Belgique/Rwanda : 1987-2025. Divorce après 38 ans de vie de couple. Décryptage

Depuis l’annonce surprise le 17 mars 2025 de la décision du président rwandais Paul Kagame de rompre les relations diplomatiques entre son pays et la Belgique, les observateurs notent que le régime de Kigali saute sur toute occasion pour accuser et accabler la Belgique de tous les maux surtout en cette période où le parti-Etat FPR célèbre les 31 ans de sa conquête militaire du Rwanda venant de l’armée ougandaise.

 

Les spécialistes de la région savent et peuvent démontrer que l’acharnement du régime de Paul Kagame contre la Belgique est non seulement injustifié mais aussi il relève du cynisme, du mépris et de l’ingratitude de la clique qui est au pouvoir au Rwanda pourtant grâce à la même Belgique.

 

Les actes et engagements de la Belgique en soutien au FPR dès sa création en Ouganda en 1987 jusqu’à sa victoire militaire et donc à la conquête du Rwanda en 1994 sont légion. Florilèges.

 

Chronologiquement ces actes de soutien, selon des époques, peuvent être groupés en 5 points : à la création du FPR ; dès le début de la guerre d’invasion ; pendant la guerre ; pendant l’assaut final ; pour la consolidation du pouvoir après la conquête.

 

Création du FPR en 1987

 

Pour rappel, en 1979, les réfugiés rwandais en Ouganda fondèrent la « Rwandese Welfare Foundation » (RRWF), enregistrée juridiquement comme une organisation culturelle. Mais en réalité elle récoltait des fonds nécessaires au financement de la guerre et finançait, en sous main, la publication du journal « Inkotanyi » et plus tard « The Vanguard ». La RRWF organisait souvent des séances de « fundrising ». Mademoiselle Aloysie Inyumba, plus tard Commissaire aux Finances du FPR, était co-signataire des comptes de la RRWF.

 

La RRWF donna naissance, en 1980, à un mouvement politique, la RANU (Rwandese Alliance for National Unity) qui, dans ses débuts, opérait discrètement. Après la prise du pouvoir en Ouganda en janvier 1986 par Museveni, elle se transforma, en 1987, en une organisation politico-militaire, le « Front patriotique rwandais » (FPR)). La lutte armée, comme moyen de conquête du pouvoir au Rwanda fut adoptée lors du congrès des réfugiés rwandais tenu à Washington aux USA du 17-20/08/1988.

 

Depuis cette date, certains milieux belges accordèrent à l’organisation politico-militaire qui venait de naitre, le FPR, les facilités pour effectuer des recrutements en Belgique-même. Tous les rwandais qui vivaient ou séjournaient en Belgique pour divers motifs (études, mission, exil, …) dans les années 1988-90, peuvent témoigner de comment ils furent approchés par les agents du FPR et sur indications de certaines instances belges pour qu’ils adhèrent au FPR.

 

Début de la guerre d’invasion le 01 octobre 1990

 

Lorsque les éléments Tutsi de l’armée de l’Ouganda désormais regroupés en l’aile militaire du FPR ont envahi le Rwanda le 01 Octobre 1990, la Belgique a tout de suite pris la décision de ne pas livrer au Rwanda le matériel militaire acheté et déjà payé alors que comme pays agressé de l’extérieur, le Rwanda en avait le plus grand besoin.

 

Au même moment la Belgique a autorisé au FPR en guerre contre le Rwanda, d’installer son Quartier Général politique et médiatique à Bruxelles. Tout observateur avisé a noté qu’à cette époque le QG du FPR installé Avenue de l’Observatoire à Uccle Bruxelles, avait éclipsé médiatiquement l’Ambassade du Rwanda de l’Avenue des Fleurs à Woluwe Saint-Pierre et que les diplomates officiels du Rwanda à commencer par l’Ambassadeur étaient médiatiquement boycotés  ou ridiculisés par la RTBF ( média audio-visuel public) au profit des porte-paroles du FPR en Belgique.

