Rwanda-RDC. Tournant dans la guerre d’invasion à l’Est de la RDC. La ‘‘neutralisation des FDLR’’, un piège ?
Rappel du contexte
L’on se rappellera qu’en 2021, le groupe de rebelles Tutsi du Congo qui s’était emparé en 2013 de Goma le chef lieu de la province du Nord Kivu et frontalière avec le Rwanda avant d’en être chasses et de se replier en Ouganda et au Rwanda, a lancé une offensive fulgurante et qu’en moins de quelques mois, il s’est emparé de la plus grande partie de cette province riche en minéraux stratégiques rares.
Les Forces Armées de la RDC n’ont pas pu repousser l’envahisseur hors du territoire national. Et pour cause: le nouveau M23 n’était autre chose que des unités de l’Armée régulière du Rwanda de Paul Kagame qui intervenaient avec des unités d’élite, des chars et de l’artillerie lourde et moderne.
Il a donc fallu recourir et accepter des processus diplomatiques et politiques pour tenter de mettre fin à ce conflit.
C’est ainsi qu’un processus dit de ‘‘Nairobi’’ a été lancé et visait à réunir, sur une même table, les groupes armés rebelles de RDC qui accepteraient de déposer les armes et être cantonnés et le gouvernement pour étudier ensemble les modalités de leurs réintégration dans la société. Ce processus a échoué et est mort-né car le M23/RDF a rejetée l’offre.
C’est devant cette impasse que le 2è processus dit de “Luanda” qui devait suivre pour implémenter et mettre en pratique les résolutions de celui de Nairobi a été malgré tout de même lancé.
Processus de Luanda
Le processus de Luanda devait initialement superviser et assurer le désarmement, le cantonnement et la réinsertion des groupes armés dans la société. Il a été lancé et confié au président de l’Angola João Lourenço.
C’est ainsi que João Lourenço a voulu réunir sur la même table le Rwanda, la RDC et l’Angola comme Médiateur.
Mais comme cela va se révéler, chacun des parties autour de cette table avait ses intérêts et ses calculs propres comme nous allons le voir.
Du côté rwandais, Paul Kagame entendait tendre un piège à la RDC en l’obligeant de s’engager et de signer pour une acte qu’il ne pourrait jamais accomplir mais qui constitue la demande impérative de Kagame: l’éradication des FDLR de la RDC.
Pour le président de l’Angola João Lourenço, il entendait retirer de cette médiation un aura international et un crédit face aux puissances soutenant le Rwanda de Kagame s’il réussissait à faire signer un accord entre les deux belligérants.
Pour la RDC, le président Félix Tshisekedi entendait satisfaire la demande de Kagame et ainsi montrer aux puissances soutenant Kagame qu’il est de bonne foi et que donc il devrait bénéficier des mêmes faveurs que lui et surtout qu’elles lui demandent de retirer ses troupes de la RDC ou alors le sanctionnent.
Mais il s’avère que dans ce jeu de dupes, c’est toujours la RDC qui en sort ou en sortira comme “le dindon de la farce”. Tenez:
Décisions irresponsables et ordres enfantins donnés aux FARDC
Selon un site du média réputé généralement bien informé car proche des Services des Renseignements de l’OTAN et surtout de France où il est basé , nous citons Africa Intelligence, il s’avère que le président de la RDC en tant que Commandant suprême des forces armées de ce pays, vient de donner aux FARDC déployées à l’Est du pays un nouvel ordre d’opération qui les écarte de la mission originale qui était de “défendre l’intégrité de la RDC et au final bouter l’envahisseur hors de son territoire”.
L’objectif désormais fixé par le Commandement suprême aux FARDC dans les provinces du Nord et du Sud Kivu et Ituri est de “capturer mort ou vif’’, le “ général Oméga” présenté comme le ‘‘commandant militaire des FDLR”, car il est simplement un réfugié Hutu en RDC et qu’il défend ceux qui sont dans sa situation.
C’est dans ce cadre qu’il faut placer les combats autour de Goma entre les FARC et les supposées FDLR comme le rapportent les médias.
Le but inatteignable de cette opération satisfaire Kagame. Il a des conséquences très graves et destructrices
En fixant à ses forces armées “la capture d’Oméga” comme objectif , la RDC espère ainsi satisfaire aux exigences de Paul Kagame, mais aucun succès n’est garanti. En effet, son envahisseur qu’est Paul Kagame ne se satisferait pas du seul Oméga même si on lui offre sa tête sur une assiette, car pour lui tout Hutu en RDC est un ”FDLR”.
Selon des observateurs avisés, la mission de traquer à Omega et de le capturer revient, ni plus, ni moins, à détourner les FARDC de leurs missions légitimes et patriotiques à savoir la défense du territoire contre les envahisseurs. Cela a revient en fait à pour faire la chasse aux pacifiques réfugiés Hutu en RDC car considérés tous comme FDLR ; car pour le général Paul Kagame, tout Hutu : rwandais, burundais, congolais à l’Est de la RDC est FDLR.
Il est également un risque en filigrane que cette nouvelle mission et objectif donnés aux FARDC va les diviser davantage car chaque soldat congolais aura tendance à se définir par rapport aux « Hutu », réfugiés rwandais et Hutu congolais, avant de se sentir membre d’une armée nationale transcendant les tribus et les communautés.
Constat et interrogations
Si la RDC ne rectifie pas le tir à temps, il se profile un danger grave : les FARDC seraient contraintes et vouées à l’autodestruction et à la défaite dans ce conflit avec l’armée de conquête de Kagame. Et dans ses conditions, la question légitime à se poser est : dans quel état en sortira la RDC ? Encore un Etat unitaire ou balkanisé? Qui en serait responsable devant l’Histoire? Que faire pour éviter à la RDC le sort de plusieurs pays qui, depuis l’instauration du nouveau “désordre mondial” qui a fait sombrer dans le chaos des pays jadis unitaires, forts et fiers. Les exemples ne maquent pas : la Somalie, le Soudan et la Libye en Afrique sans parler des pays du moyen orient, etc.
Autant de question que nous soumettons à l’opinion publique et surtout congolaise pour que demain personne ne puisse dire qu’il n’en savait rien.
Emmanuel Neretse
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