Guerre d’agression de la RDC par le RDF/M23. Quelle est la situation sur le terrain ?

Cet article est un PERINTREP (Periodic Intelligence Report) pour la période de fin février-début mars 2025.

 

Dans toute guerre, les unités déployées au front des combats font des rapports réguliers à leurs supérieurs hiérarchiques de la situation sur le terrain. Certains rapports sont journaliers et sont appelés, en jargon militaire, des SITREP (Situation Report). D’autres sont appelées PERINTREP (Periodic Intelligence Report) et sont produits après une certaine durée des opérations, mensuellement ou trimestriellement.

 

De même, les journalistes et reporters de guerre, pour fournir à l’opinion publique la situation sur le terrain des opérations militaires, usent souvent de la même méthodologie que celles dont usent les commandants des unités engagées au front, pour faire rapport à leurs hiérarchies.

 

C’est ainsi que, comme polémologue et reporter de guerre, nous allons vous produire un rapport périodique de situation dans la guerre qui oppose le Rwanda de Paul Kagame à la RDC de Félix Tshisekedi.

 

Ce PERINTREP couvre la période allant de mi-février à début mars 2025 et sera présenté sur trois plans principaux: opérationnel, politique et diplomatique, propagande et des médias.

 

Sur le plan opérationnel

 

La guerre à l’Est de la RDC se déroule sur deux fronts principaux correspondant aux 2 provinces, celle du Nord et du Sud Kivu convoitées par Paul Kagame.

 

Dans ce qui reste de la province du Nord -Kivu encore sous contrôle gouvernemental après la prise de son chef-lieu la ville de Goma par les unités des RDF de Kagame mi-février 2025, les FARDC résistent encore devant les offensives de l’ennemi pour conquérir la ville de Butembo dans Lubero.

 

Parallèlement, l’armée ougandaise a investi la ville de Bunia chef-lieu de la province de l’Ituri mais sans savoir si c’est dans le cadre de traquer le groupe islamiste ADF ou alors comme l’avait menacé le général Muhoozi, chefs des ramées ougandaises, pour défendre les Hema qu’il assimile à son ethnie hima/tutsi contre les Lendu assimilés aux Hutu ; les deux ethnies sont régulièrement en conflit dans l’Ituri.

 

Après leur déploiement à Bunia, les soldats de l’armée ougandaise se sont déployés à Mahagi le 01 mars 2025, une localité à plus de 150 Km au nord de Bunia, frontalière avec l’Ouganda. Une colonne de camions, de 4×4 et de véhicules armés de mitrailleuses, des soldats ougandais franchissaient le poste frontière de Mahagi, une localité au nord de la province de l’Ituri en RDC, en chantant sous l’œil surpris des habitants.

 

Sur le front-sud, il a été noté la prise de l’aéroport de Kavumu suivie de celle de la ville de Bukavu par les troupes rwandaises et leur M23/AFC sans combats et cela après la chute successive des localités sur l’axe routier de Goma-Bukavu.

 

Ceci a été suivi par le prise de Kamanyola une localité symbolique car c’est là que l’armée congolaise, sous le commandement du général Joseph Désiré Mobutu, avait vaincu les rebelles Mai-Mai de Mulele en 1964, qui occupaient le Sud-Kivu quand il était encore commandant en chef de l’armée congolaise.

 

Plus tard, en 1968, comme président de la République, il citera Kamanyola comme le symbole du courage et de la détermination de l’armée et plus tard y érigera un monument dans ce sens.

 

Sur le plan politique et diplomatique

 

Durant la période concernée, la politique intérieure de la RDC fut marquée par la tournée des prélats catholiques et protestants de RDC qui les a conduits de Goma contrôlée par le M23/ AFC chez Corneille Nangaa jusqu’en Europe en passant par Kigali et partout en plaidants pour “un dialogue direct entre les belligérants’’.

 

Mais l’action de ces ecclésiastiques congolais devient plus visible et inquiétant en écoutant les déclarations du porte-parole de la CENCO Mgr Donatien N’sholé. En effet celui-ci reprend quasiment, mutatis mutandis, les accusations du régime de Paul Kagame contre la RDC.

 

Ce porte-parole de la Conférence Episcopale Nationale du Cogo (CENCO) et qui est membre permanent de la délégation qui parcourt le monde à cet effet, tire la sonnette d’alarme sur ce qu’il qualifie de “stigmatisation et chasse’’ faite aux Congolais d’expression swahiliphones à Kinshasa et dans certaines autres zones du pays. Pourtant ces faits sont dénoncés par le gouvernement de la RDC et par tout observateur neutre  comme des « rumeurs » des réseaux sociaux, qui visent à « jeter de l’huile sur le feu ».