 

Pendant la guerre

 

Tout d’abord, tout au long de la guerre, la Belgique s’est distinguée par les pressions énormes qu’elle exerçait sur le régime du président Habyarimana. D’abord pour qu’il reconnaisse, contre tous les principes du droit international, l’invasion de son pays par les éléments tutsi de l’armée de l’Ouganda comme une “guerre civile”.

 

Ensuite, pour aider le FPR à avoir une emprise sur la population du Rwanda qui ne le connaissait pas ou alors qui l’abhorrait, les mêmes milieux belges ont servi d’intermédiaire à ce mouvement pour le rapprochement et l’alliance entre l’opposition politique intérieure et le FPR. Ceci a abouti à la signature du « Pacte de Bruxelles » le 03 juin 1992, selon lequel les partis politiques MDR, PSC, PL et PDC, opposés au parti du président Juvénal Habyarimana le MRND, s’engageaient et déclaraient qu’ils avaient le même objectif que le FPR à savoir renverser le régime Habyarimana et son parti par tous les moyens y compris militaires.

 

De plus, tout au long de la guerre, la Belgique a accueilli dans ses hôpitaux les blessés de guerre du FPR alors que ce FPR ne pouvait pas payer les frais y afférents car même des Etats africains ont de la peine à envoyer leurs malades dans de hôpitaux d’Europe.

 

L’exemple concret est le cas du major  – à l’époque – Caesar Kayizari, aujourd’hui lieutenant général en retraite qui, en 1993, après avoir été blessé au combat lors de l’offensive du FPR de février 1993, fut soigné dans l’hôpital Brugmann de Bruxelles. Plus tard, en 2011, lorsqu’il était chef d’Etat-major de l’armée de terre de la RDF, il confiera qu’il s’est retrouvé dans un hôpital de Bruxelles sans savoir qui l’y avait été envoyé ni qui allait payer les frais médicaux. Mais tout était convenu entre l’Ouganda qui lui avait octroyé le document de voyage et la Belgique, pays d’accueil.

 

De même, toujours au cours de la guerre, la famille de Paul Kagame est venue s’installer en Belgique dès sa prise de l’usine à thé de Mulindi à Byumba située à 5 kilomètres du poste frontalier  avec l’Ouganda de Gatuna. Le FPR transforma cette usine et ses installations (bureaux administratifs, résidences de la direction et des cadres ingénieurs et agronomes,…) en son quartier général militaire en 1992. Depuis cette date, il a présenté au monde le lieu dit « Mulindi » comme sa résidence et siège de  son Etat major au Rwanda. Ainsi, c’est à Bruxelles qu’est née la fille de Kagame, Ange, dans l’hôpital Saint Luc le 08 septembre 1993.

 

A la même époque, la tante de Paul Kagame, Rosalie Gicanda, dernière reine de la dynastie nyiginya et qui vivait au Rwanda entourée des honneurs dus à une reine dans une résidence officielle à Butare. Gicanda était venue en Belgique pour rendre visite à sa nièce, la grande sœur de Paul Kagame qui était mariée à un belge et qui était elle-même naturalisée belge. Mais à la surprise générale pour les membres de cette famille royale, début 1994, Paul Kagame lui-même intima l’ordre à sa tante Gicanda de rentrer sans délais au Rwanda et sans hésiter alors que le même Paul Kagame envoyait les autres membres de la famille loin du Rwanda en prévision sûrement du 06 avril dont seul avait le secret. La suite on la connait, mais cela est une autre histoire!

 

Lorsque les négociations entre le gouvernement du Rwanda et le FPR ont commencé à Arusha en Tanzanie  en 1992, la Belgique a joué un rôle de premier plan au cours de ces négociations d’Arusha pour faire pression sur le camp gouvernemental pour qu’il fasse des concessions ailleurs inimaginables.

