Accord-cadre d’Addis-Abeba. Bujumbura, énième diversion sur le projet de balkanisation de la RDC
Samedi 6 mai 2023. La réunion de Bujumbura sanctionnant le onzième anniversaire de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba ne produira rien. Ce, malgré la présence d’Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations-Unies. Il n’est pas nécessaire de lire ledit accord avec des lunettes nouvelles.
Cet Accord demande (sans contrainte) aux pays de la région des Grands Lacs de « Ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des autres États voisins ; Ne pas tolérer, ni fournir une assistance ou soutien quelconque à des groupes armés ; Respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États voisins; Ne pas héberger ni fournir une protection de quelque manière que ce soit aux personnes accusées de crime de guerre, de crime contre l’humanité, d’acte de génocide ou crime d’agression, aux personnes sous le régime de sanctions des Nations-unies ».
En dix ans, cet accord que d’aucuns, par naïveté, considèrent comme l’ultime solution, n’a jamais été appliqué. La communauté internationale en est témoin. Pour des raisons que tout le monde connaît : l’instrumentalisation du régime Kagame par les grandes puissances.
En 2008, le Belge Karel de Guth déclarait au journal Les Coulisses : « Les pressions sur Paul Kagame, pour avoir une chance d’aboutir, devraient venir de la communauté internationale toute entière sinon il y a peu de chance que dans l’état actuel des choses, ça évolue. » Pas plus tard qu’en 2022, le Secrétaire général des Nations-Unies emboîtant les pas à Bintou Keita, la Cheffe de la MONUSCO notait à peu près ceci : Le M 23 est armé par des puissances étrangères. Il dispose d’un équipement militaire qui empêche la MONUSCO de le combattre. Et donc d’observer les morts.
En séjour à Cotonou en mars 2023, Paul Kagame a clairement expliqué les objectifs qu’il poursuit depuis près de trente années dans la déstabilisation de l’est de la RDC.
Avec autant d’éléments, en quoi la rencontre de Bujumbura est-elle celle de la dernière chance ? Ne soyons pas dupes. C’est une rencontre des costumes cravatés comme tant d’autres.
Revenons plutôt à l’EAC et demandons-nous pourquoi Kigali et Nairobi ont fait capoter la tenue de la réunion d’évaluation de la Force régionale exigée par la RDC à travers le VPM et ministre de la défense Jean-Pierre Bemba. Avec en bonus, la démission du général Jeff Nyagah, commandant kényan de la Force régionale. Une lecture rapide du SOFA qui soutient le mandat de la Force régionale en RDC enseigne en son article 3, point a que le mandat de la Force est : « Planifier et mener conjointement des opérations avec les FARDC dans la zone d’opérations conjointes pour vaincre les éléments des groupes armés dans l’est de la RDC. »
C’est pratiquement le même mandat donné à la MONUSCO à l’époque. Quel en est le constat ? Comme avec la MONUSCO, la Force régionale vocifère nuit et jour qu’elle n’est pas en RDC pour combattre le M 23 mais pour le dialogue. Quand l’armée, qui a la mission de faire la guerre veut faire la diplomatie, c’est qu’il y a un problème. Et ce problème, c’est le projet de la balkanisation de la RDC. Qui mieux que le pape François pouvait interpeller la communauté internationale sur le drame des populations congolaises en ces termes : « Un “colonialisme économique” tout aussi asservissant s’est déchainé. Ce pays, largement pillé, ne parvient donc pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources. (…) Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants. C’est un drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche. Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo ».
Alors, peuple congolais, arrêtons d’être dupes. Prenons-nous en charge en mettant en place des institutions fortes et une armée républicaine, professionnelle et dissuasive. Il en va de notre avenir comme nation.
Mathias Ikem
Source : lescoulissesrdc.info
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