« Le dernier prisonnier d’Arusha », un livre du Dr Augustin Ngirabatware
Augustin Ngirabatware, de sa prison du Sénégal, vient de publier, aux Editions du Panthéon à Paris, un livre intitulé : « Le dernier prisonnier d’Arusha. Vie concrète et révélations sur la justice du Tribunal Pénal International pour le Rwanda ».
« Je voudrais dire au lecteur qu’il a devant lui le récit d’un condamné par une juridiction dans laquelle il a toujours perçu des germes profonds d’injustice, cela même avant qu’il ne soit arrêté et jugé »
Durant plus de deux ans, l’auteur a été l’unique prisonnier du Centre de Détention onusienne à Arusha (Tanzanie), après le transfert de ses co-détenus dans d’autres pays.
Augustin Ngirabatware expose cette vie derrière les barreaux, pointant l’injustice qu’il a subie sans divulguer d’identités dans le respect des décisions du tribunal. Condamné par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), il s’étend sur les manipulations politiques et les lacunes de la quasi-totalité des procès du TPIR qui n’ont ciblé que les membres d’un seul groupe ethnique rwandais. Pour sauver la justice pénale internationale qu’il estime partisane, il propose la création par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une Commission Juridique Internationale Indépendante pour le Rwanda devant faire la relecture du legs du TPIR et proposer des solutions idoines (https://www.editions-pantheon.fr/).
Ci-après un extrait de la préface qu’en a en faite le politologue allemand Dr Helmut Strizek :
« Dans ce livre, Augustin Ngirabatware raconte sa vie d’unique prisonnier pendant presque deux ans au Centre de détention de l’ONU à Arusha en Tanzanie après le transfert de tous ses codétenus dans d’autres pays africains tels que le Mali, le Bénin et le Sénégal. En même temps, il fournit une analyse critique pertinente du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) et de son successeur, le Mécanisme International appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (MTPI) ».
[…]
« Après l’arrivée de Ngirabatware à Arusha en 2008, le Juge William Sekule (République Unie de Tanzanie), président de la Chambre II du TPIR, a accepté un nouvel acte d’accusation du Procureur du TPIR. Celui-ci avait initialement accusé Ngirabatware d’avoir planifié le génocide contre la population Tutsi dans le cadre d’une conjuration avec plusieurs autres dignitaires du régime Habyarimana. L’acte d’accusation a été presque totalement modifié et il fut concentré sur des crimes allégués dans la préfecture de Gisenyi en 1993 et 1994. Le procureur n’avait pas d’autre choix que de soumettre de nouvelles allégations car l’accusation de planification du génocide rwandais avait volé en éclats à l’issue de la quasi-totalité des procès terminés. »
[…]
« Je partage totalement la position critique d’Augustin Ngirabatware envers le TPIR dès son installation en 1994. Dans le bilan du TPIR contenu dans mon livre de 2015 Der Internationale Strafgerichtshof für Ruanda in Arusha/Tansania. Eine politisch-historische Bilanz,[1]on trouve l’analyse de tous les procès menés devant le TPIR dans une longue annexe. Un chapitre est consacré aux procès contre Augustin Ngirabatware. J’ai tiré la conclusion que le Tribunal voulait à tout prix protéger le régime de Kagame contre des hommes capables de jouer un rôle important dans la vie politique du Rwanda, compte tenu de leurs compétences professionnelles et de leur audience auprès des membres des deux principales composantes ethniques de la population rwandaise. Dans les conclusions de mon livre publié en 2020 intitulé Ruanda – die geleugnete Geschichte. 25 Jahre Diktatur der Ruandischen Patriotischen Front. Memorandum und Appell[2], j’ai repris cette idée concernant le TPIR. En outre, j’explique que les jugements rendus par le tribunal international étaient basés sur le seul « narratif officiel » concernant les événements survenus récemment dans la Région des Grands Lacs d’Afrique ».
Augustin Ngirabatware est de nationalité rwandaise. Docteur en sciences économiques de l’Université de Fribourg, où il a été assistant, il a été enseignant à temps partiel à l’Université Nationale du Rwanda (1986-1994), ministre du Plan et ministre du Plan et de la Coopération du Rwanda (1990-1994). Il a exercé deux mandats de Président du Conseil des Ministres Afrique-Caraïbes-Pacifique (1991-1992) et a enseigné à l’Université Omar Bongo/IST et à l’Institut de l’Économie et des Finances à Libreville au Gabon (1994-1997). A. Ngirabatware a été Chercheur-Consultant au Centre de Développement de l’OCDE à Paris (1998-1999).
Détenu au Centre de Détention de l’ONU à Arusha (Tanzanie) depuis octobre 2008, il a été transféré en détention au Quartier de Détention du TPIR au Sénégal en juillet 2021.
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[1] H. Strizek, Le tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha/Tanzanie. Un bilan politico-historique, Frankfurt/M. 2015. Internationaler Verlag der Wissenschaften, Peter Lang. 606 p. ISBN 978-3-631-66208-3.
[2]H. Strizek, Rwanda. L’histoire niée. 25 ans de dictature du Front Patriotique Rwandais. Memorandum et appel, Berliner Studien sur Politik in Afrika 21, Peter Lang, Berlin 2020, 218 p. ISBN 978-3-631-80654-8
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