 

Ainsi pour le protocole sur le partage du pouvoir, la Belgique a poussé la partie gouvernementale, déjà dominée par les partis d’opposition alliés au FPR, d’avaliser deux points importants : que le président Habyarimana tout en restant président soit dépouillé de tous les pouvoirs politiques; que le gouvernement de transition comprenant le FPR, soit dirigé par un membre de l’opposition à Habyarimana ; que le FPR détienne dans ce gouvernement la moitié des porte-feuilles et les plus importants, les autres revenant aux partis d’opposition alliés à lui, etc.

 

Mais c’est surtout pour le protocole dit de “Intégration des 2 armées” que la Belgique a pesé de tout son poids pour faire admettre à la partie gouvernementale des clauses non seulement injustifiées mais surtout impopulaires. Ainsi, il fut imposé que les effectifs de la nouvelle armée intégrée seraient répartis comme suit: 60% issus des FAR et 40 % du FPR pour la troupe. Pour le commandement à partir du niveau bataillon, ce serait 50-50% à chaque partie.

 

Pourtant, rien ne justifiait cette proportion. D’abord si l’on considérait la représentation de chaque armée à intégrer, si le FPR représentait les Tutsi tout au plus 15 % de la population, il n’avait point droit d’avoir 40 % dans une armée nationale intégrée.

 

Et puis, si même cette proportion serait avancée en considérant  l’étendue de la zone contrôlée par chaque armée, le FPR ne pouvait point prétendre à 40 % et encore moins à 50 % dans les postes de commandement. En effet, à l’époque de ces négociations, le FPR ne contrôlait que des lambeaux de terre tout le long de la frontière avec l’Ouganda et encore de façon discontinue. Bien plus, ces zones sous le FPR étaient vidées de leurs populations.

 

Enfin, après la signature de l’accord de paix d’Arusha en août 1993 et la mise sur pied d’une force de l’ONU pour l’implémentation de cet accord, la MINUAR, la Belgique s’est engagée à fournir le plus important contingent de cette force de l’ONU. C’est ainsi que dès le déploiement de la MINUAR au Rwanda fin 1993, la Belgique a mis à sa disposition deux bataillons d’Infanterie (paracommando) dont l’un était déployé sur le terrain et l’autre en stand-by.

 

Mais plus tard, c’est quand certains soldats du contingent belge de la MINUAR rapporteront le briefing qu’ils ont reçu de leurs commandants avant d’embarquer vers le Rwanda en 1993, l’on comprendra le jeu et l’apport de la Belgique au FPR dans sa conquête militaire du Rwanda.

 

En effet, en février 1994, après leur retour en Belgique relevés par le 2 Bn Para Cdo de Flawinne, certains militaires de ce 3 Bn Para Cdo de Tielen,  quand on leur repprochait leur comportement à Kigali, ont révélé le contenu du briefing avant de partir au Rwanda. Ces militaires ont dévoilé entre autres qu’avant d’embarquer, on leur a dit que non seulement ils sont désormais des casques bleus de l’ONU chargés d’assurer la paix au Rwanda mais aussi et surtout d’aider à débarrasser ce pays d’un dictateur nommé Juvénal Habyarimana.

 

Et ceci a été constaté à plusieurs occasions dans Kigali en janvier et février 1994. A cette époque, ces paracommandos belges de la MINUAR, quand ils étaient déployés sur un axe ou un établissement dans Kigali, tout passant qui portait le badge du portrait du président Habyarimana sur sa chemise ou sa veste, était immédiatement arrêté et le badge arraché et écrasé au sol par un soldat belge avec le talon de ses godasses.

 

Pendant l’assaut final

 

Au cours de la période qui va du 06 avril au 04 juillet 1994, il y a lieu de noter et signaler le jeu et le rôle trouble et ambigu d’un peloton du contingent belge de la MINUAR à Kigali sous le commandement du Lieutenant Lotin et qui passera dans l’Histoire comme “le peloton Lt Lotin”.

 

Au matin du 06 avril 1994, un convoi militaire constitué de quelques jeeps de transport et à bord une dizaine de casques bleus de la MINUAR du contingent belge et commandé par le Lt Lotin, a quitté son cantonnement de la ville de Kigali en déclarant se rendre au Parc national de l’Akagera au Mutara au Nord- Est, frontalier avec l’Ouganda et la Tanzanie.

