Ouganda:après 25 ans de règne, Museveni ne devrait-il pas « dégager »?
Le président ougandais Yoweri Museveni, au pouvoir en Ouganda depuis 1986, a prêté serment le 12 mai 2011 pour un nouveau mandat (de trop?).
Les cérémonies de son investiture ont été boycottées par ses homme de paille d’hier dont Paul Kagame installé au pouvoir au Rwanda en juillet 1994 par les soins ce mentor.
Pourquoi cette ingratitude?
D’où vient que même les représentants du Commonwealth étaient absents? Est-ce une mise en garde ou une rupture?
EdA Press a trouvé un début d’explication dans l’excellent article du journaliste congolais Nicaise Kibel’Bel Oka que nous reproduisons ci-après dans son intégralité.
EdA Press
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Coup de colère ou rupture
Museveni prête serment. Kagame, Zuma et le Commonwealth absents
Jeudi 12 mai 2011, place Kololo Air Strip, il est onze heures quand le président Museveni arrive à la tribune sous des applaudissements nourris de la foule.
Il reçoit tour à tour les présidents Kikwete (Tanzanie), Mway Kibaki et le doyen Arap Moi (Kenya), Jonathan Good Luck (Nigeria), Joseph Kabila (RDCongo) ovationné par la foule des Congolais arborant effigies et drapelets et criant à tue-tête son nom. Enfin, les autres délégations dont la Somalie, Melès Zenawi (Ethiopie), Bob Mugabe (Zimbabwe), Jean Ping (Union africaine) vont aussi gagner la tribune officielle.
12h18′, le président Museveni prête serment qui dure deux minutes. Il tient la Bible de la main droite et jure de respecter la Constitution et les lois du pays.
Deux faits semblent interpeller le public.
D’abord, une certaine agitation est observée au niveau des officiers des services de renseignements. On apprendra plus tard que Museveni était très mécontent de l’arrivée annoncée de Kiiza Besigye à Entebbe alors qu’il avait été bloqué à Nairobi pour ne pas gâcher la fête. Effectivement sa crainte était justifiée. Le cortège de l’opposant avait ébranlé les cortèges de certains Chefs d’Etat dont le Nigérian Jonathan Good Luck qui n’a pas pu gagner le State House à Entebbe.
Ensuite, les absences remarquables de Paul Kagame et Pierre Nkurunziza qui se sont fait représenter.
Ce qui a fait jaser. Comme le faisait remarquer un diplomate, c’est quand même Museveni le grand frère qui fêtait son sacre. C’est lui qui avait aidé à asseoir le pouvoir de Kigali. C’est encore lui qui avait parrainé la candidature de deux voisins (Rwanda et Burundi) dans la East Africa Communauty. C’est avec le Burundi qu’il participe aux opérations de maintien de paix en Somalie, etc.
A cette absence qui a été vécue comme une rupture, il faut ajouter celle de Jacob Zuma. On sait ce que représente l’Afrique du Sud sur le continent. Pêle-mêle, on notait aussi l’absence de Dos Santos (Angola), François Bozize (RCA) dont le pays est envahi par la rébellion ougandaise de la LRA.
Enfin, l’absence de traditionnels amis et soutiens occidentaux du régime Museveni, les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Certes vingt-cinq années de règne sans partage, c’est déjà suffisant mais est-ce que cela peut expliquer le « boycott » des amis du régime ?
Les raisons d’un « boycott » avéré !
Certains observateurs ont trouvé une explication à cela dans les dernières déclarations du président Museveni en faveur du guide libyen centre la communauté internationale. Il a osé le comparer à Nasser (Egypte), Nyerere (Tanzanie), Samora Machel (Mozambique) le qualifiant de vrai nationaliste qui se défend contre l’impérialisme et qui ne sera jamais une marionnette des Occidentaux.
Quant à l’absence de Paul Kagame à la cérémonie (il s’est fait représenter par Bernard Makuza, le Premier ministre), les divergences seraient dues aux accusations de part et d’autre de soutenir les rébellions. Museveni accuse Kagame de porter une main forte à l’opposant Kiiza Besigye dont la côte de popularité donne des insomnies au régime ougandais. Kagame, pour sa part, accuse son aîné de fournir de l’aide (indirectement) aux FDLR pour déstabiliser son pays.
Ces accusations, outre la guerre d’hégémonie que se livrent les deux sur le contrôle des enjeux des Grands Lacs, seraient-elles aussi graves pour boycotter pareille cérémonie ? Enfin, la colère des Occidentaux aurait pour cause, selon certaines sources, le double jeu que le régime Museveni joue en Somalie. D’une part, l’Ouganda à travers son armée participe aux opérations militaires d’imposition de la paix en Somalie avec le Burundi et d’autre part, on accuse la bourgeoisie militaire ougandaise d’entreprendre de juteuses affaires avec les opposants somaliens en leur offrant la formation para militaire par les société militaires privées (SMP) communément appelés Société de gardiennage.
Ce qui, aux dires de certains, serait une politique qui souffle le chaud et le froid et qui tire les dividendes de deux côtés par le sang.
Cependant, même si les relations entre Museveni et Kagame d’une part, et Museveni et les Occidentaux d’autre part sont en dent de scie, il serait hasardeux de croire qu’il a été lâché. Les absences à la cérémonie de son investiture sont une mise en garde et non une rupture. Museveni bénéficie encore du soutien occidental, ne fut-ce qu’avec la présence de ses troupes en Somalie, au sud Soudan, en RD Congo et en Centr’Afrique.
Nicaise Kibel’Bel Oka
Journal Les Coulisses
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