Rwanda/génocide. En 1994, contrairement au FPR, le gouvernement rwandais et son armée ont envoyé des messages de pacification tous azimuts
L’article ci-après est extrait d’un document de 69 pages intitulé : « Rwanda. Génocide controversé. Bilans contradictoires ». Il a été rédigé par le général-major Aloys Ntiwiragabo, ancien responsable des renseignements militaires à l’Etat-major de l’armée rwandaise.
Le gouvernement intérimaire a envoyé des émissaires auprès de certains Chefs d’Etats influents de l’OUA avec des messages les priant de ramener le FPR à la raison mais aucun n’a réagi promptement.
De tels messages ont notamment été envoyés courant avril et mai 1994 aux Chefs d’Etat Mobutu Sese Seko du Zaïre, Omar Bongo du Gabon, Eyadema du Togo, Abdou Diouf du Sénégal, Arap Moï du Kenya, Ali Hassan Mwinyi de Tanzanie, Yoweri Kaguta Museveni de l’Ouganda, au président de la Zambie, aux responsables de l’Organisation de l’Unité Africaine à Addis-Abeba et à l’ONU à New York. […]
Messages envoyés par le Commandement des FAR
Le 07 avril 1994, l’EMAR a ordonné au Secteur opérationnel de la Ville de Kigali de rétablir énergiquement l’ordre et prescrit des mesures à cet effet- (RT INT/OPS /94/04099 du 07 avril 1994 de l’EMAR). […]
Le 15 ou le 16 avril 1994 le Commandement des FAR a tenu une réunion avec les responsables de la RTLM et la Radio Rwanda et leur a demandé «de mettre fin aux messages incendiaires et d’émettre des programmes plutôt réconciliateurs ». Le même message fut adressé à la Radio Muhabura du FPR dans un communiqué sanctionnant la réunion. Malgré ces efforts le FPR n’a rien fait de son côté et la Radio Muhabura a poursuivi sa campagne incendiaire et de provocation.
Le 16 avril 1994, en apprenant que certains militaires seraient en train de piller les maisons au lieu de participer aux opérations, il demande de les ramener aux camps et aux positions.
Dans un communiqué de presse du 16 avril 1994 repris par l’AFP, le Commandement des FAR préconisait de « rechercher et d’arrêter les militaires égarés qui participent aux exactions diverses envers la population ».
Le 17 avril 1994, le Commandement propose au Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies les actions à mener dans le cadre de ramener la paix au Rwanda, qu’il faut notamment pouvoir rassembler les forces de l’ordre pour arrêter les massacres et pacifier le pays, faire une campagne de sensibilisation par les médias publics et privés et entreprendre des tournées…, selon la lettre N° 0628/G3.3.3 du 17 Avril 1994 d’EMAR.
Le 18 Avril 1994, le Commandement des FAR réitérait, dans un communiqué, sa détermination de « rechercher et arrêter les militaires égarés qui participent aux exactions diverses envers la population ». […]
Le 29 du même mois, il s’adressa particulièrement au Commandant du Bn Cdo Huye dont les militaires continuaient à commettre des pillages et autres exactions envers la population pour que ce dernier prenne des mesures pour endiguer ce fléau.
Dans une lettre datée du 03 mai 1994, il renforce les mesures disciplinaires à appliquer à l’égard de ceux qui se seront rendus coupables de pillage ou d’exactions envers la population civile (meurtre, viol, rançonnement, …). Tout militaire, toute catégorie confondue, sera désarmé et les effets militaires en sa possession lui seront retirés; les Commandements opérationnels prononceront la résiliation des contrats des hommes de troupe, proposeront télégraphiquement la résiliation des contrats des Sous-Officiers sous-contrat, enverront les officiers à l’EMAR où ces derniers prendront connaissance des mesures prises à leur encontre.
Le 04 mai 1994, apprenant qu’il y aurait des massacres parmi les orphelins de Kacyiru déplacés à Butare, le Chef d’EMAR ordonna au Commandement du Secteur Butare de « tout mettre en œuvre pour faire cesser ces barbaries » (RTADM/OPS/94/05494 du 04 Mai 1994 d’EM AR). […]
Le 08 mai 1994, l’EMAR ordonnait au Commandant du Secteur Gisenyi d’entrer « personnellement en contact avec les différents groupes de religieux enfermés en divers endroits pour que ceux qui veulent être évacués à Goma puissent le faire » sous la protection de ce dernier (RT INT/OPS/94/05708 du 08 Mai 1994 d’EMAR.
Aussi pour pallier à l’absence du bataillon Police Militaire habituellement chargé du contrôle disciplinaire au sein de l’Armée Rwandaise, mais alors attaqué par le Front Patriotique Rwandais (FPR) et acculé à se défendre au Camp Kami, l’EMAR a mis sur pied un détachement sous le commandement d’un officier supérieur, Colonel Edouard Hakizimana, chargé de rechercher, arrêter et désarmer les militaires qui abandonnaient leurs positions et allaient commettre des crimes et autres exactions.
Le FPR n’a émis aucun message de pacification
La radio Muhabura du FPR n’émettait que les communiqués incendiaires et de provocation auxquelles répliquait la Radio Télévision Libre des Mille Collines -RTLM.
Ayant réussi à provoquer les affrontements interethniques, le FPR a aussi tenté de provoquer les troubles inter-régionales, opposant le Nord et le Sud. Par exemple le soir du 21 avril et le matin du 22 avril 1994 la Radio Muhabura a émis un communiqué selon lequel les militaires nordistes des FAR ont décimé le leadership militaire sudiste. Elle a cité une liste d’une vingtaine d’officiers sudistes les plus haut gradés. Or aucun militaire des FAR n’a agressé un autre pour des fins régionales.
Le communiqué fut démenti le même jour, le 22 avril 1994, par le Général-Major Augustin Ndindiliyimana, alors Chef d’Etat-major de la Gendarmerie Nationale et le Colonel Laurent Rutayisire, alors Directeur de la Sécurité Extérieure, ressortissants respectivement de Butare et de Gikongoro, et figurant en tête de liste des prétendus officiers assassinés.
Pourtant les médias, les « Experts du Rwanda » et les Commissions sur le drame rwandais créées par certains Etats et l’OUA n’ont jamais fait état du rôle néfaste de la radio Muhabura. C’est pourtant la désinformation et l’intoxication de cette radio qui avaient motivé la création de la RTLM qualifiée de média de la haine !
Lire l’intégralité du document : Rwanda-Génocide controversé
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