Fermeture de l’Ecole belge de Kigali. Une réciprocité et des mesures de rétorsion possibles sont-elles possibles par la Belgique ?
Paul Kagame prive aux enfants belges vivant au Rwanda d’un enseignement qui leur garantissait une possibilité d’accès ultérieur aux universités francophones de Belgique et d’Europe, mais il continue de dispenser d’une formation idéologique aux jeunes belges en Belgique-même.
Les enfants des belges et européens installés au Rwanda sont-ils des victimes collatérales ou directes du courroux de Paul Kagame contre le Royaume de Belgique?
Consécutivement à sa rupture des relations diplomatiques entre son Rwanda et la Belgique, c’est par un communiqué laconique signé par son ministre de l’éducation le 08 avril 2025 que le dictateur rwandais Paul Kagame a annoncé la nouvelle mesure de rétorsion qu’il venait de prendra contre la Belgique et les belges en général.
Dans ce communiqué le gouvernement de Kagame signifiait à la direction de l’Ecole belge de Kigali qu’elle ne devrait plus appliquer le programme d’enseignement en vigueur en Belgique dans l’Ecole belge de Kigali comme cela était le cas depuis sa création en 1965 et raison pour laquelle cette école avait été créée, mais que désormais l’Ecole belge devrait enseigner selon le programme d’enseignement officiel en vigueur au Rwanda depuis 2009, c-à-d après le bannissement du français des langues d’enseignement. Concrètement l’Ecole belge sera fermée à partir de la rentrée de septembre pour l’année scolaire 2025-2026 car elle ne pourrait jamais appliquer ce programme de Kagame.
Portée de la mesure prise par Kigali
Avant de relever les modalités pratiques qu’entrainerait l’exécution de cet ordre de Paul Kagame par l’Ecole belge de Kigali et ses conséquences sur les élèves et étudiants, signalons les points ci-après:
En Belgique les matières de base comme le français , les mathématiques, l’anglais, les sciences, l’éducation physique , l’histoire, la géographie ne font pas partie des choix de cours. Ce sont des cours obligatoires.
En effet, en Belgique francophone (Fédération Wallonie-Bruxelles) les matières d’enseignement pour obtenir le Certificat d’Etudes Secondaires Supérieures (général) sont:
- Français: 5 heures par semaine,
- Mathématiques: 4 heures par semaine,
- Langue moderne ( une) : Anglais-Néerlandais-Allemand: 4 heures par semaines,
- Sciences: 3 heures par semaine,
- Formation historique et géographique :4 heures par semaine.
Or, le programme de l’enseignement au secondaire officiel au Rwanda doit être dispensé en Kinyarwanda ou en anglais pour tous les cours qu’ils soient scientifiques ou généraux. Bien plus dans l’enseignement public au Rwanda, les cours principaux au cycle secondaire sont:
– L’éducation civique et patriotique, en fait une formation idéologique du parti-Etat au pouvoir le FPR. Ce cours est couronné par un mois de formation militaire sur le terrain, dans des domaines militaires, pour la manipulation des armes de guerre.
– La nouvelle histoire du Rwanda selon le FPR de Kagame, pays qui n’aurait pas existé avant 1994 et donc qui aurait été créé ex-nihilo par le FPR de Paul Kagame après sa conquête militaire de 1994.
Une décision empreinte de paradoxe
Mais chose étonnante, c’est qu’aucun enfant des dignitaires du régime du FPR ou ayant les parents parmi les plus fortunés du Rwanda n’est envoyé dans une école publique. Ils étudient tous dans des écoles privées dont les programmes sont calqués sur ceux des écoles occidentales ou sont elles-mêmes des ecoles occidentales installées au Rwanda comme l’était l’Ecole belge de Kigali.
Donc cette mesure bénéficiera directement à d’autres institutions privées tout aussi coûteuses (minerval de 3.000 euros par trimestre), mais anglophones, comme l’Ecole Green Hills, qui appartient à la « First Lady », Jeannette Kagame Nyiramongi et à ses acolytes d’origine ougandaise. Une autre école anglaise, liée elle aussi à la « First Lady », est en train d’être installée sur les terrains de Kangondo et Kibiraro où les propriétaires ont été chassés sans aucune indemnisation.
Le programme officiel d’enseignement au Rwanda est donc suivi uniquement par les enfants du menu peuple et des laissés-pour-compte surtout de la majorité Hutu et Twa, ceux-là même qui terminent l’école primaire sans savoir ni lire ni écrire et le cycle secondaire sans pouvoir s’exprimer ni en français ni en anglais qui l’a remplacé comme langue nationale et d’administration. Le diplôme délivré dans une école ayant suivi ce programme officiel ne peut jamais donner droit à suivre des études supérieures surtout en Occident.
Au Rwanda-même, ce programme met sur le marché du travail des “ Masters en Économie et Commerce” mais qui en réalité sont voués à être des vendeurs à la criée sur les trottoirs des rues de Kigali, ou alors des “Bacheliers en journalisme” mais qui se réduisent en vendeurs de journaux aux arrêts des bus et aux feux rouges comme on en voit dans les rues de Kigali.
