Réaction des FDU-Inkingi au Rapport de la Commission Duclert

Suite à la sortie du rapport de la Commission de Recherche sur les Archives Françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi que le Professeur Vincent DUCLERT a remis au Président de la République Française, Monsieur Emmanuel MACRON, le 26 mars 2021, les FDU-Inkingi (parti d’opposition démocratique rwandaise) voudrait exposer ses commentaires sur ce document.

 

Il est utile tout d’abord de commencer par cerner quels étaient les objectifs de cette Commission Duclert. A ce propos le cahier des charges de cette commande d’analyse faite par le Président français à la Commission Duclert se trouve précisé dans la lettre du 5 avril 2019, adressée au Président de ladite Commission et qui  définit un certain nombre d’objectifs dont :

– Souhaiter que le 25ième anniversaire du génocide marque une véritable rupture dans la manière dont la France appréhende et enseigne le génocide des Tutsi, tournée vers une meilleure prise en compte de la douleur des victimes et des aspirations des rescapés ;

– Conformément à l’engagement que Monsieur Macron a pris le 24 mai 2018, lors sa rencontre avec le président Paul Kagame à Paris, il tient à ce que le génocide des Tutsis prenne toute sa place dans notre mémoire collective… ;

– Analyser le rôle et l’engagement de la France au Rwanda au cours de cette période, en tenant compte du rôle des autres acteurs engagés au cours de cette période ;

– Contribuer au renouvellement des analyses historiques sur les causes du génocide des Tutsi, profondes et plus conjoncturelles, ainsi que sur son déroulement, en vue d’une compréhension accrue de cette tragédie historique et de sa meilleure prise en compte dans la mémoire collective, notamment par les jeunes générations ;

Des engagements du Président Macron envers Kagame sans contrepartie utile visible pour le peuple rwandais ;

 

Au vu du cahier des charges du président Macron, il apparaît donc clairement que les bases de cette commande d’analyse des archives découlent des engagements pris par le Président Emmanuel Macron envers le dictateur rwandais, Paul Kagame le 24/5/2018. Il serait intéressant d’en savoir un peu plus sur le contenu de ce deal  au regard du prix à paye par la France qui comprend entre autres : redorer l’image d’un régime ternie par des accusations graves des droits de l’homme et par des violations graves du droit international matérialisé récemment par l’enlèvement d’un citoyen européen, Paul Rusesabagina[1]. Tout ceci, alors  que, d’autre part, ses grands alliés notamment les Etats Unis et la Grande Bretagne demandent, de plus en plus , au régime dictatorial de Kagame de mettre fin à la répression de ses citoyens. Le deal survient également au moment où les populations de la région des Grands Lacs et la communauté internationale demandent des comptes pour les pertes de plus de plus de 6 millions de congolais et de rwandais subies à la suite des crimes de masse liées aux invasions de la RDC par, entre autres, le régime totalitaire du Président Kagame[2].

 

Il est clair qu’en son temps le Président Mitterrand voulait une paix durable au Rwanda en prônant un accord négocié au lieu d’appuyer militairement le régime Habyarimana pour écraser la rébellion FPR, ce qui était fort possible. Il a plutôt conditionné le soutien militaire à une réelle ouverture de l’espace politique et l’acceptation des négociations avec le FPR. Le Président Mitterrand aurait pu peser de son poids politique et diplomatique pour arrêter l’aide militaire que le FPR recevait de plusieurs sources bien connues, après la défaite cuisante de la rébellion fin octobre 1990. Les accords de paix que prônait le Président Mitterrand consacraient un partage du pouvoir entre le régime en place et toute son opposition et ouvraient une période d’espoir à tout le peuple. Le peuple rwandais n’était donc pas marginalisé dans ce deal Mitterrand-Habyarimana.

Par contre, actuellement, et au vu des informations disponibles et concrètes, force est de constater que les doléances essentielles du peuple rwandais, toutes tendances confondues, ne sont pas tenues en compte dans le deal Macron-Kagame.

