Procès d’Eugène Rwamucyo en France. Deuxième semaine 7-9/10/2024

Synthèse du Lundi 07 octobre 2024

 

Poursuivi devant la Cour d’Assises de Paris depuis le 01 octobre 2024 pour génocide et complicité de génocide, l’audience s’est poursuivie ce lundi dès 09h30. Le « journaliste d’investigation » et écrivain Jean François Dupaquier et le prêtre Fortunatus Rudakemwa ont été  auditionnés. Entendu à deux reprises par le tribunal ce jour, Jean François Dupaquier, proche des Assassins sans Frontières et surtout des parties civiles FIDH, LICRA, IBUKA-France, Survie, il aura étalé toute sa haine contre le prévenu Eugène Rwamucyo. Tour à tour, il qualifiera ce dernier « d’un des 50 criminels du génocide des Tutsis ».

 

Par ailleurs, incapable d’apporter des éléments probants à la cour, il dira que selon le témoignage qu’il aurait recueilli d’une prénommée « Vénéranda », celle-ci lui aurait confié que l’accusé aurait posé une grenade dans son bureau afin de faire disparaitre les preuves ! Quel délire. Selon, Jean François Dupaquier qualifié avec ses compères par le journaliste d’enquêtes Pierre Péan de « Blancs Menteurs » n’aurait pas hésité à affubler l’accusé « d’agitateur politique » sans apporter aucune preuve concrète sur l’organisation et la complicité du génocide par le Dr. Rwamucyo !

 

Par ailleurs, le témoignage du prêtre Fortunatus Rudakemwa aura permis d’étaler la partialité, le parti pris du Président du Tribunal Marc Lavergne. Le Président du Tribunal a manqué d’impartialité, orientant à souhait les questions et suscitant même les réponses du témoin Fortunatus Rudakemwa. Ce dernier, prêtre rwandais, a démontré que l’Eglise catholique n’est pas responsable du génocide et que la responsabilité incombait aux politiciens.

 

Au Rwanda, il y a eu un « génocide des Rwandais » dira le prêtre Fortunatus Rudakemwa! Colère du Président du tribunal qui voulait imposer au témoin, l’appellation officielle du gouvernement de Paul Kagame, « génocide des Tutsis ». Il mettra mal à l’aise les parties civiles en affirmant qu’il y a eu plus de morts hutus que tutsis tout en se basant sur le recensement de 1991 du Programme des Nations-Unis pour le Développement (PNUD).

 

Enfin de journée, la diffusion de deux documentaires clôturera l’audience de ce jour. Dans un premier temps, l’interview du Président de Survie d’alors, Jean Carbonare, connu pour sa proximité comme conseiller de Paul Kagame sera diffusé. Ce dernier prononcera ,en janvier 1993, le terme génocide, soit plus d’un an avant la tragédie survenue au lendemain de l’assassinat du Président Habyarimana le 06 avril 1994.

 

Quant au documentaire d’Alison Desforges réalisé par Human Right Watch, il était destiné à accréditer l’idée du projet génocidaire des Hutus contre la minorité tutsie ! Totalement à  charge. Le prévenu Dr. Rwamucyo aura tout de même informé l’assistance sur son essai politique très documenté intitulé « Big Tactic de Museveni et Kagamé en Afrique Noire ».

 

Synthèse du  Mardi 08 octobre 2024

 

Cette journée a vu dans un premier temps l’audition du Général de Gendarmerie Jean-Philippe REILAND, chef de l’OCLCH, qui a porté sur des enquêtes effectuées par l’ancienne Section de recherches de la Gendarmerie sur le terrain de la ville de Butare.

 

La défense du Dr. Rwamucyo a pointé du doigt le caractère flou des cartes exposées par le tribunal, l’absence d’identification métrique des lieux de résidence et de travail à Butare. L’approche méthodologique qui a consisté à auditionner des témoins proposés par le gouvernement rwandais dans le cadre d’une coopération judiciaire entre les deux pays  a aussi été mise en cause car susceptible de manipulations.

 

L’après-midi, le tribunal a auditionné M. Alphonse KIRIMOBENECYO, artiste/graphiste, ancien Employé à l’Imprimerie Scolaire et l’Imprimerie Nationale du Rwanda à Kigali. Le témoin a déclaré avoir rencontré une seule fois dans son bureau Dr. RWAMUCYO à l’imprimerie scolaire de Kigali. Le témoin n’a  « jamais vu le Dr Eugène Rwamucyo tirer les bons à tirer ni rédiger les éditoriaux du journal Kangura ». Visiblement fatigué, il a conclu en demandant  que si on l’aime, qu’on le laisse tranquille.