Ainsi donc, dans sa folie ou son courroux contre la Belgique, Paul Kagame voudrait faire en sorte que les enfants belges qui suivraient la scolarité au Rwanda, non seulement ne soient jamais admis à suivre aucun enseignement supérieur chez eux, mais surtout aient comme seul bagage intellectuel l’idéologie discriminatoire et hégémonique prônée par le FPR.
Réactions souhaitables de la Belgique
En Belgique, chaque parent a son mot à dire sur le programme d’enseignement que devrait suivre son enfant. Il serait donc scandaleux et intolérable qu’une école dite “belge” se permette de dispenser des cours idéologiques et politiques à un enfant sans que ses parents ne puissent faire entendre leur point de vue.
Or Paul Kagame compte donner aux jeunes belges se trouvant, pour des circonstances indépendantes de leur volonté au Rwanda, l’idéologie de son parti-Etat du FPR et en plus dans un cycle d’enseignement qui n’assure aucun avenir à ces enfants car délivrant de diplômes ou certificats non valables en Belgique et en Europe et nulle part au monde.
En plus, la Belgique et dans ce cas précis, le gouvernement fédéral belge, est soumis aux contraintes légales locales. Comme Etat fédéral, le domaine de l’éducation est géré par les régions ou communautés et très peu par le gouvernement fédéral. Mais une entité éducative installée à l’étranger est sous l’égide du ministère des Affaires étrangères comme l’Ecole belge de Kigali, ne peut dispenser aux enfants belges qui la fréquentent un programme outre que ceux dispensés dans des établissements belges de même niveau.
Mais le même gouvernement fédéral dont son ministre des Affaires étrangères, est responsable des Ecoles belges établies à l’étranger, possède toujours une brèche pour échapper à ce traquenard du dictateur Paul Kagame du Rwanda sans trahir ni insulter les entités (Régions, Communautés) qui le composent et qui ont le domaine de l’Education sous leur responsabilité.
Il suffit par exemple se référer à la jurisprudence dans un dossier pareil en France. En effet, en 2006, réagissant au rapport du Juge d’instruction Jean Louis Bruguière qui indiquait clairement que Paul Kagame avait abattu l’avion présidentiel dans lequel se trouvaient 2 Chefs d’Etats Hutu et leurs suites dont 3 citoyens français le 06 avril 1994 et que ce juge a lancé des mandats d’arrêts internationaux contre une dizaine de proches du même Kagame, ce dernier a immédiatement déclaré en 2006 la rupture des relations diplomatiques avec la France.
Au lieu de laisser Kagame imposer aux jeunes français vivant au Rwanda le calvaire d’être soumis aux séances de lavage de cerveaux et de d’aliénation idéologique comme programme scolaire, cette rupture des relations entre Paris et Kigali a immédiatement entraîné la fermeture de l’Ecole française Antoine-de-Saint-Exupéry de Kigali. Celle-ci fut réouverte en 2010 après le deal entre Nikolas Sarkozy et Paul Kagame pour le rétablissement de ces relations contre l’enterrement du dossier sur l’attentat terroriste du 06 avril 1994, élément déclencheur du génocide rwandais et surtout faire taire le Juge Bruguière et annuler les résultats de son enquête et donc les mandats d’arrêts lancés contre les proches de Paul Kagame.
Il suffit donc à la Belgique de fermer son Ecole belge de Kigali et attendre que les relations diplomatiques soient de nouveaux rétablies mais jamais et au grand jamais imposer aux enfants belges vivant au Rwanda un enseignement qui se réduirait à l’idéologie du parti-état FPR de Paul Kagame en Belgique. C’est ce qui va se passer dès la rentrée de septembre 2025 pour l’année académique 2025-2026.
Principe de réciprocité
Au moment où Paul Kagame ordonne à l’Ecole belge de Kigali de faire de l’idéologie politique de son parti FPR la principale matière d’enseignement aux enfants belges ou étrangers fréquentant cette école, ou alors fermer ses portes, le même Paul Kagame continuera de répandre en Belgique-même et cela ouvertement et même officiellement son idéologie de discrimination et d’hégémonisme ethnique sur tout le territoire belge par des associations dites “de la Diaspora rwandaise en Belgique’’ mais en fait des cellules du parti-état FPR ayant pour mission d’inculquer la discrimination et l’hégémonisme aux jeunes générations des rwandais vivant en Europe.
Ainsi l’Organisation dite Diaspora Rwandaise de Belgique (DRB-Rugari asbl) devrait automatiquement et urgemment être interdite sur toute l’étendue de la Belgique par les instances habilitées selon les régions et les communautés partout où se trouvent ses sections locales.
En effet, cette organisation politique issue du FPR a disséminé des sections en Belgique de manière suivante : à Anvers, au Brabant Wallon, à Bruxelles, à Charleroi, en Flandre Occidentale, à Gand, à Liège, à Louvain, à Namur et à Mons.
Les citoyens belges et surtout les parents soucieux de l’éducation de leurs enfants devraient être plus que jamais en alerte par rapport aux actes et décisions du dictateur Paul Kagame du Rwanda qui apparemment voudrait se faire accompagner dans sa descente aux enfers imminente par les jeunes générations même belges.
Emmanuel Neretse
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