La Belgique et ses anciennes colonies d’Afrique. Quand une journaliste belge fixe le cap à la Commission Parlementaire ad hoc

La commission spéciale de la Chambre chargée de se pencher sur le passé colonial de la Belgique a été officiellement installée le 19 juillet 2020. Wouter De Vriendt (Groen) en a été désigné président. La Commission doit faire la clarté sur l’État indépendant du Congo (1885-1908) et sur le passé colonial de la Belgique au Congo (1908-1960), au Rwanda et au Burundi (1919-1962), et en tirer des enseignements pour l’avenir.

 

Pour faire son travail, la commission spéciale de la Chambre chargée de se pencher sur le passé colonial de la Belgique peut se faire assister par des experts de son choix. Ce qui fut fait en août 2020 quand la liste des experts requis fut rendue publique.  Ces experts avaient un mandat jusqu’au 1er octobre. Ce qui se passerait ensuite, ce sont les parlementaires qui le décideraient. C’est-à-dire qu’il peut très bien y avoir d’autres experts qui seraient requis ou d’autres experts désignés après le 1er octobre pour assister la commission.

 

Cas de la belgo-rwandaise Laure Uwase

 

Dans la liste des “experts” retenus au départ par les parlementaires pour assister la commission spéciale, y figure le nom d’une juriste belge d’origine rwandaise âgée de 28 ans et habitant en Flandre Orientale nommée Laure Uwase. Cette jeune femme née au Rwanda en 1992 et dont les parents furent réfugiés en Belgique après 1994, a grandi en Belgique et a suivi toute sa scolarité dans ce pays. Outre qu’elle a obtenu des diplômes  de la KUL (Katholieke Universiteit Leuven) et de l’ULB (Université Libre de Bruxelles) et  qu’elle est inscrite au barreau de Bruxelles comme avocate, Laure Uwase est polyglotte car maîtrisant parfaitement quatre langues : Français, Anglais, Néerlandais et Kinyarwanda. Peu de Belges, de Rwandais ou de Belgo-rwandais pourraient se prévaloir d’un tel bagage.

 

Il était donc bien indiqué que la Commission parlementaire, qui doit se pencher sur le passé colonial belge en Afrique centrale, puisse avoir parmi les experts qui devraient l’aider, quelques-uns qui soient juristes mais surtout qui maîtrisent les langues de travail en Belgique (Français- Néerlandais) ainsi que celles en usage dans un des pays concernés (Anglais-Kinyarwanda) dans ce cas. Les personnes répondant à ce critère ne courent pas les rues de Bruxelles, Kigali, Bujumbura, ou même Kinshasa. Pour dire que Mme Laure Uwase est une perle rare dont la Commission spéciale du Parlement ne pouvait pas se priver dès qu’elle avait son CV sous les yeux.

 

Tirs groupés contre la désignation de Laure Uwase

 

Dès la publication des noms des experts que la Commission du Parlement entendait se faire joindre pour l’aider, et que le nom de Laure Uwase y apparaissait, des tirs nourris et groupés furent déclenches contre cette jeune femme. Les associations hégémonistes tutsi qui ont fait du “génocide rwandais” leur fonds de commerce comme “IBUKA-Belgique” ont ouvert le ban. Ils ont alors prétendu que la Commission parlementaire belge ne devrait pas prendre Laure Uwase parmi l’équipe de ses experts à consulter car celle-ci serait mue par une “idéologie du génocide congénitale” et se rendrait coupable de “négationnisme” pour avoir été membre d’une asbl de droit belge dénommée “Jambo”, pourtant jamais condamnée pour ces crimes punissables par la loi belge.

 

Pour augmenter la pression sur les parlementaires belges, le Parlement de Kigali n’hésita pas à se ridiculiser en demandant au Parlement belge de retirer Laure Uwase de la liste des experts mais sans justifier sa demande sauf la répétition de la sempiternelle chanson que Laure Uwase serait fille des parents “génocidaires’’ et membre de “Jambo asbl”, une association accusée de “négationniste“ par le régime de Kigali.