 

En effet les Rwandais aspirent actuellement à ce qu’il y ait plus de justice pour tous basée sur la Vérité. Ils aspirent également à ce qu’il y ait une réelle ouverture de l’espace politique avec participation libre de tout un chacun à la direction du pays et au partage équitable des revenus de l’effort commun. Ils aspirent à une société où les disparitions forcées, assassinats d’opposants sont définitivement éradiqués. Ils aspirent à un pays qui vit en harmonie avec les voisins  sans qu’un groupuscule sans foi ni loi et qui pille leurs ressources en commettant  des massacres et en entretenant une déstabilisation chronique dans toute la région.

 

Les FDU-Inkingi souhaitent que les aspirations ci-devant soient prises en compte pour que les relations franco-rwandaises s’inscrivent dans l’intérêt général du peuple rwandais.

 

Le rapport s’inscrit, visiblement , dans un contexte de repositionnement géostratégique de Paris dans la région des Grands Lacs ;

 

Il convient de noter que le rapport Duclert vient s’insérer dans une série de chassé-croisé de rapports entre Kigali et Paris depuis une vingtaine d’années., chassé-croisé qui, à l’évidence, cherche à éviter que certaines vérités dérangeantes ne soient révélées. Du côté rwandais le dernier contre-rapport en date est le rapport ’’Muse’’ commandé par Kigali sur la supposée responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis.

 

Il est utile de noter que les travaux de la commission Duclert ont été lancés en 2019 après qu’en 2017 Kigali ait commandé le rapport ’’Muse’’. On est tenté de se demander si la commande n’a pas été faite sur recommandation de l’administration Macron. En effet, il est important également de noter les périodes presque concomitantes de publication de ces deux rapports (supposés être indépendants !!) et surtout la convergence des conclusions dans les deux documents visant tous à gommer le maximum de divergences entre Paris et Kigali et enterrer la hache de la guerre judiciaire entre les deux pays.

 

Il convient de noter également toutes les autres opérations de charme déployées ces derniers temps par Paris en direction de Kigali . Une des plus spectaculaires ayant été l’affectation de Madame Louise Mushikiwabo , très proche de Kagame, celui-ci, homme très peu francophile, au poste de secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Notons en passant que la mauvaise qualité de  gestion et de gouvernance au sein de l’OIF fait déjà couler beaucoup d’encre[3].

 

L’autre opération , non moins spectaculaire, est le non-lieu prononcé par les juges français dans l’affaire de l’attentat contre l’avion présidentiel de Habyarimana. Cette une décision qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne va pas dans le sens de la manifestation de la vérité.

 

Vraisemblablement , tous les évènements précités , s’inscrivent dans une dynamique de volonté de rapprochement  entre Paris et Kigali, même si cela doit se faire au détriment de certaines valeurs républicaines telles que la justice et la vérité.

 

Le rapport de la Commission Duclert est partiel :

 

Si l’on se réfère aux points du cahier des charges ci-haut rappelé, il ressort que le rapport de la Commission Duclert est partiel pour, entre autres,  les raisons suivantes :

 

– Certaines archives dont celles de la MIP (mission d’information parlementaire) de 1998 n’ont pas été consultées ;

– D’autres archives (dont celles du cabinet militaire du premier ministre) ont fait l’objet de certaines limitations d’accès ;

– Des faits et données non consignés par écrit tels que les directives présidentielles communiquées lors d’entretien tête à tête, les ordres à la voix dans les armées, les entretiens informels dans la diplomatie, les communications téléphoniques qui ne laissent pas de traces et n’ont donc pas naturellement été intégrés ;

– La Commission n’a nullement tenu compte du rôle des autres acteurs engagés au cours de cette période. Elle aurait notamment refusée d’entendre des témoins acteurs importants qui, pourtant, en avaient fait formellement la demande. Elle n’a nulle part parlé des rôles joués par les autres nations telles que l’Uganda, le Burundi, le Royaume Uni, les USA, la Belgique, etc. ;