 

A l’époque, la ville de Kigali avait été déclarée “Zone d’exclusion des armes” et tous les stocks d’armes ou des convois armés devaient être contrôlés et autorisés par la MINUAR. Ce matin du 06 avril 1994, le convoi du Lt Lotin déclarait qu’il était envoyé en mission au Parc National de l’Akagera et qu’il escortait les éléments militaires et dignitaires du FPR qui étaient basés au CND.

 

Non seulement ce convoi n’est jamais arrivé au Parc de l’Akagera mais en plus, il fut aperçu dans la soirée de ce 06 avril dans les environs de la colline de Masaka située sur l’axe d’atterrissage Est de l’aéroport de Kigali-Kanombe. Bien plus intriguant, le même convoi du “Peloton Lt Lotin” fut localisé au domicile de la Première ministre sur le plateau de Nyarugenge en plein Kigali juste après l’annonce de l’attentat contre l’avion présidentiel et la mort du président et toute sa suite.

 

Mais le plus troublant, c’est que le plus haut gradé du contingent belge de la MINUAR et qui en plus comme numéro 2 de la MINUAR apres le général canadien Roméo Dallaire était aussi le commandant de la Zone d’exclusion des armes de Kigali et donc à qui tout mouvement de troupes devait être signalé et autorisé par lui, n’était pas tenu au courant de ces missions du Peloton Lotin que ce soit pour aller au Parc national de l’Akagera ni chez la Première ministre en ce 06 avril 1994. Nous voulons parler du colonel BEM Luc Marchal.

 

Après la conquête du Rwanda

 

En juillet 1994, quand les éléments tutsi de l’armée de l’Ouganda regroupés sous le FPR, se sont rendus maitres du Rwanda, que plusieurs d’entre eux ne connaissent que de nom, c’est encore la Belgique qui leur est venue au secours pour installer leur pouvoir notamment un gouvernement de transition dit d’“d’unité nationale” le temps pour que ces conquérants apprennent à connaitre ce pays dont ils ne parlaient qu’une des langues nationales le Kinyarwqnda  et encore approximativement. C’est ainsi que la Belgique a demandé à certains Hutu déjà exilés dans ce pays, de rentrer au Rwanda du FPR pour faire partie de son premier gouvernement proclamé le 17 juillet 1994. Ce fut le cas de Faustin Twagiramungu qui comme ex président du parti MDR de l’opposition radicale à Habyarimana, rentra de Belgique pour être nommé par Paul Kagame, Premier ministre de ce “gouvernement d’unité nationale” de nom. La suite vous la connaissez!

 

La Belgique fut le premier et seul pays à avoir félicité le FPR pour sa conquête militaire du Rwanda et avoir demandé pardon au nouveau régime rwandais.

 

En effet, l’ex-Premier ministre Guy Verhofstadt issu de la Droite (parti libéral d’alors),  dès son accession au pouvoir au fédéral en 1999, s’est précipité à Kigali en 2000. Il a alors publiquement, au nom de la Belgique, demandé pardon pour ne pas avoir arrêté le “génocide de 1994” et d’avoir abandonné les Tutsi à leur sort.

 

Comme on le verra par la suite, même les plus fervents admirateurs du FPR et amis personnels de Paul Kagame, les présidents français Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron dans leurs auto-flagellation devant Paul Kagame au Rwanda, ne pousseront pas le zèle pour charger la France comme l’a fait Guy Verhofstadt en chargeant sa Belgique.

 

Un autre fait divers relève d’un activisme sans borne et frise même le cynisme de certains milieux belges pour soutenir et donc renforcer au Rwanda le pouvoir de ces conquérants venus d’Ouganda sous la bannière du FPR et le commandement de Paul Kagame : une des banques belges a versé au Rwanda les frais d’assurance du Falcon 50 dans lequel ont péri les présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi le 06 avril 1994 à son atterrissage à Kigali venant de Dar ES Salaam en Tanzanie.

