Tensions RDC-Rwanda. A qui attribuera-t-on la responsabilité du crash de l’hélico de la MONUSCO ?
« Nous attendons le résultat de l’enquête pour connaître les coupables ». Ce sont les mots pleins d’émotion de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies en RDC, Mme Bintou Keita lors de l’hommage aux 8 Casques bleus morts lors du crash de leur hélicoptère sur le théâtre des affrontements opposant les FARDC aux rebelles du M23. L’hélico (qui n’était pas de combat) accomplissait une mission de reconnaissance au front. Et comme l’insigne UN était visible, il était exempt de toute attaque, même d’un missile perdu. Soit !
Mais l’intrusion de l’hélico dans une zone de combat provoque toujours la peur du côté ennemi. Les Nations-Unies vont mener des enquêtes et punir les coupables. D’emblée, l’on peut penser que le coupable est connu : les FARDC. Cela relève d’une mauvaise jurisprudence et du bon sens. Du bon sens, parce que les Nations-Unies ne prendront jamais le risque de mettre cet acte sur le compte des rebelles du M23. De peur d’énerver le Rwanda. L’on sait que la RDC a cité le Rwanda d’avoir attaqué, à travers ses supplétifs du M23, la partie du territoire de Rutshuru. Désigner le M23 comme responsable de l’attaque de l’hélico signifie pointer directement le Rwanda et confirmer que c’est Kigali qui les arme et les appuie en logistique. La MONUSCO n’est pas prête à prendre ce risque. Bien plus, désigner le M23 qui n’a pas de chef connu contre qui l’on peut prendre des sanctions serait peine perdue. La mauvaise jurisprudence en la matière est connue.
Le 17 décembre 2017, 15 casques bleus Tanzaniens sont tués lors d’une attaque des jihadistes ADF/MTM au pont Semuliki/Beni. Automatiquement, les experts des Nations-Unies pointent les FARDC. Ils refusent même de se référer à l’enquête du journal Les Coulisses qui conclut, à travers faits, disfonctionnement interne et failles du dispositif MONUSCO, à une action punitive des ADF/MTM contre des musulmans Tanzaniens de la FIB qui empêchent la venue du califat en les combattant aux côtés des kafri. Il aura fallu toute la sagesse du Secrétaire général des Nations-Unies qui désignera un autre enquêteur (cette fois-ci un Russe) pour aboutir aux mêmes conclusions que le journal Les Coulisses. Le gouvernement tanzanien qui savait l’enquête des experts de l’ONU bâclée, organisera ses enquêtes privées sans y associer la MONUSCO pour tenter de récupérer (sans succès) le soldat Hadj Ali.
Comment peut-on s’attendre à une enquête objective si dès le départ, la MONUSCO dans sa communication du 29 mars 2022 avait déjà exclu l’erreur humaine en créant délibérément la confusion. En effet, la MONUSCO parlait en même temps d’un crash et de la présence d’un objet lumineux. Le crash, mieux l’accident, sans avoir une cause unique, peut résulter d’une série d’incidents dont l’erreur de pilotage, les défaillances humaines, la mauvaise visibilité, etc. Rien n’est à exclure. Dans une zone de combat, l’intrusion de l’hélicoptère provoque la peur doublée de tension d’être face à une frappe de l’ennemi. Il aura suffi d’être incapable de distinguer de quel côté sont les casques bleus pour abattre l’hélico. Or, sauf mauvaise lecture, l’ennemi du M23, ce sont les FARDC appuyées par la MONUSCO. Et donc, les casques bleus combattent aux côtés des FARDC. Mais la vie peut disposer des logiques illogiques.
Le Secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations, Jean-Pierre Lacroix ainsi que les diplomates des pays concernés par ce triste événement ont pris part aux hommages rendus aux 8 casques bleus à Goma. Le gouvernement congolais a dépêché depuis Kinshasa deux ministres pour compatir, Gilbert Kabanda de la Défense et Julien Paluku Kahongya de l’Industrie. Pour ne pas appliquer le principe de la mort au kilomètre, il est important de rappeler que lors de cette attaque du M23, le colonel FARDC Alege du 3409ème Régiment et deux de ses gardes du corps sont tombés sur le champ d’honneur de suite de leurs blessures.
Conclusion : Les Nations-Unies doivent associer les FARDC dans cette enquête. Pour éviter des suspicions légitimes. Mieux, il faut trouver comment mettre un terme à ce drame qui endeuille.
A tous ces morts par la volonté des rebelles du M23, que le Seigneur accueille leurs âmes et que, pour les soldats congolais, la nation se souvienne de leur sacrifice.
Mathias Ikem
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