 

Dans l’entre-temps, il y a eu également le retour en fanfares de Joseph Kabila sur la scène politique et son adhésion plus que hypothétique au M23/AFC de Paul Kagame, cela après des années de relative discrétion. Il a déclaré, dimanche 23 février 2024, que la mauvaise gouvernance de son successeur, le président Félix Tshisekedi, n’était pas pour rien dans le conflit qui sévit dans l’est du pays.

 

« L’intimidation, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires et extrajudiciaires, ainsi que l’exil forcé d’hommes politiques, de journalistes et de leaders d’opinion, y compris des chefs religieux, figurent parmi les principales caractéristiques de la gouvernance de M. Tshisekedi », a-t-il écrit.

 

Visiblement, cinq ans seulement après son départ du pouvoir dictatorial qu’il a exercé sur la RDC pendant 18 ans, il croit que tout le monde a oublié la nature de son régime et que donc il peut accuser son successeur du pire que ce qu’on l’en accusait lui-même et avec raison. Il donne l’impression de ne pas avoir été au pouvoir pendant 18 ans, et fait comme si sa présidence avait été “normale”. Comme s’il n’avait pas prolongé son dernier mandat de deux ans pour tenter de s’accrocher à son fauteuil. Comme si la crise pré-électorale de 2015-2018 n’avait pas été réprimée dans le sang. Comme si Floribert Chebeya n’avait pas été assassiné. Comme si les élections de 2011 et 2018 n’avaient pas été dénuées de toute crédibilité et de toute transparence ; des accusations que Joseph Kabila Kanambe formule aujourd’hui à l’encontre de Félix Tshisekedi et de son régime. Quel culot! Mais peut-être que ce taiseux ancien président pense que les Congolais ont la mémoire courte comme lui.

 

Les instances judiciaires de la RDC n’ont d’ailleurs pas hésité à convoquer pour interrogatoires Mgr Donatien N’Sholé et Mr Ramazani Shadary dès leur retour à Kinshasa. Le prélat catholique pour fournir des explications en rapport aux accusations lancées contre les instances étatiques, le second comme secrétaire exécutif du parti de Joseph Kabila sur la position de son patron et son parti concernant la guerre en cours surtout que le M23/AFC venait de nommer un des cadres de ce parti PPRD, nouveau gouverneur du Sud-Kivu après la conquête de sa capitale Bukavu par les troupes de Paul Kagame.

 

Toujours sur ce plan de politique interne, on a aussi noté l’installation du pouvoir parallèle dans les zones conquises par les troupes rwandaises et leurs supplétifs de M23/AFC avec l’installation de l’administration parallèle au Nord Kivu et au Sud Kivu par Corneille Nangaa. C’est au cours de l’une de ces cérémonies qu’un attentat terroriste fut commis à Bukavu et causant plusieurs morts et blessés

 

Sur le plan diplomatique, le conflit a été pour une fois à l’ordre du jour du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette instance de 15 Etats, qui est garante de la paix à travers le monde, a pris une résolution et à l’unanimité, condamnant verbalement l’agression dont est victime la RDC et la conquête et l’occupation de sa partie Est par des forces étrangères, mais sans sanctions ou menaces de sanctions de l’ONU contre l’agresseur qui est le Rwanda de Paul Kagame.

 

Dans le même cadre, on a noté l’isolement progressif apparent du régime Kagame en Europe, mais aussi les freins sur lesquels le régime Kagame appuie pour ralentir ou stopper cette élan. Dans ce cas précis, les tentatives de l’Union Européenne pour contraindre Kagame à retirer ses troupes de la RDC furent anéanties par le véto d’un des 27 pays membres, le Grand Duché du Luxembourg, curieusement le plus petit en superficie, en population et en puissance économique et militaire.

 

On a aussi noté le fait que l’Union Africaine était toujours paralysée et parasitée par Paul Kagame. L’UA se gardant toujours de pointer du doigt l’agression de Paul Kagame en RDC, s’en tire en désignant un envoyé spécial dans la région qui est  un fidèle et agent de Kagame depuis des décennies et qui, dès sa nomination, a tout de suite déclaré que le gouvernement légitime de la RDC doit négocier directement avec les pantins de Paul Kagame du groupe terroriste M23. Il s’agit du Sénégalais Adama Dieng.