– Le rapport ignore le contexte de la guerre inutile et meurtrière déclenchée par le FPR de Paul Kagame en octobre 1990, alors qu’un accord tripartite venait d’être conclut entre le Rwanda l’Ouganda et le HCR sur le rapatriement des réfugiés et leur réinsertion. Une délégation des réfugiés et du HCR était attendue au Rwanda le 1er octobre 1990 pour visiter les sites d’accueil identifiés par le gouvernement rwandais avant que les réfugiés ne se prononcent sur leurs intentions à savoir : retour au Rwanda, naturalisation en Uganda, autres y compris réinstallation dans un autre pays. La délégation devait informer, à leur retour, les réfugiés sur les conditions d’accueil leur permettant ainsi de faire un choix base sur la réalité.

En effet, le Front Patriotique Rwandais (FPR), composé, en majorité, de réfugiés Tutsi, membres de l’armée régulière de l’Uganda, a attaqué le Rwanda à partir du 1 er octobre 1990, provoquant une guerre fratricide qui a duré près de quatre ans et qui a réveillé les vieux démons ethniques. C’est à la demande du gouvernement rwandais légitime de l’époque, et en application d’un accord de défense signé en 1975 par le Président Valéry Giscard d’Estaing que la France est intervenue au Rwanda pour stabiliser le front militaire et favoriser les négociations ayant abouti à la signature des Accords de Paix d’Arusha le 4 août 1993, entre le Gouvernement rwandais, dirigé par le Président Juvénal Habyarimana et les rebelles du FPR, dirigés par Monsieur Paul Kagame.

 

Tous ces éléments, et plusieurs autres, soulignent les insuffisances du rapport que la commission reconnaît elle-même d’ailleurs (p.34).

 

Le Rapport apparaît très partial à plusieurs égards ;

 

– Des exactions commises par le FPR pendant le conflit des années 1990 sont à tort attribuées au parti présidentiel d’alors le MRND et à la CDR. Par exemples : la mort du Ministre Gatabazi Félicien et de Monsieur Bucyana Martin (p.330), le rapport indique : « Il est difficile de ne pas voir derrière ces crimes la main des radicaux hutu qui semblent alors déterminés à empêcher toute transition démocratique ». Or toutes les informations  disponibles pointent vers les escadrons du FPR pour ces assassinats.

– Le rapport Duclert parle du Comité de liaison des associations de défense des droits de l’homme d’origine politique inconnue et tire une conclusion que « les accusations d’exactions attribuées au FPR sont à mettre à l’actif des réseaux locaux du MRND qui continuait ainsi son travail de sape du processus de démocratisation et sa stratégie de stigmatisation des Tutsi rwandais systématiquement assimilés au FPR » (p.326). Cette assertion du rapport Duclert qui voudrait que les associations de défense des droits de l’homme aient une origine politique montre à quel point les auteurs de ce rapport ont une vision déformée et des a priori dans leurs investigations. Leurs conclusions ne peuvent  que suivre la même trajectoire, c’est-à-dire la partialité.

– Le rapport Duclert va même jusqu’à insinuer (p.442) que l’ assassinat des religieux (évêques, prêtres et sœurs à Gakurazo ) est le fait du Gouvernement Intérimaire rwandais (GIR) alors que le FPR a, lui-même, déjà reconnu être l’auteur ce massacre. Ce fait grave et de notoriété publique ne pouvait pas échapper à la connaissance de rapporteurs impartiaux.

– Par ailleurs le rapport crée volontairement une confusion  en ce qui concerne les attaques de Ruhengeri (Kirambo) dans la nuit du 17 au 18 novembre 1993 dans la zone tampon en utilisant un langage mitigé que ’’les deux parties s’accusent mutuellement’’, alors que les victimes sont toutes du MRND. Le contexte de leur assassinat était que le MRND avait gagné les élections locales. Le rapport ajoute plus loin : « Quelques jours plus tard, le 29 novembre, le FPR a lancé une opération de représailles dans la région de Kabatwa, faisant 18 victimes ». (p.327) Le rapport semble vouloir atténuer la culpabilité du FPR en inventant une liaison directe entre les tueries de Kirambo qui, pourtant, sont le fait du FPR également.

