Processus de Luanda : vers une impasse prévisible ?
Le processus de Luanda, censé instaurer un dialogue franc et constructif entre la RDC et le Rwanda, semble malheureusement condamné à l’échec en raison des mensonges et manipulations de Kigali. Si le président de la RDC maintient, à juste titre, son discours habituel – qui repose sur des faits irréfutables – il est difficile d’imaginer une issue positive à ces négociations voire même, une poignée de main entre les deux chefs d’état.
En effet, les points centraux suivants demeurent des obstacles insurmontables :
1. La responsabilisation du Rwanda pour l’invasion militaire et l’instabilité persistante dans l’Est de la RDC.
2. La reconnaissance des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par les troupes rwandaises et leurs alliés du M23.
3. La dénonciation du pillage systématique des ressources minières congolaises, une pratique documentée par de nombreux rapports internationaux, y compris des instances onusiennes.
Dans ce contexte ou un accord véritablement constructif semble difficilement envisageable, il y a lieu de se poser une question fondamentale :
Compte tenu des dénis systématiques du gouvernement rwandais, quel pourrait être le contenu textuel d’un éventuel accord, et à quel point ce dernier pourrait-il être contraignant pour le Rwanda s’il reste vague ou élude la réalité du terrain ?
Une négociation bâtie sur des contradictions flagrantes
Pour qu’un accord ait du sens, il repose nécessairement sur un minimum de reconnaissance mutuelle des faits. Or :
*Comment un pays pourrait-il s’engager à retirer ses troupes d’un territoire qu’il nie occuper, en dépit de preuves accablantes fournies par des rapports onusiens et des observateurs indépendants ?
*Comment ce même pays pourrait-il cesser de soutenir une rébellion qu’il prétend ne pas appuyer, alors qu’il est le premier à défendre cette rébellion politiquement et diplomatiquement ?
Ces contradictions évidentes affaiblissent la crédibilité des négociations et posent la question de leur véritable finalité : s’agit-il d’un processus sincère ou d’une tentative de légitimer un statu quo favorable à Kigali ?
Les enjeux géopolitiques sous-jacents
L’enjeu dépasse de loin la seule dynamique régionale. La stratégie de développement économique du Rwanda repose en grande partie sur l’exploitation des ressources minières de la RDC, essentielles à la survie économique du régime. Cela s’inscrit dans un cadre plus large, notamment avec les engagements pris auprès de certains partenaires européens dans le cadre du projet European Gateway – une initiative stratégique visant à valoriser les minerais critiques en réponse aux nouvelles routes de la soie chinoises (Belt and Road Initiative).
Cette situation illustre bien la pression internationale exercée sur la RDC, qui se retrouve contrainte de défendre sa souveraineté face à des intérêts étrangers bien organisés, prêts à tolérer – voire à encourager – une partition de facto de l’Est du pays.
La RDC face à un défi existentiel
La RDC se trouve confrontée à une décision lourde de conséquences : protéger son unité nationale contre des acteurs déterminés à exploiter ses fragilités internes. Sur la base des dynamiques actuelles, le seul “accord” que Kigali pourrait tolérer est une partition implicite de la RDC, garantissant un accès continu aux ressources de l’Est.
La viabilité d’un accord : entre flou et instrumentalisation
Un autre risque majeur réside dans la portée et le contenu d’un éventuel accord. Si ce dernier demeure vague sur la réalité du terrain ou évite de traiter des questions centrales (telles que le retrait effectif des troupes et le démantèlement des réseaux de soutien au M23), il ne sera ni contraignant ni véritablement applicable. Pire encore, il pourrait servir de couverture politique pour consolider les gains actuels de Kigali.
Conclusion
Pour que le processus de Luanda aboutisse à une solution durable, il est donc impératif que la vérité des faits soit placée au centre des discussions. À défaut, toute tentative de dialogue ne fera qu’envenimer les tensions, au détriment de la stabilité régionale et des populations de l’Est de la RDC. Cela étant dit, toute personne qui connait un peu le fonctionnement du FPR et de Kagame sait qu’ils ne jouent jamais « cartes sur table » et que la seule chose qu’ils respectent c’est la force!
Jean-Luc Habyarimana
Source : x.com @JLHaby
13/12/2024
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