 

Ceci s’ajoute au blocage du conseil de Paix et Sécurité de l’UA qui ne peut même pas mettre ce conflit à son ordre du jour, car pouvant condamner Paul Kagame, parce que beaucoup de ces pays sont ses obligés qu’il a mis dans son sac par la corruption et/ou le sexe, et d’autres, ses complices directs.

 

On notera aussi la confusion dans l’EAC et la SADC et qui sont donc dans l’impasse avec l’annulation ou report sine die de la réunion des ministres des Affaires étrangères qui était prévue le 28/2/ 2025 pour rédiger une feuille de route en vue de l’instauration de la paix à l’Est de la RDC. Ce qui ne surprend pas les connaisseurs étant donné que l’EAC et la SADC sont 2 organisations régionales aux antipodes l’une par rapport à l’autre et donc qu’elles ne peuvent point réaliser aucun projet en commun. En effet l’EAC roule complétement pour Paul Kagame même contre toute logique légale ou diplomatique dans la mesure où c’est son pays d’origine l’Ouganda de son ancien commandant Yoweri Museveni qui y a une voix politique prépondérante, et le Kenya le plus plus économiquement pesant dans l’EAC, son admirateur. Tandis que la SADC est plus rationnelle dans ces appréciations.

 

Sur le plan médiatique, de la propagande et de la diversion

 

Signe que le régime du FPR de Paul Kagame, après 3 décennies de règne sur le Rwanda et un quart de siècle à tuer et à piller en RDC impunément, commence à redouter les conséquences de sa nouvelle aventure actuelle en vue de balkaniser la RDC, il brandit haut et fort le spectre du “génocide des Tutsi en RDC” et son supposé devoir d’aller le prévenir et au besoin l’arrêter par ses expéditions militaires.

 

Comme ce prétexte lui a réussi pour conquérir militairement le Rwanda venant de l’armée ougandaise en 1990-1994, il juge l’occasion propice venue pour le brandir encore afin de lui permettre d’annexer l’Est de la RDC.

 

Ceci vient d’être clairement exprimé par son Hutu de service faisant fonctions de ministre des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe devant la Commission de l’ONU chargée des Droits de l’Homme à Genève. Il a en effet martelé ceci:

“Le Rwanda appelle le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à ne pas rester silencieux face aux discours de haine et aux assassinats ciblés des communautés tutsies en République démocratique du Congo. Lors de la 58ᵉ session du Conseil des droits de l’homme, à Genève, ce 26 février, Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a affirmé que des crimes graves se déroulaient en toute impunité avec la complicité des autorités. Il interpelle les Nations unies et exige des mesures immédiates pour stopper ces violences.”

 

Comme on pouvait s’y attendre, le FPR n’a pas hésité à brandir son arme favorite sur le front médiatique que sont les accusations à miroir. Celles-ci consistent à accuser la victime ou l’adversaire, des crimes que l’on commet soi-même ou que l’on projette de commettre afin de les lui attribuer. Et pour le FPR, cela a toujours fonctionné depuis son invasion du Rwanda venant d’Ouganda en 1990. C’est à quoi s’emploie actuellement Olivier Nduhungirehe dans son rôle d’“umumotsi” de ses maitres comme tout Hutu de service.

 

C’est dans ce contexte que le général James Kabarebe fraichement sous sanctions des Etats Unis reçoit à Kigali des émissaires de l’Union Européenne pour à la fois montrer qu’il n’est pas effrayé ni isolé par ces sanctions mais aussi de signifier à ces européens qu’ils doivent faire profil bas devant lui car ils furent ses complices dans les crimes qui lui sont imputés tant au Rwanda qu’en RDC .

 

Le comble dans cette campagne de propagande et d’accusations en miroir c’est quand le régime de Paul Kagame au Rwanda, dont les troupes ont envahi la RDC et occupent les provinces du Nord et du Sud Kivu, commet des crimes de guerre et contre l’Humanité et ensuite les brandit comme preuves justifiant l’agression! Comme le fait de  tuer les malades dans un hôpital et prendre d’autres comme otages à exhiber comme “prisonniers de guerre”.