 

La journée s’est terminée par l’audition de M. Hervé Deguine, ancien Secrétaire-Général Adjoint chargé de l’Afrique (1993-1996), Reporters sans Frontières,  non pas en qualité de témoin mais plutôt d’expert sur les médias et la liberté de la presse au Rwanda. Tout en n’excusant pas la dictature sous Habyarimana, il n’a pas occulté les affres de la tyrannie du régime dit de « libération » de Paul Kagamé notamment sur l’absence de liberté de la presse, le harcèlement et les assassinats de journalistes, etc. M. DEGUINE a déclaré que quand on parle de dictature au Rwanda, ça gène.

 

Par ailleurs, il a mis en garde le tribunal sur la manipulation des témoins lors des affaires Ferdinand Nahimana au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) à Arusha, l’emprisonnement de Mgr André Sibomana, Directeur de la revue KINYAMATEKA et Administrateur Apostolique du diocèse de Kabgayi, et l’arrestation pour faits de « génocide » du père Guy Theunis de la Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs).

 

Hervé Deguine n’a pas hésité à dénoncer le manque d’intégrité des « experts » Jean Pierre Chrétien, Marcel Kabanda et Jean François Dupaquier influencés par les réseaux du FPR de Kagame en France. Il a enfin dénoncé l’agenda occulte des associations Ibuka, Survie, LICRA, la FIDH, sans les nommer, qui ne seraient rien d’autres que des relais d’agenda de Paul Kagamé en Occident.

 

Il a conclu son témoignage en préconisant la prudence dans le traitement des témoignages qu’on présente.

 

L’audience s’est achevée à 18H 38 pour reprendre le lendemain à 9H30.

 

Synthèse du Mercredi 09 octobre 2024

 

L’audience judiciaire s’est poursuivie ce jour au sujet du dossier du Dr. Eugène Rwamucyo.

 

Dans la matinée, le président du Tribunal Jean Marc Lavergne donnera lecture de quelques auditions de témoins relatives à Eugène Rwamucyo dont celle du Dr Alphonse KAREMERA, ancien ophtalmologue au CHUB (Hôpital universitaire de Butare) et ancien doyen de la faculté de médecine à l’UNR. Le Dr KAREMERA déclare que Dr RWAMUCYO est innocent, qu’il n’a pas commis de génocide.

 

Le prévenu a expliqué à la cour en quoi consistait sa responsabilité de médecin hygiéniste.

Lors des débuts de la guerre d’agression du 01 octobre 1990 menée par l’Ouganda et des réfugiés tutsis, le Rwanda devait faire face à un flot important de déplacés internes. Et le travail au quotidien du Dr Rwamucyo était de parcourir les camps de réfugiés et mettre en place des mesures sanitaires d’assainissement notamment à Butare et alentours.

 

Dans l’après-midi, il a été entendu depuis Kigali, une ancienne collègue d’Eugène Rwamucyo du Centre Universitaire de Santé Publique (CUSP) de Butare dénommée Marie-Jeanne Mukabera, archiviste au CUSP. L’essentiel de sa déposition était d’accuser Eugène Rwamucyo d’être responsable de massacres contre des populations tutsies.

 

Or, rapidement, la cour devait remarquer que sa déposition était décousue et « manquait de cohérence » et recelait des « contradictions » majeures selon les propos du président du Tribunal Jean Marc Lavergne.

 

Après une brève interruption du fait d’une coupure technique, le témoin Marie-Jeanne Mukabera refusait de répondre aux questions de la défense arguant ne plus se souvenir  et de souffrir de troubles de vue.

 

Enfin, lors de l’audition du Dr Abel Dushimimana, un autre collègue du Dr RWAMUCYO au CUSP, ancien Directeur du CUSP, le témoin accusa Dr Eugène Rwamucyo d’être ethniste, divisionniste et régionaliste. Dans son propos, il a fait référence à sa candidature à la direction du Centre Universitaire de Santé Publique (CUSP) contre Casimir Bizimungu. Il impute son échec à ce poste à « l’hostilité » du Dr. Rwamucyo qui le percevait comme un « tutsi du Sud ». Il a évoqué également l’appartenance du Dr Rwamucyo à la CDR, un parti d’extrême droite selon le témoin et proche du pouvoir du Président Juvénal Habyarimana.

 

En Octobre 1990, Dr DUSHIMIMANA a été emprisonné au motif qu’il était soupçonné d’être un complice (ikitso) du FPR. Il sortira de prison après 6 mois. Concernant les événements de Butare entre Avril et Juillet 1994, il a déclaré qu’il n’était pas à Butare. Il a en outre indiqué qu’il était Tutsi, mais avait changé d’ethnie pour « bénéficier de certains privilèges ». Membre-fondateur du parti PSD et membre de son bureau politique, il fut Ministre de la Santé de 2002 à 2004.

 

L’audience s’est achevée à 19H 23 min et reprendra le lendemain.

 

Jane Mugeni

 

 

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