Est de la RDC : « Si ce Conseil échoue, la rue va s’en charger »

Ces mots  forts ont été prononcés par la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Wagner Kayikwamba, au Conseil de sécurité sur la situation à l’Est du Congo.

 

Dans les sports de combat, le KO de l’anglais « to knock out » signifie «  faire sortir en frappant ».  La séance du Conseil de Sécurité  tenue le 27/01, ressemble caricaturalement à ce genre de sport qui se termine par la mise hors de combat à la suite d’un coup porté à son adversaire. Ce dernier, sonné, perd  ses moyens et demande la fin de match.

 

Dans cette arène onusienne, Madame la ministre, avec un regard d’une guerrière hardie, n’a pas lâché la pression, tant sur elle-même que sur l’ensemble des forces diplomatiques présentes. Sa posture laisse entrevoir une femme prête à se battre  pour tenter de rallier toutes les troupes à sa cause.

 

L’allocution de son adversaire rwandais a raisonné comme un cor de guerre adverse, provoquant le dernier assaut de la ministre qui tente de neutraliser verbalement cette contre-offensive.

 

Son discours dégage un sentiment de rage, fort d’émotions et d’éléments de preuves. Ces dernières sont égrainées point par point. Elles sont déjà connues, de toutes façons : la région est victime de la richesse de son sol, source de convoitise éhontée, la population fuit et meurt, on sait qui la tue, etc.

 

Les propos de Madame sont donc une répétition, scandée autrement au milieu de ce décor onusien assombri par les problèmes de ce monde, récités  à longueur de journée  souvent sans suites concrètes.

 

Le discours de Madame s’est terminé sans applaudissements, pourtant mérités. Tout le monde a l’air assommé, frappé d’une culpabilité mortifère.

 

Aujourd’hui, la vie continue comme si de rien n’était au point de penser que, même les murs onusiens n’ont plus d’oreilles. Autrement, ces dernières auraient fait signe de vie, surtout après avoir écouté ces propos:

 

« Monsieur le Président, distingués membres du Conseil, l’histoire nous convoque aujourd’hui ici, dans cette enceinte où se scelle le destin des nations. Elle ne tolère ni l’indifférence ni l’hésitation. (….)

 

«… Malgré les alertes répétées du gouvernement congolais depuis 3 ans, ce Conseil  est resté passif. Ce Conseil ne peut se contenter de déclaration de préoccupation ou de rester simplement saisi de la question. Son mandat, son devoir est de protéger la paix et la sécurité internationale, de défendre la vie humaine sans distinction d’origine, de race, de religion ou de genre. Ce Conseil est le garant de l’espoir et de la foi en des jours meilleurs, les  jours de paix, de développement et de prospérité. C’est pourquoi, nous appelons ce Conseil à agir de manière décisive et immédiate, conformément aux preuves accablantes fournies par le dernier rapport du groupe d’experts ».

 

Sur le terrain, la guerre et ses commandants s’en foutent. Radio France Internationale parle, en ce moment, de plus de 3000 morts supplémentaires à Goma. Les bombes  foudryantes  sont toujours larguées sur les camps de déplacés. On entend de plus en plus les cris des enfants affamés et abandonnés, les hurlements de blessés et d’agonisants sans soins. Seules les femmes violées tentent, malgré la souffrance, de maitriser le silence.

 

Faustin Kabanza

 

 

 

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