 

Ainsi lors de la prise de Goma par les unités spéciales des RDF entrées en masse – 6 à 7 bataillons motorisés et à pied – par la Petite barrière, l’aérodrome de Gisenyi et le quartier Birere accollé à Goma parmi les premiers objectifs dans la ville, ont visé l’Hôpital général. Ils ont donc tué des centaines de malades et en ont extraits d’autres pour immédiatement les envoyer de l’autre côté de la frontière, donc au Rwanda.

 

Parmi ces malades déportés à Kigali figurait un ancien officier des ex-FAR qui, comme réfugié Hutu et plus comme combattant FDLR, était hospitalisé depuis des mois. Mais grande fut la surprise des observateurs et connaisseurs, de constater qu’un mois plus tard, cet homme de 51 ans était parmi la dizaine de prétendus combattants des FDLR capturés au front et remis officiellement par le M23/AFC au Rwanda au poste douanier entre Gisenyi et Goma le 01 mars 2025. Gakwerere a été alors présenté comme étant général de Brigade et uméro 2 dans la hiérarchie des FDLR.

 

Même en ne s’attardant pas sur les invraisemblances apparues lors de cette mise en scène de remise des prisonniers de guerre comme le fait de présenter les personnes qui étaient déportées à Kigali depuis un mois comme venant de Goma, ou des malades tirés de leurs lits d’hôpital en tenue militaire flambant neuves, etc. Mais ceux qui connaissent cet officier furent beaucoup plus étonnés par le fait que le régime du FPR ne sait même plus “techniquer” (mentir/ubwenge à la rwandaise) intelligemment.

 

Ainsi, l’ancien officier des FAR qui, en 1994, n’était que sous-lieutenant car fraichement sorti de l’Ecole Supérieur Militaire( ESM) en pleine guerre où il s’était engagé en 1989 dans la 28è promotion, s’appelait Gakwerere Jean Baptiste et est originaire de la commune Shyorongi dans la préfecture de Kigali rural. Mais dans le show du régime FPR, il fut affublé du prénom de Ezéckiel et serait né en commune Rukara, préfecture Kibungo.

 

De même, les “techniciens faussaires” du FPR ne savent même plus fabriquer des faux, intelligemment. Ainsi ils ont produit pour cet officier une carte d’identité communale qu’il aurait acquise à 18 ans quand il était encore étudiant au secondaire avant son entrée à l’ESM mais mentionnant comme profession “fonctionnaire du ministère de la Défense” ! Bien plus, le document (carte d’identité), censé avoir été établi avant la conquête du pays par le FPR en 1994, reprend les rubriques à remplir en usage dans son régime avec les intitulés en anglais, mais curieusement avec en toile de fond le sceau de la République Rwandaise de 1961 qu’il a pourtant renversé en 1994.

 

C’est dans le même cadre de cette campagne que le régime Kagame organise des manifestations sportives allant jusque sur la ligne de front comme pour narguer davantage la RDC occupée.

 

Parallèlement une vaste campagne médiatique pour faire diversion et justifier l’agression de la RDC par les ‘‘Intore’’ (jeunesse fanatique) de Paul Kagame est en cours.

 

En Belgique c’est le quotidien “Le Soir” sous la plume de Colette Braeckman qui est à la manœuvre .

 

En France c’est le grand media public RFI et Jeune Afrique qui sont à l’oeuvre. Ils sautent sur toute occasion pour vanter l’efficacité du régime de Paul Kagame au Rwanda par rapport à la RDC, même en réduisant, à l’extrême, le bon sens. Ainsi, ils affirment que depuis la prise de Goma cette ville de plus de 1 millions d’habitants et 800 000 déplacés est nourrie et financée par Gisenyi en écrivant : “Face au problème du manque de disponibilités monétaires, les habitants cherchent et trouvent des solutions alternatives, notamment en traversant la frontière vers la ville jumelle de Gisenyi, au Rwanda.” Comme si c’était étonnant dès lors que Goma fait partie du Rwanda depuis son annexion, et donc Goma et Gisenyi devenant une seule et même ville d’un même pays, le Rwanda de Kagame, les échanges entre les deux sont un non-événement.

 

Perspectives d’avenir à court et moyen termes

 

En faisant des projection selon le même schéma: sur les plans des opérations militaires, politico-diplomatique et médiatique, il y a lieu de tirer des conclusions qui s’imposent.

 

Evolutions possibles sur le plan des opérations militaires. Sur tous les fronts plusieurs scénarios sont possibles.

