RDC-Rwanda. Kigali justifie son soutien armé au M23 pour combattre la coalition supposée FARDC-FDLR

Sans réponses de choc, les jérémiades de Kinshasa ne perturberont pas Kagame.

 

Depuis le début de l’année 2022, le Rwanda a procédé, à partir des collines de Chanzu et Runyoni, par des tests sur la vulnérabilité de la RDC à travers les FARDC. Samedi 21 mai 2022, le pouvoir de Kigali a mis son plan en exécution, en attaquant concomitamment les positions FARDC de face et de dos. Dans la nuit du 24 au 25 mai 2022, Kigali a lancé des attaques sur les positions FARDC de Ruhunda située sur le versant ouest de Karisimbi/Kibumba coupant ainsi l’axe de ravitaillement des FARDC au niveau de Kibumba (25 kilomètres de Goma) et les séparant de Rutshuru (Route nationale 2) en les privant des moyens d’atteindre le front Rutshuru. Les affrontements ont duré toute la nuit grâce aux unités d’élite de la RDF positionnées à la frontière et équipées des lunettes laser à infrarouge. Il aura beau nier mais le crime parfait n’existe pas. Des éléments RDF capturés au front, des effets militaires de la RDF récupérés dont des mortiers 60 mm, une AK 81, 8 roquettes anti tanks, une chaîne de munitions PKM, une paire de tenue militaire de la RDF, un casque et des gourdes militaires jamais utilisées par les FARDC, a rapporté le général Sylvain Ekenge dans un communiqué diffusé le mercredi 25 mai 2022. La question qui revient sur toutes les lèvres est : « Que veut le Rwanda de Kagame après toute l’attention que Félix-Antoine Tshisekedi a accordée à Paul Kagame ? »

 

Cessez le jeu du chat et de la souris

 

Kigali, sûr de ses soutiens internationaux, a pris la mauvaise habitude de défier la RDC. Une guerre ne se gagne pas par des slogans ni dans les réseaux sociaux. Mille fois, dans les mêmes circonstances de temps et de lieux, la RDF déguisée en M23 attaque les FARDC. Mille fois, elle conquiert des espaces, fait verser du sang et envoie des populations en errance et mille fois, elle est repoussée avant de recommencer. Ainsi, Kigali contraint Kinshasa à jouer le jeu dangereux de la défensive. Tout le monde s’y habitue et y prend plaisir. Les stratèges en l’art de la guerre ont toujours enseigné et souligné que les défaites militaires s’expliquent par la négligence et l’ignorance. Parce que la victoire d’une armée est fondée sur l’anticipation des manœuvres de l’ennemi. Pour éviter la surprise. Or, la RDC n’a jamais considéré Kigali comme un ennemi. Et donc, le jeu du chat et de la souris entre la RDF et les FARDC peut perdurer. L’on posera la question s’il faut attaquer le Rwanda. La réponse est non. Seulement, contre un ennemi qui attaque et se retire quand on crie, il n’existe que deux manières de lui faire la guerre, la ruse et la force.

 

En clair, les FARDC ayant compris les particularités des attaques attribuées au M23, il faut les frapper avec force et neutraliser un plus grand nombre afin de réduire (si pas anéantir) en eux toute nouvelle tentative de recommencer. L’impression que la RDC donne, en pleurnichant, est que nos forces seraient dépourvues de capacités réelles opérationnelles à faire face à la menace récurrente du Rwanda. La mobilisation de nos forces et les réponses données à toutes ces menaces font croire que les FARDC sont très vulnérables. Parce qu’elles ne comptent que sur la puissance de feu, la puissance de réaction défensive alors que la nature de la menace exige de faire de temps en temps recours à des forces d’action non conventionnelles dans le renseignement et dans les actions de terrain. Après tout, cette population qui cohabite avec les rebelles du M23 est congolaise. Pourquoi ne pas s’en servir ?

 

Les mensonges du ministre rwandais Vincent Biruta à Malabo

 

Lors du sommet de l’Union africaine sur le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique à Malabo, le ministre rwandais des affaires étrangères, Vincent Biruta a vanté son pays d’être parmi ceux qui respectent pleinement le droit de l’homme et l’état de droit avant de qualifier les accusations de la RDC de sans fondement et d’accuser les FARDC de collaboration constante depuis près de 30 ans avec les FDLR qui ont un plan de déstabilisation du Rwanda toléré par la RDC. Et de déclarer que les FDLR combattent aux côtés des FARDC. Et donc logiquement, la RDF doit aussi appuyer le M23 : « Il est donc irresponsable pour la RDC de n’insister que pour combattre le M23 tout en ignorant commodément les FDLR qu’elle héberge depuis toutes ces années. La RDC blâme le Rwanda en ignorant ses obligations. »

 

Enfin, par la bouche de Vincent Biruta, Kigali déclare ouvertement la guerre à la RDC : « Les bombardements sur le territoire rwandais ne peuvent être tolérés comme affaires normales. Le Rwanda aura(it) le droit de répondre à la provocation. La RDC doit désamorcer sa rhétorique et respecter les mécanismes convenus. » Pour Biruta, Paul Kagame a déjà signifié à Félix Tshisekedi qu’il ne peut pas tolérer le comportement de la RDC. Le Rwanda et la RDC sont en guerre (larvée). Rien ne peut être pris à la légère. Il faut s’y préparer dès maintenant. L’on connaît la politique de Kigali. Quand il est pris en flagrant délit, il évoque la question FDLR qu’il tient à remplacer par des non Rwandais radicalisés sous traités par Londres.

Actions préventives et réponses de choc

Le pouvoir de Kigali nargue tout un peuple de 80 millions disposant (in) volontairement d’une centaine de groupes armés locaux. Et ce depuis 1998. Le bilan de cette déstabilisation est incomptable tant en victimes humaines qu’en dégâts matériels. Kigali connaît nos faiblesses politiques et diplomatiques. Il connaît les faiblesses de l’élite congolaise depuis qu’on lui a dit que le pouvoir en RDC est conditionné par le blanc-seing des parrains rwandais et ougandais. Aujourd’hui plus qu’hier et demain, seules les actions préventives et les réponses de choc peuvent faire réfléchir Kigali convaincu que c’est le seul langage qu’il attend et entend. Les réponses de choc à la provocation qui n’a que trop duré auront des impacts productifs et porteront des coups décisifs à cette aventure nommée « Mouvement du 23 mars ». Il faut frapper là où ça doit faire très mal. Il ne faut pas attendre les condamnations de la communauté internationale après de laquelle Kigali tire sa légitimité.

 

La CIRGL tout comme la MONUSCO n’ont aucune force contraignante sur Kigali. Elles n’ont jamais vu aucun rwandais au front de Rutshuru. Faut-il rappeler au peuple congolais qu’il est temps de définir des options à lever pour ramener la paix dans l’est en dotant sérieusement les FARDC pour parer à toute menace, en instituant la Cour martiale (au besoin la peine de mort) et d’autres mesures draconiennes comme la poursuite de tous ceux qui détournent les fonds destinés aux opérations militaires et ceux qui mènent des campagnes de démoralisation des troupes et de déstabilisation du pays. Kigali gagne des combats mais ne gagnera pas la guerre contre la RDC. Dressons nos fronts.

 

Nicaise Kibel’Bel Oka

 

Source : lescoulissesrdc

 

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