 

L’avion Falcon qui transportait le président Habyarimana avait été assuré par l’Etat rwandais auprès de la compagnie SONARWA, Société Nationale d’Assurances du Rwanda, aujourd’hui Société Nouvelle d’Assurances du Rwanda ayant son siège à Kigali. Cette société d’assurance était réassurée auprès de la compagnie Lloyds à Londres. Le dossier de réclamer des indemnisations avait été confié à Maître Luc de Temmerman. En 1998, le réassureur Lloyds a marqué son accord pour verser la somme de 2.334.725 USD au titre d’indemnisation totale et définitive.

 

Comme il ressort du dossier judiciaire, la somme avait été calculée comme suit: (3 membres d’équipage x 100.000) + (8 passagers x 100.000) + (Président 1.250.000) x 99,35). Le compte tiers de l’avocat de la SONARWA, fut crédité le 10 septembre 1998, puis débité le 21 septembre 1998 en faveur de sa cliente la SONARWA.

 

Informé de cette transaction, l’avocat des familles des victimes déposa devant le juge des saisies une requête le 29 septembre 1998 précisant notamment qu’il est évident que si cet argent quitte le pays [la Belgique], les requérants n’en verront plus jamais la couleur. Les victimes furent déboutées par le Tribunal de première Instance de Liège le 11/01/2012 au motif qu’il y avait eu prescription, 5 ans étant dépassés. L’appel fut également rejeté au même motif à Liège le 09/12/2013.

 

Mais on constate qu’il y a eu bel et bien des magouilles cachées derrière tout ce détournement de l’indemnisation des familles des victimes de l’attentat du 6 avril 1994, car tout cet argent, qui était destiné aux orphelins et veuves des occupants du Falcon présidentiel, a été acheminé vers les assassins au détriment des victimes. Grâce à la Belgique, Paul Kagame a bénéficié doublement de son crime : se débarrasser de ses “ennemis Hutu” et toucher des millions suite à leur mort. Pour tout criminel, c’est une invitation  à la récidive!

 

Sur le même chapitre de consolider le pouvoir du FPR de Paul Kagame et surtout pour lui débarrasser des éléments critiques afin de le laisser régner sans partage et en maître absolu sur le Rwanda, la  Belgique s’est vite livrée aux arrestations massives et systématiques des Hutu exilés en Belgique pour le seul motif d’avoir été dignitaires du régime de Juvénal Habyarimana. Ils seront jugés et certains lourdement condamnés pour “génocide” avec comme seules preuves des témoins à charge vivant ou détenus au Rwanda dont beaucoup ne connaissaient même pas l’accusé à charger et envoyés par le régime après leur avoir enseigné la leçon a réciter devant la Cour en Belgique !

 

Ingratitude ou arrogance motivées par l’ignorance ou le mépris et le chantage envers la Belgique ?

 

Complexité de la Belgique politique

 

Les outrances et énormités auxquelles se livre Paul Kagame vis à vis de la Belgique de 2025 démontrent sa méconnaissance de la complexité politique du Royaume de Belgique. De la part d’une personne peu instruite cela est tout à fait compréhensible et tolérable. Mais quand cette personne se retrouve être un “chef d’Etat” cela cause du tort au monde.

 

En effet, la Belgique est un état politiquement complexe que même les étudiants en sciences politiques comprennent après plusieurs séances d’explications! Imaginez-vous un pays de près de 30.688 km2 et de 11,8 millions d’habitants mais qui a cinq gouvernements autonomes les uns des autres et dont la cinquantaine de ministres se partagent les attributions selon les 3 régions (la Flandre, la Wallonie et Bruxelles Capitale), les 3 Communautés (nerlandophone, francophone et germanophone) et le gouvernement fédéral!

 

Et en plus dans tous ces gouvernements, surtout dans le fédéral, aucun parti politique ne peut obtenir une majorité absolue dans aucune élection (parlementaire ou communale). Les partis les plus puissants atteignent à peine 30 % de suffrages. Par conséquent, tous ces gouvernements doivent être de coalition et souvent entre les partis idéologiquement et classiquement opposés : droite et gauche, socialistes et libéraux, démocratie chrétienne et communistes, …).