 

Sur le front du Nord Kivu, le pire des scénarios pour la RDC serait de voir Paul Kagame avec son M23/AFC conquérir le reste de la province du Nord Kivu et celle d’Ituri déjà investie par l’armée ougandaise de Muhoozi fils Museveni. Coïncidence ou plan concocté pour l’Ituri? C’est le moment choisi pour ressusciter l’ancien chef des miliciens Lendu d’Ituri Thomas Lubanga.

 

En effet ce chef de guerre avait été arrêté, jugé et condamné par la CPI pour crimes de guerre commis en Ituri. Après avoir purgé une peine de 10 ans et donc libéré, il a directement trouvé asile en Ouganda où il réside depuis 2024 dans un quartier VIP de Kampala et sous protection directe du général Muhoozi qui, comme on le sait, assimile les Hema au Tutsi du Rwanda et Hima d’Ouganda. C’est de là où il vient de recevoir en audience le 06 mars 2025 le groupe des religieux catholiques et protestants de la RDC dans sa tournée pour s’entretenir avec tous les acteurs politiques et militaires dans cette guerre.

 

La province du Haut Uélé serait acquise car supposée être le fief de Corneille Nangaa d’où il est natif.de là. Comme ce dernier l’a plusieurs fois déclaré, sur ce front, l’objectif immédiat serait la ville de Kisangani au Tshopo sur la route vers Kinshasa par le Nord-Ouest.

 

Un scénario plus souhaitable mais hypothétique : une possible alternative comme autre scénario sur ce front Nord serait que dans un sursaut de patriotisme et d’honneur, les FARDC parvenaient à stopper l’ennemi et à le fixer sur les positions actuelles dans le Lubero et empêcher Butembo et Beni d’être aussi prises.

 

– Sur le front du Sud Kivu, le pire des scénarios pour la RDC serait de voir la ville d’Uvira tomber elle aussi aux mains de l’ennemi sans combats permettant ainsi à l’ennemi de poursuivre sa progression vers Fizi/Baraka en province de Tanganyika. L’objectif immédiat comme l’a encore déclaré Corneille Nangaa, est la ville de Lubumbashi  en route vers Kinshasa via le Sud-Ouest.

 

Le scénario plus souhaitable  mais hypothétique serait que dans un sursaut d’orgueil face à l’humiliation, les FARDC parvenaient à défendre à outrance la ville d’Uvira et même reconquérir Kamanyola pour empêcher l’ennemi d’avoir accès au Lac Tanganyika qui fait frontière de la RDC avec  plusieurs pays de la région (Burundi, Tanzanie, Zambie, … ) ou alors parvenir à fixer l’ennemi sur les positions actuelles.

 

Evolutions politico-diplomatiques possibles

 

Sur ce plan, le principe immuable et universel reste partout le même : Dans cette guerre entre la RDC et le Rwanda de Paul Kagame, c’est le rapport de forces sur le terrain qui conditionne les prises de position ou décisions politiques ou diplomatiques à émettre ou à prendre par des tierces parties quand c’est nécessaire.

 

Dans le pire des scénarios, deux cas de figures peuvent se présenter.

Sur le plan de politique interne, la pire des scénarios serait un ralliement en masse des populations aux autorités fantoches installées par Paul Kagame avec son M23/AFC dans les zones conquises  car poussées par des politiciens véreux et opportunistes arguant que le M23 étant vainqueur militaire avait la légitimité de régner sur elles.

 

Pire encore, un autre cas serait l’assassinat du président Félix Tshisekadi par Paul Kagame pour hâter la conquête totale de la RDC comme il l’a fait et réussi au Rwanda en avril 1994. Les suites et les conséquences de ce crime  seraient incommensurables comme plusieurs guerres civiles assurées selon les régions et les communautés dans ce pays-continent et de plusieurs communautés. Et tout cela au profit de l’ennemi Paul Kagame.

 

Sur le plan de la diplomatie et de la géopolitique, le pire des scénarios serait que les exigences de Paul Kagame soient acceptées par la RDC sans broncher car celles du vainqueur militaire. On aurait alors comme feuille de route soumise à la RDC : les négociations directes avec le M23 visant le partage du pouvoir, l’intégration de ses combattants dits M23 dans la nouvelle armée de la RDC commandée par les chefs de M23 aux grades et lieux d’affectations de leur choix, … Bref les fameux brassages comme les a pratiqués Joseph Kabila pendant 18 ans et dont le résultat est là : un Etat de 120 millions d’habitants sans “armée nationale” mais un conglomérat d’agents des courants idéologiques et surtout tribaux en guise de FARDC. On comprend pourquoi maintenant Joseph Kabila voudrait revenir au pouvoir avant que ses successeurs ne parviennent à créer une armée véritablement nationale et professionnelle en bannissant ses brassages.