– Le drame rwandais des années 1990 ne se réduit pas au seul génocide des Tutsi, quelles que soient soit la gravité et la lourdeur de celui-ci. En effet, depuis 1990 il y a eu également de nombreux Hutus massacrés par le FPR de Paul Kagame et une vision partielle et partiale de cette histoire ne fait que prolonger et aggraver les séquelles d’un tel schéma ethniciste et racial du colonisateur qui en favorisant le groupe Tutsi dès son entrée au Rwanda avait créé des tensions encore non résolues à ce jour. Force est de constater que, malheureusement, la mission et les conclusions de la Commission Duclert se sont cantonné à cette vision passéiste, néocoloniale, raciste et divisionniste sur la société rwandaise. Un Rwanda moderne réconcilié avec son passé et débarrassé de tous ses démons n’a pas besoin que l’on aggrave les dissensions ethniques déjà fortement installées par le FPR.

Une raison de plus pour ne pas ignorer une bonne partie des crimes de masse commis au Rwanda et dans la région par le FPR et que le rapport Duclert lui-même , dans sa lettre de transmission au président, reconnaît en disant que ’’…. Un nouvel âge de la résistance aux génocides et aux crimes de masse doit s’ouvrir.’’ On ne peut pas, en effet, combattre des génocides en cachant ou en couvrant d’autres. Il n’y aura pas de paix durable au Rwanda si des pans entiers de son histoire sont ignorés et si de profondes douleurs restent non comprises.

– On constate que la Commission Duclert a cherché, tout au long de ses travaux à vouloir démontrer que l’interprétation que faisait le président François Mitterrand et ses proches collaborateurs (voir le FPR comme étant un groupe de rebelles tutsi soutenus par l’Uganda, membres d’une ethnie minoritaire ambitionnant la conquête du pouvoir par les armes) était une vision ethniciste hostile à ce mouvement. Ce faisant la Commission affiche une volonté de dissimuler le fait que le FPR était composé, en majorité de Tutsi et dont les chefs rebelles étaient des officiers de l’armée régulière ougandaise (Paul Kagame qui était chef adjoint du renseignement militaire). L’on sait que ce genre de vision tronquée de certaines réalités du conflit rwandais ont conduit et conduisent encore à des impasses en matière de véritable réconciliation. Pourtant 27 ans après la prise du pouvoir par le FPR au Rwanda, son caractère ethniste et anti-démocratique s’est confirmé (torpillage des accords de d’Arusha visant le partage du pouvoir, obstruction à l’émergence d’une véritable opposition, instauration d’un véritable apartheid ethnique dans les rouages essentiels du pays dont les instances sécuritaires et socio-politiques , etc.).

– Dans la même optique, des analyses, pourtant pertinentes telle celle (p. 746 ) du Général Quesnot (Etat Major Particulier) en juillet 94 qui constatait que ’’Le FPR, à l’image de son chef le Général Kagame, est froid et calculateur, fait fi du facteur humain et veut la totalité du pouvoir. Sectaire et intransigeant, il amadoue l’opinion internationale par d’habiles manœuvres de propagande politique relayée par une brillante diaspora et qui ont un bon impact dans le monde anglo-saxon. Il est sans doute favorable à un exode des réfugiés de la ZHS vers le Zaïre pour récupérer une zone vide où il pourra, comme dans le reste du Rwanda, procéder à une redistribution sélective des terres et nous accuser d’avoir encouragé les Hutus à fuir leur pays’’, sont tournées en dérision comme si le rapporteur cherchait, à tout prix, à cacher cette autre terrible réalité des motivations de  la guerre du FPR. Et pourtant le temps a donné raison à la vision telle celle du général Quesnot (les réfugiés de Kibeho ont été massacrés en avril 1995 ; les autres ont été poussés vers le Congo , le Burundi et la Tanzanie, les terres libérées ont été occupées en violation des accords de paix d’Arusha, etc.