Dans ces conditions prévoir ou deviner de quel bord politique proviendra telle ou telle décision politique s’avère difficile.

 

Absence d’une politique étrangère propre

 

Un autre autre aspect de la complicité de la Belgique est connu uniquement par les spécialistes. En effet en matière de défense et de sécurité,  depuis la fin de la IIè guerre mondiale en 1945, la Belgique a décidé de ne plus être un “état neutre” et de ne plus avoir sa propre  politique étrangère en la matière mais de l’aligner automatiquement sur celle de la puissace victorieuse, à savoir les Etats Unis d’Amérique.

 

Ce fait a été révélé et illustré aux officiers du Cours Supérieur d’Etat Major par un officier supérieur belge qui était professeur au département de “Problèmes de Defense” à  l’Institut Royal Supérieur de Défense (IRSD) de Bruxelles , anciennement Ecole de Guerre. Il a expliqué sur quoi se sont basés les législateurs de l’après-guerre pour adopter cette résolution et qui est toujours en vigueur.

 

Avec des faits historiques en appui, l’argument fut que : “La neutralité de la Belgique, depuis son indépendance en 1830, lui a valu 2 invasions: celle de 1914 et celle de 1940, car cette neutralité était systématiquement violée par l’un des belligérants. Mieux vaudrait donc s’allier à une puissance quelconque au lieu de se dire “neutre” alors que quand la guerre éclate cette neutralité est automatiquement et systématiquement violée.

 

En pratique donc depuis 1945, ceux qui sont chargés des Affaires étrangères en Belgique (diplomates, agents du service des renseignements extérieurs, …) doivent à tout moment et pour chaque affaire ou dossier, sonder pour connaître la position diplomatique de la première puissance de l’Occident à laquelle elle a opté de s’allier avant de prendre toute décision car celle-ci devrait obligatoirement être en conformité avec la position des Etats Unis.

 

Perspectives d’avenir et suites logiques

 

Le royaume de Belgique, jouissant de la continuité de l’Etat, devrait assumer et s’adapter aux réalités du moment actuel:

Sur le plan politique, même si la Belgique a toujours été, ces 25 années, gouvernée par la Droite forte dite “Libérale” (Open VLD en Flandre, MR en Wallonie), celle -la même  qui avait adopté le FPR dès sa création et qui l’a accompagné tout au long de sa guerre de conquête jusqu’à sa prise du pouvoir au Rwanda, la Droite au pouvoir actuellement a peu avoir avec celle des générations de Jean Gol et du clan Michel car une nouvelle génération est aux affaires. Elle peut donc aisément se débarrasser du fardeau FPR de Paul Kagame plus facilement que ses ainés.

 

Dans la situation actuelle dans ses anciennes colonies d’Afrique, la Belgique devrait clairement indiquer si elle opte pour la survie de la RDC comme Etat unitaire et indépendant, ou alors admettre qu’elle devienne un espace chaotique sous la domination et la prédation de Paul Kagame et de ses proxies

 

En ce qui concerne spécialement le  Rwanda, la Belgique devrait clairement distinguer Paul Kagame et sa clique du FPR.

Aujourd’hui, la Belgique est vilipendée et envoyée au diable par Paul Kagame pour avoir adhéré à la prise de quelques sanctions légères et symboliques contre son régime par les 27 pays membres de l’UE. Venant de Paul Kagame, cela relève des caprices de tout enfant gâté qu’il est et donc ne pourrait troubler outre mesure.

 

Mais la réalité est que la bande à Kagame, et fière de voir que la féodalité Tutsi et la servitude des Hutu et des Twa ont été restaurées au Rwanda depuis 1994 et cela grâce à l’accompagnement par la Belgique dès la création du FPR en Ouganda en 1987, ne peut que saluer et rendre hommage à cette Belgique.