 

Selon ce scénario, la RDC risquerait de ne plus exister car plusieurs rebellions naitraient dans toutes les régions et communautés ce qui  réduirait ce pays aussi à vivre sous cet ordre chaotique, comme le sont devenus la Libye, la Syrie, le Yemen, le Soudan, etc. Malheureusement, cet ordre est de plus en plus imposé dans certains pays (grands en taille, riches ressources naturelles et situés dans certaines zones d’intêret, …) semble être voulu par certaines des puissances qui dominent le monde!

 

Conditions pour un sursis à la RDC comme Etat souverain et unifié

 

Tout dépend et dépendra de l’attitude des FARDC au combat. Sans victoire ou au moins une résistance au combat, les arguments des politiques et des diplomates resteront vains alors qu’un sursaut d’honneur face à l’humiliation de ces derniers mois donnerait du poids et de la considération aux demandes légitimes du gouvernement.

 

Conséquences

 

Sans actions militaires sur le terrain des FARDC, les diplomates congolais auront beau plaider dans les instances internationales avec zèle et talent et même apparemment comprises, mais les demandes de la RDC ne seront jamais exhaussées et appliquées. Ainsi : le retrait de la RDC des troupes rwandaises de Paul Kagame ne sera point effective et vérifié ; le retrait du M23 des zones sous son contrôle ne sera point amorcé ; une force-tampon pour sécuriser la zone évacuée par l’ennemi ne sera jamais constituée et donc jamais déployée

 

Nous espérons que tous les acteurs de la RDC dans ce drame que traverse leur pays, dans un sursaut patriotique et un réflexe d’honneur, refuseront de continuer à être humiliés par un individu comme Paul Kagame qui profite et joue sur leurs ambitions et soif de pouvoir pour les mettre tous à genoux.

 

Le gouvernement, en fonction certes, ayant hérité d’une armée non nationale car produit des brassages de l’époque Kabila, devrait avoir un peu de ressources pour l’amener à au moins résister sur le terrain afin de donner plus de poids aux arguments des politiques et aux diplomates dans les instances internationales.

 

Parmi les FARDC nées des brassages, il n’en manque pas qui sont quelque peu patriotiques et hommes ou femmes d’honneur préférant le sacrifice suprême à l’humiliation suprême. Ceux-là à eux seuls pourraient repousser l’ennemi ou au moins le stopper dans sa conquête de leur pays.

 

Quant aux politiciens, dont on sait qu’ils ne sont mus que par l’occupation de hauts postes politiques car les mieux payés du pays et qui seraient prêts à tout faire ou céder pour remplacer ceux qui sont en poste, dans la situation actuelle dans laquelle le pays est soumis à la balkanisation dans sa partie Est et sa population livrée à des envahisseurs qui les massacrent  et en même temps pillent ses richesses naturelles… ces politiciens devraient au moins mettre un petit bémol à leurs ambitions politiques pour contribuer à la survie de la RDC et attendre seulement trois ans donc la fin du dernier mandat du Président actuel pour reprendre leurs magouilles politiciennes. Sinon alors ils vont tout perdre : le pouvoir, l’argent, le pays et même pour certains, la vie.

 

Et les rwandais dans tout ça?

Tout rwandais et toutes ethnies confondues (Hutu, Tutsi et Twa) devrait à chaque occasion convaincre les congolais de tous bords que le Rwanda et encore moins le peuple rwandais ne sont point  les ennemis de la RDC, mais que les ennemis de la RDC sont Paul Kagame et sa clique regroupés dans l’organisation criminelle FPR et venus comme lui  d’Ouganda en 1990 pour conquérir militairement le Rwanda, et après, déstabiliser et piller la RDC et au pire  la balkaniser, opération qui est actuellement en cours.

 

Nous espérons qu’à l’occasion du prochain PERINTREP, nous aurons le plaisir d’annoncer un sursaut des FARDC pour la défense de l’intégrité du territoire national (opération défensive) ou de sa détermination à bouter l’ennemi envahisseur hors de la RDC de gré ou de force (opération offensive). Sinon nous ne souhaitons pas paraitre comme un oiseau de malheur (inkotsa) qui prévient uniquement des mauvaises nouvelles imminentes!

 

Emmanuel Neretse

 

 

 

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