– On constate, par ailleurs, que les rapporteurs s’adonnent à des jugements de valeurs au lieu de se limiter à relever les faits quand, par exemple, ils s’évertuent (p.771), à démontrer  que les analyses de l’Etat Major Particulier de François Mitterrand sont empreintes d’un dogmatisme supposé. On voit là que le but essentiel du rapporteur n’est pas de resituer le contenu des archives mais de les interpréter en vue de la conformité au cahier des charges de la commande (càd s’aligner sur les vues de Kigali).

– Le rapport, sans le dire expressément (p.332), semble insinuer que l’attentat contre l’avion présidentiel de Habyarimana fût le fait des extrémistes Hutu!

Et pourtant plusieurs autres enquêtes sérieuses (voir livre de Charles Onana intitulé ’’Enquêtes sur un attentat’’ qui en fait un relevé exhaustif [4]), penchent vers la responsabilité évidente du FPR de Paul Kagame. Ainsi, on voit , ici aussi , que les rapporteurs cherchent  encore à s’aligner sur les thèses de Kigali.

 

Le rapport fait fi d’une longue historique de coopération entre les deux pays pour trouver un bouc émissaire facile en la personne de feu Président Mitterrand ;

 

– En effet même si le rôle de François Mitterrand fut déterminant dans l’intervention de la France au Rwanda, la base de cette intervention fût l’accord coopération de 1975 centré sur le volet formation ;

– Il ne faut pas oublier tout de même que le système d’administration français de la Vème° République est du type présidentiel fort. Il en est de même maintenant. Il n’est donc pas étonnant de constater que feu le Président Mitterrand ait occupé la place qui lui revenait naturellement.

– Ça paraît un peu léger et empreint d’un certain manque de respect à ce grand homme d’état que fût François Mitterrand de vouloir profiter du fait qu’il ne peut plus se défendre pour mettre tout sur son dos.

– Sans vouloir nous porter défenseurs du bilan socio-humain de feu Habyarimana, si on regarde les qualificatifs que la Commission Duclert utilise pour le qualifier (…régime raciste, corrompu et violent, …  p. 973), et si l’on ose une certaine comparaison avec le régime actuel de Kagame sur bas de tous les rapports sur la gouvernance démocratique et du respect des droits humains (régime actuellement courtisé par Paris !!), Habyarimana apparaît comme un enfant de cœur.

A ce titre l’on peut donner quelques exemples :

 

*En ce qui concerne les relations interethniques avant octobre 1990, tout rwandais de bonne foi vous dira que le problème de régionalisme était plus aigu que le problème ethnique. Ce n’est plus le cas aujourd‘hui, la carte ethnique a pris le dessus malgré l’avis propagandiste contraire du gouvernement actuel et de ses lobbystes. Il suffit de lire le message de l’Ambassade des Etats Unis à Kigali (Who rules Rwanda [5]) ou le document « Rwanda briefing »[6] par les anciens dignitaires du FPR qui ont fui le Rwanda.

*En ce qui concerne la corruption, le Président Kagame est le patron de la société Crystal Ventures du parti au pouvoir qui a le monopole de l’économie du pays, et qui est le 2ième employeur après l’état. Paul Kagame a trois jets à sa disposition, qu’il utilise même quand il doit assister au match de finale de coupe d’Europe ou pour aller assister aux cérémonies de collation de diplômes à ses enfants aux Etats Unis. Le fils du Président Kagame, à peine 27 ans, pas d’emploi connu vient d’acheter une maison à New York pour plus de 2 millions de dollars[7]. En comparaison, les enfants du Feu Président Habyarimana ont terminé leurs études secondaires au Rwanda dans des écoles publiques. En exil actuellement, ils gagnent leur pain a la sueur de leur front et la vie de toute leur famille ne se différentie pas de celle des autres réfugiés en général.

 

Le rapport Duclert renforce et valide le discours officiel et tronqué vendu par le régime dictatorial de Paul Kagame sur le drame rwandais ;

 

– Au vu des déclarations récentes des autorités de Kigali, le rapport de la Commission Duclert les conforte dans leur thèse officielle que « Paul Kagame est le sauveur des rwandais » et que toutes les atrocités commises par son camp sont admissibles et doivent être tues.