 

Témoignages à charge de Colette Braeckman contre Laure Uwase

 

C’est alors que la zélée journaliste pro-FPR depuis plus de 35 ans la belge Colette Braeckman entre dans la danse pour empêcher que Laure Uwase ne puisse être requise par la Commission parlementaire pour l’aider.

 

Elle ne dira rien de nouveau sauf pour répéter que cette jeune femme fut membre de l’asbl Jambo qui est pour elle, “révisionniste et négationniste”, ou qu’elle est née des parents hutu opposés au FPR tutsi.

 

Lorsque le 06 octobre 2020, le Parlement belge approuva définitivement la liste des experts proposés pour assister la Commission spéciale sur le passé colonial belge, la journaliste belge et agent zélé du FPR a vu rouge!

 

Elle est alors sortie de ses gonds et a déclaré que:

– Laure Uwase avait été soutenue par le parti CD&V;

– Qu’elle avait été désignée pour remplacer le Professeur Filip Reyntjens notablement hostile au FPR;

– Que Laure Uwase était membre de l’asbl honnie car “négationniste et véhiculant l’idéologie du génocide, qu’est Jambo”, crimes pourtant réprimés par la loi belge mais pour lesquels ni le FPR ni leurs agents et chantres comme Colette Braeckman n’ont jamais osé demandé à la Justice belge de juger et punir ceux qui en sont accusés dans les médias.

– Que son père Anastase Nkundakozera aurait été condamné “in abstentia” par les tribunaux Gacaca du Rwanda mais sans qu’elle ne dise quel Gacaca, où et quand et encore moins, les copies du jugement.

– Que ce même père de Laure Uwase serait sur la liste des actionnaires de la RTLM. Mais la journaliste belge ne dit pas, alors qu’elle le sait bien que cette accusation n’a jamais été retenue par le TPIR, alors que plusieurs personnalités hutu en étaient accusées. Le TPIR a jugé qu’investir dans une société commerciale par action à responsabilité limitée qu’était la RTLM ne rend pas l’actionnaire responsable des crimes que commettraient ses agents ni de la ligne éditoriale de ce média.

Même le régime du FPR de Paul Kagame ne prend pas en compte le fait d’avoir été actionnaire de la RTLM pour enrôler et promouvoir quelques hutu de service. Exemples : l’actuel Vice-président du parti-état FPR un certain Christophe Bazivamo et l’inusable député, gouverneur puis chef de la milice du parti-état FPR dénommée “Intore”, nous voulons dire Boniface Rucagu, figurent en bonne place sur la liste des actionnaires de la RTLM. On peut donc dire que la belge Colette Braeckman voudrait  être “plus catholique que le Pape”!

– Que si le Parlement rwandais et Ibuka ont écrit au Parlement belge, celui-ci devrait s’exécuter sans hésiter;

– Que certaines organisations et plus de 600 personnes ont individuellement écrit pour demander que Laure Uwase soit exclue des experts de la Commission. Que donc l’opinion publique serait contre ce choix. Mais, comme à son habitude, en glissant sur le fait que plus de 1200 autres personnes avaient écrit pour soutenir Laure Uwase.

 

Pour finir, Colette Braeckman, qui est au fait de ce qui se mijote au sein du FPR sur ce dossier, révèle que l’expert tutsi issu du FPR et venant de Kigali Paul Rutayisire  proposé par la Commission pour contrebalancer la hutu Laure Uwase, ne sera pas autorisé par le régime à travailler avec l’équipe des experts de cette Commission tant que Laure Uwase y sera.

 

La belge et journaliste du Soir Colette Braeckman invite donc les Belges, les Congolais , les Rwandais et les Burundais, à rejeter les conclusions et recommandations qui sortiront des travaux de la commission parlementaire. Visiblement c’est la colonisation à l’envers! Dans les années 1950, les décisions prises à Bruxelles avaient des répercussions sur la vie et le cours des événements au Congo belge et au Ruanda-Urundi, aujourd’hui ce sont celles qui sont prises à Kigali qui sont d’application et qui règlent la vie politique à Bruxelles. Madame Colette Braeckman l’avait compris avant nous.

 

Bravo Madame!

 

 

Emmanuel Neretse

 

 

 

 

 

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