belge “Le Soir” et où, même en retraite, elle entretient un “carnet” sur lequel elle écrit régulièrement surtout quand il s’agit de l’Afrique des Grands Lacs.

Sur le livre de Judi Rever, Colette Braeckman vient de sortir un billet dont le titre à lui seul condamne la canadienne.

 

La belge juge donc que la canadienne Judi Rever n’avait pas à révéler des faits qui accuseraient Paul Kagame et son armée.

Pour discréditer le livre de Judi Rever, qui fait près d’un millier de pages, Colette Braeckman assène, dans un “arrêt” de deux pages, que la canadienne a péché pour:

 

– Ne pas avoir rappelé ce que les Tutsi ont vécu après la révolution de 1959 qui a mis fin à leur monarchie féodale. Mais Colette Brackman se garde bien de dire ou d’entendre que ces féodaux monarchistes sont sortis du pays de leur plein gré pour ne pas, comme ils le disaient, “être gouvernés par leurs anciens serviteurs hutu”. Ce fut le cas du chef Rutagambwa beau-frère du roi Mutara III Rudahigwa. Rutagambwa quitta le Rwanda en 1959 avec toute sa famille dont un enfant alors âgé de 2 ans et qui s’appelait Kagame, tous transportés par ses anciens serviteurs hutu jusqu’à la frontière. Sa belle-sœur, la reine Rosalie Gicanda, qui venait de devenir veuve, refusa de les accompagner en exil et opta pour rester au Rwanda. Ce refus lui sera toujours reproché pendant les 30 ans de l’exil des féodaux tutsi et même quand son neveu Paul Kagame décida de déclencher l’apocalypse au Rwanda en avril 1994 (assassiner le Président Habyarimana), la Reine Gicanda qui était en visite en Belgique, fut sommée par son neveu Kagame de retourner au Rwanda où elle sera tuée.

– Ne pas avoir rappelé que les éléments tutsi de  l’Armée régulière de l’Ouganda qui ont envahi le Rwanda le 01 octobre 1990 étaient dans leur droit car descendants de réfugiés. Comme si des Généraux, Colonels et Majors d’une armée quelconque d’un pays (les Etats Unis  par exemple ) auraient le droit  d’envahir le pays de leurs ancêtres (Mexique, Pologne, Irlande, ou Jamaïque comme Collin Powell qui fut Chef d’Etat Major Général de l’US Army…donc qui selon Braeckman devait aller conquérir le pouvoir à Kingston ). Mais la Colette Braeckman a une interprétation large d’un “ réfugié” quand il s’agit d’un tutsi rwandais.

– La stratège militaire en guerre asymétrique que se prétend être la belge Colette Braeckman reproche à Judi Rever de ne pas tenir compte de la “tactique de bouclier humain” qu’aurait utilisée les “génocidaires hutu” en RDC pour qu’il y ait beaucoup de civils morts.  Mais elle n’explique pas comment les civils surtout les plus vulnérables (femmes, enfants, vieillards, malades) congolais étaient systématiquement massacrés par l’armée de Kagame alors qu’aucun “génocidaire hutu’’ n’était dans la région pour s’en servir comme “ bouclier humain” selon sa théorie.

 

Bref la belge Colette Braeckman semble décidée à reprendre du service pour défendre l’indéfendable et en s’attaquant à tout ce qui dénoncerait le caractère criminel du régime du FPR de Paul Kagame. Mais elle risque d’y perdre le peu de crédibilité qui lui restait au crépuscule de sa carrière journalistique pourtant à l’époque brillante mais qu’elle a bousillée depuis les années 1990 quand elle a opté pour une compromission avec les conquérants tutsi venus d’Ouganda qui  écrasent les rwandais depuis 26 ans. La conclusion qu’elle tire dans son billet commentant le livre de Judi Rever est claire et éloquente sur ses intentions et son état d’esprit. Elle dit ceci:

 

“Ne livrant qu’une partie de l’histoire, se focalisant sur la fin sans rappeler le début, l’auteur déforce son témoignage qui n’apparaît plus que comme un dossier à charge, long réquisitoire mené par une journaliste endossant l’habit du procureur. Au fil des récits et des éléments extraits des rapports rédigés à l’intention du TPIR, un fil rouge apparaît, une intention de plus en plus évidente : mener le lecteur à conclure qu’un autre génocide a été mené au Rwanda puis au Congo, celui des Hutus et des opposants potentiels fussent-ils Tutsis, et cela au seul bénéfice des combattants venus d’Ouganda, ces anciens réfugiés désireux de récupérer leurs terres et d’exercer un pouvoir sans partage.
« Justice des vainqueurs », « second génocide »…Nous nous retrouvons là en terrain connu, celui du procès d’intention, d’une accusation formulée depuis un quart de siècle par les auteurs du génocide des Tutsis et par leurs protecteurs. Quant à l’auteur de l’ « Eloge du sang », malgré le considérable travail d’investigation qu’elle a mené, non sans risques et difficultés, elle apparaît in fine comme une alliée des révisionnistes de toutes obédiences.’”

 

Donc une nouvelle accusation est en cours d’être validée et médiatisée pour la coller aux opposants et critiques au régime du FPR de Paul Kagame: “Allié des révisionnistes de toutes obédiences”. Il ne reste qu’à l’inscrire dans le code pénal belge et européen, ce qui n’est qu’une formalité. La Belge Colette Braeckman en aura l’exclusivité du droit d’auteur et peut-être elle  lui vaudra le Prix Nobel!

 

Emmanuel Neretse
Bruxelles le 02/10/2020

 

 

 

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