 

– Le but politique du rapport est visiblement d’établir d’autres « vérités révélées » que le reste de la société n’aura qu’à venir consulter dans l’objectif de, justement, renouveler les approches d’analyse sur la guerre et le génocide des Tutsi au Rwanda. L’on sait à quel point cette guerre de la sémantique, des phrases et dénominations est chère au FPR et à Paul Kagame qui continue de pousser la communauté internationale à passer tous les crimes commis par ses hommes en pertes et profits.

– Le rapport véhicule donc un discours qui tente de légitimer le pouvoir dictatorial de Paul Kagame dont on sait qu’il est entré par le sang des Rwandais et se maintient dans la violence, la terreur et le mensonge.

 

Le rapport Duclert accentue et aggrave les dissensions entre les différents groupes sociaux-politiques des rwandais ;

 

– En effet le rapport consacre et prolonge l’impunité du régime de Paul Kagame en rapport avec les crimes commis par ses hommes pour accéder et se maintenir au pouvoir.

– Le président Kagame, dans son style arrogant habituel et revigoré, ne s’en cache d’ailleurs pas , lui qui vient de déclarer, dans une interview à France24, que dans ses aventures militaires en RDC il n’y a pas eu de crimes commis!

– Par ailleurs, ce rapport vient renforcer le climat d’injustice qui entoure le dossier rwandais, notamment en relation avec le non-lieu prononcé, scandaleusement, par les juges français dans l’affaire de l’attentat contre l’avion qui transportait le 6 avril 1994, les Présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi.

Tout ceci n’est pas pour aider à rapprocher les cœurs des Rwandais fortement déchirés par les malheurs que Paul Kagame et ses hommes leur ont attirés depuis les années 1990. Tout ceci n’est pas non plus pour rehausser l’image de la France en tant que pays des Lumières et des Libertés. Et il est fort à parier que les générations africaines qui viennent, celles rwandaises en particulier, sauront en tenir rigueur aux responsables français actuellement impliqués dans un deal contre-nature.

 

Conclusions et recommandations 

 

Il est essentiel d’attirer l’attention de la France et des autres partenaires du Rwanda sur les risques liés à la poursuite d’un système d’impunité accordé au FPR depuis 1990 dans la région de Grands Lacs Africains!

 

Ceci constitue, à notre avis, la cause principale de la perpétuation des crimes de masses et de la déstabilisation chronique de la région.

 

Le seul perdant , dans le deal Macron-Kagame, c’est le peuple rwandais qui aurait attendu de cette affaire plus d’éléments de défense des libertés publiques et promotion des conditions d’une véritable réconciliation inter-rwandaise.

 

Au vu de ce tout ce qui précède, les FDU-Inkingi demandent aux responsables politiques français actuels de bien vouloir corriger le tir et éviter un nouveau cycle de violence dû , notamment, à la négligence d’énormes rancœurs liées à un déni de justice pour une frange importante de la société rwandaise. Pour ce faire, ils doivent accepter, tout en défendant leurs intérêts géostratégiques bien légitimes dans la région des grands lacs , de tenir compte des aspirations profondes des peuples.

 

Les FDU-Inkingi en appellent à l’opinion publique française d’exiger que les analyses de la Commission Duclert soient prolongées par une autre plus complète et plus juste qui n’escamote aucun pan important de l’histoire tragique du Rwanda et de la région.

 

En particulier le dossier de l’attentat du 06 avril 1994 perpétré contre l’avion transportant le Président rwandais Juvénal Habyarimana, celui du Président burundais Cyprien Ntaryamira, d’autres personnalités rwandaises et burundaises, ainsi que trois membres de l’équipage français doit être relancé et traité sans interférences politiques. En effet, cet attentat, que tout laisse à penser qu’il était commis par les rebelles du FPR, dirigé par Paul Kagame, a annihilé tous les efforts de paix encouragés par la France et fut ainsi l’élément déclencheur du génocide des Tutsis et des nombreux massacres au sein de la population rwandaise.

