16 juin, Journée de l’enfant africain!
Dans tous les pays d’Afrique, le 16 juin de chaque année, est célébrée la « Journée de l’Enfant Africain ». Cette journée commémore les tueries d’écoliers et de lycéens perpétrées par la police du régime de l’apartheid, en Afrique du Sud, la 16 juin 1976, lors de manifestations contre l’apprentissage de la langue afrikaner dans les établissements scolaires du pays. Il est facile de faire l’unanimité en s’indignant contre le racisme institutionnalisé. Il semble par contre plus difficile de dénoncer les pratiques ignobles perpétrées dans la plupart des pays d’Afrique, 17 années après la naissance de la nouvelle Afrique du Sud.
Le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats continuent en Somalie, en Centrafrique, en RD Congo, au Soudan et ailleurs. Des enfants sont quotidiennement accusés d’être des « sorciers » par des « pasteurs » autoproclamés, dans les banlieues pauvres des grandes villes de RD Congo et d’Angola. Ces enfants injustement accusés sont torturés et souvent tués lors d’épouvantables séances d’exorcisme, et les survivants sont jetés à la rue par leurs familles.
Au Burundi et en Tanzanie, des enfants albinos sont tués et mutilés, à la demande de « sorciers » qui s’enrichissent grâce à la crédulité d’adultes sans scrupules. En Égypte, au Soudan, au Tchad, en Éthiopie, en Érythrée, en Somalie, au Niger, au Mali, au Sénégal, en Gambie, en Guinée et ailleurs des fillettes sont excisées au nom de pratiques « religieuses » millénaires qui n’ont en fait aucune base religieuse. Dans tous les pays sahéliens, des marabouts sans vergogne envoient les enfants dont ils ont la charge mendier dans les rues au lieu de les éduquer, et ils les battent s’ils ne ramènent pas suffisamment d’argent. En RD Congo, des milliers d’enfants risquent leur vie dans des mines illégales pour ramener quelques grammes d’or ou de cassitérite.
Sur l’ensemble du continent, beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école, à cause du manque de moyens de leurs familles pour payer les frais de scolarité ou l’uniforme obligatoire. Enfin, nombreux sont les enfants africains qui n’atteignent pas l’âge de cinq ans, du fait de lamalnutrition, du VIH/SIDA, et d’autres maladies.
Il est bon, en ce 16 juin, de célébrer l’enfant africain et de se rappeler les petites victimes de l’apartheid. Mais il conviendrait aussi de s’attaquer, de front, à tous les maux évoqués ci-dessus, afin que les enfants de ce continent aient le droit, comme tous les autres enfants du monde, à l’éducation, à la santé et, surtout, à un avenir digne.
Hervé Cheuzeville
(auteur de trois livres: « Kadogo, Enfants des guerres d’Afrique centrale« , L’Harmattan, 2003; « Chroniques africaines de guerre et d’espérance« , Éditions Persée, 2006; « Chroniques d’un ailleurs pas si lointain – Réflexions d’un humanitaire engagé« , Editions Persée, 2010)
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