 

Ainsi donc les rwandais devraient laisser l’ingratitude et le mépris envers la Belgique au seul Paul Kagame et à son clan et ne pas coller cette turpitude à tout un peuple.

 

En cas de demande de pardon de la Belgique au Rwanda : A qui , comment et pourquoi?

S’il fallait que la Belgique demande pardon au Rwanda, il faudrait d’abord catégoriser les échelons selon la gravité des faits dont elle se reproche envers chaque catégorie.

 

Ainsi au peuple rwandais en général et aux Hutu et Twa en particulier, la Belgique contemporaine devrait leur demander pardon pour avoir contribué à les replonger dans la servitude et la féodalité alors qu’ils s’en étaient débarrassés par une révolution populaire en 1959 et avaient opté pour une république et un régime démocratique dans un référendum (Kamarampaka) organisé et supervisé par l’ONU et l’autorité de tutelle qu’était la Belgique le 25 Septembre 1961. Ensuite s’il le faut, aux Tutsi pour les avoir jetés dans les bras d’une bande criminelle, le FPR de Paul Kagame et ainsi leur faire collectivement endosser les crimes abominables dont des génocides qu’elle commet au Rwanda et dans la région depuis 35 ans.

 

Enfin on ne demande pas à la Belgique de punir le Rwanda (le peuple rwandais) pour l’ingratitude et le mépris de Paul Kagame et de son régime envers elle.

Etant donné que le Rwanda vient de suspendre les transactions internationales vers le Royaume de Belgique et la chasse des tous les ONG financées par la Belgique, celles-ci devraient être  délocalisées au Burundi en vue de continuer leurs activités.

 

Mais le peuple rwandais, sous le joug du même FPR de Paul Kagame dont la Belgique a contribué à sa  conquête, demande surtout que la Belgique n’entrave point les efforts du peuple rwandais pour se libérer.

 

Sans aller jusqu’à l’accompagner comme elle l’a fait pour le FPR de Kagame depuis 1987 jusqu’à ce 2025, qu’elle laisse au moins les opposants au FPR et aux militants pour la démocratie faire des efforts dans ce sens sans les entraver comme d’usage actuellement non seulement en Belgique mais dans tout l’Occident avec  la chasse et les poursuites judiciaires politiquement motivées des opposants désignés par le même Paul Kagame. Cette chasse aux Hutu exilés en Belgique et en Europe accusés faussement de “génocide” qui dure depuis 3 décennies devrait officiellement prendre fin, mais au contraire entamer des procédures pour mettre fin à l’impunité dont jouit Paul Kagame et sa clique du FPR

 

Emmanuel Neretse

 

 

Vous pourriez être intéressé(e)

Le Rwanda face à lui-même : Avons-nous réellement compris nos problèmes ?
A la Une
0 partages200 vues
A la Une
0 partages200 vues

Le Rwanda face à lui-même : Avons-nous réellement compris nos problèmes ?

Axel Kalinijabo - 9 mai 2025

Depuis plusieurs années, j’observe et j’écris sur les problèmes de notre société rwandaise. Chaque fois, je tente d’analyser les faits et de proposer des pistes de solution,…

La “Pax Americana” Rwanda-RDC. Décryptage
A la Une
0 partages680 vues
A la Une
0 partages680 vues

La “Pax Americana” Rwanda-RDC. Décryptage

Emmanuel Neretse - 7 mai 2025

Signature de la « déclaration de principes »   A la surprise générale et à contre-courant de l'actualité du moment lorsque le monde entier était sous le choc suite…

Le manque neutralité du Qatar, comme “médiateur” entre la RDC et le Rwanda, mis à nu.
A la Une
0 partages871 vues
A la Une
0 partages871 vues

Le manque neutralité du Qatar, comme “médiateur” entre la RDC et le Rwanda, mis à nu.

Emmanuel Neretse - 19 avril 2025

Le 18 mars 2025, à la surprise générale, l'Emirat du Qatar s'est improvisé comme “médiateur” entre la RDC et le Rwanda dans la guerre d'agression que ce…

Les plus populaires de cette catégorie