 

Les groupes ethniques de la société rwandaise vivent ensemble sur toutes les collines du Rwanda. Les laisser avec des pans d’histoire volontairement non éclaircis, c’est ni plus ni moins prolonger et maintenir les causes même ayant conduit aux catastrophes humanitaires que le Rwanda connaît depuis les années 1990.

 

A l’heure de l’internet et la connaissance distribuée, on ne peut plus gérer le monde en récompensant plus ceux qui savent tuer le plus de gens et savent le cacher par des campagnes de relations publiques aussi couteuses en ressources que porteuses de conflits futurs entre générations.

 

Dans l’esprit d’un partenariat responsable et réciproque, les peuples des régions où gisent les matières premières dont le monde industrialisé a besoin, aspirent à ce que le partage de ces richesses soit légitimement équitable entre tous les partenaires et qu’il ne se fasse point au détriment des droits élémentaires des peuples locaux.

 

Les FDU-Inkingi estiment qu’il a , par ailleurs, nécessité de poursuivre ce travail de recherches, cette fois-ci par une commission internationale d’enquête pouvant accéder aux dossiers et archives consignés dans d’autres pays tels que les USA, la Grande-Bretagne, la Belgique, le Canada, l’Uganda, le Rwanda, le Burundi, La RDC, la Tanzanie, et dans des organisations telles l’ONU, l’UA, etc. pour mieux cerner tous les tenants et aboutissants des crises qui endeuillent les grands lacs africains depuis les années 1990.

 

Comme l’écrit si bien Paul THIBAUD dans un article intitulé ’’Rwanda : les angles morts du rapport Duclert’’ « Histoire et vérité vont ensemble. En bornant le champ où rechercher la vérité, nous nous rendons impuissants devant l’avenir, comme nous en avertit un proverbe vraiment incontournable : vérité entamée pourrit vite ».[8]

 

Fait à Rouen, le 25 Mai 2021

 

Théophile MPOZEMBIZI

Commissaire FDU-INKINGI chargé de l’Information et de la Communication

infocominfo@fdu-rwanda.com ; info@fdu-rwanda.com

 

 

 


Notes

[1] Paul Rusesabagina of ‘Hotel Rwanda’ Fame Was ‘Kidnapped,’ Daughter Says

https://www.nytimes.com/2020/09/01/world/africa/rwanda-paul-rusesabagina-kidnapped.html

https://www.youtube.com/watch?v=2uXvQpIOVEU

[2] U.S. tells Rwanda to stop support for M23 rebels in Congo

https://www.voanews.com/africa/us-calls-rwanda-end-m23-support

[3] Enquête : Dépenses, opacité, démissions… La Francophonie en perd son latin

https://www.liberation.fr/international/depenses-opacite-demissions-la-francophonie-en-perd-son-latin-20210427_RB5WCC3KMZGPDFJOV4Z53K4FOQ/

[4] Charles Onana : Enquêtes sur un attentat – Rwanda 6 avril 1994

https://www.tvlibertes.com/produit/charles-onana-enquetes-sur-un-attentat-rwanda-6-avril-1994

[5] Wikileaks: Rwandan Reconciliation Is a Lie

https://www.blackagendareport.com/wikileaks-rwandan-reconciliation-lie

[6] RWANDA BRIEFING

https://rwandabriefing.files.wordpress.com/2011/01/rwanda_briefing_august20102.pdf

[7] Kagame’s son, Ivan C. Kagame, recently bought a $2 million mansion in a New York’s upper-class neighborhood of Scarsdale.

https://glpost.com/kagames-son-ivan-c-kagame-recently-bought-a-2-million-mansion-in-a-new-yorks-upper-class-neighborhood-of-scarsdale/

[8] Rwanda: les angles morts du rapport Duclert – Causeur

https://www.causeur.fr/rwanda-les-angles-morts-du-rapport-duclert-197458

 

 

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